Les derniers messages que nous avons reçus de la Société américaine sont riches en nouvelles que nous nous faisons un devoir de communiquer à nos lecteurs, regrettant seulement de ne pas savoir nous-mêmes, sur les faits parvenus à notre connaissance, assez de détails pour donner à notre exposé toute la vie et tout l'intérêt désirables. Nous nous permettrons d'y revenir quand nous serons plus completèment renseignés.

En feuilletant un livre tout récent, que nous croyions, d'après son titre, fort étranger aux matières que nous traitons dans ce Bulletin, nous y avons rencontré une idée qui nous a paru mériter d'être signalée aux amis de la Croix-Rouge. Ce n'est pas qu'à première vue elle nous semble revêtir un caractère bien pratique; toutefois, il serait téméraire de notre part de nous prononcer sur ce point sans connaître le résultat d'expériences qui ne sont pas de notre ressort. Mais nous avons pensé qu'à un moment où l'on se préoccupe, plus vivement que jamais, en présence des progrès de la balistique, de trouver de nouveaux procédés pour éloigner rapidement du champ de bataille les hommes mis hors de combat, toute invention destinée à atteindre ce but doit être examinée et discutée. Nous livrons donc l'indication qui va suivre à la sollicitude des chercheurs et tout spécialement aux concurrents pour le prix de Rome.

La Convention de Genève vient de recevoir un témoignage d'approbation, qui pourrait bien avoir pour effet l'accession de quelques-uns des Etats civilisés jusqu'à présent réfractaires à l'égard de ce traité. Nous faisons allusion au Congrès militaire hispano-portugais-américain, réuni à Madrid au mois de novembre 1892, pour délibérer sur les réformes à introduire dans les lois et usages de la guerre.

La Société américaine de la Croix-Rouge a reçu en don, de M. le Dr. J. Gardner, un très vaste terrain mesurant 182 acres, situé dans l'Etat d'Indiana, an centre de districts populeux et à proximité de lignes de chemin de fer, qui le mettent à trois heures de Louisville, à quatre heures de Cincinnati, à quatre heures d'Indianapolis, à six heures de Saint-Louis et sept heures de Chicago. Il s'y trouve un village, un bureau de poste, des granges, des fermes, des vergers, des forêts, des plantations d'érable à sucre, des carrières de la fameuse pierre oolitique de Bedford, une rivière et des sources d'excellente eau. Une voie ferrée le traverse, trois autres lignes le mettent en communication avec tons les ports des Etats-Unis. Dans la pensée du donateur, il servira à recevoir les provisions de matériel nécessaires à l'œuvre de la Croix-Rouge américaine, pour que celle-ci soit toujours à même de porter secours, en temps de paix comme en temps de guerre, aux victimes des grandes calamités publiques.

Le Kriegerheit nous apprend qu'au mois de février dernier, la fabrique de baraques Selberg et Schlueter avait exposé, dans la cour du Langenbeckhaus, à Berlin, une baraque d'ambulance transportable, complètement équipée. Cette baraque mesure 13 mètres de longueur sur 5 de largeur. Dans cet espace sont compris: deuxjsallesde malades, de six lits chacune, une salle de garde, une chambre de bain, un water-closet et une tisanerie. Les salles de malades occupent les deux extrémités de l'édifice. Chaque lit dispose de 4,17 mètres carrés et de 12,5 mètres cubes d'air.

Les obligations auxquelles la Société a pris l'engagement de satisfaire en cas de guerre sont les suivantes:

a) Etablissement et entretien de huit hòpitaux de réserve, avec un total de 2.000 lits;

b) Equipement et entretien de 15 stations d'arrêt pour les malades, avec abri pour la nuit, pour un total de 3,053 lits;

c) Equipement et entretien de 28 stations d'arrêt pour les malades, sans couchée, pour 3,200 lits;

Dans notre précédent Bulletin (p. 77) nous disions que la Croix-Rouge américaine s'était alarmée des conséquences que pouvait entraîner pour notre œuvre le Congrès international des Samaritains, convoqué à Vienne pour le 8 septembre. Dès lors, nous avons reçu la réponse imprimée qu'a faite le Comité central de Washington, à l'invitation qu'il avait reçue de se faire représenter au susdit Congrès. Quoique ce document n'ait plus aujourd'hui qu'un intérêt rétrospectif, nous tenons à le mentionner, en raison de l'importance qu'y ont attachée ses rédacteurs, et des informations peu connues qu'il contient.

Le silence que nous avons gardé depuis longtemps au sujet des travaux de la Société roumaine de la Croix-Rouge, pourrait faire supposer à nos lecteurs que le Comité de Bucharest n'a plus qu'une existence nominale. Mais cette opinion serait erronée, et, pour la combattre, nous nous permettrons de reproduire ici un fragment de la lettre que nous a adressée le président de la Société roumaine, le 25 février dernier.

Nous empruntons les informations qui suivent au rapport présidentiel, lu à l'assemblée générale du 9 mai 1893.

La première préoccupation de la Société a été pendant le dernier exercice, comme toujours, pour les victimes des guerres passées et des expéditions en cours.

Aux premières, il a été fait 2,138 allocations représentant une valeur de fr. 43, 571.

Des colis ont été expédiés an Dahomey, au Tonkin, en Cochin-chine, au Cambodge, à Madagascar et au Soudan.

Le but de l'Association est, en cas de guerre, de seconder le service public des ambulances dans les soins à donner aux malades et, pendant la paix, de préparer les moyens appropriés à ce but.

Le Comité d'Orléans a développé une activité normale en 1892, et nous ne trouvons, dans le rapport sur ses travaux, aucun fait saillant à relever. Il a concouru, dans sa circonscription et pour sa boune part, aux divers services que la Croix-Rouge française a organisés, soit en faveur des victimes de guerres passées soit en prévision de guerres futures. Son développement n'est cependant pas aussi satisfaisant que le souhaitent ses directeurs. Ses ressources sont trop restreintes pour qu'il puisse donner un libre cours à son zèle. Le nombre de ses membres n'est plus aussi élevé que jadis, relativement à celui des autres comités départementaux. Pour stimuler le zèle des dames, en particutier, le rapporteur leur a parlé de la «Societe des dames prussiennes», qui compte, à elle seule, plus d'adhérentes que les trois sociétés françaises réunies, et dont les recettes sont bien supérieures anx leurs. Le rapport de l'an prochain nous fournira, espérons-le, la preuve que l'appel de. M. le président Paulmier a été entendu, et que la prospérité de la Croix-Rouge dans le départment du Loiret en a reçu une impulsion féconde.

Le 29meBulletin (1er trimestre de 1893), de la Société française de la Croix-Rouge contient une intéressante notice sur les hôpitaux auxiliaires permanents. Ce travail, rédigé, d'accord avec le Comité médical, par M. le médecin inspecteur Baizeau, décrit d'une manière très complète l'organisation et le fonctionnement (chap. II), l'alimentation (chap. III), la complabilité (chap. IV), l'approvisionnement et le matériel d'exploitation (chap. V) de ces hôpitaux. Nous reproduisons ci-dessous le chapitre I, qui donne une idée des conditions dans lesquelles ces établissements peuvent et doivent être installés.

A l'occasion du cinquantième anniversaire de la fondation de la congrégation des Sœurs grises de Sainte-Elisabeth, a paru à Breslau une notice sur l'histoire et le développement de cet ordre. Dans cet écrit, dù à la plume de M. le Dr J. Jungnitz, sont notamment relatés les services signalés rendus par les Sœurs grises dans les hôpitaux militaires et dans les ambulances, en particulier, pendant les guerres d'Autriche et de France. C'est ce qui nous engage à entrer dans quelques détails sur l'œuvre de cette congrégation, en les empruntant à la Schlesische Zeitung de Breslau, qui elle-même les a extraits de l'ouvrage de M. Jungnitz.

L'in suffisance des anciens moyens de transport pour les blessés est tellement notoire, et si grave en même temps, que, depuis bien des années déjá, on s'ingénie soit pour en accroître le nombre, soit pour en inventer de nouveaux. L'attention des chercheurs s'est portée, en particulier, sur les véhicules d'origine moderne pour l'usage civil, et l'on a étudié les moyens de leur donner une destination sanitaire répondant aux besoins des armées en campagne. De nombreux systèmes, par exemple, ont été proposés, pour l'adaptation des wagons de chemins de fer aux nécessités du service de santé; des essais ont été tentés, même avec la bicyclette; on n'a pas encore parlé des ballons, mais leur tour viendra. En attendant, on se préoccupe des ressources que peuvent offrir les tramways, si usités maintenant dans les grandes villes et dans leur banlieue.

Unter dem rothen Kreuze, tel est le titre de l'organe officiel collectif de la Société suisse du service sanitaire militaire et de l'Association des samaritains, dont la publication a commencé au mois de janvier dernier et qui doit continuer à paraître à Berne. Les deux sociétés mentionnées ci-dessus, auxquelles nous espérons bien que la Croix-Rouge suisse ne tardera pas à se joindre, ont pensé que le concours, d'ailleurs très dévoué, que leur a prêté jusqu'ici la presse politique suisse, que les publications, les appels, les rapports qu'elles portent à la connaissance du public ne sufflsaient pas pour atteindre leur but et pour propager les idées qu'elles défendent.

Le 23 février 1893, la Société « Alice » célébrait à Darmstadt, dans une assemblée générale, le vingt-cinquième anniversaire de sa fondation. Cette assemblée fut ouverte par quelques paroles de circonstance prononcées par la présidente, S. A. la princesse Victoria, princesse Louis de Battenberg.

Le gérant, M. le Dr Eigenbrodt, présenta ensuite le rapport de la Société.

M. Henry-Michel de Jay, comte de Beaufort, que la Croix-Rouge française a perdu en 1892, était depuis peu l'un de ses vice-présidents, après l'avoir servie comme secrétaire général pendant plus de vingt ans. La trace que son activité a laissée dans l'œuvre ne saurait s'effacer, et c'est justice que de rendre hommage à son zèle infatigable, non moins qu'à son esprit inventif pour soulager l'humanité souffrante. Quoique investi d'une fonction publique an ministère de l'intérieur, if savait trouver beaucoup de temps à consacrer à diverses œuvres charitables, indépendamment de la Croix-Rouge. C'est ainsi qu'il avait fondé la Société d'assistance aux mutilés pauvres, qu'il était à la têle de la Société de policlinique, et qu'il s'intéressait d'une manière toute particulière au sort des aveugles.

Les armes nouvelles ayant pour but et pour effet de multiplier, dans un temps donné, le nombre des hommes mis hors de combat, il est naturel qu'on se préoccupe d'autre part des moyens d'offrir aux blessés, sur la première place de pansement, une boisson chaude et nutritive.

Sous le titre de: « La revision de la Convention de Genève » M. le colonel H. Bircher, médecin en chef du deuxième corps d'armée suisse, vient. de faire paraitre une étude très sérieuse de la Convention de Genève.

Après en avoir rappelé les origines, il examine quels sont les rèsultats des expériences qui en out été faites, notamment pendant la guerre franco-allemande de 1870. Cet examen conduit l'auteur à signaler certains points qu'il voudrait qu'on revisàt.