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Sur Machiavel* (Note critique)

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Corrado Vivanti*
Affiliation:
Université de Pérouse

Extract

Historien du Bas Moyen Age et de Gênes au XVe siècle, Jacques Heers s'est déjà essayé à la biographie avec ses deux livres sur Christophe Colomb et sur Marco Polo. Cette fois-ci, changeant de registre, il s'est mesuré avec Machiavel. En s'appuyant sur le Libro di ricordi du père de Nicolas, Bernardo Machiavelli, il a pu consacrer le premier chapitre à la situation de la famille, dont il souligne les difficultés financières, et aux curiosités de lecture de Bernardo. Après quoi, parlant de Florence et des Médicis, il brosse un tableau de la société, des mœurs et des attitudes de l'époque, tableau parfois maniéré mais assez brillant. Enfin, les vicissitudes de la vie de Machiavel, secrétaire et agent diplomatique de la Seigneurie, l'ambiance des lieux où il travaille, ou bien la vie qu'il mène relégué à la campagne pendant sa disgrâce, sont esquissées avec un certain succès.

Type
Polémiques et Controverses
Copyright
Copyright © Copyright © École des hautes études en sciences sociales Paris 1987

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Footnotes

*

A propos du livre de Jacques Heers, Machiavel, Paris, Fayard, 1985.

References

1. Machiavelli, B., Libro di ricordi, Florence, Cesare Olschki, 1954.Google Scholar

2. Les Œuvres complètes de Machiavel, publiées dans la Bibliothèque de la Pléiade (à laquelle je renvoie par la suite quand je cite des passages de Machiavel, en indiquant entre parenthèses la page de cette édition) donnent en note la traduction de ces vers par Gohory : « Vertu contre furie Armes prendra, et tôt la défera / Car es cŒurs d'Italie Vaillance antique est encore et sera » (p. 1503).

3. Heers se méprend sur le sens de la lettre envoyée par Machiavel à Francesco Vettori après sa sortie de prison, quand il croit que Machiavel s'y déclare « encore très aimé, soutenu par de nombreux amis, bien considéré dans la ville : ne l'a-t-on pas vu sortir des geôles “ à la grande joie de tous dans cette cité ” ? » (p. 239). En effet Machiavel écrit le 13 mars 1513 qu'il est sorti de prison « avec [c'est-à-dire grâce à] la liesse universelle de cette cité », provoquée par l'élection de Jean de Médicis au trône papal.

4. On aimerait d'ailleurs savoir, au passage, pourquoi César Borgia, qui de son vivant n'a jamais occupé la capitale lombarde, est gratifié du nom de « maître de Milan » (p. 100).

5. Croce, B., Etica epolitica, Bari, 1931, pp. 251253.Google Scholar

6. Cf. Gilbert, F., Niccolo Machiavelli e la vita culturale del suo tempo, Bologne, 1969 Google Scholar ; Aibertini, R. Von, Firenze dalla repubblica al principato. Storia e coscienza politica, Turin, 1970 Google Scholar ; Pecchioli, R., Dal mito di Venezia all'ideologia americana, Venise, 1983 Google Scholar ; et Larivaille, P., La pensée politique de Machiavel. Les « Discours sur la première décade de Tite- Live », Nancy, 1982.Google Scholar

7. Machiavelli, N., Legazioni e commissarie, Bertelli, Sergio éd., Milan, 1964, t. III, p. 1 177.Google Scholar

8. Dionisotti, C., Machiavellerie, Turin, 1980, p. 140.Google Scholar

9. Il faut dire aussi qu'on relève, dans le livre de Heers, des inexactitudes déconcertantes. Ainsi Luigi Alamanni, l'un des amis les plus intimes de Machiavel, le destinataire, avec Zanobi Buondelmonti, de la Vie de Castruccio Castracaci, n'a pas été décapité en 1522 pour avoir pris part à la conjuration contre le cardinal Jules de Médicis, car il s'était sauvé à temps. Celui qui fut exécuté fut un autre personnage de ce nom, Luigi, fils de Tommaso Alamanni, tandis que l'autre Luigi ou, à la latine, Lodovico, était le fils de Piero Alamanni. Il se fit une renommée de poète, vécut longuement à la cour de François Ier et de Henri II et mourut en 1556. Pour comble de confusion, celui-ci est appelé par Heers « Luigi Alamanno Salviati ». Or, Alamanno Salviati (sans le prénom Luigi) appartenait justement à la grande famille des Salviati et était l'un des personnages les plus en vue à Florence. C'est à lui que Machiavel voulait dédier en 1504 sa première Décennale, mais ses rapports étroits avec le gonfalonier Soderini, auquel Salviati s'opposait, provoquèrent la rupture. Alamanni mourut de fièvre à Pise, peu après la reconquête de la ville par les Florentins (1509). Heers nous donne ainsi trois personnages en un. Quant au sonnet que Heers attribue à Machiavel (p. 317) comme ayant été écrit en 1527, la dernière année de sa vie, à la mémoire de l'ami exécuté (mais qui, heureusement pour lui, ne le fut pas), il reste un mystère. On voudrait connaître aussi le personnage qui aurait gouverné Florence pour le compte de Jules de Médicis entre 1519 et 1522, une fois appelé « le sinistre cardinal Gheri » (p. 316), une autre « un certain Gheri, évêque de très mauvaise réputation » (p. 359). On connaît Goro Gheri, secrétaire et conseiller de Laurent, duc d'Urbin, et, après sa mort, agent de Léon X, qu'il encouragea dans sa politique prudente à l'égard des aristocrates florentins, mais il ne fut ni homme d'Église, ni gouverneur de Florence.

10. Procacci, G., Studi sulla fortuna del Machiavelli, Rome, 1965.Google Scholar

11. Cf. Rotondo, A., La censura ecclesiastica e la cultura, publié dans la Storia d'Italia, Turin, Einaudi, 1973 Google Scholar, t. V, pp. 1 397-1 492, en particulier pp. 1 469-1 472, 1 479-1 480, 1 488- 1 491.

12. P. Bayle, Dictionnaire historique et critique (je cite d'après l'édition d'Amsterdam de 1734, t. IV, p. 11 B), ad vocem, note E. Bayle signale que ce passage avait été déjà publié dans un article paru en janvier 1687 dans les « Nouvelles de la République des Lettres », p. 99.

13. Fido, F., Machiavelli, Palerme, 1965.Google Scholar