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L’écart inflatoire dans une économie planifiée du type soviétique

Published online by Cambridge University Press:  17 August 2016

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Les conditions de fonctionnement d’un système planifié du type soviétique sont généralement envisagées en termes réels. Les économistes soviétiques, en particulier, rejettent unanimement la possibilité, dans une économie planifiée du type soviétique, d’un déséquilibre entre la monnaie et les marchandises et contestent que des effets de désorganisation puissent résulter du seul facteur monétaire. L’écart inflatoire est considéré comme étant inhérent à l’économie de marché et la détention par l’Etat de tous les leviers de l’économie devrait, selon ces auteurs, en exclure même la possibilité.

Notre étude examine les problèmes relatifs au fonctionnement d’une économie planifiée du type soviétique du point de vue d’un déséquilibre éventuel entre les circuits réel et monétaire et des problèmes d’écoulement de la production qui en résultent. Elle se limite à un système planifié du type soviétique, par opposition aux systèmes du type pseudo-concurrentiel étudiés par Lange, Lerner, etc. Ses conclusions ne pourraient donc être étendues à un système planifié quelconque.

L’évolution du système soviétique vers un régime de planification plus souple poserait éventuellement le problème monétaire sous un angle différent.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © Université catholique de Louvain, Institut de recherches économiques et sociales 1953

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References

page 454 note (1) Pour reprendre la terminologie de R. Mossé, L’économie collectiviste, Paris, 1939, p. 78, il y a simplement liberté du consommateur et non souveraineté, les consommateurs ayant une option entre les marchandises disponibles précédemment produites en vertu du plan, sans qu’ils ne puissent directement influencer les décisions de production.

page 454 note (2) Une forme restreinte de propriété des biens de production subsiste dans la mesure où cette propriété reste personnelle et n’implique pas la mise au travail de travailleurs salariés. Cette disposition, prévue par les articles 7 et 9 de la Constitution soviétique, a trait à la propriété privée en bétail et outillage des kolkhoses et à l’existence de petites entreprises artisanales n’utilisant pas de travail salarié. L’Etat reste seul propriétaire du sol et les kolkhozes ne jouissent que d’un droit d’usufruit. Cfr Ch. BETTELHEIM, L’économie sovié tique, Paris, 1950, p. 33 et 34.

page 454 note (3) Les modalités mêmes de la fixation des prix n’ont pas un rapport direct avec l’objet de notre étude, seul importe le fait de leur fixation par voie d’auto rité et leur stabilité au cours d’une période relativement longue.

page 455 note (1) Les économistes soviétiques assimilent le plan à une loi. Comme l’exprime J. STaline dans le rapport au XVe congrès du P.C. de l’URSS: « le Plan n’est pas un plan-prévision,… mais un plan-directive, obligatoire pour les organismes dirigeants et qui détermine le sens du développement de notre économie à l’avenir, à l’échelle du pays tout entier ». G. Kosiatchenko, Gosoudarstvienyi plan—Nierouchimyi zakon (Le Plan d’Etat-Loi inviolable), dans Planovoie Khoziaistvo (Economic planifiée), 1951, n° 1, p. 36. Bettelheim, Les problèmes théoriques et pratiques de la planification, 1946, p. 19 et 20, L’économie soviétique, Paris, 1950, p. 421.

page 455 note (2) Quoique les dépassements impliquent ici un progrès par rapport à la situation prévue, il n’en reste pas moins que d’un point de vue formel le problème de l’équilibre reste posé, seule la situation prévue par le Plan étant, de par la logique du système, équilibrée, à condition que le plan soit conçu d’une façon optimale.

page 456 note (1) Le point de vue des économistes soviétiques rejoint ici celui des classiques traitant des déséquilibres partiels compensés. Au cours de cette étude, différents points de vue pris par les économistes soviétiques seront relevés, qui marquent une coïncidence avec les doctrines classiques. Citons en particulier l’analyse en termes réels, l’absence de causes monétaires au déséquilibre et la notion de fonds des salaires. Ceci n’est pas étonnant, Marx ayant écrit Le capital en 1867, avant la naissance de l’analyse marginale.

page 458 note (1) Nous introduirons ultérieurement l’hypothèse de la non-affectation intégrale des revenus à la consommation proprement dite.

page 458 note (2) Cette égalité exprime une situation d’équilibre global: comme la suite de l’article tend à le prouver, le système inclut des forces tendant à la rétablir compte tenu des nécessités de constitution du fonds d’accumulation.

page 460 note (1) Ceci est important pour l’interprétation des tableaux en annexe, hes économistes soviétiques concluent généralement à l’absence de déséquilibre entre les circuits marchand et monétaire en indiquant leur évolution parallèle, sans tenir compte du fait qu’il existe régulièrement d’importants stocks non écoulés.

page 460 note (2) A côté du marché officiel à prix fixes établis par l’autorité existent en Union soviétique un marché noir, un marché kolkhozien légal où le prix s’établit selon la loi de l’offre et de la demande, et en cas de pénurie aiguë, des magasins commerciaux gérés par l’Etat où les prix sont fonction de l’offre et de la demande. Les interactions des différents marchés et les effets respectifs de l’écart inflatoire sur ces marchés sont étudiés au chapitre VI.

page 461 note (1) G. Mackenroth, Sozialistische Wirtschaftsverfassung, Welwirtschaftliches Archiv, 1949, Bd 63, Heft 2, p. 208, estime même que le système monétaire des économies socialistes est essentiellement caractérisé par la nécessité d’opérer périodiquement des contractions massives de la circulation monétaire.

page 462 note (1) Cfr J. A. Kronrod, K Ekonomitcheskoi kharakteristikie sovietskoi dieniejnoi riefonny (le caractère économique de la réforme monétaire soviétique de 1947, Isviestia Akadiemii Naouk SSSR. Otdel Ekonomiki i Prava, (Mémoires de l’Académie des Sciences de l’URSS), 1948, n” 4, p. 232.

page 463 note (1) Une certaine rerépartition, sinon au profit de la bourgeoisie, tout au moins au profit des spéculateurs et des ouvriers de certaines branches favorisés par une hausse relative des salaires, résulte normalement de l’écart inflatoire. Quels qu’en soient les bénéficiaires, elle s’oppose singulièrement à l’assertion de l’auteur soviétique.

page 464 note (1) Par main-d’œuvre additionnelle, nous entendons un accroissement du nombre absolu d’ouvriers embauchés ou un allongement du temps de travail.

page 465 note (1) Nous nous référons sur ce point aux remarques de méthode faites dans l’introduction.

page 466 note (1) « Un des plus importants devoirs qui incombe aux dirigeants des entreprises et aux ministères est l’observance stricte de la discipline en matière de salaires. Le plan du fonds des salaires fixé est organiquement lié aux plans concernant l’abaissement du prix de revient de la production, le fonds d’accumulation, le commerce, et le budget de l’Etat. Il en résulte la nécessité de combattre énergiquement tout dépassement du fonds des salaires… » « Ainsi, par exemple, certaines entreprises du Ministère de la Construction des industries lourdes en 1950 n’ont pas réalisé la production de travail prévue tout en dépassant considérablement le fonds des salaires fixé par le plan. » G. Kosiatchenko, Op cit., p. 43-44, (en langue russe).

page 466 note (2) Résolution du XVIIIe Congrès général du P. C. d’URSS, Moscou, 1941, p. 9.

I. Ievenko et B. Mirochnitchenko expriment de la façon suivante la nécessité d’une production rythmique: « La livraison irrégulière de la production donne lieu à des pertes considérables pour l’économie… Même provenant d’entreprises isolées, elle provoque des difficultés dans certaines branches de l’économie nationale… La rupture dans la réalisation régulière des plans de livraison est très souvent à l’origine des disproportions partielles. » I. IEVENKO et B. MIROCHNITCHENKO, Provierka vypolnenia plana vajniechi printsip socialistitches-kovo planirovania (le contrôle de la réalisation du plan, principe essentiel de la planification, Planovoie Khoziaistvo (Economic planifiée), 1950, n° 4, p. 88.

page 467 note (1) G. Kosiatchenko, Op. cit., p. 37.

page 467 note (2) A. Kurski: « Voprosy balansa narodnovo khoziaïstva. (Les problèmes du bilan de l’économie nationale), Planovoie Khoziaislvo », (Economic planifiée). 1951, il” 5, p. 22.

page 468 note (1) En ce qui concerne les rapports généraux entre l’inflation et la politique de plein emploi et de planisme cfr F. A. HAYEK, Vollbeschäftigung, Planwirtschaft und Inflation, dans Vollbescháftigung, Inflation and, Planwirtschaft, Zurich, 1951, p. 184 et sv.

page 468 note (2) Ceci n’implique aucun jugement concernant la valeur de la doctrine classique du fonds des salaires. Nous faisons appel à cette notion pour analyser le planisme des salaires uniquement en raison du fait que c’est sur elle que repose tout le mécanisme de fixation des salaires en économie planifiée du type soviétique. Son rôle dans notre exposé est celui d’un instrument technique d’analyse sans aucune implication de doctrine. Les auteurs soviétiques donnent toutefois à la notion de fonds des salaires la signification doctrinale qu’elle a chez les classiques; sur ce point particulier, la continuité entre les conceptions marxistes et les conceptions classiques est très marquée.

page 469 note (1) Cfr S. E. Kamenitser, Organizatsia planivovanie socialistitcheskovo promychlenovo predpratia, (L’organisation et la planification de l’entreprise industrielle socialiste), Moscou, 1950, p. 239.

page 469 note (2) Ces symboles proviennent, de la première lettre des termes correspondants en langue russe.

page 470 note (1) La rémunération des stakhanovistes relève également dit système de primes. Ceci explique que les dépassements des normes de production par les stakhanovistes n’entraînent pas, comme on pourrait le croire à première vue, un processus de déflation. Ils sont, en effet, rémunérés par des primes d’un montant plus que proportionnel à l’accroissement de leur rendement, et ceci engendre, au contraire, un écart inflatoire.

page 471 note (1) Cfr CH. Bettelheim, Les problèmes théoriques et pratiques de la planification, Paris, 1946, p. 79; L’économie soviétique, Paris, 1950, p. 165 et sv. L’adaptation nécessaire du salaire au rendement résiilte ici de la logique interne du système, axé sur la théorie de la valeur-travail. Comme l’exprime K. Marx: « chaque producteur reçoit de la société un bon constatant qu’il a fourni tant de travail défalcation faite du travail effectué pour le fonds collectif et, avec ce bon, il retire des stocks sociaux une quantité d’objets de consommation correspondant à la valeur de son travail. Le même quantum de travail qu’il a fourni à la société sous une forme, il le reçoit d’elle sous une autre forme. » Critique du programme de Gotha, p. 23, cité par CH. Bettelheim, Les problèmes théoriques et pratiques de la planification, p. 189.

page 472 note (1) Les économistes soviétiques présentent la fixation des prix comme généralement reliée aux coûts, qui, avec l’impôt sur le chiffre d’affaire et les profits, forment une des trois bases de principe de l’établissement des prix. Leur détermination s’est toutefois montrée très longtemps fort empirique et sans rapport précis avec les coûts. Depuis quelques années, on relève le souci de l’établissement d’un calcul de coûts plus rigoureux. Dans cette perspective les coûts deviennent une indication importante dans la fixation des prix; la nécessité absolue d’une proportionnalité ne s’impose toutefois pas. Ceci se rattache à l’absence d’une notion de rareté et d’un calcul économique proprement dit en économie soviétique. Cfr P. WILES, Soviet Economics, Soviet Studies, vol. IV, October 1952, p. 133.

page 472 note (2) Comme l’exprime CH. BETTELHEIM, L’économie soviétique, p. 223 «… les salaires ne sont pas fixés en prenant uniquement en considération la productivité du travail individuel mais en prenant aussi en considération la production d’objets de consommation dont il est nécessaire d’assurer l’écoulement ».

page 473 note (1) Lorsque des progrès techniques sont réalisés, l’autorité aura par conséquent le choix entre deux politiques: imputer au bénéfice du travail, sous forme d’une hausse de salaire correspondante, l’accroissement du rendement, ou maintenir les salaires inchangés et transférer au fonds d’accumulation les bénéfices réalisés. Concrètement des combinaisons intermédiaires, impliquant le transfert au fonds des salaires d’une proportion plus ou moins étendue du bénéfice réalisé, seront généralement appliquées.

page 474 note (1) Il faut distinguer ici la liberté dans le choix du type de profession de celle du choix de l’endroit où cette profession sera exercée, la situation en U.R.S.S. scindant précisément les deux conditions dans certaines circonstances de pénurie de main-d’œuvre. 1,’hypothèse de la liberté d’occupation intégrale implique toutefois que toutes deux soient simultanément réalisées.

page 474 note (2) M. Iampolski, Planirovanie trouda, (la planification du travail), Planovoie Khoziaistvo (Economic planifiée), 1951, n° 5, pp. 90.

Cfr CH. BETTELHEIM, Les problèmes théoriques et pratiques de la planification, Paris, 1946, p. 81 et sv., La planification soviétique, Paris, 3e édition, 1945, pp. 216-217.

page 475 note (1) Cfr H. Schwartz, Soviet Labor Policy, 1945-1949, The Annals, May 1949, The Soviet Union since World War II, p. 73 et sv.

page 475 note (1) A. Batchourin, O rentabielnosti v sotsialistitcheskoï promychlenosti, (De la rentablilité dans l’industrie socialiste), dans Voprosi Ekonomiki (Problèmes économiques), n° 4, avril 1953, p. 46.

page 477 note (1) L’argument de ce chapitre se rattache au chapitre XX, titre 3 des Mouvements économiques généraux, du Professeur L,.-H. Dupriez. Citons en particulier le passage suivant: «… Mais les économies à direction centralisée n’échappent pas à des difficultés d’écoulement de leurs produits lorsqu’elles s’approchent de l’équilibre de la production… En effet, dans toute la mesure où une certaine liberté est laissée aux individus de choisir leurs consommations, les courants individuels de marchandises ne sont plus régulièrement écoulés aussitôt qu’il n’y a pas un fort excédent de demande effective: ce fait est inéluctable dès le moment où une demande globale simplement suffisante ne garantit plus que les divers produits offerts en vertu de décisions de l’autorité centrale seront demandés à leurs prix courants par les détenteurs de pouvoir d’achat. Il doit exister ainsi, à l’approche de l’équilibre, des phénomènes semblables aux étranglements (mais de nature différente), qui créent des difficultés au régime de direction centralisée, dès le moment où la demande effective ne, dépasse pas sensiblement la production courante. » L.-H. DUPRIEZ, Des Mouvements économiques généraux. Louvain. 2e ed., 1951, t. II, p. 477.

page 478 note (1) Nous avons précisé dans l’introduction que l’écoulement de la production doit se faire, selon les exigences propres du système, au rythme fixé par le plan. Il ne suffit pas que la production soit écoulée, elle doit l’être avant l’échéance fixée.

page 478 note (2) Quoiqu’en principe, une situation dans laquelle la monnaie perdrait sa valeur puisse être distinguée du rationnement intégral, les deux cas ont ceci de commun, que la monnaie perd sa valeur au cours de la période, soit qu’elle ne puisse d’aucune façon être utilisée dans l’avenir, soit qu’aucune marchandise n’y corresponde. La monnaie qui ne peut être utilisée dans une période ultérieure perd toutes les fonctions monétaires; celle qui n’a pas été utilisée dans le cas du rationnement intégral ne garde, dans une période ultérieure à celle de sa réception, que la seule fonction de numération sans qu’une possibilité d’achat y corresponde.

page 480 note (1) Nous rappelons que nous entendons par valeur globale de la production des biens de consommation leur valeur au sens comptable du terme, c’est-à-dire les quantités multipliées par les prix. Ceci n’implique aucun jugement concernant la valeur de la production des biens de consommation au sens économique du terme. En particulier, la validité de la théorie de la valeur-travail n’est pas mise en cause.

page 480 note (2) Les économistes soviétiques ont étudié un phénomène appelé par eux « endettement généralisé », qui présente les mêmes effets qu’une déficience générale du pouvoir d’achat par rapport aux marchandises, mais limités à certains secteurs particuliers. Les différentes unités de production étant liées entre elles par un système de créances réciproques, le non-paiement d’une dette à l’échéance fixée compromet la solvabilité des créditeurs eux-mêmes. La situation d’insolvabilité se généralisant entraîne une véritable crise de paiement. On peut se rendre compte des effets qui résulteraient d’un écart déflatoire si des phénomènes du genre de l’endettement généralisé surgissent déjà dans une économie manifestant nettement un écart inflatoire.

page 481 note (1) Lorsque nous parlons d’équilibre immédiat ou instantané nous indiquons par là une adaptation de l’offre à la demande ne nécessitant pas de marchandages intermédiaires.

page 481 note (2) O. Lange, On the Economic Theory of Socialism. Oxford University Press, 2nd ed., 1948, pp. 57 et sv.

page 482 note (1) L. Walras, Eléments d’économie politique pure, Paris, 1952, 6e leçon, p. 65; 20e leçon, p. 214-215; 24” eçon, p. 258-260.

W. PARETO, Cours d’économie politique, Lausanne, 1897, vol. 11, p. 364 et sv.

page 482 note (2) B. Barone, Le ministère de la production dans un état collectiviste, dans L’économie dirigée en régime collectiviste, Paris, 1939, Appendice A, p. 245 et sv.

F. TAYLOR, The Guidance of Production in a Socialist State dans On the Economic Theory of Socialism, Oxford University Press, 2nd ed., 1948, p. 41 et sv.

O. LANGE, Op. cit.,

Cfr également: M. H. DOBB, Economic Theory and the Problem of a Socialist Economy, Economic Journal, vo. XLHI, dec. 1933 Political Economy and Capitalism, London, 1937.

J. MILLER, A Political Economy of Socialism in the Making, Soviet Studies, vol. IV, April 1953, en particulier pp. 420-422, p. 429 et 430-431; Budgetary Control in Soviet Factories, Soviet Studies, vol. II, July 1950, pp. 94 et sv.

page 483 note (1) L. von MISES, Le calcul économique en régime collectiviste dans L’économie dirigée en régime collectiviste, Paris, 1939, p. 93 et sv.

F. A. HAYEK, Nature et historique du problème, Op. cit., pp. 203 et sv.

L. C. ROBBINS, The Great Depression, London, 1934, pp. 151 et sv.

page 483 note (2) Il est préférable de parler du rythme de l’écoulement de la production plutôt que des surplus ou déficits de production en fin de période. Ceux-ci ne sont qu’une des manifestations de l’écoulement non rythmique. Comme nous l’avons indiqué dans l’introduction, il faut non seulement que la production soit entièrement liquidée en fin de période, mais qu’elle le soit au rythme voulu. En outre, les périodes de production pour les différents biens ne coïncident pas nécessairement et il est malaisé, si certains processus sont en cours, de déterminer exactement les excédents ou déficits de production. Aussi le critère adéquat est-il la correspondance de l’écoulement au rythme prévu par le planificateur. Sur ce point, nous complétons l’argument de Lange, qui n’indique comme critère de l’adaptation de la production à la demande que l’existence, en fin de période, d’excédents ou déficits de production.

page 484 note (1) Cfr CH. Bettelheim, L’économie soviétique, p. 41, « …c’est finalement à travers le marché que les consommateurs ont la possibilité de « ratifier » ou non le plan de production des objets qui leur sont destinés. C’est le rôle de « baromètre des besoins » joué par le marché que l’économiste soviétique Bronsky définit lorsqu’il déclare: « La demande des consommateurs permet de contrôler la justesse du plan de production et des prix; par leurs achats, les consommateurs expriment leur volonté et leurs suggestions… Dans ce sens, le marché soviétique peut influencer le prix des marchandises et réagir sur la production ». BRONSKY, La monnaie et la circulation des marchandises en U.R.S.S., Revue économique internationale, juillet 1937, p. 83.

page 485 note (1) G. Mackenroth dans son article Sozialistische Wirtschaftsverfassung» Weltwirtschaftliches Archiv, 1949, Bd 63, Heft 2, pp. 205 et sv. pose le même problème. Il estime que si l’équilibre entre les revenus et la valeur globale des biens de consommation ne peut être atteint, un système d’adaptation des prix en courte période rendra possible l’écoulement. Dans ce cas, exclu par hypothèse dans notre étude qui suppose les prix fixes en courte période, l’égalité entre les deux circuits permettrait l’écoulement de la production des biens de consommation.

page 485 note (2) On constate qu’en fait en U.R.S.S. la révision des normes de production ne s’est faite qu’en un seul sens. On a tenté d’augmenter la production dans les branches où se manifestent des déficiences, sans compenser ce mouvement par un diminution de la production dans les branches où l’on constate un excédent de stocks. Toute augmentation de la production est considérée comme souhaitable, sans attention particulière pour une politique de compensation des accroissements de production par des diminutions dans les branches où les excédents se manifestent.

page 486 note (1) CH. Bettelheim, Les problèmes théoriques et pratiques de la planification, p. 192, utilise dans un autre contexte le terme de contrainte à la consommation. Il semble convenir également pour couvrir le phénomène que nous étudions ici.

page 487 note (1) Ce point de vue est exprimé par NOTKINE, Otcherki teorii sotsialistit-cheskovo vosproïzvodsta (Notions de la théorie de reproduction socialiste), Ogiz, 1948, p. 188, de la façon suivante: « La croissance de la masse des revenus en argent de la population est le résultat de l’accumulation socialiste. Mais étant le résultat du volume d’accumulation déjà réalisé et du développement de la sphère non productive, la croissance des revenus en argent de la population peut dépasser dans une certaine mesure la croissance du fonds de consommation et l’échange des marchandises possible, étant donné la capacité des facteurs de production, le volume d’accumulation des moyens de production et les dépenses nécessaires pour assurer la défense ».

STAUNE, Voprosy Leninizma, (Questions du Léninisme), Ogiz, 1948, 10e ed. p. 379 fait également allusion au rôle de l’écart inflatoire dans l’expansion du système soviétique: « La croissance du secteur socialiste pour autant qu’elle conduise à l’amélioration de la situation matérielle de la classe ouvrière, équivaut à un accroissement de la capacité d’absorption du marché intérieur et à l’augmentation de la demande des travailleurs et paysans pour les produits industriels. Cela signifie que la croissance du marché intérieur devance le développement de l’industrie, incitant celle-ci à s’élargir continuellement.

page 489 note (1) En commentant la conception soviétique de l’écart inflatoire, nous avons précisé au chap. 1 que l’origine de l’écart inflatoire peut être strictement monétaire: accroissement des revenus par rapport au volume des marchandises, ou non monétaire: diminution du volume des marchandises par rapport aux revenus.

page 489 note (2) Les hausses de salaire suivant une hausse du niveau des prix dans les marchés libres et à prix fixes, ou dans l’un des deux, ne s’appliqueront généralement qu’à une partie des travailleurs, réalisant de la sorte ime rerépartition des biens de consommation en diminution et une augmentation relative du niveau de vie des ouvriers favorisés. Ceux-ci, conformément à ce que nous avons expliqué au chap. II seront généralement des ouvriers au travail dans les industries lourdes.

page 489 note (3) Il s’agit d’un parallélisme relatif et non absolu.

page 489 note (1) Pour le lecteur n’ayant pas connaissance du système soviétique, précisons qu’il serait erroné de croire que la plus-value y est attribuée directement et intégralement au travailleur; tout comme dans un système non marxiste, elle est prélevée sur sa rémunération. Servant à constituer le fonds de réserves destiné aux nouveaux investissements et aux remplois, les économistes soviétiques la considèrent comme bénéficiant indirectement aux travailleurs.

page 489 note (2) Le moment choisi pour introduire les baisses de prix du type de celle que nous constatons ces derniers mois n’est jamais étranger à un raffermissement du régime aux yeux de l’opinion publique. Il importe de distinguer à ce propos la possibilité de la baisse des prix comme telle, résultant de la déflation opérée depuis 1945 et de la réforme monétaire du 13 décembre 1947, et du moment choisi par l’autorité pour l’exécuter, dépendant de motifs d’ordre politique. Lorsque la situation a été épurée par une réforme monétaire, l’autorité peut, dans un régime planifié en différer certains effets qui, dans une économie de marché, en résulteraient spontanément. Vue dans cette perspective, la baisse des prix de ces derniers mois n’infirme pas notre thèse, mais vient la confirmer: elle exprime l’épuration d’une situation autérieure fortement inflationnée.

page 493 note (1) S. Guenin, Ob otsenke valovoi prodouktsii promychlenosti v sopostavimykh optovykh tsenakh (De l’évaluation de la production industrielle en prix de gros comparés), Vestnik Statistiki (Courrier statistique), 1952, n° 2, p. 34, s’exprime de la façon suivante: « A partir du premier janvier 1949 la planification de la production industrielle en prix inchangés 1926-27 fut remplacée par la planification en prix de gros courants… »

Ce passage est considéré comme étant rationnel et possible grâce à la réforme des prix de gros entreprise le 1er janvier 1949.

« L’importance de cette réforme consiste en une liquidation de principe du système de dotation d’Etat au bénéfice de certains secteurs de l’industrie lourde et des transports ».

« Cette politique de dotations résultait de la rupture entre les prix de revient qui avaient augmenté au cours des années de guerre et le niveau des prix établi en 1940 et qui est resté inchangé pendant les années de guerre ». Ajoutons à ceci que les prix des biens de production ont été fortement haussés en 1949 pour permettre aux entreprises de redevenir rentables et absorber l’écart inflatoire.

page 494 note (1) Les prix inchangeables 1926-27 ne sont utilisés que pour l’établissement des indices de production industrielle, de production agricole, de productivité du travail et de revenu national. Pour l’établissement d’autres séries les prix de 1932 et de 1933 sont pris comme base. Les transports, la construction, les budgets etc. sont exprimés en prix courants. Depuis 1940 on a substitué partiellement aux prix inchangés le système des prix comparés.

page 494 note (2) Jasny fait observer (The Soviet Price System, p. 100) que dans le plan de 1941, malgré l’inflation considérable, les coûts de production des machines sont quasiment égaux à leur valeur en « prix inchangeables 1926-27 ». Ceux-ci, selon les estimations, seraient surévalués de 50 %. Un autre exemple suggestif cité entre beaucoup d’autres: le camion GAZ-AA, dont le prix fixe se situe au-dessus de 11.000 roubles a une coût de production de 4.983 roubles en 1933 et de 3.388 roubles en 1936…

Les déviations des indices de production en termes monétaires basées sur les prix de 1926-27 diffèrent selon les époques. Jasny (The Price Soviet System) en a établi le tableau suivant:

On consultera également: A. BERGSON, Soviet National Income and Product in 1937, Quarterly Journal of Economics, vol. LXIV, May & August 1950, p. 208-41 et 408-41.

H. Schwartz, Op. cit.

M. Dobb, Soviet Economic Development since 1917, London, 1948.

page 495 note (1) N. Voznessenski, L’économie de guerre de L’U.R.S.S., Paris, 1948, p. 125.

page 495 note (2) Cfr Ch. Bettelheim, L’économie soviétique, pp. 335 et sv.