Depuis la publication de notre dernier Bulletin, le Comité international a été appelé, à l'occasion de ses 99me et 100me circulaires-relatives aux besoins des blessés et à l'agence internationale de secours, à réitérer l'appel que, dès le 10 décembre, il adressait à la solidarité des sociétés de la Croix-Rouge des Etats neutres. Plusieurs d'entre ces dernières, qui s'étaient spontanément mises à l'œuvre pour rassembler leurs forces et envoyer des secours, ont persévéré dans leurs efforts et continué leurs envois; d'autres ont entendu l'appel et ont, à leur tour, cherché tous les moyens à leur portée pour satisfaire à leurs obligations internationales.

Ainsi que l'annonçait notre dernier Bulletin, notre table générale des matières des trente premières années a paru à la fin de l'an 1899. Ceux de nos lecteurs qui nous sont assez fidèles pour avoir vu paraître notre première table générale en 1889, constateront que nous ne nous sommes pas bornés à ajouter dix ans aux vingt qu'embrassait la première table, mais que nous avons procédé à une refonte complète de celle-ci afin de faire bénéficier la nouvelle, tout en lui conservant un plan semblable et des divisions sensiblement analogues, des améliorations que l'expérience nous avait suggérées.

Une fois là Convention libellée et sa promulgation opérée jusqu'aux confins du monde civilisé, ou peut s'en faut, ne semblaitil pas que le rôle du Comité internatioual dans ce domaine touchât à son terme? Pour que la réforme poursuivie fût complètement réalisée, il ne restait plus, en effet, qu'à pourvoir à ce que les maximes professées par tous fussent mises en pratique. Or, nulle institution privée ne peut s'en charger, car ce soin implique l'exercice de l'un des droits régaliens que tous les gouvernements sont jaloux de conserver dans leur intégrité. Eux seuls, d'après la science juridique, sont compétents pour veiller à ce que ni les individus ni les peuples ne méconnaissent les obligations créées par le droit des gens, ou tout au moins pour punir ceux qui commettraient de tels méfaits, et seuls ils disposent de tribunaux, de gendarmes et d'armées comme d'instruments de contrainte nécessaires, qui ne vont pas sans la souveraineté. Le Comité international, ne possédant pas la moindre parcelle de pouvoir, était donc absolument incompétent pour assurer à un degré quelconque la fidèle observation de règles qu'il avait largement contribué à faire admettre. Là était la limite de son intervention, et il n'a point tenté de la dépasser.

Nos lecteurs se souviennent de la suggestion que nous avions fournie au Comité de Lisbonne de fonder à Lourenço-Marquès une Agence internationale de secours destinée à mettre en valeur, de la façon la plus profitable pour les blessés, tous les envois qui seraient faits, tant en personnel qu'en argent ou en nature, en faveur des victimes de la guerre.

L'association des établissements hospitaliers de la Croix-Rouge, dont nous avons eu à plus d'une reprise l'occasion d'entretenir nos lecteurs, a tenu sa dernière assemblée générale à Wiesbaden, le 20 septembre 1899. L'association comprend 29 établissements avec plus de 1000 sœurs.

A la suite du rapport de M. Chuchul de Francfort-sur-l'Oder, l'assemblée chargea le Comité de l'association de poursuivre énergiquement les démarches auprès des autorités en vue de la protection du signe de la croix rouge.

Un savant étranger, qui a soumis dernièrement tous les actes du Comité international à une critique sérieuse, mais dans un esprit de bienveillance dont nous lui sommes reconnaissants, nous a fait remarquer qu'au mois de janvier 1898 nous avions émis et publié dans notre Bulletin une opinion contestable selon lui, pour ne pas dire erronée, sur un point que nous considérons comme important, et nous croyons utile de soumettre ce petit débat à l'appréciation de nos lecteurs.

Le Comité international de la Croix-Rouge, qui a son siège à Genève, était originairement une simple commission d'étude, nommée par la Société genevoise d'utilité publique le 9 février 1863; mais quelques mois plus tard, à la suite d'une conférence internationale convoquée par lui, et dans laquelle on avait délibéré sur les moyens d'améliorer la condition des militaires blessés, il se détacha de la société mère et se constitua spontanément en association indépendante.

Le texte de la Convention est assez clair pour que son interprétation soulève peu de controverses, et ce n'est que par exception que le Comité international a été appelé à se prononcer sur des points de droit relatifs à sa teneur. Dans ces cas-là il n'y avait pas lieu, pour lui, de se récuser car on ne lui a jamais demandé de les trancher avec autorité, comme eût pu le faire le législateur, mais simplement de donner un avis. A qui d'ailleurs aurait-on pu s'adresser avec plus de raison, pour élucider la pensée des rédacteurs de la Convention, qu'aux hommes qui la leur avaient suggéree et les avaient aidés à la formuler ?

On sait que les inondations de l'Isar en Bavière ont causé des dégâts et occasionné des ravages terribles en automne 1899. Emue des misères sans nombre qui en furent la conséquence, l'impératrice d'Allemagne invita la Croix-Rouge à faire un énergique appel à la pitié et aux sentiments de solidarité de tous les Allemands en vue de secourir leurs frères bavarois cruellement frappés. Le Comité central a immédiatement obtempéré à cet appel et a commencé à rassembler activement les dons.

Les questions de fait, qui ont été fréquemment adressées au Comité international, n'ont point comporté de sa part des réponses aussi explicites. Elles se sont toujours rapportées à des violations vraies ou prétendues de la Convention, et le Comité ne pouvait vérifier l'exactitude des faits allégués. Les belligérants qui le saisissaient de plaintes de cette nature, et s'attendaient peut-être à ce qu'il fonctionnât comme un tribunal arbitral ou un jury d'honneur, ne se rendaient évidemment pas compte de l'impossibilité dans laquelle il se trouvait de leur donner satisfaction. Il leur eût été aisé pourtant de comprendre que l'enquête contradictoire et nécessairement tardive à laquelle il se fût livré pour contrôler leurs dires, aurait été sabordonnée au bon vouloir des autorités militaires, se serait heurtée à des difficultés de toute nature et n'aurait eu, en définitive, aucune valeur probante.

a) Première Conférence diplomatique de Genève (1864).

Lorsque le Comité international affirma pour la première fois son existence, il n'avait en fait de guide, dans la direction où nous allons le suivre, que des vœux de la Conférence de 1863 ainsi conçus:

«Que la neutralisation des ambulances et des hôpitaux militaires soit proclamée, en temps de guerre, par les nations belligérantes, et qu'elle soit égalemenl admise de la manière la plus complète pour le personnel sanitaire officiel, pour les infirmiers volontaires, pour les habitants du pays qui iront secourir les blessés, et pour les blessés eux-mêmes.

L'exposition du Comité international de la Croix-Rouge est placée dans le Groupe XVI, classe 111 (Assistance publique suisse). Dans le même salon se trouvent: l'exposition de la Croix-Bleue et des sociétés antialcooliques qui lui font pendant, la statistique des assurances et l'exposition de la Caisse mutuelle d'épargne. Notre exposition, très simple du reste, couvre trois panneaux.

Voici une nouvelle publication du Comité international. Son titre de « Manuel chronologique pour l'histoire générale de la Croix-Rouge», laisse déjà entrevoir son but et son utilité. On lit dans la préface que l'idée qui a donné naissance à cette brochure a été le désir de combler une lacune littéraire, souvent signalée comme regrettable dans l'histoire de la Croix-Rouge: les personnes appelées à s'occuper de la Croix-Rouge souhaitaient d'avoir à leur disposition un tableau chronologique qui les renseignât, sans perle de temps, sur la date des épisodes les plus marquants de son histoire.

Nous avons reçu, le 14 octobre dernier, du Comité central autrichien, la note ci-après, adressée par lui à un journal français:

«Les Sociétés de la Croix-Rouge ont toujours maintenu le principe qu'elles n'ont à s'occuper que du salut de l'armée, soit pendant la guerre, soit en se préparant à cette tâche pendant la paix. Toutes les autres questions, sociales, morales, religieuses, politiques, qui intéressent si vivement les individus, doivent être exclues des délibérations de ces Sociétés.

Comme on le pense bien, le Comité international n'a pas poursuivi pendant trente-sept ans la réalisation de son idéal, quant à la Convention de Genève, sans plaider cette cause dans la presse. Il n'aurait eu garde de se priver d'un pareil auxiliaire, et ses nombreuses publications témoignent qu'il y a eu largement recours.

Le Comité international vient de publier la 3me édition de la liste de ses publications. Celle-ci comprend 40 numéros, ouvrages ou opuscules, qui ont vu le jour dans une période de 37 ans, de 1863 à 1900. Cette première liste est suivie de l'indication des « publications complémentaires se rattachant directement au Comité international ou émanant de ses membres »; 24 numéros figurent dans cette seconde partie et portent le nom de divers auteurs; mais c'est la plume toujours alerte et féconde du président du Comité international, M. G. Moynier, qui en a fourni le plus fort contingent.