La mise en œuvre des concepts de seuil de décision et de limite de détection pose souvent
des problèmes aux métrologues des laboratoires d’analyse de biologie médicale chargés de
la surveillance des salariés exposés aux rayonnements ionisants. Les problèmes mis en
avant sont souvent relatifs au choix à faire entre diverses formules, dont les résultats
numériques présentent cependant rarement des différences significatives. Les raisons plus
profondes des difficultés rencontrées sont en fait d’une part la signification et
l’interprétation de ces tests statistiques, et d’autre part les valeurs utilisées dans ces
formules parmi lesquelles l’estimation du bruit de fond reste la grandeur essentielle et
la plus délicate à définir. L’objectif de ce premier article est de revenir dans un
premier temps sur les fondements des concepts de seuil de décision et de limite de
détection, en distinguant d’une part la méthode de détermination du seuil de décision basé
sur un risque d’erreur a priori de première espèce, d’autre part
l’interprétation du résultat après mesure de l’échantillon. Nous exposerons ensuite
quelques exemples d’optimisation de ces seuils et limites en spectrométrie gamma, où nous
verrons que tout repose sur la recherche de la meilleure estimation possible du bruit de
fond qui nécessite bien plus une maitrise de la mesure que des outils de statistique. Un
second article, mettant en œuvre les principes exposés ici, sera plus particulièrement
consacré à la démarche d’optimisation des seuils de décision en spectrométrie alpha pour
les dosages d’uranium dans les urines.