Il n'est pas possible, on s'en doute, de dresser un inventaire même succinct des progrès réalisés par la science économique au cours de ces dernières années. Tout l'interdit : la diversité même des recherches, le caractère extrêmement technique de leur méthode et de leur mode d'exposition, la multiplicité des solutions proposées. Puisque aussi bien nous ne manquons pas de mises au point partielles ou générales, il m'a semblé plus fructueux de soulever quelques-uns des grands problèmes que pose l'état présent de la pensée économique.
Chacun sait qu'il n'existe pas une science unique des phénomènes économiques, mais bien deux conceptions de la vie économique qui, par leurs méthodes comme par leurs résultats, s'opposent radicalement. D'une part les pays soumis à un régime capitaliste ou semi-capitaliste se réclament d'une économie politique hypothético-déductive fondée sur une théorie de la valeur subjective, d'autre-part les pays de planification socialiste leur opposent une analyse historique fondée sur une théorie objective de la valeur travail, d'inspiration marxiste.