Le Comité central des Sociétés allemandes de la Croix-Rouge a eu l'honneur de recevoir les lettres suivantes, en réponse aux félicitations, qu'à l'occasion du renouvellement de l'année, il avait adressées à ses hauts protecteurs, LL. MM. l'empereur et l'impératrice d'Allemagne:

« J'ai constaté, à ma grande satisfaction, par l'adresse dans laquelle le Comité m'a présenté ses vœux pour la nouvelle année, avec quelle confiance il compte sur moi dans les temps que nous traversons. Bien que je vive dans l'espérance que les efforts qui sont faits pour conserver au peuple allemand les bénédictions de la paix ne seront pas inutiles, je ne puis cependant m'empêcher de témoigner mon entière satisfaction pour le sérieux et le zèle avec lesquels les Sociétés allemandes de la Croix-Rouge se consacrent, même dans les époques de paix, à l'accomplissement de leur difficile mission humanitaire. En remerciant le Comité pour ses félicitations, je suis assuré que si, contre toute attente, les Sociétés étaient appelées à déployer leur activité dans des circonstances graves, il serait satisfait avec le même dévouement aux nécessités d'ordre supérieur qui s'imposeraient.»

Le Bulletin a signalé déjà l'important ouvrage qui paraît en Allemagne, depuis 1884, sous le titre de Rapport sanitaire sur les armées allemandes pendant la guerre contre la France de 1870–71, publié par les soins du département médical militaire du ministère prussien de la guerre. Réunir les expériences faites pendant cette guerre au point de vue sanitaire, étudier les différentes maladies et blessures qui se sont produites pendant son cours, dresser la statistique des morts, des blessés et des malades, examiner les résultats obtenus par les divers moyens de secours employés, et, de l'étude de ces faits, tirer des enseignements qui serviront pour les guerres à venir, tel est le but de cette publication. La matière considérable que comporte une pareille étude a été répartie en cinq parties. La première, composée d'un volume, dont nous avons donné le sommaire, est intitulée: « Partie administrative », et traite du service sanitaire dans l'armée allemande. La deuxième partie, comprenant la statistique, est traitée dans le deuxième volume. La troisième partie, qui remplit les 3e, 4e et 5e volumes, traite de la matière chirurgicale; (le 4e volume, sur les effets physiques des projectiles, a seul paru jusqu'à présent). La quatrième partie, qui est la partie médicale, comprend les 6e et 7e volumes. Enfin une cinquième partie renfermera la bibliographie et un répertoire.

Le Comité central de la Société autrichienne a nommé une commission spéciale, pour étudier de plus près les questions qu'il se proposait de soumettre à la Conférence internationale de Carlsruhe.

M. le Docteur Roszkowski, professeur de droit des gens à l'université de Léopol, en Galicie, associé de l'Institut de droit international, vient de publier un livre d'un grand mérite et du plus haut intérêt, sur la-Convention de Genève.

Peu de temps après la cessation des hostilités entre la Serbie et la Bulgarie, le Comité de la Croix-Rouge bulgare annonça qu'il publierait un rapport sur l'activité de la Société pendant la guerre. Plus d'une année s'est écoulée depuis le rétablissement de la paix, et ce rapport n'est pas encore parvenu à notre connaissance. Les événements politiques, qui se sont succédé en Bulgarie et qui ont si fort préoccupé les esprits, en ont probablement retardé l'élaboration. Ce document présenterait cependant un grand intérêt, car on n'a été jusqu'ici que très imparfaitement renseigné sur le rôle qu'a joué la jeune Société bulgare de la Croix-Rouge pendant cette guerre; les rapports publiés par les Sociétés étrangères et les renseignements qui nous sont parvenus portent presqu'exclusivement sur l'activité des missions étrangères.

Les délégués des Comités de la Société française se sont réunis, sur l'invitation du Conseil de la Société, les 29 et 30 novembre et ler décembre 1886, à Paris, afin d'examiner en commun le mode d'organisation des infirmeries de gares et diverses autres questions, sur lesquelles le Conseil estimait qu'une entente était nécessaire.

Le moment me paraît favorable pour vous entretenir d'un sujet qui, depuis vingt ans, n'a cessé d'intéresser vivement les membres des Sociétés de secours aux blessés militaires. II s'agit des musées internationaux de la Croix-Rouge.

Le personnel des infirmiers du Comité départemental de l'Isère a exécuté en 1886, à deux reprises différentes, des manœuvres d'ambulance. Il s'agissait de savoir si les fourgons pourraient être facilement conduits dans la montagne, et quelles seraient les difficultés qui s'y rencontreraient. Une expédition a été faite à cet effet dans les environs de Grenoble. Une maison avait été transformée en ambulance; les brancardiers ont fait des manœuvres pour relever des blessés dans des parages accidentés, tels que des éboulis, et pour transporter des blessés dans des passages difficiles.

Dès le début de l'année 1886, le Comité départemental du Nord a été assailli de demandes de secours de la part de blessés et de malades revenant du Tonkin. Environ 200 d'entre eux ont reçu des secours s'élevant de 15 à 30 francs par tête. En présence de cette nouvelle charge qui lui incombait, le Comité a cru devoir cesser de contribuer aux envois en Extrême-Orient, auxquels il avait pris jusqu'alors une très large part, puisqu'il était entré, pour un dixième, dans la répartition totale de 400,000 francs envoyés au Tonkin par les Comités français.

Par décret du 21 décembre 1886, et sur le rapport des ministres de la guerre et de la marine, l'Union des femmes de France a été officiellement autorisée à prêter son concours au service sanitaire militaire en temps de guerre. Les principales conditions sous lesquelles cette autorisation lui a été accordée, et qui sont les mêmes que celles auxquelles est soumise la Société française de secours aux blessés, sont les suivantes:

L'Union des femmes de France est, pour l'accomplissement de sa mission, placée sous l'autorité du commandement et des directeurs du service de la santé. Le concours de cette Société ne peut être étendu ni au service de première ligne, ni aux hôpitaux d'évacuation, dont demeure exclusivement chargé le service de santé militaire.

Depuis longtemps, la convenance d'accorder et d'accepter des décorations, en récompense de secours internationaux donnés par les membres de la Croix-Rouge, a fait l'objet de discussions au sein du Comité supérieur de la Croix-Rouge des Pays-Bas.

Depuis bien des années, le Comité international était sans nouvelles de la Société portugaise de la Croix-Rouge. Les circulaires, les communications, les demandes que le Comité lui adressait restaient invariablement sans réponse. Une Société avait cependant été constituée en 1868, à Lisbonne. Elle avait recruté des adhérents, elle s'était mise à l'œuvre, et, pendant la guerre de 1870–71, elle avait recueilli des dons s'élevant à environ 50,000 fr. Mais, depuis l'année 1874, elle n'avait donné aucun signe de vie, en sorte que le Comité international se demandait s'il devait la compter encore au nombre des Sociétés nationales existantes.

Nous avons, dans un précédent numéro du Bulletin, rendu compte d'un article du Kriegerheil, signalant la nécessité, pour la Croix-Rouge allemande, de combiner son organisation avec le service de santé militaire. Cette question a continué à occuper le Comité central allemand, et nous trouvons dans le Kriegerheil, sur le même sujet et du même auteur, M. le Dr Treuenpreuss, un nouvel article, qui insiste spécialement sur les efforts faits par le Comité pour arriver à réaliser cette idée.

Le Comité de Varsovie a terminé, en 1885, la construction d'un nouveau bâtiment, pour la communauté des sœurs de charité de Ste-Elisabeth. Cette communauté possède en outre une baraque, qui porte le nom d'Alexandre II, pour le traitement gratuit des maladies chirurgicales; elle renferme une clinique pour les pauvres, trois chambres pour les malades payants, une école de sœurs de charité et une église. La communauté et ses institutions possèdent aussi trois magnifiques maisons dans le quartier du Prater.

Le Comité d'Odessa possède un dépôt de linge et de matériel d'hôpital, organisé pour garnir, en cas de guerre, un hôpital de 300 lits.

La Croix-Rouge serbe vient de célébrer une petite fête intime, qui conservera une place dans ses annales et dont une courte description pourra vous intéresser.

La Société suisse de la Croix-Rouge tient son Assemblée générale chaque année dans une ville différente de la Suisse, afin d'intéresser ainsi successivement tous les cantons à son œuvre et à ses travaux. La Société a pris naissance dans une assemblée constitutive, tenue à Olten le 25 avril 1882. Depuis lors, des assemblées annuelles publiques se sont réunies à Lucerne, le 3 décembre 1883; à Berne, le 8 décembre 1884; púis, après une interruption occasionnée par diverses circonstances, la Société s'est de nouveau réunie le 22 novembre 1886, à Aarau.

Il n'est pas nécessaire de beaucoup insister pour montrer que, dans le cas où une guerre a pour théâtre un pays montagneux, une foule de difficultés viennent entraver le service sanitaire et exigent qu'il s'adapte aux conditions spéciales de la contrée où il est appelé à fonctionner. L'organisation et la direction de l'ensemble du service sont rendues très difficiles, par le fait qu'il faut opérer dans des régions accidentées, rocailleuses, souvent sauvages et coupées par des ravins et des cours d'eau; les abris, les localités propres à recevoir les blessés el le matériel de couchage sont difficiles à trouver. A cela viennent s'ajouter les difficultés pour le transport du matériel sanitaire et des blessés. Il est évident que, dans un pays montagneux, où les seules voies de communication sont souvent des sentiers étroits et rapides, les moyens de transport, qui forment un des éléments essentiels du service sanitaire, et notamment les véhicules sur roues, ne pourront être d'aucune utilité. Il faut donc qu'un service sanitaire, qui peut être appelé à fonctionner dans une contrée montagneuse, soit organisé d'une manière spéciale, et muni d'un matériel de transport approprié au pays.