Dans notre précédent Bulletin nous avons parlé du désir de la Société autrichienne, qu'une conférence des Sociétés de la Croix-Rouge se réunît dès cette année, pour discuter les expériences de la guerre serbo-bulgare, et nous avons ajouté que le Comité international, consulté à ce sujet, avait cru devoir en référer au Comité central badois.

La dernière Conférence internationale de Genève ayant décidé que la prochaine conférence des Sociétés de la Croix-Rouge se réunirait à Garlsruhe, la Direction de la Société badoise a prié le Gomité central allemand de s'occuper des travaux préliminaires pour la convocation de cette conférence et d'envoyer les invitations, tandis qu'elle-même se déclarait prête à prendre les mesures matérielles nécessaires. Le Comité central allemand aadressé à Carlsruhe une réponse, par laquelle il accepte cette mission, et, tout en réservant la fixation précise de la date, il a iudiqué d'une manière générale que la conférence aurail lieu dans l'automne de 1887. Une invitation éventuelle à y prendre part doit, dans peu de temps, être adressée aux Sociétés. La nomination d'une commission pour s'occuper des détails de l'organisation reste réservée.

Nos dernières correspondances de Berlin, ainsi que les différents rapports que nous avons insérés ou analysés dans les derniers numéros du Bulletin, out déjà donné à nos lecteurs un apercu des secours fournis par l'Allemagne aux belligérants serbes et bulgares. Nous sommes aujourd'hui en mesure de compléter ces renseignements au moyen du Rapport du Comité central allemand de la Croix-Rovge sur son activité pendant la guerre serbo-bulgare. Nous ferons remarquer qu'il s'agit uniquement, dans ce rapport, des secours envoyés par le Comité central, dont le siège est à Berlin, et que d'autres secours, en nature et en personnel, ont été envoyés directement, en Serbie et en Bulgarie, par quelquesunes des Sociétés allemandes de la Croix-Rouge.

Le Kriegerheil a publié au commencement de cette année, sous le titre de: « Zur Organisation des deutschen Rothen Kreuzes », une série d'articles dans lesquels l'auteur, M. le Dr Treuenpreuss, signale quelques inconvénients qui lui paraissent résulter de l'organisation des Sociétés allemandes de la Croix-Rouge, telle qu'elle existe aujourd'hui, et propose des réformes qu'il voudrait voir introduce dans la constitution et la direction de ces sociétés, ainsi que dans los rapports qui doivent exister entre elles. Nous croyons que ce travail est de nature à donner des renseignements intéressants sur la situation actuelle de la Groix-Rouge en Allemagne; il nous a paru aussi que quelques-unes des critiques adressées aux societes allemandes pourraient être utiles aux sociétés d'autres pays, c'est pourquoi nous donnons ici un résumé de cette étude, que son étendue et la matière un peu spéciale qu'elle traite ne nous permettent pas d'iasérer en entier.

La Société antrichienne de la Croix-Rouge a eu, dans le cours de l'exercice 1885–1886, la douleur de perdre son second vice-président, M. le major retraité baron Joseph de Pasqualati-Osterberg, qui, pendant prés de vingt années, avait mis son activité infatigable au service de la Croix-Rouge; il avait été appelé à plnsieurs reprises, depuis la fondation de la Société antrichienne, aux fonctions de second vice-président.

M. le professeur Dr Albert, de Vienne, a publié, dans le journal autrichien: Das rothe Kreuz, une étude sur le traitement antiseptique, destinée principalement à enseigner aux profanes ce que c'est que ce mode de traitement et en quoi il consiste. Nous reproduisons ici la conclusion de ce travail, qui nous parait être d'un intérét assez actuel:

« Pendant que j'écrivais cette étude, que je viens de terminer, le traitement antiseplique était appliqué, pour la première fois en temps de guerre, d'une manière étendue et décisive, car, alors que je composais mon premier article, la chirurgie antiseptique entrait en activité sur le théâatre de la guerre serbo-bulgare; ses résultats sont aujourd'hui devant nous.

Une information récente nous appelle à revenir sur ce que nous avons dit dans notre 65meBulletin (p. 9), relativement à une voitnre d'ambulance bulgare attaquée lors de la bataille de Slivnitza. Cette prétendue violation de la Convention de Genève a été, on s'en souvient, énergiquement niée par les Serbes. La dépêche qui nous avait instruits de ce fait, et qui avait un caractere officiel, désignait le Dr Hoy comme chef de l'ambulance en question ; elle ajoutait qu'il avait du dételer les chevaux et s'enfuir en abandonnant ses blessés, massacrés ensuite par l'ennemi.

L'Assemblée générale des membres fondateurs de la Société française a été tenue à Paris le 25 mai dernier, sous la présidence de Mgr. Je duc de Nemours, qui a présenté, au nom du Conseil, le compte rendu des opérations de la Société pendant l'exercice 1885–1886.

Le Comité départemental de Loir-et-Cher s'est assuré d'un précieux auxiliaire, en créant un Comité de dames, qui s'occupera des travaux de lingerie et de la confection de vêtements et d'appareils à l'usage des blessés. Ce nouveau Comité a signalé ses débuts par un important envoi au Tonkin de vêtements de laine et de flanelle confectionnés par ses soins.

Le Comité central français nous a communiqué, pour être insérée dans le Bulletin, la lettre suivante qu'il a adressée à ses Comités de province.

Le Comité exécutif de la Société britannique de la Croix-Rouge a publié le rapport suivant, sur ses opérations durant la guerre serbo-bulgare:

« Dès le commencement des hostilités, au mois de novembre dernier, des informations furent prises par le Comité, pour savoir si l'aide de l'Angleterre serait acceptée par les nations belligérantes, quoique l'Allemagne, l'Autriche, la Hongrie, l'Ordre de Malte, l'Ordre teutonique et les Sociétés locales de la Croix-Rouge eussent déjà décidé de fournir le matériel et le personnel nécessaires. Il lui fut répondu, de Belgrade et de Sofia, que les secours de l'Angleterre seraient accueillis avec reconnaissance.

Vu la déclaration datée de Berne le 5 juin 1886, par laquelle son Excellence le marquis Hachisuka, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de Sa Majesté l'empereur du Japon près la Confédération suisse, dûment autorisé par son gouvernement et faisant usage de la faculté réservée à l'article 9 de la convention Internationale conclue à Genève, le 22 août 1864, pour l'amélioration du sort des militaires blessés dans les armées en campagne, déclare que l'empire du Japon accède à cette convention,

La Société mecklembourgeoise a continué, pendant l'exercice 1884–1885, à prêter son appui financier à divers établissements dans lesquels sont formées des infirmieres, et à s'occuper de l'organisation de colonnes de brancardiers. Ces colonnes, pour iesquelles la Société a alloué une sommu de 800 marks à la Société des vétérans, out fait des progrès très satisfaisants. En présence des résultats obtenus, dont on a pu juger lors d'une revue passée à Schwerin, le Comité a cru pouvoir assurer au président de la Société des vétérans nn subside annuel de 300 marks, destiné à équiper les nouvelles colonnes qui se formeront et à contribuer aux frais occasionnés par les colonnes déjà exislantes.

Les derniers événements politiques qui ont eu lieu au Pérou ayant eu pour effet l'établissement d'un gouvernement régulier et la fin de la guerre civile, les amis de la Croix-Rouge péruvienne, qui n'attendaient que le moment propice pour la réorganiser, ont jugé qu'il était venu. Notre commissaire extraordinaire, M. Henriod, aclivement secondé par M. Charles Sotomayor et par d'autres membres de l'ancien Comité central, out entrepris dans ce sens, auprès du gouvernement de la République péruvienne, des démarches qui ont abouti au décret dn 11 mai dernier, dont nous donnons le texte ci-apres. Cet actereconstitue d'une maniere officielle la Société péruvienne. M. Henriod, en nous communiquant cette bonne nouvelle, nous assure qu'il y a actuellement à Lima un véritable enthousiasme pour la Croix-Rouge, et il ne doute pas que, grâce a cet élan généreux, le nouveau Comité ne se procure facilement les ressources nécessaires à l'achat du matériel dont il aura à se pourvoir.

L'œuvre entreprise par les sociétés samaritaines nous intéresse, au point de vue de la Croix-Rouge, à cause de son analogie avec celle à laquelle travaillent les associations de secours aux militaires blessés. Mais, tandis que ces dernières n'appliquent les connaissances propres à secourir les blessés qu'aux victimes de la guerre, les premières cherchent à répandre le plus possible ces connaissances, afin qu'il puisse être promptement remédie aux accidents fréquents dans la vie ordinaire. Il est permis d'espérer que les personnes dont l'expérience se sera formée e au service des sociétés samaritaines pourront devenir, à un moment donné, d'utiles et intelligents collaborateurs de la Croix-Rouge.

Avant de faire partir les missions sanitaires qu'il avait l'intention d'envoyer en Serbie et en Bulgarie, le Comité central de la Croix-Rouge russe chargea le Comité d'Odessa d'expédier, sur le théâtre de la guerre, du matériel d'hôpital pour 300 lits. M. Mélédine reçut du Comité d'Odessa la mission d'accompagner cet envoi en Bulgarie. II a présenté, sur ce voyage très accidenté, un rapport dont nous empruntons quelques extraits au Messager de la Croix-Rouge russe.

Le Comité central de la Croix-Rouge serbe a l'honneur de vous informer qu'en suite de la démission donnée par son honorable président, M. le conseiller d'Etat Vouïovitch, le vice-président, M. Georges S. Simitch, ancien agent diplomatique et consul général, a été élu président du Comité central de la Croix-Rouge serbe.

La crainte d'une guerre plus ou moins imminente entre la Russie et la Grande-Bretagne obligea, au printemps dernier, le gouvernement suédois à prendre diverses mesures militaires, pour assurer le maintien de la neutralité de Ja Suède. On comprend qu'en présence de cette éventualité la Société ne soit pas restée inactive. Aussi, le Comité exécutif se hàta-t-il de prendre, lui aussi, un certain nombre de mesures préliminaires, afin de se trouver prêt, dans le cas ou les circonstances rendraient son intervention nécessaire.

On a fait à Vienne, à Berlin, à Londres et à Paris des essais pour utiliser la lumière électrique dans le service sanitaire des champs de balaille, mais ces essais n'ont pas donné des résultats satisfaisants, à cause de la pesanteur, de l'imperfection et du coùt des appareils employés. De nouvelles expériences ont été faites à Stuttgart, el ont si bien réussi que la question semble être près d'avoir une solution. Sur les indications du médecin d'état-major, Dr Nachtigall, chef des colonnes sanitaires wurtembergeoises, la fabrique d'appareils électriques d'Obertürkheim a construit une voiture-fanal, destinée à faciliter la recherche des blessés sur les champs de bataille pendant la nuit. Cette voiture est d'une construction simple et légère et porte douze batteries, avecun système spécial de circuits. Elle pèse environ 25 quintaux, y compris tous les accessoires, l'eau et les provisions de matériel, en sorte qu'elle peut facilement être traînée par deux chevaux. La charge des batteries suffit pour une nuit entière, et peut produire un are lumineux équivalant à la lumière de 2,000 bougies ordinaires, Pour renouveler la charge des batteries, il suffit d'emporter une provision de sulfate de cuivre. La lampe est suspendue au nioyen d'une pince qui permet de l'élever, et elle peut être tournée dans toutes les directions. La lumière est renforcée au moyen d'un miroir parabolique.