Le Comité central suisse de la Croix-Rouge, par l'intermédiaire de son Département du matériel, vient de faire paraître à Bâle une sorte de catalogue des diverses sections de la Société centrale suisse existantes à ce jour, ainsi que du matériel acquis par elles.

Dans l'avant propos, les membres de ce Département, tout en reconnaissant la nécessité de laisser à chaque section son indépendance et son autonomie, font ressortir l'avantage qu'il y aurait, pour les petites sections voisines les unes des autres, à se grouper et à unir leurs efforts, pour participer aux grandes œuvres auxquelles une section isolée serait à peu près hors d'état de concourir efficacement.

Depuis un certain temps, on avait reconnu la nécessité de faire faire à la première ambulance fluviale, Alfonso Litta, un long voyage d'épreuve, et le Comité central avait eu l'intention de réserver pour cet essai la plus grande partie de la somme affectée dans le budget aux expériences de mobilisation. Il fallut renoncer à ce projet pour diverses raisons; puis lorsque cette décision négative intervint, la saison était déjà trop avancée pour qu'on pût organiser autre chose qu'une seule expérience de mobilisation et des cours d'instruction pour le personnel des trains-hôpitaux.

Le rapport du Comité central pour l'année 1894 mentionne en premier lieu les envois faits à la colonie de l'Erythrée, dont nous avons déjà parlé (p. 74), et fournit à ce sujet des indications sur lesquelles nous n'avons pas à revenir. L'hôpital de cinquante lits, parti de Naples le 10 avril, est arrivé sain et sauf à Massaoua le 21. Son matériel ne formait pas moins de cent cinq colis. Le directeur était le médecin en chef Dr Del Prete, de Florence; il avait sous ses ordres cinq officiers (médecius, pharmacien, commissaire et comptable) et vingt hommes de troupe (surveillants, infirmiers, etc.) L'Illustrazione italiana du 12 mai (no 19), a publié des photographies de tout ce personnel. Cette expédition africaine a excité un grand intérêt dans les diverses provinces du royaume, et les sous-comités de la Croix-Rouge ont rivalisé de zèle pour la soutenir, en votant ad hoc des subsides spéciaux au Comité central. Le rapport présidentiel en mentionne une vinglaine, pour une somme totale de fr. 2960. Le Sous-Comité de Padoue a offert en outre de pourvoir à la formation d'un second hôpital de cinquante lits, pareil à celui déjà expédié dans l'Erythrée, et il y a affecté éventuellement une somme de 10,000 francs.

Le Comité central italien a bien voulu porter à notre connaissance un fait intéressant, relatif à l'hôpital de cinquante lits qu'il a détaché dans l'Erythrée et qui s'y trouve desservi exclusivement par le personnel de l'Association.

Ce personnel, et notamment les officiers, sont traités avec tous les égards possibles par leurs collègues de l'armée, dont ils ont reçu de fréquentes invitations à l'occasion de diverses fêtes, telles que la Saint-Martin et la Sainte-Barbe, célébrées par l'un ou l'autre des corps de l'armée d'occupation.

A l'occasion du bazar de Bâle, le major Frölich, médecin en chef de la division du Gothard, a fait, dans la même ville, une conférence sur la tâche de la Croix-Rouge dans les guerres de montagne.

Prenant pour point de départ la parole d'un officier supérieur suisse, qui prétendait dernièrement que toutes les mesures étaient impuissantes, dans des guerres de ce genre, à empêcher que de nombreux blessés ne restent sans secours, exposés à une mort certaine, l'orateur a cité, dans l'histoire contemporaine, deux exemples de cas où la Croix-Rouge fit généreusement et consciencieusement son devoir.

Le Comité central italien vient de publier, sous forme de brochure, une sorte de tableau ou inventaire du matériel dont se compose chacun de ses hôpitaux de guerre de cent lits. A la suite des expériences faites, il a décidé de supprimer la plupart des caisses pesantes où était renfermé ce matériel, et de les remplacer par des caisses moins lourdes et des sacs imperméables; cette modification a permis d'augmenter de 50 kilos la boîte de médicaments. L'hôpital de guerre de 100 lits est composé maintenant de 39 sacs, 19 caisses et 17 ballots; tous les sacs ont leur numéro, et sont confectionnés en toile blanche imperméable; ils se ferment au moyen d'une ficelle; un petit capuchon en toile, se rabattant sur l'ouverture, empêche absolument l'eau de pénétrer dans le sac; enfin, à l'entrée de chaque sac, une tablette en bois indique son contenu. Les caisses sont de dimensions diverses et de couleurs variées, suivant les objets qu'elles contiennent.

La Croix-Rouge italienne possède, depuis 1893, une ambulance fluviale complète, l'Alfonso Litta, due à la générosité de la duchesse Eugénie Litta Visconti. Avant de parler des mesures prises par la Société pour assurer le fonctionnement régulier de cette branche du service sanitaire, en particulier de l'arrangement intervenu entre elle et la Société des Canotiers, il n'est peut-être pas sans intérêt de dire quelques mots de la composition de ces ambulances.

La nouvelle section de la Croix-Rouge, dont le départ pour l'Erythrée a été récemment annoncé, est venue augmenter l'hôpital de montagne de cinquante lits de la Croix-Rouge, qui fonctionnait à Asmara depuis plusieurs mois.

Cette ambulance est organisée de façon à pouvoir être transportée avec la plus grande facilité sur un point quelconque, même le moins accessible, et cela au moyen de sept mulets seulement, ou même à dos d'homme, chacun portant 55 à 60 kilos.

Le gouvernement italien ayant été appelé, cet hiver, à renforcer ses garnisons d'Afrique, le Comité central de Rome envoya à Massaoua, vers la fin de janvier, par le steamer Pô, une abondante provision de médicaments, pour augmenter celle que l'Association possédait déjà dans le dépôt de cette ville. Le ministre de la guerre a adressé à ce sujet une lettre de remerciements au président de la Croix-Rouge.

Notre dernière revue signalait diverses épidémies de fièvre typhoïde dans des casernements provenant de causes hydriques, et nous émettions l'opinion, généralement admise, que presque toutes les épidémies de ce genre sont dues à l'eau potable. Il semble que les rapports de ce trimestre aient voulu nous en donner le démenti. Voici, en effet, la relation de plusieurs épidémies dont la cause semble avoir été des émanations d'égouts engorgés, autrement dit, des miasmes transportés par l'air. Les trois premières de ces observations sont relatées dans les Archives par M. le Dr Poché, Médecin-major de 1re classe.

Chaque année, plusieurs sous comités italiens de la Croix-Rouge font paraître un compte rendu de leur activité; ce fait témoigne de la vie de ces sections et de leurs ressources, en même temps que de l'intérêt qu'on porte en Italie à l'œuvre de la Croix-Rouge.

A la suite d'une invitation du ministère de la guerre, le Comité central de la Croix-Rouge italienne a envoyé aux grandes manœuvres militaires, qui ont eu lieu dernièrement dans les Abruzzes, son hôpital de guerre de cent lits no 1, sous la direction du médecin chef capitaine Doct. Giacomo Crespi.

Il résulte du rapport présenté à l'assemblée générale du 5 mars dernier, que la Société norvégienne compte un peu plus de cinq cents membres. Le 31 décembre 1894, sa fortune était de 36,200 francs.

Après sa réorganisation, la Société a fait un premier pas pour commencer une activité positive, en faisant donner une instruction comme garde-malades à deux dames. Durant un an, ces élèves doivent suivre des cours dans une maison hospitalière à laquelle est attachée une école d'applicalion, puis elles seront à la disposition de la Société.

Par lettre du 1er juin 1895, M. Carlos Sotomayor, secrétaire perpétuel de la Croix-Rouge péruvienne, a bien voulu nous informer que le Comité central venait de désigner, pour la période réglementaire (1895 et 1896): comme président, M. le capitaine de vaisseau Francisco Sanz; comme premier vice-président, M. Ismael Aspillaga, et comme second vice-président, M. le Dr Narciso de Aramburu.

Le rapport de la Société prussienne pour 1894, qui relate les les événements de l'année ayant trait à son activité, contient aussi, d'après son titre, le rapport du Comité central des sociétés allemandes. Ce dernier ne publie pas de rapport spécial, mais il travaille de concert avec celui de la Société prussienne, qui en fait partie, en sorte que le compte rendu de son activité est intimement lié à celui de la Société prussienne.

Dans notre précédent Bulletin (p 13), nous avions cru pouvoir attribuer à la Croix-Bouge anglaise l'envoi, auprès de l'armée chinoise, d'un personnel sanitaire dont la mission avait échoué, mais nous avons appris plus tard que cette supposition était erronée. Le Comité central de Londres n'a envoyé en Orient, pendant la guerre sino-japonaise, ni médecins, ni infirmiers, ni matériel. Les renseignements que nous avons recueillis nous permettent de dire que. l'escouade dont il s'agit était accréditée, auprès du commandant en chef de l'armée japonaise, par la « Société indépendante de la Croix-Rouge de Tientsin pour parter secours aux blessés ». Cette société, que nous ne connaissons pas, se rattache peut-être à la « Société des Médecins missionnaires de Chine » dont nous avons entretenu nos lecteurs (p. 16), mais ce n'est là, de notre part, qu'une hypothèse. Le détachement se composait de: un Danois, un Américain et sept Anglais, dont quatre étaient médecins.

Nous avons reçu de M. C. de Mooij, médecin principal en retraite des Pays-Bas, la note suivante sur le brancard à roues de son invention, représenté sur la planche ci-jointe. Nos lecteurs connaissent depuis longtemps M. de Mooij, par les communications intéressantes qu'il nous a adressées sur le «léchophore» (T. V., p. 174 et T. VI, p. 50), sur le «transport rostang» (T. XII, p. 145), et sur la «flore des Indes» (T. XIV, p. 79). Nous n'avons donc pas à le leur présenter, et nous lui cédons la parole.