RÉSUMÉ. En 1945, le monde maritime français sort ruiné de la guerre. Sa reconstruction est menée tambour battant, dans le cadre d'un volontarisme d'État hérité de la tradition colbertienne. Ce redémarrage va de pair avec une ouverture nouvelle à la mer, qui passe à la fois par le développement rapide de la civilisation des loisirs et la maritimisation croissante de l'économie. Parallèlement, les accords de Montego Bay dotent en 1982 le pays d'un domaine maritime d'une importance inédite, tandis que l'État confie l'essentiel de sa force nucléaire de dissuasion à la Marine. Pourtant, si au début du XXIe siècle la France est à bien des égards plus maritime que jamais, le pays tarde à en tirer toutes les conséquences.

ABSTRACT. In 1945 the French maritime world was in ruins, but the powerful centralized state inherited from the era of Colbert immediately set about reconstructing it. At the same time a new vision of the national significance of the sea embraced seaside leisure activities, yachting and boating as well as the growth of seaborne trade. The 1982 Montego Bay agreements endowed the country with a vast new coastal territory, and the state entrusted the greater part of its nuclear deterrence to the Navy. Still, if France is more maritime than ever at the dawn of the 21st century, the country is far from having understood all the consequences of this evolution.