Depuis notre Bulletin d'avril 1915, le Comité international a continué à faire paraître les Documents publiés à l'occasion de la guerre de 1914–1915.

Tout d'abord la 1re série (Rapports de MM. Naville, van Berchem, de Marval et Eugster) a paru en allemand, à la demande de la Croix-Rouge allemande.

A l'occasion de la guerre européenne, il a surgi des croix rouges de toute espèce de formes, soit sur cartes postales, soit sur papier à lettres.

Nous avons déjà traité cette question en marquant la sagesse des fondatours de la Croix-Rouge, qui se sont abstenus de fixer une forme déterminée. Mais nous n'avons pas en l'occasion de reproduire l'arrêté fédéral qui fixe, lui, la forme que doit avoir la croix blanche sur fond rouge qui constitue les armoiries de la Confédération suisse. On sait, en effet, que c'est par interversion de l'armoirie de la Suisse, que la croix rouge sur fond blanc a été adoptée. L'article 18 de la Convention de Genève du 6 juillet 1906 ne dit-il pas: « Par hommage pour la Suisse, le signe héraldique de la « croix rouge sur fond blanc, formé par interversion des « couleurs fédérales, est maintenu comme emblème et « signe distinctif du service sanitaire des armées. »

L'Agence internationale des prisonniers de guerre, au cours des trois derniers mois, a continué, à fonctionner de façon normale et régulière, sans que, à part les quelques questions que nous toucherons plus loin, aucun fait saillant ou de capitale importance soit venu marquer sa marche ou jalonner le cours de son travail.

Lors de la constitution, en décembre 1914, du Comité central de secours à la suite de la visite de MM. Ador et Ferrière à Berlin, MM. von Kœrner et Dr Springer avaient été délégués à ce Comité comme représentants de la Commission allemande des prisonniers (Abteilung für Gefangenenfürsorge).

La visite que les membres du Comité international ont faites aux camps de prisonniers en Autriche-Hongrie, fera l'objet d'un rapport officiel qui sera publié dans la série des Documents. En attendant le compte rendu ci-dessous, qu'ils ont bien voulu faire pour le Bulletin, intéressera nos lecteurs.

La remarque que nous faisions au début de l'article paru dans notre numéro d'octobre 1914 sous ce même titre, a encore toute sa valeur: au milieu du déchaînement de la guerre, de l'acharnement d'une lutte dont les péripéties ne sont que très inexactement connues, comment serait-il possible d'être exactement renseigné sur l'action des Sociétés de la Croix-Rouge, entièrement absorbées qu'elles sont, au moins dans les Etats belligérants, par l'assistance qu'elles doivent fournir au service sanitaire.

Nous publions ici in extenso le rapport qui nous a été envoyé par le Comité central de secours de Berlin, sur sa visite faite en février et mars 1915, à plusieurs camps de prisonniers en Allemagne. Le rapport du délégué du Comité international, M. A. Eugster, paraît à part, en français et en allemand, dans la 2e série des Documents publiés à l'occasion de la guerre de 1914–15.

Le 11 janvier 1915, le Gouvernement allemand a fait publier, par l'agence Wolff, une réfutation des allégations françaises.

L'empereur d'Autriche a conféré au commissaire impérial et royal et président de la Croix-Rouge autrichienne, Rodolphe comte Traun, la plus haute distinction qu'on puisse donner en temps de guerre: l'étoile de mérite.

Cette importante publication, due aux soins du Comité central allemand, illustrée de 607 gravures, commence par une allusion au cinquantenaire de la Croix-Rouge. Se référant en grand ouvrage publié en 1913 par la Croix-Rouge allemande, l'auteur rappelle le développement considérable pris par l'institution pendant ces cinquante premières années. En 1912, la Croix-Rouge allemande embrassait 3,116 organisations avec 255,506 membres, sans compter les 2,670 sociétés de dames (Frauenvereine) avec 682,093 membres. Dans la préface le Dr Kimmle, le secrétaire général de la Croix-Rouge allemande, retrace rapidement les occasions dans lesquelles la Croix-Rouge a été appelée à porter secours, guerres, expéditions, calamités civiles, et il justine cette intervention largement conçue, tant au point de vue humanitaire qu'à celui des expériences précieuses que la Croix-Rouge rassemble ainsi pour elle-même et pour son propre développement. Il caractérise la Croix-Rouge comme une œuvre nationale, conduite par un état-major éclairé et consacré, et inspirée par l'amour du prochain et de la patrie: In necessariis unitas, in dubiis libertas, in omnibus caritas.

La tâche entreprise par le Comité international, et dont nous avons essayé de décrire les commencements, s'est poursuivie jusqu'à aujourd'hui selon les mêmes lignes et avec les mêmes bienfaisants résultats. Et si elle s'est en quelque sorte canalisée, si de multiples questions soulevées dès le début se sont résolues, cette œuvre de pitié humaine n'est pas près de s'arrêter. Elle ne cessera qu'avec la fin des misères qu'elle cherche à atténuer, c'est-à-dire quand les prisonniers auront été rendus à la liberté.

Se conformant au mode de faire suivi dans les précédentes guerres, la Croix-Rouge allemande composa une expédition sanitaire pour coopérer au soin des blessés et malades de l'armée turque du Caucase. Ce détachement fut placé sous la direction du médecin d'état-major Dr Colley, et composé de 5 médecins, de 6 membres de l'Association des infirmiers volontaires et de 6 sœurs de la Croix-Rouge. L'expédition partit le 21 décembre 1914; après les préparatifs nécessaires à Constantinople, elle quitta cette ville le 9 janvier 1915 et, après diverses péripéties, s'installa à Ersinghian, — ville de 60,000 habitants, — dans un bâtiment d'administration facilement convertible en hôpital. En mars et avril, deux pavillons furent aménagés, après de longues difficultés, notamment au point de vue de l'obtention du matériel nécessaire, l'un pour les opérations chirurgicales, l'autre pour les maladies infectieuses et le laboratoire d'hygiène. 240 malades purent bientôt être recueillis et soignés; ce chiffre s'éleva jusqu'à 300, les locaux disponibles ne permettant pas d'en héberger un plus grand nombre.

Il est impossible, dans le feu de l'action, de donner même un aperçu quelque peu général de l'activité déployée par les Croix-Rouges en faveur de leurs blessés nationaux. On sait qu'elles travaillent à l'envi à atténuer les misères des armes et de la guerre. Nous devons nous borner à glaner dans les journaux quelques faits ou quelques chiffres isolés.

Le Comité Central de Berlin a mis récemment en circulation une voiture automobile électrique pour le transport des malades et blessés. C'est une des premières qui circule. Elle a l'avantage d'épargner la benzine et, destinée à rouler dans la ville de Berlin, elle permet le transport de 8 blessés couchés et de 10 hommes légèrement blessés. A la rigueur même et en cas de besoin, 20 à 24 malades ou blessés peuvent être transportés à la fois. Elle est chauffée électriquement et marche à une vitesse moyenne de 18 à 20 kilomètres.

M. le comte Traun, président de la Croix-Rouge autrichienne et le Dr Max. Richter, ont fait, en décembre 1914, un voyage d'étude à travers l'Allemagne en vue d'en observer les institutions sanitaires et notamment les œuvres de la Croix-Rouge. Ils visitèrent Berlin, Cologne, Aix, Liège, Namur, Dinant, constatèrent les nombreux villages rasés au niveau du sol, parcoururent enfin Dinant, Saint-Quentin, Lecateau et se rendirent compte ainsi de l'organisation générale de l'assistance volontaire en Allemagne.

Le 15 mai 1915, la Croix-Rouge de la République Argentine a tenu son assemblée générale annuelle. Son président. M. Virasoro, a fait ressortir dans son discours que l'année 1914, peu prospère au point de vue économique, a été, par contre, une période de travail et d'élévation morale.

Nous sommes heureux de pouvoir, grâce à l'obligeance de Mme la Comtesse d'Assche, donner à nos lecteurs les indications fort intéressantes qui suivent, sur l'activité de cette Agence.

Jamais la Société autrichienne ne s'était trouvée en présence d'une tâche pareille à celle que la guerre a placée devant elle; et jamais elle n'eût réussi à l'accomplir sans le concours généreux de toute la population.

« Au Comité international de la Croix-Rouge à Genève,

« Par circulaire no 163 du 15 janvier 1915, le Comité international a fait connaître une série de principes qui devraient réglementer le traitement des prisonniers dans tous les Etats belligérants.

Un des résultats de la visite de MM. Ador et Ferrière à Berlin a été l'organisation, en Allemagne, comme cela avait été proposé aussi en France, d'un grand Comité de secours pour la distribution d'envois collectifs aux prisonniers. Il ne s'agissait pas d'agir d'un côté seulement: la Réciprocité, déesse implacable et inflexible, la seule à laquelle, en cette guerre, un culte général et servile ait été rendu, l'eut inexorablement empêché.