Dans sa 77mecirculaire (du 15 juillet dernier) le Comité international annonçait l'intention de publier les deux mémoires sur l'emploi abusif de la Croix-Rouge récemment couronnés par lui, si leurs auteurs y consentaient. Or ces derniers se sont prêtés gracieusement à la réalisation de ce désir. L'impression de leurs travaux, immédiatement entreprise, est maintenant achevée, et la littérature de la Croix-Rouge se trouve enrichie d'un volume dont tous les partisans éclairés de cette œuvre apprécieront l'utilité.

Lorsqu'il a appris récemment la mort de S. M. l'impératrice Augusta d'Allemagne, le Comité international s'est senti pressé d'adresser à qui de droit l'expression sympathique de sa douleur et de ses regrets; puis, tournant ses pensées vers les sociétés de la Croix-Rouge, il s'est demandé si la disparition de cette personnalité vénérée et bénie n'allait pas leur créer des devoirs spéciaux.

Deux fois déjà, en 1878 et en 1880, nous avons entretenu nos lecteurs de la marche de notre journal, et nous ne leur en reparlerions pas maintenant si nous n'avions à marquer, comme une étape de quelque intérêt, le vingtième anniversaire de sa naissance. La table générale des matières, que nous avons publiée avec la dernière livraison, a clos la deuxième période décennale de cette publication, et le présent numéro inaugure la troisième. Rien ne fait présager son déclin, et nous espérons bien que, parvenue saine et sauve à l'âge de la majorité, elle fournira encore une longue carrière.

Nous référant à notre circulaire du 26 décembre 1888 (no 73), qui annonçait l'ouverture d'un concours relatif à l'emploi abusif du signe et du nom de la Croix-Rouge, nous avons le plaisir de pouvoir vous dire que ce concours, arrivé à son terme, a donné des résultats très satisfaisants. Vous pourrez en juger par la lecture du rapport du jury, que nous joignons à ces lignes et qui vous fournira à cet égard toutes les indications désirables.

Die innere Einrichtung eines transportablen Lazareths, als Bericht über einen von Ihrer Majestät der Hochseligen Kaiserin und Königin Augusta huldvollst herbeigeführten und im Juni 1889 zu Berlin abgehaltenen Wettbewerb, bearbeitet von Dr Werner und Dr Schütte, und herausgegeben vom Central-Comité der deutschen Vereine vom Rothen Kreuz. — Berlin (Verlag von August Hirschwald) 1890, 80, 223 p. illust.

En souvenir des services éminents rendus à la Croix-Rouge par feu S. M. l'impératrice d'Allemagne, reine de Prusse, il est créé, sous le titre de « Fonds Augusta » un fonds international, destiné à être employé dans l'intérêt général de celte œuvre.

Aux indications contenues dans notre dernier Bulletin (T. XX, p. 177) relativement au concours que nous avons ouvert sur l'emploi abusif de la Croix-Rouge, nous pouvons joindre aujourd'hui es noms des membres du jury. Ce sont :

M. le commandant professeur Marco Tabarrini, président du Sénat et membre du Comité central de la Croix-Rouge italienne, à Rome.

C'est par circulaire en date du 26 décembre 1888 que le Comité international a ouvert le concours au sujet duquel je viens aujour d'hui donner le verdict du jury; c'est le 30 septembre 1889 qu'est arrivé à son terme le délai fixé pour la présentation des mémoires. Sept manuscrits étaient parvenus à Genève à la date indiquée; ils ont donc été admis au concours et leur circulation entre les membres du jury d'examen a immédiatement commencé, par les soins de M. le président du Comité international. Ces mémoires ont successivement séjourné à Rome, à Budapest, à Berlin et à Paris; ce cycle achevé, ils rentraient à Genève le 21 juin 1890, et c'est le 2 juillet seulement que, les appréciations de tous les jurés m'étant parvenues, la majorité a pu se former et le préavis définitif être donné.

Sans attendre l'époque encore lointaine à laquelle nous aurons à rendre compte de la situation du « Fonds Augusta », créé par notre circulaire du 27 janvier dernier, nous nous faisons un devoir de consigner ici les premiers résultats de cet appel, auquel le Comité international a répondu lui-même par un don de fr. 2000.

Kriegerheil. Organ der deutschen Vereine vom rothen Kreuz (mensuel) 1889, nos 9 à 11. — Berlin, 40.

Par suite de la retraite de plusieurs des représentants des sociétés allemandes au sein du Comité allemand, celui-ci a subi dernièrement diverses modifications dans sa composition. Le représentant depuis plusieurs années de la Société bavaroise, M. le lieutenant-général de Xylander, ayant quitté Berlin, le Comité central bavarois l'a remplacé par le plénipotentiaire militaire du royaume de Bavière, M. le colonel chevalier von Haag. La Société badoise, dont le représentant dans le Comité central allemand, M. le baron maréchal von Bieberstein, a quitté le service du grand-duché de Bade pour entrer à celui de l'empire, en qualité de secrétaire d'Etat aux affaires étrangères, a désigné pour le remplacer l'ambassadeur badois à Berlin, M. von Brener. La Société du grandduché de Saxe-Weimar-Eisenach, qui, jusqu'ici, n'avait pas été représentée dans le Comité central allemand, a nommé, pour son délégué permanent, son président, M. le maréchal de cour baron von Hadeln.

Depuis la publication de notre 82eBulletin, d'importantes contributions sont venues, ainsi que nous le pressentions, grossir le Fonds Augusta, qui atteint déjà le chiffre de 40,000 fr.

Le don le plus considérable nous a été offert par le Comité central de Berlin, au nom de toutes les Sociétés allemandes de la Croix-Rouge. Il s'est élevé à la somme ronde de fr. 25,000. Nous avons reçu d'autre part fr. 2,000 de la Société autrichienne, fr. 1,074 (500 florins) de la Société hongroise et fr. 1,000 de la Sociétê grecque.

Nous avons publié précédemment le résultat du concours ouvert, à l'instigation de S. M. l'impératrice Augusta, sur l'aménagement intérieur d'un lazaret transportable, tel qu'il était consigné dans le procès-verbal du jury appelé à décerner les récompenses. Aujourd'hui nous avons à y revenir, à l'occasion du rapport officiel qu'ont rédigé à son sujet M. le Dr Werner, médecin d'état major, et M. le Dr Schütte, conseiller sanitaire, qui, tous deux, out rempli les fonctions de secrétaires du jury.

Nous avons souvent pensé que l'adoption d'une devise commune à toutes les sociétés de la Croix-Rouge serait une heureuse innovation, mais jamais cela n'a été proposé, ni par nous, ni par d'autres, croyons-nous. Si nous émettons cette idée aujourd'hui, c'est que nous avons reçu récemment deux rapports de comités, portant pour épigraphe la devise latine que nous mettons nous-mêmes en tête de nos écrits. Nous avons remarqué avec satisfaction cet emprunt tout spontané, et nous nous permettons d'émettre le vœu que l'exemple dont nous parlons, donné simultanément, à Palerme et à Rouen, soit suivi partout. Il n'y amait que de l'avantage à ce que le signe de la Croix-Rouge fût habitueilement accompagné d'une courte phrase, qui l'expliquât et en rendît la signification intelligible à première vue. D'ailleurs, des associés aiment en général à se rallier autour d'une formule rappelant l'idée mère qui les a rapprochés ou les sentiments qui les animent, c'est-à-dire des choses qu'ils ne doivent et ne veulent jamais perdre de vue. Cela semble tout particulièrement naturel pour les nombreux organes de la Croix-Rouge, qui se trouvent dispersés dans le monde entier, sans être reliés entre eux par des attaches administratives. Dans leur isolement, ils doivent souhaiter d'avoir des moyens de manifester leur parenté spirituelle, tout en sauvegardant leur indépendance, et l'inscription d'une légende identique sur le sceau de toutes les Croix-Rouges nationales répondrait à ce desideratum.

Le présent Bulletin était déjà sous presse quand la Croix-Rouge a dû prendre le deuil d'une princesse éminente, éclairée et charitable, qui a été sa providence terrestre pendant plus d'un quart de siècle. Nulle perte ne pouvait lui être plus sensible que celle de l'impératrice-reine Augusta, dont le souvenir est intimément lié, et de la façon la plus bénie, à toutes les phases de son histoire. Aussi tenons-nous à dire ici, en quelques mots tracés à la hâte, l'impression douloureuse que nous avons ressentie à la nouvelle de sa mort.

Le jour même où paraissait notre précédent Bulletin, le sang coulait dans les rues de Buenos-Aires et la Croix-Rouge argentine entrait en activité. Pendant les quatre journées des 26, 27, 28 et 29 juillet, la guerre civile sévit dans cette capitale et fit de nombreuses victimes; la flotte même la bombarda. Puis l'apaisement se fit, ou du moins les hostilités cessèrent et l'on put faire le compte des morts et des blessés.

S. M. l'impératrice-reine Augusta a daigné répondre, par la lettre suivante, à l'adresse de félicitations que lui avait adressée le Comité central des associations allemandes de la Croix-Rouge, à l'occasion de l'anniversaire de sa naissance:

« J'ai reçu les vœux du Comité central des associations allemandes de la Croix-Ronge avec d'autant plus de reconnaissance que je puis espérer, dans l'avenir qui s'ouvre devant nous, de voir, s'appuyant sur les expériences de vingt-cinq années, les problèmes qui se posent aux sociétés résolus d'une manière toujours plus satisfaisante et l'organisation uniforme de l'assistance volontaire de la Croix-Rouge se perfectionner toujours davantage. Le concours qui a eu lieu cette année ayant donné des résultats satisfaisants au point de vue du développement de l'assistance aux malades, je suis heureuse de pouvoir, à cette occasion, remercier encore tous ceux qui ont consacré, avec tant de succès, leurs peines à sa réussite.

L'auteur de cette correspondance est encore tout entier sous l'impression de la douleur profonde causée par la mort de la protectrice de la Croix-Rouge allemande, S. M. l'impératrice Augusta.

Le 2 janvier dernier, S. M. avait encore adressé au Comité central allemand la lettre suivante, en réponse aux vœux qui lui avaient été présentés à l'occasion du renouvellement de l'année:

« J'ai reçu avec une vive reconnaissance les vœux qui m'ont

« été adressés par le Comité central allemand de la Croix-Rouge à

« l'occasion de la nouvelle année, et j'y réponds par l'assurance

« de l'invariable intérêt que je porte à l'objet de son activité.

« Puisse le réseau des associations créées dans les provinces prus-

« siennes et auxquelles une vie nouvelle a été donnée pendant

« l'année écoulée, favoriser cette activité et contribuer à l'avenir

« à l'alimenter d'une manière continue.