Il résulte du rapport présenté par le secrétaire général, M. Vincenzo Maggiorani, à l'Assemblée tenue le 16 avril dernier, que la Société italienne continue d'être en voie de prospérité et se développe rapidement.

Le grand événement du dernier exercice a été la reconnaissance légale de la Société, comme personne juridique. Le rapporteur insiste longuement sur les avantages que cette position nouvelle ne peut manquer de donner à l'œuvre, et propose de conférer le titre de membre d'honneur aux deux hommes qui y out concouru le plus efficacement, savoir: le ministre de la guerre, général Ferrero et le député Oreste Baratieri, major des bersagliers.

La publication d'un rapport officiel sur l'état sanitaire de l'armée russe pendant la guerre de 1877/78 a été retardée, à cause des longs travaux que cette œuvre nécessite. En attendant, M. Köcher a publié une petite brochure, dont le but est de renseigner ses lecteurs sur le même sujet. Il parle successivement des deux armées russes, celle du Danube et celle du Caucase. Il démontre, par des chilffres effrayants, que les soins donnés aux soldats russes pendant la guerre furent loin d'être suffisants, parce que la diététique est encore peu avancée en Russie.

Rarement, depuis que nous publions ce Bulletin, nous avons fait des incursions dans le domaine de l'art, et cependant les productions artistiques que la Croix rouge a inspirées sont déjè nombreuses. Les peintres surtout se sont avidement emparés de ce nouvel élément d'intérêt pour leurs compositions militaires. En reproduisant sur la toile les scènes tragiques des champs de bataille, ils oublient rarement d'y faire figurer le secoureur volontaire de l'un ou de l'autre sexe; parfois même c'est sur lui qu'ils attirent principalement l'attention, en mettant sur le premier plan l'épisode dans lequel il intervient.

Le dernier rapport de la Société mecklembourgeoise signale, comme objet principal de son activité, l'instruction d'infirmiers. La direction de l'hôpital de Schwerin s'est engagée à instruire un certain nombre d'hommes qui, en cas de guerre, se mettraient à la disposition de la Société. La Société paie pour cela 30 marks par élève à l'hôpital, et alloue à chaque élève un mark par jour d'instruction. Celle-ci est d'une heure et demie par jour pendant trois ou quatre semaines. D'autre part, des infirmières sont formées dans la fondation de Bethléem, à Ludwigslust.

Dans son 14me rapport qui vient de paraître, le Comité d'Utrecht, en retraçant l'histoire de son activité pendant l'année 1881, a rappelé la crise qu'a traversée la Société néerlandaise de la Croix rouge à l'occasion de la guerre du Transvaal. Nous en avons déjà parlé en son temps (Bulletin no 46, t. XII, p. 75), mais il n'est pas sans intérêt d'y revenir et de préciser le rôle important du Comité d'Utrecht dans cette circonstance, d'après son propre témoignage.

Dans l'article qui précède, il est fait mention d'une lettre écrite au Comité d'Utrecht par le Président du Comité international, lettre dans laquelle l'auteur, mis en demeure de se prononcer entre deux opinions contradictoires, a traité longuement les questions de principes qui se rattachaient à celle qu'on lui avait adressée. Il a cherché à montrer comment les idées admises par la Croix rouge devaient recevoir leur application, dans des cas analogues à celui du Transvaal, qui n'a paru embarrassant que parce que les règles dirigeantes étaient mal comprises.

M. Emile Henriod, commissaire extraordinaire du Comité international à Lima, a reçu de M. Carlos Sotomayor, ancien secrétaire du Comité de la Croix rouge du Pérou, une lettre qui nous a été communiquée et dont il nous paraît intéressant de détacher quelques passages:

«… Ce n'est pas ici, écrit M. Sotomayor, que je peux m'étendre sur les services rendus an pays par la Croix rouge, depuis avril 1879; les quatre ambulances civiles du sud de la République, soutenues par le Comité central; ses secours sur les champs de bataille de San Francisco, Jarapaca, Jacna et Arica, l'expédition du Luxor, du Limena; l'hôpital de Santa Sofia, celui de Chorillos, celui de la Société de dames de la Croix blanche; les volontaires de la Croix rouge; l'ambulance de Lima; l'activité du Comité central pendant les bombardements du Callao, et tant d'autres faits qui figureraient avec honneur dans l'histoire de la Croix rouge des pays les plus avancés, auront leur place dans l'histoire que je me propose d'écrire de la Croix rouge péruvienne. Je me borne à l'indication des causes qui ont paralysé l'action et mis fin aux travaux du Comité central.

Le transport des blessés par les voies ferrées est un des problèmes les plus difficiles et les plus importants dans une guerre contemporaine, oû une seule bataille accumule, sur un espace restreint, parfois autant de blessés que toute une guerre des temps passés. Quand on songe que, dans la seule guerre franco allemande, il passait en moyenne 20,000 blessés par mois par la seule ligne de Weissembourg, on comprend que cette évacuation en grand n'ait pu se faire que par chemins de fer.

Depuis la création de la Société serbe de la Croix rouge, cet exercice, que nous avons clos le 31 mars 1880, est le premier dans lequel, grâce aux circonstances normales oû se trouvait notre patrie, la Société ait pu, avec les ressources qui lui restaient après les deux dernières guerres, s'appliquer à fortifier assez son existence pour arriver, par l'accroissement de ses ressources matérielles en temps de paix, à être en état, en cas de besoin, de répondre à toute heure à sa mission, mieux encore qu'elle ne l'a fait jusqu'à présent.

La famille royale de Suède n'a jamais cessé de témoigner un vif intérêt et une bienveillance toute spéciale à la Société, qui, outre de riches dons en argent, linge et effets d'ambulance de toute espèce, a reçu de cette auguste famille un appui personnel des plus actifs. Même aujourd'hui le Comité a la joie de signaler de nouvelles preuves de cette royale bienveillance; S. A. R. la Princesse Royale et S. A. R. le Duc de Westrogothie ont permis au Comité de les inscrire parmi les membres honoraires de la Société.

Le quatrième congrès international d'hygiène, qui doit s'ouvrir à Genève le 4 septembre prochain, nous semble devoir ^etre annoncé dans ce Bulletin, ne fût-ce que pour attirer l'attention des sociétés de secours sur l'hygiène des armées. Plusieurs fois nous avons signalé ce champ de travail, comme pouvant offrir un aliment à la Croix rouge en temps de paix, mais cet avis ne semble pas avoir prévalu en beaucoup d'endroits. Il serait difficile cependant de trouver un ordre de travaux plus en harmonie avec le but direct des sociétés de secours; en s'y livrant elles ne sortiraient ni du domaine militaire, ni du domaine sanitaire; elles s'exerceraient donc sur un terrain qui est bien le leur, et elles pourraient contribuer à faire progresser une branche des connaissances humaines demeurée beaucoup trop stationnaire.