Nous recevons du Comité central de la Société autrichienne une circulaire, qui a été adressée au mois d'août dernier aux présidents des différentes sociétés nationales, associations de Dames, et Comités auxiliaires de la Croix-Rouge autrichienne.

Cette circulaire a pour but de recommander aux sociétés fédérées l'idée d'enrôler et d'appeler à leur aide les communes de l'empire, en tant que corps organisés, pour les faire servir, en cas de mobilisation et de guerre, de centre de secours pour les armées.

Le rapport annuel constate avec regret les vides qui se sont produits dans le sein du Comité central depuis l'année dernière; le conseiller aulique Beuzino, enlevé après vingt et un ans d'activité, a été remplacé par M. Reindl, en qualité de représentant du Palatinat. Le premier bourgmestre de Munich a bien voulu se laisser nommer membre du Comité central.

La vacance survenue dans la présidence de la Croix-Rouge congolaise, le 11 août 1893, par la mort de M. le vicomte Jolly, a cessé, ainsi que cela résulte de la notification suivante, adressée au président du Comité international:

Bruxelles, le 2 février 1894.

Monsieur le président,

J'ai l'honneur de vous faire savoir que, par décret du 17 janvier dernier, le Roi-souverain de l'Etat indépendant du Congo m'a nommé, sur la proposition du secrétaire d'Etat de l'intérieur, président de l'Association congolaise et africaine de la Croix-Rouge, en remplacement du lieutenant général vicomte Jolly, décédé.

Dans son dernier exercice, qui s'étend du 1er mars 1893 au 28 février de cette année, la Société autrichienne, alors même qu'aucune guerre n'est venue mettre ses forces en réquisition, a cependant eu l'occasion de déployer son activité dans maintes occasions, spécialement dans la lutte contre l'épidémie du choléra, qui a de nouveau sévi en Galicie.

Nous empruntons au journal autrichien La Croix-Rouge quelques détails relatifs à l'activité de plusieurs des sociétés membres de la fédération de la Croix-Rouge.

En Bohême, la Société des Dames travaille de concert avec la Société régionale de la Croix-Rouge. Un nouvel hôpital de réserve, pouvant contenir 800 personnes, a été établi cette année dans les locaux de la caserne Ferdinand, au Carolinenthal. Ce nouvel établissement porte à dix le nombre des refuges pour blessés dont dispose la Société.

En 1893, ainsi que nous l'apprend le rapport du comte Charles d'Orsini et de Rosenberg, l'Ordre teutonique, dont nous n'avons pas eu à parler depuis longtemps, a acquis, en vue de compléter l'installation de ses quatre hôpitaux pour blessés, la plus grande partie des ustensiles de cuisine nécessaires, ainsi que les objets dont le besoin ne se ferait sentir qu'en cas de mobilisation. Ils ont été placés dans son dépôt central de Vienne, au Prater.

Nous empruntons au 18me rapport de la Société danoise les détails suivants sur son activité en 1893.

La Société, invitée à désigner un délégué pour faire partie du jury international réuni à Rome en 1893, a désigné pour ces fonctions M. Jörgensen, médecin-major du 2e régiment d'infanterie. D'après son rapport, l'Exposition a été fort intéressante et instructive, mais l'impression principale du docteur est que, les administrations du service sanitaire, dans les différents pays, ayant toutes adopté déjà le matériel le mieux approprié au transport des blessés sur les champs de bataille, on ne pouvait guère, pour le moment, s'attendre à voir surgir des innovations. Le docteur ajoute que, à tout ce qu'il a vu à cette occasion et aux expositions précédentes, il préfère, pour notre pays, nos brancards réglementaires, nos charrettes-brancards Furley nouveau modèle et nos voitures de transport pour les malades.

Nos lecteurs se souviennent sans doute que, dans le rapport de la Société danoise de la Croix-Rouge pour 1892, se trouvait mentionnée avec éloges une charrette-brancard, dont le type, partiellement emprunté à des modèles anglais et adapté par la Croix-Rouge à son usage, avait été récemment introduit dans le matériel sanitaire de l'armée. Désireux, à notre tour, de répandre la connaissance d'un appareil aussi apprécié de ceux qui s'en servent, nous avons recueilli à son sujet diverses, indications que nous reproduisons ici.

Les hostilités qui ont éclaté en Afrique, dans le courant de l'été dernier, entre les Arabes du Riff marocain et la garnison de Melilla, ont failli dégénérer en une véritable guerre, qui, Dieu merci, a pu être évitée. Les Espagnols s'y sont sérieusement préparés en envoyant une armée sur le point menacé, et la Croix-Rouge a tenu à l'y accompagner. L'éventualité de graves événements avait rendu toute la population de la péninsule attentive aux appels du Comité central ou « Assemblée » de Madrid, et il y fut répondu avec un véritable enthousiasme. L'Association a recruté à cette occasion de nombreux adhérents, et a vu se former en province beaucoup de comités, dont il faut espérer que l'existence ne sera pas éphémère. Les seules souscriptions en espèces, sans parler de celles en nature, atteignirent rapidement le chiffre de 27,686 pesetas (ou francs). En tête des donateurs, la reine s'inscrivit pour 5,000 pesetas. Beaucoup de personnes offrirent aussi leurs services comme médecins, aumôniers, infirmiers, etc. La Croix-Rouge portugaise, sans attendre d'y être invitée, vota à sa voisine un subside de 26,000 p. (le quart de sa fortune), en linge, articles de pansement, etc. Les compagnies de chemins de fer promirent de transporter gratuitement le personnel et le matériel de la Croix-Rouge, et le gouvernement lui accorda la franchise postale.

Nous ne résistons pas au désir de reproduire ici, dans ses traits principaux, le discours prononcé devant la Société des naturalistes et médecins allemands, par notre savant collègue le Dr Port, ancien lauréat du Comité international et créateur de l'improvisation comme branche d'enseignement dans l'instruction sanitaire, sur la nécessité de donner une instruction plus pratique aux infirmiers et aux brancardiers. Nous souhaitons que la voix de l'honorable orateur soit entendue bien au delà des limites de son auditoire, et puisse convaincre aussi bien les autorités sanitaires militaires que les sociétés de la Croix-Rouge, de l'importance du sujet; il y va de la responsabilité professionnelle des médecins et du personnel sanitaire, en même temps que du devoir de charité qui doit être an fond de tout cœur humain.

Nous extrayons de la Gazette de Cologne une courte description d'un nouvel appareil pour les blessés, que M. Frédéric Hessing, directeur et propriétaire de l'Institut orthopédique de Göggingen, près d'Augsbourg, vient d'inventer et auquel il a donné le nom de « Kriegsapparat ». M. Hessing est un praticien éprouvé, très connu dans les cercles médicaux, et qui cherche à imaginer des moyens d'atténuer les souffrances et les désastres que l'emploi des nouvelles armes occasionnera dans les guerres futures.

Dans son rapport sur l'exercice 1893–1894, le Comité de Bordeaux se loue de l'accueil sympathique que la Croix-Rouge française rencontre auprès des populations, et remercie en particulier la presse bordelaise de la courtoisie avec laquelle elle ouvre les colonnes de ses journaux à toutes les communications qui lui sont adressées par la Société.

A l'occasion de l'Exposition universelle d'Anvers, la Société royale philanthropique de sauveteurs « Union et Constance », de Belgique, a organisé dans cette ville un « Congrès international de sauvetage », qui s'y tiendra les 5, 6 et 7 août prochain.

L'Association de la Croix-Rouge congolaise et africaine a été priée d'étendre le programme élaboré en vue du concours qui sera ouvert à l'occasion de l'Exposition d'Anvers.

Pour répondre à ces sollicitations, la Croix-Rouge a décidé d'ajouter, aux deux questions mises primitivement au concours et se rapportant aux installations hospitalières et mobilières, trois nouvelles questions ayant pour objet:

10 Les appareils et instruments chirurgicaux.

20 Les médicaments et désinfectants.

30 Le matériel et les ustensiles pour soins à donner aux malades.

La Croix-Rouge espagnole reconstituée depuis peu, a tenu à se pourvoir d'un matériel sanitaire conforme aux indications les plus sûres de la science moderne. Aussi a-t-elle formé une grande commission d'experts, comprenant dix-neuf docteurs, dont douze en médecine et sept en pharmacie, pour lui démander conseil. Le rapport de cette commission a été publié dans l'organe de la Société, et nous en extrayons quelques données.

L'interprétation de la Convention de Genève, sur un point spécial, a donné lieu, dans la presse anglaise, à une discussion au sujet de laquelle un officier supérieur de l'armée de la Grande-Bretagne a fait l'honneur au Comité international de lui demander son avis.

Cette consultation pouvant avoir une utilité plus étendue que celle du cas particulier dont il s'agissait, nous en dirons ici quelques mots.

Quatre événements, ainsi que le fait ressortir le rapport annuel du Comité exécutif central, ont signalé l'exercice 1892–1893 et ont assuré à cette période une place exceptionnelle dans les annales de l'Association ambulancière de Saint-Jean.

Ce sont: l'inauguration, au mois de mai, par la reine elle-même, de l'Institut impérial, le corps métropolitain de la brigade de Saint-Jean étant de service; puis, dans le grand parc de Windsor, l'inspection, par la reine également, de quatre corps de la brigade, qui évoluèrent devant Sa Majesté, secourant les blessés, appliquant des bandages, faisant des pansements, emportant les morts. L'intérêt personnel que la reine a bien voulu porter à cette branche si importante de l'œuvre ambulancière donna à son développement une impulsion nouvelle, qui eut l'occasion de se manifester dans les rues de Londres, le jour du mariage du duc et de la duchesse d'York; deux cents officiers d'ambulance, dix chirurgiens et trente-huit infirmières portèrent secours à mille cinq cent cinquante-quatre personnes, atteintes d'indispositions ou victimes d'accidents. C'est là le troisième fait à enregistrer. Enfin trente mille sept cent soixante et un certificats de capacité, soit deux mille de plus que dans toute année antérieure, furent délivrés pendant l'exercice 1892–1893.

Le sixième Bulletin de la Société congolaise nous renseigne sur les principaux événements de l'année écoulée.

Dans notre précédent Bulletin (p. 21), en parlant du décès du maréchal de Mac-Mahon, nous avons mentionné incidemment l'élection de son successeur à la présidence de la Croix-Rouge française, d'après ce que la rumeur publique nous en avait appris. Plus tard, nous avons reçu à ce sujet la notification officielle que nous transcrivons ici:

A Monsieur le Président du Comité international

Paris, le 12 décembre 1893.

Monsieur,

J'ai l'honneur de vous informer que le Conseil de la Société française de secours aux blessés militaires, dans sa séance du 11 décembre 1893, a nommé d'acclamation, comme président de l'Œuvre, en remplacement de M. le maréchal de Mac-Mahon, décédé, Mgr le duc d'Aumale.

L'Evening Star, de Washington, du 14 décembre, a publié un article sur l'œuvre accomplie par la Croix-Rouge américaine en faveur des victimes de l'ouragan qui, le 27 août dernier, a ravagé les îles situées le long de la côte de la Caroline du Sud. Cetarchipel des « Iles de la mer » (Sea Islands) compte une centaine d'îles, s'étendant sur une longueur de 250 kilomètres, presque toutes couvertes de forêts de pins, de chênes, de magnolias et de gommiers.