Il était impossible pour la philologie anglaise de répondre avec exactitude à la question de savoir si Chaucer, pour sa traduction de la Consolation de Boèce, s'était servi de celle de Jean de Meun: on s'y était pris trop tôt—avant d'avoir les matériaux nécessaires. Lorsque Morris, dans son édition de 1868 du Boèce de Chaucer, s'est posé pour la première fois cette question, rien n'avait encore été fait dans ce domaine par la philologie française. Les manuscrits n'étaient pas classés et, par conséquent, étaient inutilisables. Morris fut obligé, faute de mieux, d'avoir recours, pour comparer les deux textes, à une version anonyne de 1477 (réimprimée en 1494) et conclut logiquement, mais à tort, que Chaucer ne s'était pas servi de la traduction de Jean de Meun. Nous disons “à tort,” car nous savons aujourd'hui que, malgré son épître dédicatoire, le texte de l'édition de 1494 n'est pas la traduction de Jean de Meun. L'opinion de Morris fut suivie en 1870 par B. ten Brink.