Le rapport du secrétaire général de la Société congolaise et africaine de la Croix-Rouge, lu au Comité directeur dans sa séance du 28 mars 1896, signale avec regret la perte faite, au cours du dernier exercice, en la personne de M. Rémy, qui avait fait partie du Comité depuis sa fondation. L'Association a obtenu définitivement le concours des sœurs de charité; elles ont dû partir le 6 mai pour Boma. Les services rendus par les installations de Boma ont été à la hauteur de ce qu'on en attendait. Le Dr Amerlinck donne quelques détails sur l'activité de cet hòpital depuis trois mois; il constate que toutes les places ont presque toujours été occupées, et qu'à plus d'une reprise il a dû refuser des malades. Ceux-ci sont traités, dit-il, comme ils ne pourraient l'être nulle part ailleurs au Congo, et la Croix-Rouge rend en Afrique des services inappréciables, tant au point de vue moral qu'au point de vue matériel. Le sanitorium de Léopoldville et le poste sanitaire de Lukungu sont fréquemment utilisés. Les ambulances volantes de la zone arabe du Katanga, ainsi que celle qui accompagne l'expédition de l'Uellé, ont fonctionné à la satisfaction générale.

Conformément au but que poursuivent en temps de paix les sociétés de la Croix-Rouge, la Société autrichienne emploie ses ressources à venir eu aide aux victimes des calamités civiles. C'est ainsi qu'au mois d'avril dernier, lors du tremblement de terre qui désola la ville de Laibach, non seulement elle chargea les deux sociétés régionales de la Carniole d'intervenir et de porter secours aux blessés, mais elle fit un envoi de six baraques qui, parties du dépôt du Prater à Vienne le 18 avril, arrivèrent dès le 19 à Laibach, furent immédiatement dressées et organisées, et dès le 23 avril étaient prêtes à fonctionner. Le président de la Société, comte Falkenhayn, se rendit lui-même sur les lieux. Dans le courant de mai de nouvelles baraques furent installées, en sorte qu'un véritable hôpital fut organisé, comprenant 550 lits et représentant une valeur de 45,000 florins. Ces secours envoyés par la Croix-Rouge furent d'autant plus appréciés, que l'hôpital de l'endroit s'était partiellement effondré sous les secousses du tremblement de terre, et que les pauvres blessés, par une température froide et une pluie incessante, n'étaient abrités que sous des tentes. En outre, la Croix-Rouge expédia à Laibach vingt-cinq caisses garnies intérieurement de feutre et destinées à transporter les aliments, les conservant chauds et appétissants pendant 24 heures. Elles rendirent possible le transport des mets de la cuisine de l'hôpital à l'endroit, éloigné d'une demi-heure, où se trouvaient les blessés; ce qui eut le double avantage d'éviter la construction d'une cuisine spéciale et de permettre d'offrir aux blessés une nourriture chaude et réconfortante.

Il nous serait difficile de résumer les nombreuses communications relatives à l'Erythrée que le Comité central de Rome a eu l'amabilité de nous adresser. Nous nous bornerons donc à en reproduire la substance, en suivant leur ordre chronologique, ce qui aura l'avantage de permettre de les confronter avec la marche des événements militaires.

Les journaux de Londres nous ont appris que la Croix-Rouge anglaise avait pourvu en quelque mesure à l'assistance des blessés au sud de l'Afrique, pendant les dernières opérations militaires dont la Rhodesia a été le théâtre. Quelque incomplètes que soient les informations que nous avons puisées à cette source, nous les reproduisons ici, ne fût-ce que pour attester que, dans cette circonstance et grâce à la Croix-Rouge, les victimes de la lutte entre blancs et noirs ont été secourues.

Les journaux cubains donnent d'intéressants détails sur les travaux de la Croix-Rouge dans cette île.

Une réunion a eu lieu à la Havane, sous la présidence du marquis de Pinar del Rio, président de la Croix-Rouge cubaine. On y a appris avec plaisir qu'une section de dames de la Croix-Rouge venait d'être fondée, et il a été décidé de convoquer cette dernière, ainsi que l'évêque du diocèse, à une séance extraordinaire où seraient exposés le but et les travaux de la Croix-Rouge. On y discuterait les moyens de réunir à Cuba le plus de moyens de secours possible.

La brochure que vient de publier M. Brusa paraît avoir été inspirée par la décision prise par l'Institut de droit international, dans sa session de Cambridge, en août 1895, sur le projet, présenté à ses délibérations par M. Moynier, d'une sanction pénale à donner à la Convenlion de Genève. L'auteur consacre les premières pages de son étude à démontrer la nécessité qu'il y avait à compléter la Convention sur ce point. Quant, à l'application pratique de cette sanction, il ne partage pas les craintes de M. Moynier relativement à la partialité avec laquelle le pays dont les ressorlissants auraient violé cette convention serait enclin à les juger. Il n'admet pas pour ces principes du droit des gens, adoptés par tant d'Etats, une sanction Internationale.

Nous avous l'honneur de vous informer que S. E. M. Weber, ministre grand-ducal des finances et conseiller intime actuel, notre président depuis de longues années, vient de refuser, pour cause d'occupations trop nombreuses, une réélection à la présidence du Comité central hessois, mais qu'il reste membre de ce Comité et en a été nommé président honoraire.

La Croix-Rouge espagnole a adressé à tous les consuls d'Espagne à l'étranger la circulaire suivante, rédigée par M. Ruiz Gomez, président de la Commission des relations extérieures:

Madrid, 18 février 1896.

M. le consul d'Espagne à…

La section espagnole de l'Association internationale de la Croix-Rouge, fondée à Genève par la Convention du 22 aoùt 1864, se donne tout entière au but principal de cette Société; en ces moments difficiles, que traverse actuellement la patrie, elle se consacre de tout cœur au secours des blessés.

Le Comité central de la Croix-Rouge espagnole a eu l'excellente idée de fonder un Sanatorium pour les soldats rapatriés de Cuba, dans lequel ceux-ci trouveront, en débarquant sur la terre natale, tous les soins et tout le confort que nécessitera leur état de santé et dont ils seraient privés dans leur modeste famille. «Nous aurions un gros compte» à rendre à Dieu, dit le Comité central, si nous ne nous préoccupions pas du sort de ces frères espagnols, pour lesquels notre imprévoyance et notre manque de soins seraient peut-être la cause d'une mort que, ni l'inclémence du climat de Cuba, ni les armes ennemies n'auraient réussi à leur donner.»

Le sanatorium pour les rapatriés de Cuba, que la Croix-Rouge, secondée par les « Amis des pauvres », a organisé à Santander, fonctionne très utilement. C'est un édifice d'un seul étage, entouré de vastes jardins; il comprend trois dortoirs, plus une salle à manger, une pharmacie et autres dépendances nécessaires. Les dons faits en sa faveur s'élèvent déjà à 13,464 francs.

A l'assemblée générale de la Société italienne du 28 juin 1896, le comte Taverna, qui la présidait pour la première fois, adressa au début de son rapport quelques paroles de regret et d'estime à la mémoire de son prédécesseur le comte della Somaglia. Abordant ensuite la marche de la Société en 1895, il constata que le nombre des membres a diminué de 2990, et celui des sous-comités de 101; ces diminutions se sont produites en bonne partie dans la circonscription de Bari, dont le président fait actuellement des démarches pour fonder de nouveaux sous-comités et rétablir les anciens. En revanche, 121 personnes nouvelles out été admises dans le personnel dirigeant et 324 dans celui de l'assistance, ce qui porte le personnel total à 870 pour la première catégorie et à 1841 pour la seconde.

Dans notre dernier Bulletin (p. 76), M. le Dr Ferrière a cité un rapport anglais sur le service de sauté de l'armée japonaise pendant la guerre sino-japonaise, en faisant pressentir un article ultérieur sur la part qu'a eue la Croix-Rouge dans ce service. C'est ce complément d'informations que nous sommes aujourd'hui en mesure de fournir à nos lecteurs, en l'extrayant textuellement des Archives de médecine et de pharmacie militaires de février 1896. Rappelons qu'il s'agit d'observations envoyées à Sir W.-A. Mackinnon, directeur général du service de santé de l'armée anglaise, et extraites du rapport du War Office par M. le Dr Dziewonski, médecin-major français de 1re classe. Voici comment s'exprime ce dernier:

« Nous n'entrerons pas ici dans les règlements et l'historique de la Société de la Croix-Rouge au Japon. Qu'il nous suffise de dire en quelques mots comment elle fut utilisée aux armées.

Au nom de S. M. Wilhelmine, par la Grâce de Dieu, reine des Pays-Bas, princesse d'Orange-Nassau, etc., etc.

Nous, Emma, reine-veuve, régente du royaume,

Sur la proposition des Ministres de la guerre et de la marine, du 19 août 1895,

Considérant que, par la Convention de Genève du 22 août 1864, insérée au Bulletin des lois de 1865, il a été convenu, avec les puissances contractantes et celles qui y accéderaient plus tard, de secourir en temps de guerre les militaires malades et blessés de toutes nations, en adoptant le principe de la neutralité dans les lieux où ils se trouvent, soit pendant le transport, soit dans les ambulances, infirmeries, hòpitaux ou maisons particulières;

Au 1er janvier 1895 le Sous-comité de Palerme possédait, tant en valeurs qu'en matériel, un avoir de Fr 62,466 71. Au 31 décembre, grâce à la gestion la plus économique et au remboursement par le Comité central des dépenses occasionnées par le cours d'instruction du Dr Blanca, cet avoir s'élevait à Fr. 63,940 56. Les difficultés contre lesquelles la Sicile a à lutter ont leur contre-coup sur le développement des sous-comités de la Croix-Rouge. Quelques uns cependant prospèrent.

Pendant le cours du dernier exercice, le Comité départemental de la Gironde, tont en reconnaissant avec plaisir l'accueil sympathique que font à la Société française de secours aux blessés tant la population bordelaise que les autorités civiles et militaires, a cru devoir lancer, le 1er juin 1894, une lettre-circulaire, en vue de provoquer de nouvelles admissions. En outre, il a accepté l'offre spontanée que lui ont faite trois puissantes associations militaires, comptant en tout cinq cent quatre-vingt-dix-sept adhérents, de s'associer à lui afin d'assurer, le cas échéant, le service des ambulances urbaines.

Etabli dans l'ancien hôpital de Vallehermoso, gracieusement cédé par le gouvernement au Comité central de la Croix-Rouge, le Sanatorium central de Madrid répond, autant qu'il a été possible de l'obtenir, aux exigences de la science moderne. L'ancien bâtiment, aux murs sales, aux vitres brisées, a été remplacé par un ensemble de treize pavillons réunis entre eux. Celui du centre, le plus important, renferme un grand salon appelé « la rotonde », destiné à servir de bibliothèque et de salle de lecture.

Nous avons dit, dans notre précédent Bulletin (p. 33), que les sections de province de la Croix-Rouge au Pérou donnaient déjà des preuves de leur vitalité, aussi sommes-nous heureux de pouvoir ajouter quelques détails relatifs à la section d'Arequipa. Nous les extrayons d'un mémoire présenté au Comité central par son premier vice-président, chargé de la présidence du comité sectionnaire d'Arequipa.

Il y a six mois environ, les journaux de tous pays annonçaient à l'envi que la Croix-Rouge américaine allait envoyer des secours aux Arméniens, à la suite des massacres dont l'Asie Mineure venait d'être le théâtre, mais cette nouvelle était inexacte. Un élan charitable en faveur des populations chrétiennes d'Orient, cruellement éprouvées, s'était bien produit aux Etats-Unis, mais la Croix-Rouge de ce pays y était demeurée étrangère. La confusion qui s'est produite à cet égard a eu pour cause le choix, fait par les donateurs américains, de miss Clara Barton, présidente de la Croix-Rouge, pour porter et distribuer leurs offrandes aux malheureux auxquels ils les destinaient. Miss Barton ayant dirigé déjà maintes fois, avec un talent remarquable, des œuvres de bienfaisance du genre de celle qu'il s'agissait d'accomplir, il était tout naturel qu'on songeât à utiliser son expérience, ses capacités et son dévouement, au profit de l'expédition lointaine et délicate qu'on méditait, Miss Barton, de son côté, accepta le mandat dont on désirait la charger, mais en son nom personnel et sans que la Société de la Croix-Rouge y prît aucune part ou en assumât la responsabilité. Ce fut dans ces conditions qu'elle se mit en route, et nous eûmes le privilège de pouvoir la saluer à son passage à Genève, le 10 février dernier.

Nous avons le douloureux devoir d'annoncer à nos lecteurs le décès, survenu le 30 septembre dernier, de l'un des plus anciens et des plus chauds amis de la Croix-Rouge, du chirurgien général Sir Thomas Longmore, qui fut en même temps un savant distingué.

Né à Londres le 40 octobre 1816, il était le fils aîné de Thomas Longmore, chirurgien de la marine royale. Après ses études il obtint le titre de membre du Collège royal de chirurgie d'Angleterre. Ce fut en cette qualité qu'il écrivit la biographie du célèbre chirurgien Sir Astley Cooper.

Nous avons fait connaître l'an dernier à nos lecteurs les décisions prises à Cambridge par l'Institut de droit international, relativement à la sanction pénale de la Convention de Genève, et nous sommes aujourd'hui en mesure de compléter cette information, en indiquant l'accueil que gouvernements et Sociétés de la Croix-Rouge ont fait aux décisions des juristes, qui leur ont été communiquées.