Le Comité central suisse était convoqué pour le 3 mai dernier à Berne, afin d'arrêter l'ordre du jour de l'assemblée annuelle des Délégués fixée au 26 juin.

L'objet le plus important des délibérations était la proposition du Département de l'Instruction concernant la création, par la Croix-Rouge suisse, d'une école d'infirmières à Berne. Le rapporteur, Dr Sahli, rend compte des pourparlers engagés avec le Dr Lanz, propriétaire de l'hôpital Lindenhof à Berne, il donne connaissance du projet auquel le Département s'est arrêté après inspection des lieux.

Le compte rendu de la Société néerlandaise mentionne d'abord la nomination, comme membre du Comité supérieur, de M. le colonel H. van Lokhorst, ancien chef du service sanitaire aux Indes néerlandaises, et celle, comme membre honoraire de la Société, de M. D. Polak Daniels, docteur en droit, membre du Comité supérieur depuis son origine, soit depuis 1867, et sou trésorier durant vingt-cinq ans.

Une circulaire du Département militaire du 18 mai dernier a appris à tous les chefs militaires auxquels les journaux n'en avaient pas déjà apporté la nouvelle, la mort du colonel Dr Adolf Ziegler, médecin en chef de l'armée fédérale.

Né à Berne en 1833, il s'était de bonne heure senti attiré par l'administration sanitaire, et lorsqu'en 1876 le Dr Schnyder, le premier chef d'arme des troupes sanitaires fédérales, épuisé par la tâche de réorganisation du service de santé, à laquelle il avait voué toutes ses forces, dut donner sa démission, le Dr Ziegler se trouva naturellement désigné pour le remplacer et revêtir ces fonctions de médecin en chef de l'armée. Il eut le mérite de poursuivre l'œuvre commencée par son prédécesseur et d'exécuter cette réorganisation sanitaire avec l'énergie et la ténacité qui faisaient le fond de son caractère.

La Croix-Rouge russe a publié un compte rendu des secours organisés par elle lors de la famine occasionnée dernièrement par l'absence de récoltes. Elle appela d'abord à son aide, pour recueillir des dons, toutes les institutions locales qui se montraient sympathiques au but poursuivi. L'organisation des secours fut confiée aux succursales de la Croix-Rouge, qui établirent des dépôts et des institutions alimentaires là ou la nécessité de l'assistance paraissait devoir se prolonger. La Société prit des mesures aussi pour faire face à toute épidémie qui pourrait éclater parmi les affamés.

L'exposition de la Croix-Rouge qui s'est ouverte à Berlin le 1er octobre dernier avait, dans l'essprit des organisateurs, pour but principal de représenter de la façon la plus concrète possible le chemin parcouru par le blessé du champ de bataille jusqu'à sa patrie.

Ce brancard a été construit par M. le Dr Henggeler plus particulièrement pour le transport en pays de montagnes. On a proposé pour ce but bien des systèmes de litières, mais aucune ne répond d'une manière suffisante aux besoins. Les conditions spéciales qui résultent du transport dans les chemins et passages montagneux ne comportent pas plus un maniement tant soit peu commode des brancards habituels qu'elles ne permettent l'emploi d'un nombre limité de porteurs.

A l'occasion de l'anniversaire de la naissance de l'impératrice, haute protectrice des Sociétés de la Croix-Rouge, l'empereur Guillaume a institué, en reconnaissance de l'importance de ces Sociétés et des éminents services rendus par elles, une décoration nouvelle, consistant en une médaille de bronze, d'argent ou d'or qui sera donnée en récompense de prestations exceptionnelles au service de la Croix-Rouge.

La conférence dite de désarmement, dont le tsar a pris l'initiative mais dont le sort est encore incertain au moment où nous livrons ces lignes à l'impression, mérite d'attirer l'attention de la Croix-Rouge, car, au nombre des points qui, aux termes de la circulaire du comte Mouraview, du 11 janvier 1899 (n. s.), doivent faire partie de son programme, il en est qui concernent la Convention de Genève. Ce sont les nos 5 et 6 ainsi conçus:

« 50 Adaptation aux guerres maritimes des stipulations de la Convention de Genève de 1864, sur la base des articles additionnels de 1868.

Il s'est fondé en 1897 en Uruguay, à la veille d'une guerre civile qui était sur le point d'éclater, une Société de dames, lesquelles se sont donné pour tâche de suppléer dans la mesure du possible à l'insuffisance, on pourrait presque dire à l'inexistence du service sanitaire officiel. Elles s'appelèrent du nom de «Croix-Rouge des dames chrétiennes», adoptèrent comme emblème une croix rouge sur fond blanc, et se mirent immédiatement à l'œuvre pour rassembler des fonds, des vêtements et du matériel, et arriver à la fondation d'hôpitaux et de postes de secours, ainsi qu'à la création dans tout le pays de sections de province.

Dans sa séance da 18 octobre 1898, le Comité central suisse a entendu le rapport du secrétaire central, Dr Sahli, sur son projet, déjà développé dans un article de Das Rothe Kreuz, d'organiser dans tout le pays une assistance professionnelle des malades en temps de paix. Les conclusions du rapporteur tendant à ce que l'étude de cette question soit remise au Département de l'instruction, renforcé d'un délégué de la Suisse romande, avec la tâche de présenter un rapport à fin janvier et de s'entendre avec la Société de Dames en vue d'un travail commun, sont unanimement adoptées.

Cette belle publication, ornée des portraits de l'empereur et de l'impératrice régnants, ainsi que de ceux des empereurs Alexandre II et Alexandre III, et de quelques membres de la famille impériale de Russie, contient, en outre, de nombreuses vignettes, des vues du Caucase et des reproductions de quelques œuvres d'art faisant partie d'une collection nouvellement installée dans un des palais impériaux de Saint-Pétersbourg, et portant le nom de « Musée de l'empereur Alexandre III ».

La Conférence de la Paix a provoqué la publication de deux brochures qui traitent de l'extension des principes de la Convention de Genève à la marine et de l'activité maritime de la Croix-Rouge.

Les deux auteurs, aussi distingués qu'érudits, sont loin d'arriver à des conclusions semblables.

Le premier objet à l'ordre du jour de la séance du Comité central suisse du 3 février dernier était le projet d'entente entre la Croix-Rouge et la Société d'utilité publique de Dames. Cet accord s'est conclu sur les bases suivantes: la Société de Dames adhère à la Société centrale suisse de la Croix-Rouge, tout en conservant son organisation indépendante. Elle s'engage, en temps de paix, à travailler dans l'intérêt de la Croix-Rouge, nolamment en formant un personnel sanitaire, en fondant une association de garde-malades volontaires des deux sexes, enfin en soutenant l'organe de la Croix-Rouge. En temps de guerre, elle met son personnel et son matériel à la disposition du Comité central. Les relations entre les deux Sociétés s'établiront par communication a la Croix-Rouge des publications de la Société de Dames, par invitation à l'assemblée générale de cette dernière et aux examens finaux des cours subventionnés par la Croix-Rouge. Enfin chacune des deux Sociétés possède une représentation dans le Comité de l'autre, et la Société de Dames a le droit d'envoyer deux membres sur mille à l'assemblée des Délégués de la Croix-Rouge.

Le nouveau rouage, qui, comme on sait, sert d'organe central, non seulement à la Croix-Rouge suisse, mais aussi à l'Association samaritaine et à la Société sanitaire militaire, a commencé à fonctionner en mai 1898, et son premier rapport rend compte de son activité pour la période de huit mois, s'étendant du 1er mai au 31 décembre 1898.

Le 22 janvier est mort à Bâle le professeur Auguste Socin, membre, pendant de longues années, du Comité central de la Croix-Rouge suisse. Né à Vevey en 1837 d'une vieille famille originaire de Bâle, et porteur d'un nom justement respecté, il se lança de bonne heure dans les études médicales, vers lesquelles il se sentait irrésistiblement attiré, se spécialisant bientôt dans la chirurgie, pour laquelle il avait des aptitudes remarquables. Il fut appelé dès 1862 à professer cette branche à l'Université, et acquit vite une légitime notoriété. En même temps praticien distingué et opérateur d'une sûreté de main magistrale, il vit rapidement sa réputation grandir, se répandre à l'étranger, et les fonctions les plus brillantes lui être offertes; mais il les refusa toujours pour rester dans la ville de ses pères. D'un grand cœur, il a toujours fait preuve d'une inépuisable bonté; aussi ses malades, pour le soulagement et le réconfort desquels aucun sacrifice n'était trop grand, le chérissaientils à bon droit. C'est à cette bonté, alliée à une haute valeur morale, à une générosité de caractère et un désintéressement à toute épreuve qu'il dut la popularité, la confiance et l'affection générales dont il était entouré.

Conformément à ses statuts, la Société wurtembergeoise doit publier tous les deux ans un compte rendu de son activité. Le dernier rapport ayant paru en 1895, c'est en 1897 que le suivant devait voir le jour; s'il vient seulement de paraître en 1898, c'est que le Comité attendait la solution d'importantes questions pendantes pour pouvoir en donner un aperçu à ses lecteurs.