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Femmes, servitude, et histoire: les traditions orales historiques des femmes de condition servile dans le royaume de Jaara (Mali) du XVe au milieu du XIXe siecle
Published online by Cambridge University Press: 13 May 2014
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Tandis qu'hommes et femmes de statut libre rivalisent pour la maîtrise des traditions orales relatives à leur histoire, les informations d'origine servile restent un domaine féminin par excellence. Ces données orales méritent une attention particuliére puisqu'elles concernent directement ou non une part importante de la population. D'aprés le Rapport sur l'esclavage dans le cercle du Sénégal-Niger (1904), les esclaves représentaient 40% de la population du cercle de Nioro (Klein, 1983:52) et 50% de celle de Gunbu (Meillassoux 1975:225), deux circonscriptions administratives au coeur du royaume de Jaara. Comment dans la société patrilinéaire soninke, ceux qui, habituellement considérés comme dépourvus de famillle, d'ancêtres et d'enfants, socialement parlant, produisentils, conservent-ils et transmettent-ils leurs propres documents d'histoire? En se limitant au cas des femmes, quel est leur impact sur ce document et le rapport de celui-ci avec l'appareil idéologique des dominants? La réponse à ces questions requiert une réflexion préalable sur: le probléme de la documentation, le cadre chronologique, le cadre spatial et le lieu social en questions.
La bibliographie concernant les femmes africaines en tant que source de l'histoire de leur société est d'une pauvreté désarmante. La mode des études féminines des années 1970 n'est pas passée par là. Sosne dans son étude consacrée aux Shi, une société patrilinéaire de l'est du Zaïre (Sosne 1979:225), démontre clairement ce qu'elle appelle la vision androgyne du monde grâce à une étude des structures politiques du pays. Perrot (1982:8,11) insiste sur le rôle des femmes en tant qu'érudites dans le domaine des traditions orales du Ndenye de Côte d'Ivoire. A propos du Bénin, Palau-Marti affirme que “les traditions les plus secrètes se transmettaient par les femmes dont quelques unes étaient les vraies historiennes du Dahomey” (Palau-Marti 1964:139). Barber souligne le rôle des femmes âgées dans la conservation des oríkì (textes à la fois littéraires et historiques) chez les Yoruba du Nigéria (Barber 1987:5). Selon l'auteur, ces personnages sont de loin plus compétentes que les hommes. Strobel (1983:119) insiste sur le rôle des femmes esclaves dans la transmission de l'idéologie qui soutend l'organisation de la société à Mombasa. A propos des généalogies “de maître en élève” (“academic genealogy”) des intellectuels de Sokoto, Boyd et Last (1985:298) constatent que lorsqu'il s'agit des hommes, on cite rarement les femmes dont ils tiennent leurs connaissances.
- Type
- Research Article
- Information
- Copyright
- Copyright © African Studies Association 1989
References
BIBLIOGRAPHIE
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- Cited by