L'Académie se souvient encore que, en novembre 1840, se présenta devant elle un jeune pâtre des environs de Tours, qui, abandonné d'abord à lui-même, était parvenu à exécuter de tête, avec une grande facilité, des calculs même très compliqués. Qu'est devenu cet enfant merveilleux? Ce que les journaux nous en ont appris ne parait guère propre à nous faire, espérer la réalisation des vœux que nous avions formés pour lui. Nous croyons que la retraite et 1'étude eussent été beaucoup plus favorables au développement des facultés morales et intellectuelles de cet enfant, au perfectionnement de son éducation et de son instruction, qu'une vie crrante, qui peut procurer quelques profits à lui et à son maître, mais le détourne des travaux sérieux, en exaltant, par une mise en scène continuelle, l'amour-propre de l'enfant sans utilité réelle. Quoi qu'il en soit, nous avons aujourd'hui à entretenir l'Académie, non plus d'espérances conçues, mais d'espérances réalisées. L'Académie nous a chargés, MM. Flourens, Francœur et moi, de lui rendre compte des moyens par lesquels un jeune sourdmuet, M. Paul de Vigan, élevé à Caen par M. l'abbé Jamet, est parvenu, non seulement à un degré d'instruction élevé, mais encore à une connaissance très étendue des Sciences physiques ot mathématiques. La solidité, la valeur des connaissances effectivement acquises par re jeune sourd-muet, a quelque chose de vraiment extraordinaire.