Le chroniqueur des finances publiques en Belgique, surtout pour la partie « Budget», se trouve en posture délicate. Bien des données indispensables pour une analyse précise, même si elles sont élémentaires, telles que le total des dépenses réalisées, ne sont disponibles que tardivement. Au moment d'écrire, ce chiffre est inconnu pour 1964 et même pour 1963 il n'est encore qu'approximatif. Du fait même, les éléments dont on dispose sont un peu flous. Ce caractère n'interdit cependant pas tout raisonnement.

La situation des finances publiques pour l'année 1964 se traduisit par un déficit budgétaire brut de 41 milliards environ. Sans doute le budget ordinaire laissait-il un boni de 2,5 milliards par différence entre les recettes de 157,8 milliards et les dépenses de 155,3 milliards, fait qui ne s'était plus produit depuis 1957 où le boni fut de 7,8 milliards, mais le Ministre des Finances se trouva confronté avec les obligations suivantes : Dépenses extraordinaires 24,2 milliards, Fonds des Routes 5,9 milliards, Amortissements non prévus au budget 13 milliards, Encaisse des comptables 1,2 milliard, soit au total 44,3 milliards. Compte tenu du boni de 2,5 milliards du budget ordinaire déjà mentionné, de 300 millions de recettes extraordinaires et de 300 millions de solde des opérations sur fonds de tiers, la somme d'argent à trouver était de 41 milliards en chiffres ronds. En d'autres termes, cette somme représente ce qui est généralement appelé l'impasse budgétaire de 28 milliards et les amortissements de 13 milliards non prévus au budget. Pour y faire face, le Gouvernement procéda à quatre émissions publiques à relativement long terme en Belgique pour un total brut de 35,1 milliards et à des emprunts à court et moyen terme en Belgique et à l'étranger pour la différence, soit environ 6 milliards.

Du point de vue de la conjoncture, l'année 1964 peut se subdiviser en deux périodes bien distinctes.

Les tensions de la phase de haute conjoncture — la plus longue que nous avons connue en Belgique dans l'après-guerre — sont devenues de plus en plus apparentes à la fin de 1963 et dans la première moitié de 1964.

L'année 1964 a été caractérisée par la poursuite de la haute conjoncture. Quoique certains secteurs aient subi au cours du second semestre, une stagnation voire quelquefois un recul, on peut dire que dans l'ensemble l'économie beige, au cours de cet exercice a connu un haut niveau d'activité. Cela signifie en particulier au plan social, un niveau d'emploi satisfaisant et une augmentation régulière des salaires, résultant le plus souvent de la hausse de l'index des prix de détail qui passe de 118,11 en Janvier à 122,16 en décembre 1964.

Cette année, deux points retiennent l'attention, dans le domaine de l'emploi. D'une part, la situation conjoncturelie : les diagnostics de conjoncture ont relevé plusieurs indices d'un ralentissement, voire d'un arrêt de la hausse conjoncturelie qui se poursuit depuis 1960. Une telle évolution affecte-t-elle le marché du travail? Assiste-t-on à une recrudescence du chômage ? Une image globale de l'année, à travers des moyennes annuelles par exemple, n'apporte pas de réponse à ces questions : dans son ensemble, 1964 apparaît comme une année de haute conjoncture, dont l'analyse ne présents pas un intérêt particulier par rapport à celle de l'année précédence; car l'éventuelle modification de la conjoncture n'a été, au plus, qu'annoncée par certains indices et seulement vers la fin de l'année. Aussi, pour déterminer s'il y a, ou non, une dégradation de la situation sur le marché du travail, l'analyse doit-elle être menée au niveau des données mensuelles, en rencontrant la difficulté de départager le saisonnier du conjoncturel (section I).

Le marché énergétique des pays d 'Europe Occidentale, de la Belgique en particulier, continue à subir d'importantes transformations. Les tendances que l’on observe depuis plusieurs années déjà se sont accentuées en 1964.

Au cours de l'année précédente, à cause des conditions climatiques, l'industrie charbonnière beige avait bénéficié d'une amélioration passagère. Elle n'avait pu toutefois en tirer profit autant qu'il était souhaitable, car la production de charbon étant fort inélastique à court terme, il ne fut possible de répondre de façon satisfaisante à l'accroissement de la demande des consommateurs que par une hausse des importations.

L'annéee 1964 a été marquée par un regain d'activité de la sidérurgie dans la Communauté Européenne du Cnarbon et de l'Acier. Après une péeriode de trois ans, au cours de laquelle la production d'acier communautaire avait connu une stagnation assez inattendue, les premiers mois de 1964 virent s'opérer un revirement de la situation. Sur le plan quantitatif, Ton peut mesurer l'étendue de cette reprise à l'augmentation de production d'acier de la C.E.C.A. qui est passée de 73,2 millions de tonnes en 1963 à 82,7 millions de tonnes en 1964, soit un accroissement de 13%.

1964, année de transition entre une période de conjoncture en développement et l'amorce d'un « palier », a vu, à la fois, combattre les effets de la « surchauffe » et s'efforcer de retenir la prospérité. Quelle a été l'influence de cette situation sur l'industrie chimique beige?

Incontestablement celle-ci a poursuivi un mouvement d'expansion marqué par un accroissement de son activité tant sur le marché intérieur que sur les marchés étrangers, et de son équipement.

L'expansion qui a caractérisé l'industrie textile beige depuis 1960 s'est sensiblement ralentie au milieu de l'année 1964; le fléchissement s'est d'abord manifesté dans l'industrie lainière pour s'étendre ensuite progressivement à d'autres branches telles que l'industrie cotonnière, le secteur des fibres artificielles et synthétiques et la bonneterie.

Après avoir sommairement décrit quelques caractéristiques du climat (I), nous examinerons comment a évolué le volume des diverses productions (II), ainsi que les prix, les coûts et les revenus (III). Nous développerons un peu plus longuement les faits saillants de la politique agricole, tant à l'échelle beige qu'à l'échelle européenne (IV). Enfin, nous jetterons sur l'avenir un bref regard prospectif (V).

Au cours de l'année 1964, le commerce extérieur de l'Union Économique Belgo-Luxembourgeoise (U.E.B.L.) a connu une expansion remarquablement rapide, tout comme la production industrielle et l'activité économique en général. Leur rythme de croissance s'est même accentué par rapport à celui de l'anéee 1963, quoique certaines tendances à un meilleur équilibre soient apparues graduellement. Cette évolution est d'ailleurs analogue à celle que l’on constate pour les autres pays de la C.E.E.

Les tendances qui régissaient nos prix au cours de l'année 1963 se sont précisées en 1964, en comportant cependant quelques particularités.

Celles-ci affectent tout d'abord les prix de gros. Ceux-ci s'étaient animés à partir de 1963, et ils ont haussé régulièrement par la suite. Finalement, le niveau atteint en décembre 1964 était supérieur d'environ 3% à celui d'un an auparavant, mais un essoufflement apparaissait dans les derniers mois. En fait, nous plafonnions à partir d'octobre.