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Littérature et Histoire : « Quatre jours chez M. Barrès »
Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
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” Ce philosophe, qui vaudrait davantage s'il était un peu plus d'Obernai, me reproche d'être de Charmes “ (M. B.)
Cet exergue de polémique, pour situer une époque, pourrait, sans nul doute et sans nécessité, envenimer un débat qu'on souhaite périmé. Il s'agit d'une époque assez lointaine, sinon tout à fait révolue, et d'une calme confrontation universitaire, sur l'heureuse initiative du Doyen Jean Schneider (de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Nancy), entre la critique professorale (à une exception près, mais d'importance), surtout littéraire, mais encore historique — et un détracteur, précisément, de l'Université de sa jeunesse. Bref, il importait de ne pas étudier l'écrivain et les événements d'hier selon les critères d'alors — ou même d'aujourd'hui — l'essentiel, à notre sens du moins, étant de les replacer exactement dans leur temps...
- Type
- La Vie Scientifique
- Information
- Copyright
- Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1963
References
1. UniversitÉ DE Nancy (Faculté des Lettres et Sciences Humaines) : Journées Maurice Barrés(à Nancy), 22-25 octobre 1962. En attendant des Actes(à paraître très prochainement).
2. Un Homme Libre(Préface de l'édition de 1904). C'est Lucien Herr qui est visé : né à Altkirch ! (en 1864). Voir plus loin.
3. A cette exposition du Musée des Beaux-Arts (à Nancy) il sera fait plusieurs fois référence. On y trouvait, dès l'entrée, le manuscrit des Souvenirs d'une petite fillede GYP (offert à Philippe Barres), avec des aquarelles (d'accompagnement) de Voirin(Scènes de la rue à Nancy, vers 1870-1880). A propos de GYP, nous nous permettons de renvoyer aux « Notes sur la presse en Lorraine sous le Second Empire et au début de la Troisième République » (Annales de l'Est1962, p. 168). Élément notable d'un certain climat intellectuel. — Depuis, une Exposition Maurice Barrés s'est ouverte à la Bibliothèque Nationale le 20 décembre dernier. Avec un excellent Catalogue
1. « Une carrière ambiguë », ainsi a titré le regretté René Lalou son chapitre biographique de Maurice Barrés(Collection des « Grands Écrivains Français », 1950). C'est, à notre sens, le livre le plus compréhensif, le plus pertinent paru en ces dernières années. On en rapprochera volontiers Jean-Marie Domenach, Barrés par lui-même(Collection « Écrivains de Toujours », 1960).
2. Notre Ami Maurice Barrés1908, p . 83 : « Scepticisme, mysticisme…L'abstraction peut bien les séparer et démontrer que ces deux attitudes sont contradictoires. Dans la réalité vivante de la conscience du jeune Barrés, non seulement ces deux tendances voisinent, mais elles n'ont de sens que l'une par l'autre. Philippe (dans L'Homme Libre)est sceptique parce que mystique et mystique parce que sceptique… ».
3. Rappelons seulement A. Zarach, Bibliographie barrésienne (1881-1948)1951 1. Titre du premier chapitre du t. I I I de J. Chastenet, Histoire de la Troisième République(1955). — A l'enquête de J. Huret dans Le Figaro(1896) est empruntée cette citation assez significative : « Le pape est socialiste, Guillaume II est socialiste, Maurice Barrés est socialisteM. de Bleichroeder est socialiste, Nine patte en l'air est socialiste » ! Quant à l'expression Fin de Siècleà partir de 1893, elle se rencontre constamment dans les livres, dans les journaux, au théâtre, dans les conversations.
2. Citons M. A. Ruff, Barrés et Baudelairedans Hommage au Doyen E. Gros(p. p. la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines d'Aix-en-Provence, 1959).
3. Voir « Ma Vie » dans Campagne nationaliste(1902), p. 15-79.
4. Voir J . Schneider, « La carrière lorraine de Chr. Pfister » (Mémoires de VAcadémie de Stanislas1949-1950, p. 150-163) et P. Marot, « L'Histoire de Nancyde Chr. Pfister” (Annales de l'Est1957, p. 159-188).
5. Rapp?Ions que Les Déracinésfurent publiés dans la Revue de Paris.Lucien Herr, alors secrétaire de la rédaction, questionnait le romancier : « Expliquez-moi ce que vous appelez le nationalisme î ». L'affaire Dreyfus provoquera la rupture avec le groupe de la Revue Blanche.Voir Ch. Andler, Vie de L. Herr(1932), p. 107, 123, 126, et sa Lettre à Maurice Barrés(L. Herr, Choix d'écritst. I).1. Sur « Barrés breton », H. Clouard, Histoire de la Littérature Françaiset. I (1947). Il resta aussi longtemps attaché à l'Auvergne : U. Rouchon, Les ancêtres auvergnats de Barrés(1909). Cf. H. Franck, Maurice Barrés en Auvergne(faisant écho à Huit Jours chez M. Renan); H. Massis, Évocations(1921), p. 169.
2. Et non plus d'Anna de Noailles ! Pas davantage du suicide de Charles Démange, qui devait, après avoir provoqué la rupture avec Anna de Noailles, obséder longtemps Barrés » (R. Lalou, op. cit.p. 29). Cf. H. Massis, op. cit.p. 99-101, 229-231, 244.
3. Sur St. de Guaita, H. Clouard, op. cit.p. 137 et 142 (mais non cité à l'Index de cette édition). Il « tourna un peu la tête » de Paul Adam qui bientôt « entrait dans le sillage de Barrés avec Le Mystère des Foulesqui romance une campagne boulangiste » (infra).Le même auteur signale encore « les liaisons » des milieux anarchistes avec les milieux symbolistes (p. 97-98), et « l'influence étrangère » de Théodore de Wyzewa (voir l'Index).
4. Jusqu'à l'édition de 1962, illustrée de vingt planches dues à des artistes différents (p. p. la Société Beaux Livres, Grands Amis1962).
1. C'est à Venise que j ‘ a i décidé toute ma vie », avait-il écrit dans La Battedès octobre 1888 (Texte retrouvé et publié par H. Massis dans Les Nouvelles Littérairesdu 18 août 1962). Sur le premier voyage italien (1887), qui interrompit, momentanément, la collaboration au Voltairevoir encore ses premières impressions romaines dans une lettre à sa mère, p . p . Philippe Barrés (Le Figaro Littérairedu 1 e r décembre 1962).
2. Malgré une communication, suggestive par sa forme même, de P. Grappin.
3. Rappelons I. M. Fbandon, L'Orient de Maurice Barrés1952. Mais « il n'y a pas que les courants littéraires qui se soient mirés dans l'exotisme. Les fluctuations de la politique l'ont touché par leurs répercussions… », ainsi que l'a écrit Hassan E L Noutv, Le Proche Orient dans la littérature française de Nerval à Barrés1958.
1. Le Figaro Littérairedu 19 novembre 1962 (en cours de publication). « Il avait en parlant des bêtes une pitié, une tendresse, qu'il n'avait pas toujours pour les hommes… » (J. et J. Tharaud, Mes années chez Barrésp. 92).
2. M. Maupoint, « Le Bestiaire d'Anatole France » (Le Lys Bouge1961, n° 84- 85-86).
3. France, Anatole (1883). Cité par R. DE Bonnieres, Mémoires d'aujourd'hui, t. II, 1885 Google Scholar.
4. » Vers 1890, on disputait s'il fallait être barrésiste ou barrésien… » ! Un Homme Libre(Préface de l'édition de 1904).
1. Op. cit.On reviendra sur Michelet (et Victor Hugo), à propos du très suggestif parallèle de J. Mourot,.
2. Voir, à ce sujet, d'H. Ëlie, les pénétrantes Réflexions sur l'histoire de Lorraine(1962). Quant au « prince imposé à la Lorraine, par un hasard diplomatique » et « apôtre d'un paternalisme politico-clérical », R. Taveneaux, « Stanislas Philosophe Chrétien » (Mémoires de l'Académie de Stanislas1960-1961, p. 161-173).
3. Le Musée Lorrain, si cher à P. Marot, date de 1862. P . Guiral précisa les relations de Barrés avec Mistral et le Félibrige 1. « Les sources de La Colline inspirée», Annales de VestMémoire n° 13, Nancy, 1957, et « Les sources de la bibliographie des Baillard » Annales de VEst1956, p. 98- 163. La Colline Inspiréeédition critique, Éditions Berger-Levrault, 1962 ; à son sujet, cf. A. Billy, « Les propos du Samedi », Le Figaro Littéraire24 novembre 1962. Voir surtout P. Marot, « Lettres adressées à Maurice Barrés à l'occasion de la publication de La Colline Inspirée» (Le Pays Lorrain1962, n° 3), qui s'ajoute aux Sources…de l'abbé Barbier.
2. Il avait consulté C. Jullian quant aux antiquités de Sion. « Je suis votre élève, lui écrit ce dernier. Il y a plus de vingt ans, j'avais écrit Gallia(1892). Déjà, je songeais, vous ayant lu, à ce lien entre l'âme et le sol… » (P. Marot, « Lettres »…, p. 112 et n. 34). Cf. A. Grenier, « Un ennemi de l'impérialisme, Camille Jullian » (Revue Historique1940), et C. Jullian. Vn demi-siècle de science historique et de pensée française1944.
3. Retenons seulement, des Lettresprécitées, celle d'E. Psichari : « on y voit… le diable, et non plus en image, mais en toute réalité… » (p. 118-120).
4. Nous soulignons (Op. cit.p. 149) et, pour la suite, p . 145-146. 1. « En souvenir d'une année bien amusante » ! écrit Paul Adam, compagnon malchanceux de lutte électorale, dans sa dédicace à Barrés du Mystère des Foules.Il faut citer ici les articles aussi précis que suggestifs du Dr G. Richard, « Le boulangisme à Nancy, l'élection au Conseil général de Nancy-Ouest, la région nancéenne vers 1889 et les élections législatives de 1889 en Meurthe-et-Moselle », Le Pays Lorrain1962, n°» 1 et 2.
2. F. Goguel, La politique des partis sous la Troisième République, t.I (1946), p. 81. Selon l'interprétation d'une thèse récente (1959) de J. Néré, ce fut un mouvement d'extrême-gauche provoqué par une grave crise de chômage. L'explication semble toutefois par trop unilatérale. Le Figarodu 5 décembre 1943.
2. « Un Jules Ferry, moins intéressant du point de vue artiste qu'un Gambetta, lui est supérieur dans l'art de gouverner. Son ministère venait d'entreprendre la liquidation à perte de toutes les promesses gambettistes. Il donne à ses amis, à son parti une série d'expédients pour qu'ils demeurent en apparence fidèles à leurs engagements et paraissent s'en acquitter, cependant qu'ils se rangent du côté des forces organisées et deviennent des conservateurs ». Cité par J. Chastknet, Histoire de la Troisième Républiquet. II (1954), p. 274.
3. Il confia un jour a H. Clouard qu'il eût voulu être Jaurès (op. cit.t. I, p. 449). Pourtant, selon L. Corpecbot (Souvenirs d'un journalistet. II, 1936), « on a exagéré le cas que Barrés en faisait » (p. 107). — Sur l'enterrement de Jaurès, Philippe BarrÉS, La Guerre à Vingt ans(1924), p. 27.
4. S'il figure parmi Les Polémistes Français depuis 1789que vient de publier P. Dominique (La Colombe, 1962), manque Anatole France. Voir M. C. Bancquart, Anatole France polémiste(1962). — Sur La Politique dans l'oeuvre de M. Barrés », article de J. Houpert dans Revue Politique et Parlementaire(juillet-août 1962), p. 50-61.
5. Voir, inversement pour ainsi dire, quelques « Silhouettes Dreyfusardes » décrites par Henriette Psicbari, Des jours et des hommes(1962). Également sur la « mentalité 14 », p. 77 et suiv. (et sur Ernest Psichari).
6. Dans son Histoire des Idées politiquest. II (1959), p. 693. 1. « Ni le chauvinisme jacobin, ni l'humanitarisme nationalitaire ne disparaîtront de l'histoire morale de la France contemporaine », a fait heureusement remarquer R. Giraedet : « Pour une introduction à l'histoire du nationalisme français » (Revue Française de Science Politique1958, p. 511). 2. Mes Cahierst. Iii, p. 875. Cf. H. Massis, Maurras et notre tempst. I (1951), p. 55-56. Une édition définitive a paru depuis (1961). Voir, en particulier, « où Maurras rencontre Barrés » (p. 23-39). 3. Par Régine Pernoud, Éditions du Seuil (2 vol., 1962). Cette Histoireappellerait d'assez nombreux commentaires. 4. Sur la couverture d'un exemplaire (à l'Exposition), on lit : « Il s'agit de refouler la fatalité des invasions germaniques et d'annexer cette marche intellectuelle pour préparer le mariage de la Moselle et du Rhin » ! H. Massis, op. cit.p. 57 et 59.
2. Les Tharaud ont souligné l'affinité entre Colette Baudocheet Hermann et Dorothée :« dans tout le temps qu'il écrivit son idylle messine il avait sur sa table Hermann et Dorothée » (p. 200). « Ehrmann, c'est Philippe chez les Allemands » I Le Dr Pierre Bûcher en fut le modèle original. De l'Alsace il ne fut guère parlé à Nancy. A l'Exposition figurait une lettre du Dr Bûcher (1909). Colette Baudocheest née de leur rencontre en 1899 sur le champ de bataille de Reischhoffen (Les Bastions de l'Est. Au service de l'Allemagne.Nouvelle édition…, 1923.)
3. « Nous nous crûmes revenus au plus joli temps des ballets russes », écrivait L. Cobpechot (Op. cit.p. 185), à propos du Jardin sur l'Oronte.
1. Voir encore H. Gouhier, op. cit.p. 45. Rappelons seulement la chronique du Journal de la Meurthe et des Vosgesdès 1881 consacrée aux Quatre Vents de l'Esprit :H. Mondor, Maurice Barrés avant le Quartier Latin(1956), p. 101. Livre singulièrement éclairant de l'environnement historique et psychologique : depuis l'affaire Victor Noir suivie à Charmes (à neuf ans) dans les Débatssans parler des romans d'Erckmann-Chatrian, de la révélation d'Augustin Thierry, etc..
2. Selon, toujours, les Tharaud (p. 140). A propos du projet de livre sur la Chambre : « je voudrais en parler comme on ferait d'un élément ». La Montagne, La Merde Michelet, ces hymnes panthéistes aux grandes forces naturelles devaient être ses modèles ». Résurrection au sens où Michelet l'entendait », écrit L. Barthou de La Colline Inspiréeet A. Chevrillon : « morceaux dignes du meilleur Michelet, mais Michelet affermi par la lecture de Goethe » (P. Marot, Lettres…p. 90 et 99). Goethe n'est-il pas cité cent quatre-vingt-sept fois dans les quatorze volumes des Cahiersa précisé J. Godfrin (infra).
3. Neuchâtel, La Baconnière, 1962 ; in-8°, 290 p. (avec un précieux Index des noms propres). Le jour même de sa mort, Barrés relisait quelques pages du Mystère en pleine lumière: « un vrai nid de Sibylles cette cathédrale (d'Auxerre) ». A propos du livre précité, judicieuse mise au point de R. Kanters (” Barrés, Homme Libre »), Le Figaro Littérairedu 15 décembre 1962.
1. Vient de paraître un Choixde Mes CahiersPion, 1063
4. Cité par R. Lalou, op. cit.p. 29 et 146-147.