Nous avons eu l'honneur de vous envoyer, au mois de février dernier, une note sur l'activité de la Croix-Rouge japonaise depuis le commencement de la guerre sino-japonaise jusqu'au mois de décembre de l'année dernière. Le traité de Simonoseki ayant rétabli la paix entre les deux pays, le fonctionnement de nos services de secours touche à sa fin. Nous sommes donc en train de recueillir et de coordonner les matériaux nécessaires à la composition d'un rapport détaillé, et, en attendant, nous nous empressons de vous envoyer quelques renseignements complémentaires, sur ce que nous avons fait depuis le mois de janvier dernier.

Chacun sait le rôle considérable qu'a joué, pour l'atténuation de la fièvre typhoïde dans les armées, l'adoption, par les services de santé, de mesures sévères pour l'alimentation de la troupe par des eaux de provenance sûre. A partir de ce moment, la morbidité et la mortalité par cette maladie ont diminué de moitié; les mêmes résultats ont été constatés dans les villes qui se sont procuré une canalisation d'eau pure. Cependant, depuis 2 à 3 ans, la diminution des cas de fièvre typhoïde dans les armées paraît s'être arrêtée; elle reste stationnaire ou à peu près.

Le Comité central serbe a décidé, dans sa séance solennelle du 26 janvier (7 février) 1896, ce qui suit:

De mettre au concours l'exécution d'un modèle type de voiture ou de quelque autre engin de transport pour les blessés, dans les contrées montagneuses ou privées de chemins de fer.

Le premier prix consistera en une somme de mille francs en or, que S. M. le roi Alexandre Ier, protecteur de la Croix-Rouge, a daigné mettre pour cet objet à la disposition du Comité central.

La Croix-Rouge italienne a participé à l'exposition d'hygiène de Buenos-Aires, en y envoyant un large assortiment de matériel sanitaire de ses différentes unités hospitalières. Elle a obtenu pour cela un premier prix, consistant en une médaille d'or et un diplòme d'honneur. Le gouvernement argentin a manifesté le désir d'acheter tous les objets envoyés par l'Association, comme échantillons pour préparer son nouveau matériel sanitaire.

Cet ouvrage, qui est dédié à M. G. Moynier, président du Comité international de la Croix-Rouge, a pour but d'étudier les origines et le développement de la Croix-Rouge, d'examiner le but qu'elle poursuit, et de rechercher les moyens par lesquels elle peut rendre le plus de services à l'humanité.

Un professeur français de l'université de Tokio, M. Michel Revon, lauréat de l'Institut de France, a communiqué à l'Académie des Sciences morales et politiques une « Note », qui y a été lue le 29 juin 1895, sur la Croix-Ronge japonaise. Ce travail ne contient guère d'indications nouvelles pour les lecteurs de notre Bulletin, et néanmoins nous leur en recommandons la lecture, car de nombreux faits y sont groupés en un tableau d'ensemble très frappant et propre à justifier la thèse de l'auteur, que « de toutes les sociétés que la Convention de Genève a fait naître çà et là sur le globe, la Croix-Rouge japonaise est, sans nul doute, celle qui a reçu le plus merveilleux développement. »

Nous Alexandre Ier, par la grâce de Dieu et la volonté nationale roi de Serbie, faisons savoir à tous et à chacun, que l'Assemblée nationale a arrêté et que nous avons sanctionné et sanctionnons ce qui suit:

Lorsque le Japon a accédé à la Convention de Genève, en 1886, il a apporté à l'accomplissement de cette formalité tout le sérieux qu'elle exigeait. Il a notamment distribué à son armée une instruction pratique relative à ce traité. D'ailleurs, la loi pénale du Japon contenait déjà un article ainsi conçu: « Est puni de la réclusion majeure tout militaire qui dépouille un blessé. Le coupable est puni de mort, si pour dépouiller le blessé, il lui fait de nouvelles blessures. » Toutefois, il restait aux autorités à démontrer, par l'épreuve d'une guerre, leur ferme résolution de tenir la main à ce que ces règles fussent observées, et l'occasion ne leur en fut offerte qu'en 1894. Cette expérience a été d'autant plus délicate que l'ennemi n'observait pas les lois de la guerre.

L'un des plus actifs champions des deux sociétés de la Croix-Rouge et des Samaritains qui, avec un succès remarquable, a su éveiller en leur faveur, par la parole et par la plume, l'intérêt et la générosité du public, M. le Dr et médecin major J. Göransson, est mort le 15 août 1895. Membre du Comité depuis le 15 février 1887, il avait travaillé pendant tout ce temps, avec un zèle rare, à la propagation de l'idée samaritaine et à la formation des infirmières.

Nous extrayons ce qui suit du rapport lu par le capitaine de vaisseau Francisco Sanz, à l'assemblée du 12 juin 1895.

L'orateur explique que malgré son titre de second vice-président de la societe de la Croix-Rouge, il a relpli les fonctions de président, à la suite d'un congé accorde au président, M. Zarrabure, et au premier vice-président, M Bélisario Sosa. Il se fait un devoir de rendre compte de ce qui s'est fait pendant cette période, sans contredit une des plus chargées pour la Croix-Rouge péruvienne depuis 1879.

Le journal allemand le Kriegerheil a annoncé que le président de la Croix-Rouge russe, général Kaufmann, s'était entendu avec le ministre des affaires étrangères, comte Zobomow, pour tenter l'envoi de quelques détachements de la Société auprès des victimes de la guerre italo-abyssinienne. La saison des pluies approchant, on projeta de faire passer ces détachements, dont l'un serait destiné aux Italiens et l'autre aux Abyssins, par la colonie italienne de l'Erythrée, car un détour par le territoire français d'Obock, pour pénétrer en Ethiopie, eût été trop long. Mais, pour l'exécution de ce plan, des négociations diplomatiques durent être entamées. Elles échouèrent en fin de compte, à la suite de diverses péripéties, que la presse quotidienne a relatées et qui ont été confirmées le 10 mai, devant la Chambre des députés d'ltalie, par M. Bonin, sous-secrétaire d'Etat aux affaires étrangeres. Nous les rappellerons brièvement.

Nous complèterons ce que le rapport qui précède dit de la lutte intestine de l'année dernière, par quelques extraits du dernier Bulletin de la Croix-Rouge péruvienne. Ils sont relatifs à la Société de secours (Sociedad auxiliadora), dont font partie les Dames de Lima, et que la Croix-Rouge se loue d'avoir eue pour collaboratrice. Elle a été fondée par Mme Jeanne Alarco de Dammert, et c'est Mme Thérèse Gonzaĺez de Fanning qui a rédigé le compte rendu de ses travaux, auquel nous empruntons ce qui suit:

« C'était pendant les premiers jours d'octobre 1894; la guerre

« civile se propageait dans toute la république, formant un cercle

« de feu, qui allait se rétrécissant jusqu'à la capitale, où devait se

« terminer la sanglante querelle, et personne ne songeait à parer

« au désastre. Une femme de cœur eut la première l'idée de se

« préparer à faire face aux événements. Si les hommes, pensa-t-

« elle, préparent fusils et canons pour se détruire, c'est à nous,

« femmes, à réunir des bandages, des lits et des médicaments. »

Conformément à la décision prise en 1895, c'est à Lucerne que s'est réunie, le 31 mai 1896, l'Assemblée des délégués de la Société centrale suisse de la Croix-Rouge, sous la présidence du Dr Stähelin.

La librairie Bertelsmann, à Gütersloh, vient de publier un opuscule du Dr W. Brinkmann, qui traite des tendances humanitaires de la bienfaisance en Allemagne depuis trente-cinq ans, particulièrement au point de vue des soins donnés aux malades. Cette brochure, de 44 pages, est extraite d'un grand ouvrage de M. Weber, licencié en théologie, intitulé: Histoire du développement moral, social et religieux de l'Allemagne dans les trente-cinq dernières années, qui, à côté des parties écrites par l'auteur lui-même, réunit un certain nombre d'articles dûs à des plumes diverses. Le Dr Brinkmann jette un coup d'œil analytique sur l'humanitarisme tel qu'il s'est développé depuis quelques siècles; il montre comment, lors de la guerre de Crimée, les nobles efforts de Miss Nightingale ont attiré l'attention publique sur les défectuosités du traitement des malades et sur l'insuffisance des soins donnés aux blessés; il rappelle la naissance de la Croix-Rouge et de toutes les sociétés qui s'y rattachent, ainsi que la conclusion de la Convention de Genève; il indique la manière dont cette dernière fût observée dans les plus récentes guerres européennes, et comment, idée qui était à sa base, — à savoir que l'ennemi blessé n'est plus un ennemi, — a pénétré graduellement dans l'esprit du peuple.

Le président de la Section de Saint-Gall, major Æpli, constate, dans son rapport pour 1895, le développement de cette section. Elle a pu récemment faire l'acquisition d'une baraque transportable avec tout son matériel, grâce aux fonds que lui avait procurés le bazar organisé à cet effet, et toutes les personnes qui ont contribué à la réussite de ce dernier ont pu la visiter et l'admirer. Les cours d'infirmiers sont momentanément suspendus. La section a reçu, du « Comité auxiliaire pour la guerre de 1870–1871 », un don de 8000 francs, ce qui a porté à fr. 17,804 23 la fortune sociale. Le nombre des membres était de neuf cents à la fin de 1895. L'administrateur du matériel ayant déclaré a l'Assemblée générale que la nouvelle baraque, si elle pouvait servir de modèle dans une exposition, était encore inutilisable en pratique, vu l'absence d'un matériel de pansement et de transport suffisant, un crédit de 3600 francs fut accordé pour en compléter l'aménagement.

Sous le souffle de patriotisme qui a fait de l'Exposition nationale suisse de 1896 ce qu'elle est devenue, un monument élevé au génie, à l'énergie et à l'activité de ses enfants, si divers de caractère et pourtant si unis, grâce à l'autonomie cantonale qui fait leur force, chacun a senti que, quelque petite que soit son étendue, notre pays se place néanmoins en fort bon rang dans l'ordre du progrès et du développement des sciences, des arts et de l'industrie.

Aux nombreuses publications qu'il a déjà consacrées à la Croix-Rouge, M. Gustave Moynier vient d'ajouter une nouvelle brochure, dans le dessein de sauvegarder, pour sa part, l'intégritedé l'œuvre à laquelle il a voué une persévérante sollicitude. Elle est intitulée Notions essentielles sur la Croix-Rouge, et voici en quels termes l'auteur expose le but principal qu'il s'est proposé:

« Une erreur très répandue et contre laquelle il me paraît opportun de réagir, parce qu'elle peut être funeste à la Croix-Rouge, consiste à faire bon marché des principes sur lesquels repose cette dernière. Toute institution poursuit un certain but en usant de moyens déterminés; il ne suffit donc pas, pour avoir le droit de se réclamer d'elle, de viser à la même fin; il faut de plus suivre la voie qu'elle s'est tracée pour y parvenir.

Les rapports statistiques appartiennent à une catégorie littéraire qui gagne à être livrée au lecteur abrégée, interprétée, commentée, plutôt que dans sa froide et indigeste nudité. Quand l'interprétation en est donnée par une plume qualifiée comme l'est celle de M. le médecin-major de 1er classe Longuet, la lecture en devient positivement intéressante et instructive. A cet égard, le travail de cet auteur sur l'état sanitaire de l'armée russe, dont nous avons dit quelques mots dans notre dernière Revue, mérite une mention spéciale. Les Archives de médecine et de pharmacie militaires de juillet nous en donnent la suite et fin. Il y est question d'abord des épidémies de choléra, plus fréquentes naturellement dans l'armée russe que dans les autres armées européennes, à cause de la proximité des populations asiatiques où cette maladie est plus ou moins endémique. Il en serait de même pour la variole, sans les efforts vigoureux de prophylaxie de l'autorité sanitaire dé l'armée russe. Pendant l'année 1893, pour donner des chiffres éloquents, il a été pratiqué 97,722 vaccinations et 195,791 revaccinations, tandis qu'il n'y avait que 244 cas de variole et 4 décès seulement par cette maladie.