La richesse acquise peut être un instrument d'analyse d'un groupe social déterminé : elle propose en premier lieu un critère à la fois précis et solide de hiérarchie sociale, elle permet aussi, si on peut la décomposer en ses différents éléments constitutifs et la suivre dans le temps, d'approcher les mécanismes de formation et d'accumulation du capital, confrontés naturellement dans leur jeu aux niveaux de fortune préalablement définis à l'intérieur du secteur social considéré.
Le premier problème est de trouver des documents qui se prêtent à une telle étude. Ils existent sous la forme des déclarations de successions qui sont consignées par l'administration de l'Enregistrement sur ses Registres des « Déclarations de Mutations par décès ». Ces déclarations comportent une description des différents biens possédés par le décédé, et surtout leur évaluation, pour permettre d'établir le montant des droits à acquitter par les héritiers de la succession. Ce sont ces documents que nous avons utilisés pour étudier la fortune paysanne dans le Vaucluse de 1900 à 1938.