On peut aborder la Réforme, le fait est quelque peu paradoxal, en minimisant l'importance du phénomène religieux. C'était encore, pour ne citer qu'un exemple, l'attitude de Gaston Zeller qui, nous dit Michel Devèze, « n'a jamais été très épris de théologie ». Depuis 1929, pourtant, date de parution dans la Revue historique du grand article de Lucien Febvre « Une question mal posée : les origines de la Réforme française et le problème des causes de la Réforme », l'historiographie française est attentive aux dimensions théologiques (pourquoi ne pas employer l'adjectif?) du « réveil » spirituel du xvie siècle. Pour s'en apercevoir, il suffit de mentionner les travaux d'Emile G. Léonard, de Jean Delumeau et de Pierre Chaunu. Ce dernier auteur surtout aborde avec une espèce de jubilation intérieure les problèmes qui ressortissent au domaine de la théologie. Il vient de nous en donner une nouvelle preuve dans Église, culture et société, l'ouvrage important où il propose « quelques règles de lecture » (p. 483) aux agrégatifs des années 1981 et 1982. Au cours des vingt-cinq leçons que comprend « ce petit livre » (p. 11 ), comme il le qualifie non sans humour, il fait œuvre de théologien. Aussi est-ce en théologien que j'aimerais examiner dans cette note critique quelques-unes des grandes questions qu'il aborde.