Dans sa séance du 6 mars dernier, le Comité Central autrichien a voté, en faveur de la Société japonaise de la Croix-Rouge, une somme de 5,000 francs, qui a été expédiée à Tokio par l'ambassade japonaise de Vienne. Nul doute que ce secours ne soit apprécié par son destinataire, qui a, depuis bien des mois, de grandes charges à supporter, et qui y verra la preuve que le principe de solidarité professé par les Sociétés de la Croix-Rouge n'est pas une fiction.

A l'occasion des dernières manœuvres du corps de santé de l'armée française, dans un banquet offert au Cercle militaire, à Paris, par les médecins des réserves à leurs camarades du service actif, M. le Dr Rouilloud, médecin de l'Asile des aliénés de Villejuif et médecin major de 2me classe de réserve, a chanté des couplets qui ont profondément ému les assistants. Nous sommes heureux d'être autorisés à les reproduire ici, car les sentiments qu'ils expriment seront certainement partagés par nos lecteurs.

Miss Clara Barton, présidente de la Société nationale de la Croix-Rouge américaine, a communiqué au président du Comité international les renseignements suivants, qui témoignent des efforts persévérants faits par l'Association des Etats-Unis, en vue d'arriver à une solution satisfaisante de la grave question de la protection légale du signe de la Croix-Rouge.

C'est le 20 mai dernier que la Société française de secours aux blessés militaires a tenu son assemblée générale annuelle. Le secrétaire général, M. le colonel Robert, a présenté, au nom du président M. le général duc d'Aumale, empêché par des raisons de santé d'assister à la réunion, le compte rendu des opérations du dernier exercice. Nous en avons nous-mêmes donné par avance quelques aperçus, grâce aux nouvelles que nous a apportées, au cours de cette année, le Bulletin mensuel de la Société; mais nous n'avons pas tout dit, et le rapport présidentiel nous fournit encore d'utiles informations complémentaires. Nous en extrayons ce qui suit:

Cet exposé comprend trois parties: 10 Le développement des formations organisées en vue du temps de guerre,—hôpitaux permanents, infirmeries de gare, hôpitaux auxiliaires de campagne, — et le mouvement que ces préparatifs déterminent, au point de vue du matériel et du personnel hospitalier.

C'est toujours au mois de mai que se tient, à Budapest, l'assemblée générale annuelle de la Société hongroise de la Croix-Rouge. Celle de cette année, la seizième depuis la fondation de la Société, eut lieu le 19 mai 1894, sous la présidence du comte André Czekonics.

Le rapport annuel passe en revue d'abord toutes les institutions et établissements qui dépendent de la Croix-Rouge hongroise, et qui sont tout prêts à entrer en fonctionnement le jour d'une mobilisation; tels sont: 8 hôpitaux de réserve, avec 2,000 lits, auxquels viendraient s'adjoindre 4 baraques pour 256 malades, puis les stations pour recueillir les malades, soit de jour et de nuit, soit de jour seulement, les premières dans 15 localités différentes avec 3,102 lits, les secondes dans vingt-cinq endroits avec 272 lits; enfin 4 maisons de convalescents avec 494 lits.

Désireux de consigner, autant que possible, dans notre Bulletin les opinions qui se font jour au sujet de la revision, toujours en perspective, de la Convention de Genève, nous reproduisons ici un extrait du Règlement des lois et coutumes de la guerre que propose M. le Dr Geffcken, ancien ministre résident et membre de l'Institut de droit international. La notoriété qui s'attache au nom de l'auteur donne à ses idées une valeur suffisante, pour que nous les mettions textuellement sous les yeux de nos lecteurs.

Pour faire suite à ce que nous avons dit dans notre précédent Bulletin (p. 140), d'une démarche faite auprès du ministre de la guerre par le «Comité de protection et de défense des indigènes», afin de recommander à sa sollicitude les Hovas blessés qui tomberaient au pouvoir de l'armée française, nous reproduisons aujourd'hui la réponse qu'a faite le commandant en chef de l'expédition, général Duchesne, à la lettre par laquelle le ministre, général Zurlinden, lui avait transmis le vœu du susdit Comité.

Le Comité lyonnais a profité de l'occasion exceptionnelle qui lui était offerte en 1894, par l'Exposition de Lyon, pour faire connaître le matériel perfectionné de la Société de secours aux blessés militaires, les appareils du dernier modèle, l'outillage nouvellement créé par ses soins et qui marque les progrès accomplis dans ses moyens d'action depuis l'Exposition de 1889.

Le Comité départemental du Nord vient de publier son 18meBulletin annuel, qui rend compte de son assemblée générale du 30 mars 1895.

Au cours de l'année 1894, ce Comité a eu la satisfaction de pouvoir grouper tout son matériel dans un local spacieux, mis à sa disposition par l'autorité militaire. C'est là que se trouve en particulier, à l'abri de toute détérioration, l'hôpital de campagne dont le Comité a récemment assumé la charge et qui a exigé de sa part, comme frais d'acquisition, une somme de plus de 20,000 fr.

L'Association ambulancière de Saint-Jean ne se contente pas de poursuivre sur terre seulement la réalisation du but que se proposent les samaritains sur le continent. Elle étend son activité aux marins, en leur donnant l'instruction nécessaire pour pouvoir venir en aide aux blessés; dans une seule station, à Sunderland, 661 marins ont suivi l'année passée les cours sanitaires de l'Association.

Le Bulletin de la Société française, du mois d'octobre 1894, contient un document fort intéressant, que nous nous faisons un devoir de signaler à l'attention des historiens futurs de la Croix-Rouge. C'est le récit, trop succinct à notre gré, de l'activité déployée par le Comité de Versailles, pendant la guerre franco-allemande de 1870–1871 et l'insurrection de la Commune de Paris. Ce fragment des annales de la Croix-Rouge française emprunte un intérêt exceptionnel, non seulement à la gravité des événements auxquels il se rapporte, mais aussi à la position singulièrement difficile d'un Comité français fonctionnant, même pendant le siège de la capitale, au milieu de l'armée ennemie, et accomplissant, par conséquent, sa tâche dans des conditions tout à fait insolites. L'importance des services qu'il a rendus peut d'ailleurs se mesurer à celle de ses recettes et de ses dépenses. Il a reçu pour 589,761 francs de dons en argent et distribué pour environ 150,000 francs de dons en nature. Le nombre des malades recueillis et soignés dans ses établissements n'a pas été moindre de 1,800, et celui de leurs journées d'hôpital de 49,000.

Nous sommes encore saus nouvelles directes de l'activité déployée par la Croix-Rouge pendant la guerre sino-japonaise. Les journaux que nous avons pu consulter à ce sujet ne nous ont fourni jusqu'ici que de rares données, tout à fait insuffisantes pour satisfaire notre légitime curiosité. La circulaire que nous avons lancée le 3 août dernier n'a pas, à notre connaissance, produit des résultats appréciables. Les Comités des pays neutres ont préféré généralement attendre un appel des Japonais avant de leur envoyer des secours, et comme le Comité central de Tokio n'a rien réclamé d'eux, l'aide qu'ils ne lui auraient certainement pas refusée, si elle avait été nécessaire, n'a pas eu à lui être donnée. D'ailleurs, on verra plus loin que les autorités militaires ne se souciaient pas de voir des sauveteurs étrangers approcher leur armée.

Les lignes suivantes sont empruntées au compte rendu des travaux du Comité supérieur, et au résumé de l'état de la Société depuis sa dernière assemblée générale.

Le nombre des comités locaux a été réduit de 84 à 80; celui des correspondants est actuellement de 23.

Le Comité supérieur regrette cette réduction, qui témoigne, hélas! d'une diminution d'intérêt et de sympathie, à l'égard d'une institution nationale avant tout.

La Croix-Rouge française a eu la douleur de perdre un de ses membres les plus dévoués, le baron Elisée de Montagnac, qui a succombé prématurément à une longue et douloureuse maladie.

Son zèle pour l'œnvre datait de loin, car il avait été, pendant la guerre de 1870, le chef des hospitaliers volontaires dans les Ardennes, et avait constitué le Comité de Sedan, à la tête duquel il était toujours resté depuis le retour de la paix.

La sanction pénale à donner à la Convention de Genève a été l'objet d'une discussion intéressante et serrée de la part de l'Institut de droit international, lors de la session qu'il a tenue à Cambridge au mois d'août dernier. Le point de départ de ce débat a été la publication d'une brochure de M. Moynier, dont nous avons rendu compte dans notre 97meBulletin (T. XXV, p. 53) et dont l'Institut avait bien voulu, dans sa session de Paris en 1894, consentir à mettre les conclusions à l'étude. Il avait alors n ommé à cet effet une Commission de quatorze membres, qui a présenté son rapport à Cambridge. Cette Commission proposait de rejeter une partie des propositions de M. Moynier, et de n'en retenir que ce qui lui paraissait réellement pratique; mais l'Assemblée plénière se montra encore plus réservée, et ne ratifia ce préavis qu'après l'avoir notablement modifié. Néanmoins, de quelque circonspection qu'ait fait preuve l'Institut, on peut espérer que l'opinion qu'il a émise, avec l'autorité qui s'attache à ses travaux, fera faire un pas à la question extrêmement délicate sur laquelle il avait été mis en demeure de se prononcer.

Les essais de mobilisation du personnel et du matériel de la Croix-Rouge pénètrent de plus en plus dans les habitudes des sociétés de secours, et l'on ne peut que s'en réjouir, car ils offrent un excellent moyen de contrôle pour tous les préparatifs à faire en temps de paix. Ils soutiennent aussi le zèle des sauveteurs volontaires et popularisent leur œuvre. Nous saisissons volontiers, quant à nous, les occasions qui se présentent d'en parler, dans l'espoir de susciter des imitateurs aux Comités qui sont entrés dans cette voie.

Il résulte du compte rendu de la Société grecque de secours aux blessés en campagne pendant l'année 1894, que la Croix-Rouge a offert ses secours en faveur des victimes des tremblements de terre des 8, 15, 20 et 27 avril 1894, dans les provinces de Locride, Lévadie, Thèbes, Eubée et Xérochori. La Société a dépensé à cet effet la somme de dr. 7583 45, pour construction de baraques et envoi de pain. La Société a aussi offert 500 drachmes en faveur de l'Ecole théologique de l'île de Chalcis, à l'entrée du Bosphore, qui avait été ruinée par le tremblement de terre du mois de juin 1894.

Les Français et les Hovas se trouveut actuellement à Madagascar, relativement aux lois de la guerre, dans une situation respective analogue à celle des Japonais et des Chinois, au cours des récentes hostilités en Extrême-Orient. Dans l'un et l'autre cas, un gouvernement signataire de la Convention de Genève doit ou a dû lutter contre une puissance que ce traité n'oblige pas, et la question s'est posée, en conséquence, de savoir si la dite Convention lie ses adhérents entre eux seulement, c'est-à-dire si elle ne les oblige que sous condition de réciprocité, ou si elle leur crée un devoir absolu envers tout ennemi quel qu'il soit.

La Croix-Rouge française s'est occupée des secours à envoyer aux blessés de Madagascar, dès qu'une expédition militaire dans cette île lointaine a été décidée. La pensée du gouvernement, au sujet de cette intervention, a été portée à la connaissance de l'une des trois sociétés existantes, l'Association des Dames françaises, qui avait sollicité une information sur ce point.

Le 27 mai 1894, un exercice de transport de blessés, exécuté par la colonne sanitaire de Francfort, a mis en évidence l'excellente discipline de son personnel, ainsi que le parfait fonctionnement de son matériel. Le programme consistait à recueillir les blessés sur la rive gauche du Mein, à les entreposer dans des voitures de tramways, roulant sur une voie placée d'urgence, et à les transporter par bateaux dans un lazaret de la rive droite.