L’important phénomène des «missions intérieures» dans les zones rurales, caractéristique de l’âge moderne, est vu ici sous l’angle des jésuites de la Province de Rome. À travers une recherche approfondie dans les sources, notamment les lettres et comptes rendus manuscrits des jésuites en mission, on peut distinguer trois périodes entre 1540 et 1750, au long desquelles s’organise la pratique missionnaire, se constituant en véritable méthode rationalisée, fondée sur l’expérience acquise sur le terrain. Les jésuites, convaincus que la parole ne suffit pas à emporter l’adhésion des ruraux et à les ramener, dans la vie quotidienne, à des comportements chrétiens, privilégient les interventions spectaculaires stricto sensu, c’est-à-dire visuelles et théâtrales, inspirées de pratiques urbaines et jugées plus adaptées à leur faculté de compréhension que la rhétorique savante. Le style de pastorale qui en découle était axé sur la componction et la pénitence partagées entre missionnaires et fidèles.