Il est d'un grand intérêt, pour les Sociétés de la Croix-Rouge, de savoir comment leur œuvre est envisagée par les chefs militaires, et c'est ce qui nous engage à donner ici,.un aperçu des idées exposées à cet égard par M. le médecin général en chef d'état major de l'armée allemande von Coler, de Berlin, dans un discours prononcé le 5 avril 1892 à l'Assemblée des délégués des Sociétés allemandes de la Croix-Rouge et récemment publié.

Pendant la période de deux ans, s'étendant du 1er juillet 1892 au 30 juin 1894, et sur laquelle le dernier rapport nous apporte quelques détails, la Société mecklembourgeoise a continué à vouer ses soins à l'acquisition des effets d'habillement et d'équipement nécessaires aux colonnes sanitaires; le nombre actuel des uniformes achetés s'élève à 67.

M. Gareis, membre de l'Institut de droit international, a prononcé à Königsberg, à l'occasion de l'anniversaire de la fondation du royaume de Prusse, un discours sur la Convention de Genève, dont il nous sera permis de donner ici un aperçu en quelques lignes. Après avoir rapidement rappelé les circonstances dans lesquelles la Convention de Genève prit naissance en 1864 et fut complétée en 1868 par l'adoption, au Congrès de Genève, des articles additionnels, l'auteur examine le rô1e qu'a joué cette Convention dans les années qui suivirent. En 1870, lorsqu'on en vint à mettre en pratique les principes qu'elle avait posés, de grands abus s'introduisirent, et, sous le couvert de l'emblème de la Croix-Rouge, se produisirent des désertions, des espionnages et des déprédations de tout genre. Il fut quelque temps question d'abroger la Convention et de revenir simplement au régime antérieur, mais depuis longtemps le principe de la neutralité des blessés avait été consacré par le droit coutumier et par le droit des gens; Gurlt compte de 1581 à 1864 281 traités qui avaient cette neutralisation pour objet.

Le capital de la Croix-Rouge, réservé pour les besoins de la guerre, se monte actuellement à 4 millions 489 mille roubles.

On vient d'ouvrir, à Varsovie, un nouvel hôpital de la Croix-Rouge, contenant quatre-vingts lits.

En 1895, le nombre des sœurs de charité a été porté à deux mille sept cent cinquante. On a décidé de créer encore pour elles trois refuges, car les deux qui existent ne suffisent plus à abriter toutes les sœurs trop âgées pour pouvoir continuer leur service.

La colonne de transport de Hambourg, fondée le 26 janvier 1884, a accompli, en juillet dernier, un exercice de transport de blessés par eau, dans des proportions encore inusitées en Allemagne. Il s'agissait, après les premiers pansements, de transformer une gabare ouverte, de soixante-dix tonnes, en un hôpital flottant, offrant un abri sûr contre le soleil, le vent et la pluie. Il suffit de quarante-cinq minutes pour opérer cette transformation, au moyen de supports de bois, de bûches, de cordes et de tentes. Le toit improvisé se montra si bien imperméable, que la pluie torrentielle qui se mit à tomber ne réussit pas à le traverser. Le bateau-lazaret prit le large, traîné par un remorqueur, et tranquillement, sans secousses, ménageant ainsi les blessés qu'il renfermait, entra dans le courant de l'Elbe. Ces gabares existent en grand nombre à, Hambourg, et, formées en trains de bateaux, elles seraient admirablement appropriées au transport et à l'évacuation des blessés dans toutes les directions, sur l'Elbe et sur les canaux. En outre, elles sont légères, tirant peu d'eau et se prêtent facilement et sans le secours de canots au chargement des blessés.

L'idée qu'il était nécessaire de fournir, aux jeunes femmes et aux jeunes filles juives, l'occasion de déployer une activité bienfaisante dans le domaine des soins à donner aux malades, est la seule qui ait présidé à la fondation, à Berlin, de l'Association pour la formation d'infirmières juives, qui publie ajourd'hui son premier rapport.

M. le Conseiller intime de Criegern-Thumitz, ayant, à la suite d'une longue et douloureuse maladie, cessé de faire partie de la Direction de la Société saxonne (Landes-Verein) de la Croix-Rouge, qu'il présidait depuis l'année 1873, M. le comte Otto Vitzthum von Eckstädt, vice-président, a été élu président à sa place, et confirmé en cette qualité par le ministre de l'intérieur du royaume de Saxe, au mois de mars de la présente année.

L'Assemblée des délégués de la Société centrale de la Croix-Rouge suisse a en lieu à Olten, le 11 juillet 1895, sous la présidence de M. A. Stähelin.

M. de Montmollin, rapporteur du département des finances, constate une augmentation du capital social de fr. 6390 73, malgré un accroissement de dépenses dû à l'activité très grande déployée dans les divers départements.

La section de Saint-Gall, qui s'est fondée le 16 novembre 1894, s'excuse, par la bouche de son président, le major Aepli, de publier un rapport sur une activité de deux mois. Et pourtant ne serait-il pas regrettable de passer sous silence le fait que, à la fin de 1894, le nombre des membres s'élevait déjà à 889, et que, malgré toutes les dépenses d'organisation et frais de publicité, le bilan accusait une somme en caisse de 850 fr. 24? Cette section florissante, qui a acquis la personnalité civile, a immédiatement abordé, entre autres, la question délicate de la collaboration des dames aux travaux de la Société, et celle de l'achat et de l'aménagement complet d'une baraque-lazaret de 20 lits; cette acquisition fut décidée, après exposé des plans et examen du côté financier de l'affaire, par l'assemblée générale du 13 février 1895.

Nous annoncions comme imminente, il y a déjà près de deux ans, l'accession du royaume de Siam à la Convention de Genève, ne doutant pas, d'après les informations qui nous étaient parvenues, que cette formalité ne fût remplie à bref délai. Malheureusement la santé du roi y a mis obstacle. Réduit pendant de longs mois à l'inaction, ce monarque éclairé dut laisser en souffrance les affaires publiques, mais, dès qu'il put reprendre les rênes de son gouvernement, il donna suite à son projet, et adressa au président de la Confédération suisse la lettre suivante:

«Somdetch Phra Paramindr Maha Chulalongkorn, roi de Siam au nord et au sud, et de toutes ses dépendances laotiennes, malaises, karennies, etc., à S. E. M. Zemp, président de la Confédération suisse.

A Berne, la Section organise, par l'intermédiaire d'un Comité présidé par le colonel Wyttenbach, un bazar pour l'hiver prochain. Dans un discours que ce dernier prononça lors d'une conférence tenue à cet effet, il fit ressortir la diminution du nombre des membres, à laquelle correspond une restriction des ressources financières au sein de la Société. Comme remède à cette situation affligeante, le conférencier propose de fonder des sections d'arrondissement et de les mettre en contact avec les sociétés de Samaritains et de Secours aux malades; en outre, il s'agit d'encourager les cours des Samaritains organisés par le Comité central suisse de la Croix-Rouge et de favoriser les approvisionnements de linge et de matériel pour pansements. De cette manière, la Section bernoise sera prête à faire face aux exigences de la paix et de la guerre.

Bien que nous n'ayons pas l'habitude de consacrer des articles spéciaux aux sujets qui ne concernent pas directement les blessés militaires, nous ferons cependant une exception aujourd'hui, pour donner la traduction d'un règlement bâlois, qui fixe la manière dont la section de la Croix-Rouge, celle des samaritains et les troupes sanitaires concourront à soigner les victimes de catastrophes générales, car ce document pourrait et devrait servir de modèle à d'autres sections suisses.

Conformément aux statuts de notre Société, le Comité exécutif a l'honneur de vous présenter le rapport sur ses travaux ainsi que celui de la Société samaritaine, depuis l'assemblée générale du 2 décembre 1893.

Au mois d'août dernier, les délégués de l'Association suisse des Samaritains se réunissaient à Berthoud, pour entendre la lecture du rapport annuel. A l'Exposition de Zurich, l'Association, qui avail envoyé quelques objets venus de différentes sections, a obtenu le diplôme d'honneur. Les cours ont été très nombreux et fort suivis cette année, grâce, en partie, à la subvention de 750 francs, accordée à cet effet par le Comité central de la Croix-Rouge. La question de l'instruction des troupes sanitaires du landsturm est près de recevoir une solution. Les recettes de l'exercice 1894–1895 sont montées à fr. 2609 20, les dépenses à fr. 2601 25, ce qui laisse en caisse, avec le solde de l'année 1893–1894, une somme de fr. 565 55.

Parallèlement à l'Exposition lyonnaise de 1894, dont nous avons entretenu brièvement nos lecteurs, avait lieu à Zurich, une entreprise analogue pour la Suisse, avec groupe spécial concernant l'œuvre des secours aux blessés, en temps de paix comme en temps de guerre. Celui-ci comprenait, à son tour, une participation collective de l'Association suisse des Samaritains, puis différents exposants individuels, sociétés ou particuliers.

Les lois de la guerre! Cette expression eût sans doule fait sourire le lecteur, voici cinquante ans à peine. Mais la guerre ne connaît pas de lois, eût-il répondu, ou plutôt elle n'en accepte qu'une: faire à l'adversaire, et dans tous les domaines, tout le mal possible, afin d'assurer la victoire à nos armées. C'est que la tradition romaine, en vertu de laquelle tout étranger est un ennemi, s'était maintenue presque intacte jusqu'à notre siècle, au moins dans les conflits entre Etats. Les devoirs nationaux n'existant pas, la notion de la guerre, demeurée d'une simplicité tout antique, pouvait se résumer en ces termes: chacun des belligérants s'érige en justicier et, fort de son droit prétendu, croit pouvoir tout se permettre contre son adversaire; ainsi, toute violence devient licite; des Etats, la guerre s'étend aux individus, et de même que les relations diplomatiques sont rompues entre les premiers, de même les rapports juridiques qui liaient ou protégeaient leurs ressortissants cèdent le pas à la force brutale.

En enregistrant, il y a six mois, l'adhésion du Vénézuéla à la Convention de Genève, nous exprimions l'espoir de voir bientòt naître une Société vénézuélienne de la Croix-Rouge, et nous venons d'apprendre, avec plaisir, que ce vœu est déjà exaucé. Quoique nous ne soyons pas encore en mesure de notifier officiellement aux Comités centraux la constitution de cette nouvelle Société, nous ne résistons pas au désir de faire part à nos lecteurs de ce que nous en savons.

Le rapport de la Section de Bâle pour l'année 1894 ne fournit guère de renseignements nouveaux. Notre Bulletin a déjà mentionné antérieurement la conférence donnée à Bâle et à Winterthur par le major Frœlich sur la Croix-Rouge dans les montagnes, le bazar ouvert à Bâle, au mois d'octobre 1894, enfin l'organisation bâloise de secours dans les calamités civiles. Si nous indiquons en outre que le nombre des membres est resté stationnaire, que le Comité s'est adjoint un auxiliaire important en la personne de M. Jean Strohl-Burckhardt, que, conformément à une décision antérieure, trois postes de Samaritains ont été créés, et que, grâce au bazar, non seulement le déficit a été comblé, mais l'état prospère des finances permet de projeter de nouvelles acquisitions de matériel, nous aurons terminé l'énumération des faits les plus saillants du dernier exercice.

L'épidémiologie militaire fournit les observations les plus précises quant à l'étiologie des maladies contagieuses. Nous avons signalé à cet égard, dans nos précédentes revues, des épidémies de fièvre typhoïde dont la provenance hydrique ou tellurique a pu être démontrée avec toute la précision possible. Les Archives de janvier et février nous apportent la relation d'une épidémie du même genre, dont l'origine se trouve être complexe, et qui, par ce motif, présente un intérêt tout particulier en même temps qu'un enseignement fort utile en ce qui concerne l'hygiène militaire.

L'état sanitaire des armées française, allemande, anglaise, autrichienne, belge, espagnole et italienne, a fait l'objet d'un mémoire fort instructif de M. F. Antony, médecin principal de 2me classe, agrégé libre du Val-de-Grâce, dans les Archives d'août.

L'auteur commence par constater que la morbidité a été sensiblement aggravée dans toutes les armées d'Europe en 1890, pour l'épidémie de grippe; elle a dépassé de 50 à 100 unités par mille celle de l'année précédente; et cependant, ajoute-t-il, d'une manière habituelle, la moitié et le plus souvent les huit dixièmes des effectifs passent chaque année par les établissements sanitaires.