Nous extrayons les quelques nouvelles suivantes des sommaires périodiques que publie la Croix-Rouge anglaise sur l'œuvre accomplie. Mais nous espérons donner, pour ce pays, comme nous l'avons fait pour la France et le faisons pour l'Allemagne, dans le présent fascicule, un aperçu un peu plus général de son activité pendant la guerre.

La Croix-Rouge russe, par lettres des 15–28 mars et 18 avril-1er mai, nous a communiqués deux mémoires tendant à établir des cas de violation de la Convention de Genève par les armées allemandes et austro-hongroises.

En attendant de pouvoir recourir à l'application de l'art. 3 de la IVe. Convention de La Haye, prévoyant une indemnité à la charge du violateur du Règlement sur les coutumes et les lois de la guerre, le Gouvernement français expose aux Gouvernements des puissances neutres, la conduite des autorités allemandes à l'égard des populations des Départements français occupés par l'ennemi.

A notre demande la Croix-Rouge française a bien voulu nous adresser le compte rendu suivant de son action pendant les 17 premiers mois de la guerre.

« Depuis 17 mois, la Société, française de Secours aux Blessés Militaires assure la vie de nombreux organismes, tendant tous au soulagement de nos valeureux blessés.

La Revue générale de Droit international public publie, dans ses nos 2–4 de 1916, une importante étude de M. R. Robin docteur en droit, sur le fonctionnement des services sanitaires officiel et volontaire, et sur l'application des Conventions de Genève et de La Haye, pendant la guerre russo-japonaise de 1904–1905. Si la période brûlante que nous traversons relègue déjà, dans un passé terni, les événements d'il y a plus de dix ans, nous nous reprocherions cependant de ne pas signaler cette intéressante documentation, qui constitue une utile contribution à l'histoire de la Croix-Rouge à travers les générations modernes.

Supprimée par la guerre, la Revue mensuelle des organes de l'Union des Femmes de France, à laquelle nous faisions de fréquents emprunts, est remplacée par le Bulletin de guerre, dont le 1er numéro a paru le 1er décembre 1915.

La guerre n'a pas empêché l'inauguration, le 14 février dernier, d'un monument à la mémoire de Florence Nightingale, placé dans la crypte de Saint-Paul, Il représente l'héroïne de Crimée penchée sur un blessé, et lui tendant une coupe. La statue est en marbre blanc et le cadre, en albâtre, porte l'inscription: « Heureux les miséricordieux » —. « Florence Nightingale, née le 12 mai 1820, morte le 13 août 1910 ».

De Corfou, où s'est réfugié le Comité central de la Croix-Rouge serbe, à la suite du gouvernement et de l'armée elle-même, la Croix-Rouge serbe adressa, en date du 13 mai 1916, un vibrant appel aux Sociétés de la Croix-Rouge. Elle a demandé au Comité international de l'envoyer aux Comités centraux.

Nous avons signalé, dans notre numéro d'avril, l'inauguration, à Londres, du monument érigé à la mémoire de Florence Nightingale, dans la crypte de St-Paul. Par une bonne fortune nous nous trouvons à même de mettre sous les yeux de nos lecteurs la reproduction de ce monument, laquelle a paru dans le journal anglais The Hospitals. Aux éditeurs de ce journal, The Scientific Press Ld, qui ont eu l'obligeance de nous le prêter, vont tous nos remerciements.

Nous avons reçu à ce sujet les communications suivantes, dont nous donnons la traduction in extenso.

Frappé de la difficulté de donner, d'après les périodiques organes des Sociétés, qui continuent à paraître, un aperçu général de l'œuvre accomplie par les Croix-Rouges nationales, nous avons prié tant le secrétaire général de la Croix-Rouge française que celui du Comité central allemand, de nous résumer à grands traits l'activité fournie par leurs sociétés respectives, depuis le début de la guerre. M. de Valence, secrétaire général de la Croix-Rouge française, ayant accompagné l'expédition hospitalière destinée à Salonique, nous a fait envoyer les quelques lignes ci-dessous, dues à l'obligeance de Mme Marg.-E. Carnot, présidente de l'Association des Dames françaises, et qui montrent, dans leur éloquente brièveté, tout l'effort qui se poursuit. Nous les avons complétées par le tableau ci-dessus de l'action des deux autres Sociétés françaises de la Croix-Rouge.

En attendant un article plus général sur l'activité de la Croix-Rouge italienne pendant la guerre, que nous espérons obtenir pour notre prochain numéro, nous reproduisons ci-dessous les principaux fragments d'un article que M. H. Micheli, membre du Comité international a envoyé au Journal de Genève à la suite d'une visite à la Croix-Rouge de Milan:

«Milan peut hospitaliser actuellement vingt mille blessés dans 52 hôpitaux (le nombre s'accroît d'ailleurs sans cesse). 42 hôpitaux sont militaires. Les 10 autres sont exclusivement de la Croix-Rouge. Mais 13 des hôpitaux militaires sont desservis également par des dames de la Croix-Rouge lombarde, qui étend aussi son activité bienfaisante sur la moitié environ des hôpitaux milanais.

La première conférence de Stockholm, tenue à la fin de l'année 1915, avait abouti, sur la question du traitement des prisonniers de guerre allemands, austro-hongrois et russes, à des résolutions dont nous avons publié la teneur complète.

Après une longue interruption, justifiée par l'état de guerre, le congrès de chirurgie qui porte le nom de l'illustre Pirogof, s'est réuni ce printemps à Pétrograde. Quoiqu'un grand nombre de chirurgiens, retenus sur le front par leurs devoirs professionnels, aient été empêchés de prendre part aux séances du congrès, celui-ci a été néanmoins très animé.

Des sommaires bi-mensuels que publie la Croix-Rouge anglaise sur son activité, nous extrayons les quelques détails suivants:

L'œuvre de secours accomplie par la section de la Croix-Rouge du Cap de Bonne-Espérance et consistant principalement en envoi de médicaments au Sud de l'Afrique, devait, prendre fin dans le second semestre 1915, cette activité auxiliaire n'ayant plus guère de raison d'être, ensuite de la cessation des hostilités dans le Sud-ouest africain allemand.

On sait que, selon ses statuts, la Croix-Rouge suisse est en quelque sorte militarisée on cas de mobilisation, et placée sous la direction des organes du service sanitaire de l'armée.

On sait qu'une des principales activités de la Croix-Rouge suisse pendant la guerre a été de rassembler des dons en argent ou dos offrandes en nature pour convertir les premiers en objets utiles et les distribuer, avec les seconds, aux soldats suisses qui en avaient besoin.

M. le Professeur P. Bogaïevsky, dont on connaît les beaux travaux sur l'histoire de la Croix-Rouge, nous adresse de Moscou une brochure intitulée: La Croix-Rouge dans les principales époques de sa vie et de son organisation. L'auteur, après un court exposé historique de la fondation de la Croix-Rouge, examine les principes qui en ont assuré le succès et dont l'observation seule peut garantir l'avenir de l'œuvre internationale fondée à Genève. Après avoir rappelé qu'elle eut pour origine une initiative privée, il montre que c'est toujours à cette source que les Sociétés de la Croix-Rouge doivent puiser leurs forces. Il les met en garde contre un bureaucratisme et un formalisme qui, en écartant les bonnes volontés individuelles, tarirait l'afflux des énergies humanitaires.

Le 21 octobre 1915, le grand journal le Times a consacré un supplément de 30 pages de texte à l'œuvre de la Croix-Rouge anglaise, à l'occasion du Jour de la Croix-Rouge, célébré à cette date-là. Quand on sait le format du grand quotidien anglais, on se représente que c'est tout un volume sur la Croix-Rouge.

Le Croissant-Rouge, auquel nous avions demandé des renseignements généraux sur les prisonniers en Turquie, nous adresse le rapport suivant, par lettre du 3 mars 1916, en ajoutant que l'impression de ses délégués a été très bonne, sans se dissimuler que la tâche est bien loin d'être achevée.