Considérons tels ou tels graphiques de type courant, comme ceux qui représentent visuellement les fluctuations du cours d'une action en bourse, dans l'une ou l'autre capitale et pendant une période donnée; les différents jours de cotation seront portés en abscisse (ainsi, de gauche à droite : 12 août 1967,13 août 1967, etc.), et les cotes chiffrées en ordonnée : sur la feuille de papier, le point correspondant à « 120 F » occupera une position plus haute que « 100 F », « 50 F » sera encore au-dessous, etc.

Ce que Jacques Bertin appelle information, c'est le contenu que doit transmettre le graphique; dans notre exemple, l'information peut se résumer comme suit : « Cours de l'action X en bourse de Paris, du 1er au 30 août 1967, la seule cote retenue pour chaque journée étant le cours de fermeture du marché au comptant. » Toutes ces précisions sont nécessaires, car un autre graphique — mais qui justement aurait été un autre, et c'est ici que commencent les problèmes de « langage » — pouvait indiquer en plus (ou exclusivement) le cours atteint chaque jour à 10 heures et/ou à 11 heures, etc., pouvait indiquer aussi (ou exclusivement) les cours du marché à terme, etc.

Les réflexions qu'on vient de lire sont précieuses à tous égards.

Un chercheur est toujours menacé de myopie vis-à-vis de son domaine tout en étant tenté de lui accorder des caractères particuliers. Aussi est-ce pour moi plus qu'une ouverture d'observer comment un linguiste aborde la sémiologie graphique, dresse les parallélismes et les insère dans la ligne saussurienne.

Christian Metz a raison de dire que la sémiologie graphique « n'a pas été située par rapport au mouvement général des théories et des procédures sémiologiques ». De même Abraham Moles pourrait aussi remarquer une semblable distance par rapport à la « théorie de l'information » dont on ne retient ni le processus d'approche ni la terminologie.

L'histoire quantitative est aujourd'hui à la mode, à la fois en Europe et aux États-Unis : on assiste, en effet, depuis près d'un demi-siècle, au développement rapide de l'utilisation des sources quantitatives et des procédures de comptage et de quantification dans la recherche historique. Mais, comme tous les mots à la mode, celui d'« histoire quantitative » a fini par avoir une acception tellement large qu'il recouvre à peu près n'importe quoi : de l'usage critique d'un simple dénombrement, fait par les arithméticiens politiques du XVIIe siècle, jusqu'à l'utilisation systématique de modèles mathématiques dans la reconstitution du passé, l'« histoire quantitative » désigne du même mot bien des choses : tantôt un type de source, tantôt un type de procédure, et toujours, d'une manière ou d'une autre, explicitement ou non, un type de conceptualisation du passé.

Le développement des sciences humaines entraîne, entre beaucoup d'autres conséquences, la remise en question de 1’ « histoire littéraire » conçue comme rapport entre « une vie et une oeuvre », ou comme « évolution des genres » ou même comme « histoire des idées ». A la notion de l'artiste, individualité unique que son « génie » contribue encore à isoler dans son temps, succèdent celle de l'artiste « catalyseur » ou « révélateur » des courants de pensée et d'émotion d'une époque, et parfois même celle du « couple » que forme l'artiste avec son public, lequel peut être déjà constitué ou encore en voie de formation.

La réforme de 1785 a fixé le régime monétaire de la France jusqu'en 1928 : c'est là un fait majeur. Cependant, l'histoire de la réforme de Calonne n'a pas encore été faite et souvent on n'attribue guère d'importance à cette opération de refonte de la monnaie d'or qui secoua l'économie française. Sans doute la réforme monétaire de 1785 souffrit-elle du discrédit qui s'attacha un temps au nom de Calonne, administrateur brillant, financier hardi, économiste très moderne. D'autre part les documents sur la réforme sont rares, dispersés, arides, et l'histoire monétaire excite moins l'intérêt, certes, que l'histoire bancaire.

Les assyriologues se sont intéressés, depuis longtemps, au mouvement des prix ; pourtant, la valeur documentaire de ceux-ci est douteuse : les objets de la transaction ne sont jamais vraiment comparables ; les données sont dispersées dans le temps et dans l'espace ; les variations saisonnières pour les produits agricoles sont considérables et difficiles à corriger, surtout quand on ne peut lire la date complète sur le contrat. Les incertitudes, en ce qui concerne la métrologie, jouent aussi leur rôle. Or, l'étude des prix reste très en faveur, tandis que cette dernière paraît avoir découragé les spécialistes. Nous avons à notre disposition des étalons inscrits ; on pourrait croire qu'il suffirait de les peser pour obtenir la correspondance métrologique dans notre propre système. Il n'en est rien. Les variations que l'on constate en procédant ainsi sont grandes et, depuis bientôt quelques décennies, les orientalistes ont abandonné ce type de recherche.