Dans un ouvrage récent sur l'analyse formelle des mythes, Buchler et Selby soutiennent (p. 68) qu'on peut formuler des règles permettant de déduire successivement toutes les transformations mythiques à partir de l'une quelconque d'entre elles, à condition de reconnaître le caractère « non récursif » ou « indécidable » de celle-ci. Cela est vrai, sans doute, de chaque mythe pris séparément; mais nous avons montré que ces séquences, indécidables, eu égard à tel ou tel mythe particulier, se ramènent souvent à des transformations réciproques, en quelque sorte perpendiculaires à plusieurs discours mythiques superposés. On peut donc donner raison à ces auteurs tant qu'on se limite à l'analyse d'un mythe ou d'un groupe de mythes déterminé; mais le propre de tout mythe ou groupe de mythes est d'interdire qu'on s'y enferme : un moment vient toujours, au cours de l'analyse, où un problème se pose et qui, pour le résoudre, oblige à sortir du cercle que l'analyse s'était tracé. Le même jeu de transformations, qui permet de ramener l'une à l'autre les séquences d'un mythe donné, s'étend de façon quasi automatique à la séquence indécidable, mais tout de même réductible en dehors du mythe à d'autres séquences indécidables, provenant de mythes au sujet desquels le même problème se posait