Le rapport présenté, pour la période de 1882 à 1885 inclusivement, sur l'activité de la Société de secours d'hommes de Carlsruhe, diffère peu des rapports sur les périodes antérieures. Le Comité a cru devoir cependant passer en revue les différents travaux qu'il a effectués, dans le but de gagner, si possible, de nouveaux adhérents à la Société, et de signaler au public quelques-unes des œuvres auxquelles elle se consacre.

Le Comité central allemand a reçu les lettres suivantes, en réponse aux félicitations qu'il avait adressées, à la fin de l'année dernière, à ses hauts protecteurs, LL. MM. l'empereur et l'impératrice.

La Société antrichienne de la Croix-Rouge a eu, dans le cours de l'exercice 1885–1886, la douleur de perdre son second vice-président, M. le major retraité baron Joseph de Pasqualati-Osterberg, qui, pendant prés de vingt années, avait mis son activité infatigable au service de la Croix-Rouge; il avait été appelé à plnsieurs reprises, depuis la fondation de la Société antrichienne, aux fonctions de second vice-président.

S. M. l'impératrice Augusta a répondu dans les termes suivants à la lettre de félicitation qui lui avait été adressée par le Comité central allemand à l'occasion de l'anniversaire de sa naissance:

«La vive reconnaissance que me fait éprouver la lettre qui m'a été envoyée à l'occasion de l'anniversaire de ma naissance ne s'applique pas seulement aux vœux qui me sont exprimés, mais aussi au dévouement, dont j'ai eu la preuve pendant l'année écoulée, à l'œuvre dans laquelle je vois la solution d'un des problèmes de notre époque. S'il y a encore beaucoup à faire pour atteindre le but, je puis cependant rappeler tout ce qui a été fait ces dernières années pour en approcher. Notre reconnaissance est due, avant tout, à la bienveillance de l'empereur qui a daigné, encore tout dernièrement, accorder des distinctions honorables à l'œuvre de la Croix-Rouge, et qui, en accordant l'autorisation demandée pour des mesures extraordinaires, a permis d'espérer une augmentation des ressources financières à appliquer aux travaux préparatoires des temps de paix. L'extension des colonnes sanitaires volontaires a donné à ces travaux un essor remarquable dans le domaine des associations allemandes, au sein desquelles la bonne volonté patriotique se manifeste partout.

Une somme de 800,000 marks a été inscrite au budget militaire de 1886–87 pour l'acquisition et l'organisation de matériel de pansement, destiné à appliquer en campagne le traitement antiseptique des blessures. Ce mode de pansement avait déjà fait, depuis plusieurs années, l'objet des études de l'administration militaire. Il résout le problème d'empêcher que des corps étrangers, suspendus dans l'atmosphère, ne se déposent sur les blessures, et que ces organismes microscopiques n'agissent comme éléments d'inflammation et de fermentation, occasionnant des plaies purulentes avec leurs suites dangereuses. Le traitement autiseptique n'est, il est vrai, pas une méthode parfaite ni infaillible, mais, grâce à ces procédés, on se rapproche beaucoup de l'idéal en matière de pansement.Lorsque le traitement antiseptique eut fait ses preuves pendant de longues années, l'administration militaire se demanda si son introduction dans les lazarets de campagne, et même aux places de pansement sur les champs de bataille ne serait pas recommandable. Une conférence de médecins militaires, de chirurgiens et d'hygiénistes éminents, convoquée le printemps dernier par le ministère de la guerre, à l'instigation de S. M. l'impératrice, s'étant prononcée pour l'affirmative, l'administration militaire s'est décidée à réclamer l'inscription de la somme ci-dessus au budget pour l'année prochaine.

M. le professeur Dr Albert, de Vienne, a publié, dans le journal autrichien: Das rothe Kreuz, une étude sur le traitement antiseptique, destinée principalement à enseigner aux profanes ce que c'est que ce mode de traitement et en quoi il consiste. Nous reproduisons ici la conclusion de ce travail, qui nous parait être d'un intérét assez actuel:

« Pendant que j'écrivais cette étude, que je viens de terminer, le traitement antiseplique était appliqué, pour la première fois en temps de guerre, d'une manière étendue et décisive, car, alors que je composais mon premier article, la chirurgie antiseptique entrait en activité sur le théâatre de la guerre serbo-bulgare; ses résultats sont aujourd'hui devant nous.

Le Comité central a continué son œuvre, en 1885, conformément aux principes suivis jusqu'alors.

Dans le courant de l'année, dix élèves ont été instruites à l'hòpital de la Commune; une d'elles a quitté le service; deux ont été reçues infirmières. Pendant les trois premiers mois de l'année 1886, deux élèves ont encore été reçues infirmières, de sorte que la Société fait actuellement l'éducation de cinq élèves.

Dans une brochure publiée sous le titre de : « Voyage d'hiver, de Berlin sur le théâtre de la guerre serbo-bulgare, » M. O. de Hœnika a raconté quelques épisodes de la mission dont il avait été chargé par le Comité central allemand de la Croix-Rouge.

Les missions sanitaires envoyées par la Société autrichienne en Serbie et en Bulgarie ont terminé leur tâche et sont revenues à Vienne vers le milieu du mois de janvier, la période d'intervention active de la Société de la Croix-Rouge étant arrivée à son terme. Le Comité central de Vienne a aussitòt publié un rapport spécial, pour rendre compte de ses travaux pendant la durée de la guerre, du mois de novembre 1885 au mois de janvier 1886. Nous trouvons aussi, dans le journal « Das rothe Kreuz », un article qui complète, sur certains points, le rapport du Comité Sans revenir sur ce que nous avons déjà dit dans notre dernier numéro, au sujet des secours fournis par la Société autrichienne, nous allons, en puisant aux deux sources qui viennent d'être indiquées, poursuivre l'histoire des faits relatifs à l'activite de cette Société

Nous réunissons ici quelques extraits des rapports annuels des Comités départementaux de la Société française, en les empruntant, soit aux bulletins particuliers de ces Comités, pour autant qu'ils nous sont envoyés directement, soit au «Bulletin de la Société frauçaise de secours aux blessés militaires.»

Le Comité central de la Société autrichienne nous a envoyé un rapport sur le rôle de celte société pendant, la guerre serbo-bulgare. Nous reproduisons ce document in extenso, en le faisant suivre de quelques renseignements complémentaires puisés à d'autres sources.

Voici d'abord le rapport que nous avons reçu du Comité autrichien, et qui porte la date du 19 décembre 1885:

«Messieurs, nous désirons, dans les lignes qui suivent, vous donner quelques brèves indications sur l'activité internationale de la Croix-Rouge autrichienne et sur les faits qui s'y rattachent; ce sera sans préjudice d'un rapport ultérieur et détaillé sur les secours qui ont. été fournis, sur les succès obtenus et les insuccès, et peut-être aussi sur les leçons à tirer pour l'avenir de ces événements.

Une information récente nous appelle à revenir sur ce que nous avons dit dans notre 65meBulletin (p. 9), relativement à une voitnre d'ambulance bulgare attaquée lors de la bataille de Slivnitza. Cette prétendue violation de la Convention de Genève a été, on s'en souvient, énergiquement niée par les Serbes. La dépêche qui nous avait instruits de ce fait, et qui avait un caractere officiel, désignait le Dr Hoy comme chef de l'ambulance en question ; elle ajoutait qu'il avait du dételer les chevaux et s'enfuir en abandonnant ses blessés, massacrés ensuite par l'ennemi.

Il a paru en 1885, à Trente, une brochure destinée à répandre dans le public tyrolien des notions exactes sur l'œnvre de la Croix-Rouge, et nous ne pouvons qu'applaudir à cette publication, car on ne multipliera jamais trop les écrits propres à faire connaître notre œuvre et à lui gagner des sympathies. Celle-ci, en particulier, comble une véritable lacune, car elle s'adresse aux habitants des provinces autrichiennes où l'on parle la langue italienne, et qui, jusqu'à présent, n'avaient pu être qu'imparfaitement renseignés par des documents allemands.

L'association ambulancière de l'Ordre de St-Jean de Jérusalem, qui poursuit en Angleterre le même but que les Samaritains sur le continent, se félicite, dans son rapport annuel, des résultats qu'elle a obtenus pendant l'exercice 1885–86. En Angleterre, où les services rendus par cette institution sont journaliers, le public voit avec satisfaction s'ouvrir chaque année de nouveaux cours d'enseignement sur les premiers secours à donner en cas d'accident, et se former de nouveaux groupes destinés à propager les principes de l'œuvre. Il est intéressant de constater que le champ d'action de l'Association n'est pas limité à l'Angleterre; il s'est formé, sous ses auspices, des centres d'action samaritains en Australie, dans la Nouvelle-Zélande, dans le Sud de l'Afrique, dans les Indes anglaises, à Singapore, où des Chinois font partie de l'Associalion, enfin tout récemment, un nouveau centre plein d'avenir a été créé à Jérusalem.

L'Assemblée générale des membres fondateurs de la Société française a été tenue à Paris le 25 mai dernier, sous la présidence de Mgr. Je duc de Nemours, qui a présenté, au nom du Conseil, le compte rendu des opérations de la Société pendant l'exercice 1885–1886.

Nous avons à réparer une omission involontaire en nous acquittant, un peu tardivement, d'un devoir que nous eussions voulu remplir il y a déjà plus d'une année. Il s'agit de signaler la publication d'un organe périodique de la Société autrichienne de la Croix-Rouge. Le journal dont nous voulons parler porte pour titre «La Croix-Rouge» et parait mensuellement à Vienne, depuis le 1er septembre 1884. Il est publié par les soins du Comité central de la Société autrichienne et intitulé: «Organe des sociétés patriotiques de secours.» On n'ignore pas que ces sociétés, répandues dans tous les pays de la couronne d'Autriche, forment, par leur réunion depuis 1879, la Société autrichienne de la Croix-Rouge.

Cinq années se sont écoulées depuis la publication du dernier rapport de la Société bavaroise, cinq années qui out été utilement employées à la préparation des secours volontaires, ainsi que nous pouvons en juger d'après le rapport publié par cette Société en août dernier, lequel embrasse les années 1880 à 1884.

Ce rapport rappelle brièvement, quant à l'organisation de la Société, que celle-ci est divisée conformément à la division administrative du pays. A la base de cette organisation se trouvent les sociétés filiales; leur réunion en associations, en vue d'un but commun, forme les sociétés de cercles, et la société centrale, à qui incombe la direction générale des affaires de l'association, et la gestion des intérêts communs, par l'intermédiaire d'un Comité central choisi dans son sein.

Le Comité départemental de Loir-et-Cher s'est assuré d'un précieux auxiliaire, en créant un Comité de dames, qui s'occupera des travaux de lingerie et de la confection de vêtements et d'appareils à l'usage des blessés. Ce nouveau Comité a signalé ses débuts par un important envoi au Tonkin de vêtements de laine et de flanelle confectionnés par ses soins.

Le Comité central de la Croix-Rouge à Sofia prépare un rapport général sur l'activité de la Société bulgare pendant la guerre ; mais, en attendant l'achèvement de ce travail, il a bien voulu nous communiquer un état des secours fournis à la Bulgarie par l'étranger. Ce tableau n'est pas définitif, et les renseignements qu'il renferme seront sans doute complétés et peut-être même rectifiés ultérieurement, néaumoins nous en donnerons ici un résumé.

La Société hongroise s'est, pendant l'année 1885, développée d'une manière normale, car, si deux Comités de province et trois Sociétés filiales se sont dissous, en revanche, il s'est formé quatre nouveaux Comités de comitat, un Comité de ville et 39 Sociétés filiales. Il en résulte que la Croix-Rouge peut maintenant disposer, dans chaque comitat, d'un certain nombre de Sociétés filiales; l'organisation de ces sociétés devra cependant être améliorée dans quelques comitats.