En ce début des années quatre-vingt le désarroi des économistes contraste avec l'apparente certitude qu'ils manifestaient il y a encore une décennie. Pour ne prendre que cet exemple, les organismes internationaux ne cessent d'annoncer, depuis deux ans au moins, que la reprise est au coin de la rue… reproduisant en cela un pronostic qui avait déjà été cruellement démenti lors des années trente.
Face à des prophéties trop souvent contredites par les faits, il n'est pas étonnant que les hommes politiques et l'opinion éclairée expriment leurs doutes quant à l'aptitude des économistes à expliquer les crises, et plus encore à proposer des thérapeutiques adaptées. En effet, même en se limitant aux thèses ayant suscité le plus large écho, la profession a mis sur le marché après 1975 un nombre impressionnant de thèses et de recommandations… largement contradictoires.
L'interprétation initiale — d'après laquelle la récession de 1974-1975 n'était qu'une conjonction de hasards malheureux (28 *, 59) — a rapidement paru un peu courte ; on lui adjoignit donc l'idée que les turbulences du milieu de la décennie tenaient à des retards d’ adaptation aux nouveaux prix de l'énergie (29, 74).