Le colonel Young, envoyé comme commissaire de la Croix-Rouge sur le théâtre des opérations, a adressé au Comité central anglais, deux rapports successifs sur l'œuvre de secours qu'il a pu entreprendre. Apprenant que M. George Peel se rendait à Kimberley, il le chargea de joindre la division de lord Methuen pour lui offrir des secours supplémentaires dans le domaine de l'assistance aux blessés. Il eut l'occasion de rencontrer deux trains-hôpitaux admirablement aménagés, qui transportaient l'un 92 et l'autre 96 officiers et soldats, dans des voitures de 1re et de 2me classe; ces blessés étaient accompagnés de deux médecins, deux infirmières et plusieurs garde-malades. Il assista, le 26 novembre, à l'arrivée à Wynberg de 102 blessés du combat de Belmont, lesquels, entourès de chirurgiens et de personnel sanitaire, étaient aussi bien soignés que possible. Quelques objets qui manquaient ont pu être fournis par le commissaire, qui procura également aux blessés du papier, des enveloppes et des timbres pour leur permettre de correspondre avec leurs familles. Il rendit visite également au quartier des Boers blessés, qui tous exprimèrent leur satisfaction de la manière dont ils étaient traités; il réussit à leur faire comprendre que la Croix-Rouge avait pour mission de secourir tous les blessés à quelque nationalité qu'ils appartinssent Des membres de la société de Bonne-Espérance et de l'association ambulancière de Saint-Jean secondaient tous les efforts de la Croix-Rouge. A mesure que des besoins en matériel el en objets de literie se faisaient sentir, ils étaient immédiatement satisfaits dans l'espace de quelques heures. Des comités locaux de la Croix-Rouge ont été organisés, par les soins de M. Young, aussi en avant que possible sur la ligne de communication entre Cape Town et le théâtre de la guerre. Le commissaire anglais était inondé d'offres de services; il mentionne, entre autres, quarante infirmières qui, obligées de se retirer de Johannesburg à Cape Town, soupiraient après de l'occupation auprès des blessés.

Nous avons reçu du Comité central grec la communication suivante:

Au Comité international de la Croix-Rouge

à Genève

Athènes, le 12/24 décembre 1899.

Messieurs,

Nous avons l'honneur d'annoncer que, à la date du 11/23 de ce mois, le Comité central de la Croix-Rouge hellénique a été reconstitué comme suit:

M. le professeur Galvani, Jules, jusqu'alors vice-président, a été appelé à la présidence.

Le Comité de la Croix-Rouge grecque a bien voulu faire traduire à notre intention le compte rendu adressé à l'assemblée générale, qu'il a publié sur l'exercice 1898; nous en extrayons les passages les plus importants:

«Dans le second semestre de 1898 nous vous avions présenté le compte rendu de l'année 1897. Aujourd'hui, conformément à nos statuts, nous venons vous rendre compte de nos opérations pendant. l'année 1898 qui est la vingt-et-unième depuis la fondation de la Croix-Rouge grecque.

La Société hongroise de la Croix-Rouge vient de décider la publication d'un journal spécial, destiné à renseigner ses adhérents sur les progrès de l'œuvre et à servir de trait d'union entre les succursales de la Société.

Le premier numéro de ce journal a paru le 2 janvier et contient de nombreux détails sur les progrès satisfaisants que la Croix-Rouge continue à faire en Hongrie.

Le journal dont nous venons de parler publie de nombreux documents dans lesquels nous relevons les faits les plus saillants.

Dasns sa circulaire du 2 janvier 1900, le Conseil invite les succursales à créer des hôpitaux auxiliaires destinés à soigner les soldats légèrement blessés. Plusieurs établissements de ce genre ont été récemment fondés. Le ministre de l'agriculture, M. de Darámji, en a fondé deux pour quarante et trente-six soldats; des engagements ont été pris à cet égard, dans ces derniers temps, par plusieurs particuliers et par des communes.

Le Comité central de la Croix-Rouge italienne a appelé aux fonctions de vice-présidents le comte Pompeo Troili Asclepi et le marquis Ruggera Maurigi di Castel Maurigi, député au Parlement, et a fait choix, pour remplacer le regretté comte sénateur Spalletti, du comte Gian Giacomo delle Somaglia.

Il a en outre confirmé dans leurs charges respectives de conseiller juriste honoraire et d'architecte honoraire, M. l'avocat Scipione Lupacchioli et M. l'ingénieur Francesco Settimi.

Le Comité central italien considérant que le service fatigant qui incomberait, en cas de mobilisation, au personnel dirigeant de la Société, requiert l'emploi de forces encore jeunes, a fixé, conformément à ce qui a été fait à cet égard dans l'armée, une limite d'âge pour les différentes fonctions à remplir au sein de la Croix-Rouge. Une fois cette limite d'âge atteinte, le personnel passe dans le service territorial.

Le Comité central italien a envisagé qu'il était de son devoir de rechercher quels étaient les droits à une pension de la part de l'Etat que pouvaient avoir les familles des soldats morts à la bataille d'Adoua. Utilisant à cet effet le reliquat des sommes recueillies pendant la guerre en faveur des blessés, elle a porté devant la Cour des comptes plusieurs recours, en vue de l'obtention de pensions, et a réussi à assurer aux pauvres parents, femmes et enfants des victimes, une compensation matérielle à la perte d'un des leurs. De cette façon la Croix-Rouge continue, longtemps après la fin des hostilités et élargit, dans un esprit vraiment libéral, sa tâche de secourir et de soulager les maux de la guerre qui d'ordinaire durent plus que les ressources destinées à leur soulagement En faisant valoir ainsi les droits de ceux qui en possèdent mais qui eussent été, dans la majorité des cas, incapables de les exercer, elle accomplit une œuvre éminemment humanitaire qui rentre directement dans sa mission.

L'auteur de l'ouvrage dont le titre sert d'intitulé à cet article et dont nous avons annoncé la publication, aux Ouvrages reçus, dans notre précédent Bulletin, débute par un exposé du développement successif du droit des gens en temps de guerre et de la civilisation progressive de la lutte entre deux peuples. Il fait ensuite l'historique de la Convention de Genève, rappelant son origine, la création du Comité international de la Croix-Rouge et les conférences internationales qui sont venues compléter et préciser les bases de fonctionnement de cette grande institution, qui, appuyée sur la Convention de Genève, est universellement connue sous le nom de la Croix-Rouge. Il raconte le sort de cette Convention à travers l'histoire, les tentatives faites pour l'étendre à la guerre maritime, et passe en revue les différentes occasions où elle fut appliquée, pour en arriver enfin à la question de la revision de cet acte diplomatique.

A l'occasion du quinzième anniversaire de sa fondation, l'école samaritaine d'Italie publie, sous les auspices du sous-comité de la Croix-Rouge de Turin, un compte rendu dont nous extrayons quelques détails succincts; car, alors même qu'il ne s'agit pas d'une œuvre de la Croix-Rouge proprement dite, elle se rattache assez étroitement à elle, son siège central étant auprès du dit sous-comité, pour que nous puissions nous croire autorisés à en dire quelques mots.

Le Comité international ayant été saisi par le consulat général d'Orange d'un cas de violation de la Convention de Genève, ne peut que se borner, vu le rôle qui lui incombe, à publier in extenso le rapport ci-dessous, en déplorant les faits qui y sont relatés. Nous ajoutons que le Dr Ramsbottom est le président de la Croix-Rouge de l'Etat libre d'Orange.

Parmi les études critiques que la Conférence de La Haye a suscitées, il faut mentionner celle, très détaillée et approfondie, due à la plume de M. G. de Lapradelle, professeur agrégé à la Faculté de droit de Grenoble, et publiée par la Revue générale de Droit international public (livraison de novembre-décembre 1899).

Nous avons l'honneur de vous communiquer que l'Agence internationale de la Croix-Rouge, à Lourenço-Marquès, dont la création vous a été notifiée par la 100me circulaire du Comité central de Genève, est encore en voie d'organisation.

L'Agence devant se composer de trois délégués— un portugais, un anglais et un boer — nous avons nommé, d'abord, M. Monteiro de Barros, Agent de la Banque Nationale d'Outre-mer (Banco Nacional Ultramarino), à Lourenço-Marquès, pour la présidence de l'Agence, comme délégué de notre Comité central. Puis, et attendu que le gouvernement portugais a daigné approuver toutes nos démarches pour l'organisation de l'Agence, ainsi que la nomination de M. Monteiro de Barros, dont nous sommes heureux de vous recommander l'honorabilité et les hautes qualités de cœur, nous nous sommes adressés aux Comités centraux de Londres, Blœmfontein et Prétoria, pour les prier d'accepter hos bons offices et de nous communiquer au plus tôt les noms de leurs délégués, afin que les travaux de l'Agence internationale puséent être commencés. Aussitôt que les résolutions de ces Comités centraux nous seront connues, nous nous empresserons de vous annoncer ce fait, le seul dont dépende, d'ailleurs, le fonctionnement de l'Agence internationale.

Les relations entre les Sociétés de la Croix-Rouge et quelques unes des branches du Sauvetage berlinois se sont développées considérablement en 1899 pour le plus grand bien du public, et l'idée a été donnée ainsi à d'autres villes de suivre cet exemple. Pendant cet exercice, 60 dames appartenant à la Croix-Rouge ont été instruites dans la profession d'infirmières dans différents postes de secours berlinois où des cours étaient faits à l'instigation de la Croix-Rouge. Un cours pratique fut institué aux postes de secours I et III, et 36 commerçants ou employés de commerce furent formés pratiquement, après avoir reçu ailleurs l'enseignement théorique dans le domaine des services de lazaret, de transport et d'administration. De son côté le comité de dames des postes de secours berlinois a déployé une activité qui rentre dans la tâche ordinaire de la Croix-Rouge en portant assistance aux familles des blessés et des victimes. Les voitures de ces postes de secours, bien que ne devant, par destination, fonctionner qu'en temps de paix, s'adapteraient cependant à merveille aux besoins de la guerre, s'il y avait lieu d'y recourir.

A l'loccasion du jour où le calendrier portait son nom, l'impératrice Marie-Feodorowna a institué, en 1899, une médaille de la Croix-Rouge. Elle consiste en une croix d'or, aux quatre bras égaux, émaillée en rouge extérieurement et qui doit se porter sur le côté gauche de la poitrine. Cette distinction sera accordée par la tsarine, en sa qualité de protectrice de la Société russe de la Croix-Rouge, et avec l'assentiment de l'empereur, aux membres de la Société du sexe masculin, soit pour des services éminents, rendus en temps de guerre ou en cas de grandes catastrophes, dans le domaine des secours aux blessés, soit pour la création de nouveaux organes ou la fondation de nouveaux établissements, soit pour la direction féconde et d'une durée de dix années au moins d'une institution de la Croix-Rouge, ou enfin pour d'autres mérites que l'impératrice jugerait équivalents.

Pour satisfaire aux exigences multiples de sa tâche au moyen des ressources limitées dont il dispose, le Comité directeur n'a reculé devant aucun sacrifice de temps ou de peine. Il a en particulier fait entendre par la voie de la presse un chaleureux appel au public, rappelant les branches d'activité de la Croix-Rouge et les services rendus par elle. Cet appel, qui fut aussi adressé directement et personnellement, sous une forme spéciale, à 8000 personnes que l'on pouvait supposer plus disposées que d'autres à l'écouter, eut pour résultat d'augmenter de près de 500 le chiffre des membres de la Société. Au 31 décembre 1898, il s'élevait à à 3927. Des médecins de Dresde, au nombre de 41, se sont déclarés piêts à se mettre à la disposition de la Société en cas de guerre, et un grand nombre de communes urbaines ont promis, pour la même éventualité, soit des dons en argent, soit la fourniture de matériel sanitaire, soit l'hospitalisation d'un certain nombre de malades et blessés.

Préoccupé d'assurer à l'assistance volontaire une organisation telle qu'elle puisse atteindre toute sa valeur en temps de guerre et que la direction de l'armée puisse compter sur son concours effectif, le médecin en chef de l'armée fédérale lui a assigné la place qui paraissait la plus favorable à son fonctionnement normal en la rattachant aux neuf circonscriptions territoriales de la Suisse. C'est, en effet, sur les derrières de l'armée, pour l'évacuation des blessés et dans le service hospitalier, que le concours de l'assistance volontaire est le plus utile. En conséquence, un officier sanitaire sera dorénavant rattaché à chaque circonscription territoriale en qualité d'expert auprès de l'état-major commandant cette circonscription.