Sous le titre, pas très heureux peut-être, de La Terre et l'Homme en Extrême-Orient (un titre qui semble appeler quelque exposé tripartite, bien ennuyeux, de géographie humaine : première section, La Terre ; deuxième section, l'Homme ; troisième section, les Rapports de l'Homme avec la Terre) — sous un titre qui sert médiocrement son livre, M. Pierre Gourou a composé, pour la Collection Armand Colin, un ouvrage qu'il faut bien nommer excellent, même si on a peu de goût natarel pour les superlatifs. Pourquoi excellent ? Parce qu'il est bien écrit ? Il l'est.

L'idée est excellente et d'avoir projeté un livre sur les Paysans d'Afrique Occidentale, et d'avoir demandé ce livre à Henri Labouret, dont tous nos lecteurs savent la compétence et l'autorité. Rarement livre aussi plein, aussi nourri, aussi riche d'expérience aura été composé sur un groupe d'hommes aussi peu familier à nos curiosités européennes que le groupe des paysans noirs de l'Afrique Occidentale.

« L'homme s'apparaît à lui-même comme un technicien. II apparaît aux autres comme un créateur de rites. L'étroitesse et les contradictions du rationalisme métropolitain proviennent de ce qu'il s'en tient à la première attitude ; le succès et la profondeur du pluralisme colonial tiennent au contraire à ce qu'il s'inspire de la seconde. » Sur ce thème M. Jacques le Coeur, directeur d'études d'ethnographie à l'Institut des Hautes Etudes marocaines, professeur d'histoire au Collège musulman de Rabat, a écrit un livre ingénieux, paradoxal, mais d'un riche contenu.

Le droit d'asile religieux, ou droit d'asile au sens strict (à l'exclusion presque complète du droit d'asile territorial) dont M. P. Timbal Duclaux de Martin nous expose l'histoire juridique, est une institution qui naît, s'épanouit et meurt. L'antiquité juive n'a connu que l'asile territorial ; l'antiquité païenne a ignoré l'asile religieux proprement dit. L'asile des églises chrétiennes ne dérive donc point de là. Il a été « recréé par la pratique de l'intercession des clercs ».

Préfacé par André Allix, le livre du R. P. Ayrout, S. J., se présente à nous comme un témoignage direct, impartial et vivant sur l'état social du paysan d'Egypte. Du même coup, il signifie l'accession à l'Histoire de ce même paysan — tardive, et justifiée. Car, si beaucoup d'écrivains, ou de pseudo-écrivains, écrivent d'abondants volumes sur l'Egypte contemporaine — (on trouvera, à la page 10 du livre que nous signalons, une longue liste de ces reportages, qui commence par L. Bertrand, en 1926, et se clôt, très provisoirement, par P. Morand en 1936 : que d'encre perdue) — c'est toujours l'Egypte des Palaces, ou l'Egypte des Musées, ou l'Egypte des plaisirs tarifés qu'on nous présente ; l'Egypte paysanne, jamais ; et le travailleur qui est le véritable et perpétuel artisan de la grandeur et de la vie d'Egypte — cette Egypte qui, dit joliment le R. P. Ayrout, est un don du fellah — on pourrait croire, à lire tant d'écrits bien parisiens, qu'il n'existe pas.

Le bref opuscule dans lequel M. Santifaller expose la méthode, le but et les résultats de la diplomatique (Urkundenforschung), ou étude critique des documents de chancellerie n'intéresse pas directement les éitudes qui sont l'objet propre des Annales, mais tout historien aura le plus grand profit à lire ce mémoire qui reproduit, en la complétant sur certains points, une conférence faite à Breslau par l'auteur, professeur à l'Université de cette ville, dans l'intention de faire connaître à un publicf de non spécialistes les différents problèmes abordés par la diplomatique et les résultats obtenus.

Ce n'est pas sans profit que l'historien de la vie sociale et économique ouvre une monographie de village où quelque érudit local a pieusement rassemblé le résultat de longues et patientes recherches. Ouvrons le petit livre que M. Lucien Logeat publie sur Nan-sous-Thil (Côte-d'Or).

Ce volume contient de précieuses notes sur le folklore et les légendes (Gargantua, la Beuffenie), les coutumes, la vie économique de jadis (les moulins, les métiers, l'ancien outillage agricole, etc…) , les fêtes, la Révolution, les familles seigneuriales, la dépopulation, etc… La portée de quelques chapitres dépasse le cadre local.

L'heure n'est pas venue de dresser le bilan des pertes qui, dans le domaine de nos études, sont venues depuis des mois affaiblir un capital intellectuel par ailleurs si diminué. Saluons du moins, sans plus attendre, saluons avec le regret de n'avoir pu nous incliner une dernière fois devant eux avant qu'ils ne nous quittent, deux de nos collaborateurs qui furent des maîtres — et qui s'inscrivirent, dès l'origine, parmi les amis du, premier degré de nos Annales. Dès l'origine P II faudrait dire dès leur origine.

L'Institut historique tchécoslovaque a entrepris, sous le titre de Archivum Coronae Bohemiae, la publication des actes conservés dans les archives de la couronne de Bohême et, dès 1928 Venceslas Hruby faisait paraître un volume de diplômes se rapportant à la période de 1346 à 1355 ; cependant qu'il préparait l'édition d'un volume renfermant les actes antérieurs à 1346, date de l'avènement de Charles IV. Si l'auteur a été surpris par la mort dès 1933, du moins Ottakar Bauer a-t-il pu faire paraître dès 1935 le premier fascicule mis au point par son prédécesseur, fascicule dont les actes s'échelonnent de 1086 à 1305.

Trois volumes. Deux constituent le tome XI de la Géographie Universelle. Rédigés par Augustin Bernard, ils traitent de l'Afrique septentrionale et occidentale : I, Généralités ; Afrique du Nord (1937) ; II, Sahara, Afrique occidentale (1939). Nous en avons déjà signalé ici l'intérêt. Le troisième, à vrai dire un peu plus volumineux que chacun des deux autres, rassemble dans une même étude tout le reste. C'est-à-dire que son auteur devait tenir la gageure de condenser en 385 pages de texte utile tout ce qu'on peut dire aujourd'hui d'essentiel sur la géographie physique, politique, économique et humaine de l'Afrique équatoriale, de l'Afrique orientale (Egypte comprise) et de l'Afrique australe — en y annexant Madagascar, ce petit monde, et les Mascareignes.