Hostname: page-component-78c5997874-ndw9j Total loading time: 0 Render date: 2024-11-18T21:21:38.588Z Has data issue: false hasContentIssue false

W. Frijhoff, D. Julia, École et société dans la France d'Ancien Régime, quatre exemples : Auch, Avallon, Condom et Gisors, Paris, A. Colin, Cahiers des Annales, 1975.

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

Abstract

Image of the first page of this content. For PDF version, please use the ‘Save PDF’ preceeding this image.'
Type
Autour De La Mort
Copyright
Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1976

Access options

Get access to the full version of this content by using one of the access options below. (Log in options will check for institutional or personal access. Content may require purchase if you do not have access.)

References

1. Des études « internes » (lien carrière scolaire × réussite ; normes de jugement et principes du passage dans une classe supérieure) pourraient peut-être permettre de préciser si l'homogénéisation progressive des âges est liée à un renforcement des normes scolaires et de l'importance des critères proprement scolaires (par opposition à des critères culturels ou sociaux plus larges) dans la détermination de la carrière scolaire : un éventuel renforcement des exigences pour le passage dans une classe supérieure peut .conduire à accroître la dispersion des âges — au moins dans un premier temps et dans une situation de grand décalage entre les principes de fonctionnement interne de l'institution et les modes d'utilisation de cette institution par les familles. C'est du moins ce que suggère le contraste entre la volonté de rationalisation des cursus scolaires par les pédagogues à la fin du xviie siècle (réglementation stricte des règles de passage d'une classe dans une autre) et l'usage (irrationnel selon leurs catégories de perception) des utilisateurs de l'institution scolaire interrompant leurs études avant le terme « normal », réclamant le passage en classe supérieure même quand le « niveau » de l'élève ne le justifie pas, etc. (Cf. les textes cités par Gréard, O. dans « Le baccalauréat », Éducation et Instruction, Paris, Hachette, 1887, vol. Enseignement supérieur, pp. 155160 Google Scholar). Peut-être la grande dispersion des distributions d'âge par classe scolaire doit-elle s'expliquer par la mise en relation de ces deux séries de faits, plutôt que comme un effet d'une sorte de « panmixie » originelle des âges, antérieure à la rationalisation moderne.

2. On rencontre quelquefois, par lapsus, « probabilité » (qui, à strictement parler, varie entre 0 et 1) pour chance d'accès (qui varie entre 0 et 100).

3. « Effectif des collèges et scolarité aux xviie et xviiie siècles dans le Nord-Est de la France », Population, t. X, pp. 455-488 ; « Collèges et fréquentation scolaire au xvue siècle », Population, t. XII, 1957, pp. 467-494.

4. Notons que, sur ce dernier point, les auteurs montrent que la relation inverse entre le prix du blé et les nouvelles entrées (relation pas toujours évidente d'ailleurs dans les résultats du Père de Dainville) vaut pour les effectifs d'élèves de la ville seulement, la variation étant de même sens pour les effectifs d'élèves forains. Cependant, la relation, qui ne se constate pas pour toutes les périodes, garde une part de son mystère.

5. L'étude de cette question appellerait une étude des médiations entre origine sociale et réussite scolaire, donc une étude des contenus de l'enseignement et de l'appréciation scolaire.

6. On ne peut par exemple méconnaître, même dans le cas extrême de la position des officiers, le poids évident du capital économique et d'éléments statutaires, liés au style de vie. L'importance du capital économique est évidente dans l'achat et la transmission des charges (mais elle peut varier selon les offices et les périodes), elle est liée à la part de l'office dans la fortune des officiers (qui comporte souvent seigneuries et fiefs, et rente à côté de l'office), à la part des revenus de l'office dans l'ensemble des revenus des officiers, au rapport de l'office comparé à son prix d'achat. Les éléments statutaires apparaissent par exemple dans l'importance, pour l'accès à certains offices, d'avoir eu un père « vivant noblement », « sans faire métier ni marchandise », (ce qui suppose aussi, bien évidemment, certaines conditions économiques) et, plus généralement dans l'importance de l'« honorabilité » pour la détention des offices. (Cf. Mousnier, R., Les Institutions de la France sous la monarchie absolue, Paris, P:U.F., 1974, pp. 172182 Google Scholar). Le poids du capital culturel à ce niveau est lié aux conditions de compétence pour l'exercice ou l'achat des offices.

7. La valeur de la certification scolaire comme titre à occuper une position sociale varie fortement selon les moments de l'histoire du système scolaire et c'est même peut-être une des caractéristiques les plus importantes pour une histoire des relations entre système scolaire et société. Sur ce point, une histoire des examens, moins interne (contenus, programmes, etc.) qu'externe (envisageant leur valeur pour l'accès à diverses fonctions) donnerait les renseignements les plus éclairants. On peut noter que l'avènement des concours, à la fin du xviiie siècle précisément semble-t-il, implique un accroissement de la valeur externe du titre scolaire par rapport aux anciens examens qui avaient « un caractère de cooptation dans une compagnie, l'Université » (Ph. Ariès, « Problèmes de l'éducation », La France et les Français, sous la direction de M. François, Paris, Gallimard, 1972, pp. 869-961, p. 932). Pour prendre l'exemple des officiers, il serait intéressant d'analyser les conditions d'obtention des brevets d'officier sous ce rapport en étudiant la variation de l'apprentissage « sur le tas » comme cadet, et de la formation dans une académie militaire. Les tendances, que signale A. Corvisier, au recul de l'âge d'entrée dans l'armée comme cadet, et au recul de l'âge pour obtenir un brevet d'officier peuvent être liées à un accroissement de la formation en école. Le développement des académies militaires privées au cours du xvme siècle, puis l'institution de l'École de Guerre (1750) et des écoles militaires en 1776 pourraient être l'indice d'un rôle accru de l'École en ce domaine (” La société militaire et l'enfant », Annales de démographie historique, 1973, pp. 327-343).

Avant même cette époque, les efforts de rationalisation de l'examen, et de rationalisation des cursus scolaires par l'intermédiaire des examens aux xvne et xvme siècles, liés au succès des collèges et présents dans tous les courants pédagogiques (les Jésuites comme Arnauld et Rollin), l'importance conférée à la lettre testimoniale, sont des indices d'un renforcement de la tendance à la certification scolaire (cf. O. Gréard, op. cit.). Mais ces exemples mêmes montrent qu'il ne faut pas lier mécaniquement le développement de la certification scolaire et l'accroissement de la valeur externe du titre scolaire. La rationalisation des pédagogues, logique interne du système, a pu précéder la tendance à établir une relation de plus en plus étroite entre titre scolaire et position sociale — qu'elle pourra faciliter par la suite.

Faut-il voir dans la multiplication des débats sur le système d'enseignement, à partir du milieu du xviiie siècle environ, un indice de l'accroissement du rôle de l'École dans la reproduction sociale ? Le souci de lier certification scolaire et fonction (professions libérales et fonctions publiques) s'affirme pleinement après la Révolution et l'abolition des corporations. Ce souci apparaît dans la loi du 1er mai 1802 (Fourcroy) qui lie bourses et emplois à un concours, puis dans la législation napoléonienne et dans la réglementation de la Restauration sur le baccalauréat (cf. O. Gréard, op. cit., pp. 168- 169 ; Liard, L., L'enseignement supérieur en France, 1789-1894 (vol. II), Paris Google Scholar, Colin, A., 1894, pp. 36-48 ; Piobetta, J.-B., Le baccalauréat, Paris, Baillière et fils, 1937, pp. 2122, 33-35Google Scholar).

8. 2e article cité ci-dessus, p. 473.

9. Cf. par exemple Prost, A., L'enseignement en France, 1800-1967, Paris, Colin, A., 1968.Google Scholar La chose est beaucoup moins vraie d'historiens tels que O. Gréard OU L. Liard (op. cit.) et, à un degré moindre, Aulard, A., Napoléon 1er et le monopole universitaire, Paris, Colin, A., 1911.Google Scholar

Le contexte politique dans lequel ils écrivaient (débats sur les jurys indépendants et l'enseignement supérieur libre ; pour Gréard particulièrement, l'enquête sur le baccalauréat de 1884, dans le contexte de la division entre enseignement secondaire classique et enseignement secondaire spécial dans l'enseignement public, de la division et de la concurrence entre enseignement public et enseignement privé) peut expliquer qu'ils aient été attentifs à certains aspects de la relation entre système scolaire et positions sociales : force propre de la certification scolaire comme droit d'accès aux professions, monopole du droit de certification scolaire comme droit d'accès aux professions, monopole du droit de certification scolaire et concurrence entre types de certifications scolaires. On peut, sur le cas particulier du baccalauréat, suivre l'appauvrissement de la problématique et l'oubli progressif de la question de la valeur sociale du titre scolaire de Gréard et Liard à Piobetta. Les analyses de Goblot (La barrière et le niveau, 1925) fines mais superficielles par suite d'artificialisme réduisent le titre scolaire à ses fonctions statutaires.