Summary
10 juin. — Tout est prêt. Après avoir reçu les souhaits de nos amis, nous nous embarquons sur ce fleuve qui tous les jours devait se faire plus grand, plus beau et plus majestueux. Elle allait commencer, cette vie pleine d'imprévu, dans laquelle, après des journées de navigation pénible, nous dormions dans nos hamacs, suspendus entre deux branches, ou deux piquets plantés en terre; à moins qu'il ne fallût reposer sur le sable ou les pierres, roulés dans nos couvertures. En cette saison, le navigateur est soumis à de rudes et pénibles épreuves. Sous un ciel sombre et nuageux, les pluies presque continuelles amollissent le courage. La terre détrempée exhale des miasmes fiévreux qui ont raison des plus robustes tempéraments. Des myriades d'insectes, plus ou moins venimeux, font au voyageur une guerre acharnée, sans trêve ni merci.
Du voyage de Bolivar à Caïcara, voyage qui n'a pas duré moins de quarante jours, je ne citerai que quelques incidents dont l'un eût pu être fatal à l'expédition ou au moins la compromettre sérieusement.
Au Vénézuéla, comme dans la plupart des républiques de l'Amérique méridionale, il faut souvent recourir aux autorités pour se procurer les porteurs, les marins et péons. N'ayant pu enrôler les marins de leur plein gré, nous avions dû accepter, pour la première partie de l'expédition, l'offre que le gouvernement de l'Alto Orinoco nous fit de cinq marins pris sur les cadres de la marine nationale.
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- L'Orénoque et le CauraRelation de Voyages Executées en 1886 et 1887, pp. 152 - 162Publisher: Cambridge University PressPrint publication year: 2010First published in: 1889