Le Comité International a appris, avec le plus grand regret, au mois de février 1918, la dissolution par les révolutionnaires russes de la Société russe de la Croix-Rouge, l'assassinat du président de sa Commission des prisonniers, le général Outchinnikof, et l'incarcération de plusieurs membres de la Direction. Une nouvelle Société, dirigée par Je Dr Levsky, a pris possession des dépôts et de l'argent.

A défaut d'un rapport plus complet, nous extrayons du journal Das Rote Kreuz les quelques informations suivantes sur l'activité de la Croix-Rouge Saxonne en 1916–1917.

Le service de recherches et de renseignements a été continué comme précédemment, et les résultats s'en sont améliorés. Actuellement le 75% des demandes peut-être satisfait. A la fin de 1917, 9,500 prisonniers étaient l'objet d'une assistance régulière; elle s'exerce sous forme d'envoi régulier, de dons en nature on en argent. Les besoins intellectuels sont aussi pris en considération par l'expédition de livres. Aux familles d'internés en pays neutre, les visites sont facilitées par des allocations de voyage.

Faisant suite aux comptes-rendus de son activité, dans le domaine de la solidarité internationale, qu'elle nous a antérieurement envoyés et que nous avons publiés (sous la rubrique Croix-Rouge des neutres et solidarité internationale), la Croix-Rouge japonaise nous a fait parvenir les rapports ci-dessous, sous forme des lettres suivantes:

Tokyo, le 4 juillet 1917.

«Au Comité International de la Croix-Rouge, à Genève,

«Monsieur le Président,

«La guerre européenne, qui dure déjà depuis 3 ans, continue encore sans le moindre répit et ne cesse de produire dans les rangs des braves combattants un nombre toujours croissant de blessés et de malades, dont les souffrances excitent notre douloureuse sympathie.

Le rapport qui est brièvement résumé ci-dessous mentionne l'œuvre de transport des grands blessés comme ayant été l'objet de l'activité d'un comité spécial de la Croix-Rouge Suédoise.

Au printemps 1915, des négociations diplomatiques ayant amené l'accord de l'Allemagne et de la Russie, puis de l'Autriche-Hongrie et enfin de la Turquie, sur l'échange des grands blessés, le Comité central de la Croix-Rouge Suédoise fut chargé d'organiser les transports de Tornéa à Sassnitz. Les premiers convois partirent de Sassnitz et de Tornéa les 12 et 13 août 1915.

Nous avons publié dans notre dernier Bulletin le résumé que, sous forme de communication personnelle, la Croix-Rouge Suédoise a bien voulu nous envoyer de l'activité remarquable de son Comité de secours en faveur des prisonniers de guerre en Allemagne, Autriche-Hongrie et Russie. Aujourd'hui nous avons sous les yeux le rapport lui-même, qui fournit des détails complémentaires sur les difficultés rencontrées et l'œuvre néanmoins accomplie. On en trouvera une analyse complète dans les Nouvelles. Nous nous bornons ici aux brèves indications complémentaires suivantes.

La lettre suivante de la Croix-Rouge Suédoise résumé, dans le domaine des secours aux prisonniers, l'œuvre considérable accomplie par cette Société, au cours des années 1915, 1916 et 1917, soit pour l'acheminement, soit pour la distribution des dons.

Le président de la Société saxonne de la Croix-Rouge, Otto Comte Vizthum von Eckstädt, est décédé, ainsi que nous l'avons annoncé, le 17 décembre 1917.

Il a été le promoteur le plus distingué de la Croix-Rouge saxonne. Ses qualités de cœur et d'esprit le qualifiaient excellemment pour la direction de celte œuvie aux vastes ramifications. Il possédait un sentiment très net du devoir, une décision rapide, et le don, rare à ce degré, de savoir inspirer à ses collaborateurs une joie au travail sans cesse renouvelée.

Nous avions annoncé en 1916 la réorganisation de la direction de la Croix-Rouge norvégienne sous la présidence de M. Darre Jenssen.

Une lettre de Christiania, du 17 novembre 1917, nous informe que M. Hiéronymus Heyerdahl, avocat à la Cour suprême, a été appelé à la présidence de la Société norvégienne de la Croix-Rouge.

Les mémoires de Jean-Henri Dunant ont paru récemment en extraits. Son neveu et exécuteur testamentaire M. Maurice Dunant, vice-président de la Section genevoise de la Croix-Rouge Suisse, les fait précéder d'une courte notice biographique. Quelques pages intitulées «Henri Dunant et la Croix-Rouge» viennent ensuite retracer son rôle dans la conception et la réalisation de l'idée qui devint la Croix-Rouge, depuis la bataille de Solférino, en 1859, qui lui inspira son livre Un souvenir de Solférino, jusqu'à la guerre de 1870–71, pendant laquelle il se trouvait à Paris, et après la-quelle il gagna sa retraite paisible de Heiden (canton d'Appenzell), pour ne plus la quitter jusqu'à sa mort en 1910, à l'âge de 82 ans. Une note rappelle les droits d'Henri Dunant au titre de fondateur de la Croix-Rouge et initiateur de la Convention de Genève. Enfin une préface, due à un fidèle ami d'Henri Dunant, à Stuttgart, précède encore les mémoires.

Les indications suivantes nous sont fournies, à la date du 18 janvier 1918, par la Croix-Rouge suédoise sur ses succursales, créées en faveur des prisonniers de guerre.

Le Bureau central du Comité de la Croix-Rouge suédoise siège à Stockholm, Linnégatan 77. Il occupe actuellement un personnel d'environ 50 personnes.

Le 12 juin 1918, le médecin en chef de la Croix-Rouge, auquel incombe statutairement, comme on sait, la direction de l'assistance volontaire en temps de mobilisation, a tenu à réunir le Comité central pour le mettre au courant, de l'action de la Croix-Rouge.

La collecte entreprise en Suisse en faveur de la Croix-Rouge a rapporté environ 1,900,000 fr. dont 600,000 sont le produit de la seconde collecte organisée dès juin 1917.

Les dépenses, consistant en vêtements pour les soldats, équipement de colonnes, frais pour trains de blessés, se sont élevées à 1,300,000 fr.

A défaut de conférence internationale réunissant tous les Etats intéressés, ce qui serait impossible à l'heure actuelle, les conférences limitées, rassemblant les délégués de certains pays belligérants pour régler des questions déterminées, se multiplient. Le Comité International, qui a pris l'initiative de la Conférence des Croix-Rouges neutres, tenue à Genève en septembre 1917, ne peut que s'en réjouir, car ces rencontres internationales mêmes limitées indiquent la préoccupation générale d'améliorer le sort des prisonniers et contribuent incontestablement, quand ce ne serait qu'indirectement, à atteindre ce but.

La Croix-Rouge Uruguayenne nous a communiqué, par lettre du 31 juillet 1918, le texte du décret, rendu le 16 juillet de cette année par le Sénat et la Chambre des Députés de la République Orientale de l'Uruguay, et concernant la protection du signe et du nom de la Croix-Rouge. Cette ordonnance vient enrichir l'arsenal des lois qui, peu à peu dans tous les pays, assurent légalement à l'emblème de la Convention de Genève le respect et la pleine signification qu'il doit avoir.

La Croix-Rouge de Suède a bien voulu nous communiquer le texte d'un accord intervenu à Stockholm, les 27 et 28 décembre 1917, entre les Croix-Rouges Danoise, Norvégienne et Suédoise, en vue de coordonner de mieux en mieux leurs efforts en faveur des prisonniers. On peut se demander s'il ne s'agit pas là du noyau destiné à former l'élément permanent de cette Commission spéciale prévue par la Conférence de Copenhague. D'une part, en effet, les gouvernements d'Allemagne, d'Autriche-Hongrie, de Roumanie, de Russie et de Turquie se sont engagés à envoyer au siège d'une organisation neutre de la Croix-Rouge des délégués pour discuter les questions de représailles, par exemple, et d'autre part les Croix-Rouges Danoise et Suédoise ont offert de prêter en tout temps leur concours à ces réunions, admettant la possibilité de l'adhésion d'autres Croix-Rouges neutres à cette entente. La Croix-Rouge Norvégienne se serait ainsi jointe aux Sociétés Danoise et Suédoise pour constituer ce rouage permanent.

Voici la composition actuelle du Comité supérieur de la Croix-Rouge néerlandaise, telle qu'il a bien voulu nous la faire connaître par lettre du 17 décembre 1917:

S. A. R. le Prince des Pays-Bas, duc de Mecklembourg, président.

MM. H. Colijn, sénateur, vice-président.

Les auteurs qui ont étudié les origines de la Convention de Genève ne sont pas, à notre connaissance, remontés dans leurs recherches plus haut que le XVIme siècle. En Suisse cependant, on voit déjà au XIVme siècle les Confédérés des cantons primitifs Uri, Schwytz et Unterwald — auxquels s'étaient joints tes délégués de Glaris et de Zoug, comme aussi ceux des villes de Zurich, Berne, Lucerne et Soleure — conclure, à la suite des luttes contre la maison d'Autriche, illustrées par les batailles de Sempach et de Naefels, le Convenant de Sempaeh (Sempacherbrief ou Frauenbrief), le 13 juillet 1393.