Sir Thomas Longmore, dont nous n'avons pas à apprendre à nos lecteurs la haute compétence en matière de chirurgie militaire, a eu l'obligeance de nous adresser une note sur la grave question soulevée à Vienne par M. le professeur Billroth, et dont nous avons parlé dans notre dernier Bulletin. Avec l'autorisation de l'auteur, nous reproduisons ici ses considérations qui ont, du reste, déjà été publiées par lui dans le British medical Journal du 5 mars dernier.

La Société hongroise de la Croix-Rouge a adopté de nouveaux statuts, qui ont reçu, le 12 septembre 1891, l'approbation de S. M. l'empereur-roi, et qui, tout en complétant ceux que nous avons résumés dans le Bulletin no 49 (janvier 1882, p. 53), les modifient sur plusieurs points.

Le titre de la Société est: Société de la Croix-Rouge dans les pays de la sainte couronne de Hongrie. Son siège est à Budapest.

La Neue freie Presse de Vienne nous apprend qu'au commencement de cette année un essai d'éclairage électrique pour les champs de bataille a été fait à Budapest, sous la direction de M. le baron Mundy. Deux réflecteurs, fonctionnant au moyen d'accumulateurs de 80 ampères, ont été mis en action. Soixante médecins figuraient le personnel sanitaire, répartis dans deux ambulances volantes complètement installées, pour lesquelles deux grandes tentes avaient été dressées. Huit voitures d'ambulance attelées et 70 civières servaient de matériel de transport, et 120 soldats représentaient les blessés. L'éclairage a été très satisfaisant et toute l'expérience a parfaitement réussi.

La présente livraison du Bulletin devant paraître au moment même où les sociétés de la Croix-Rouge de tous pays tiendront à Rome leur cinquième conférence générale, nous ne serons en mesure dp rendre compte de cette assemblée que dans le numéro du mois de juillet prochain. Ce que nous en pouvons dire aujourd'hui, c'est qu'elle s'annonce sous les meilleurs auspices. De nombreux délégués, soit des comités centraux, soit des gouvernements, sont annoncés comme devant y prendre part. Une réduction de 50% sur les tarifs ordinaires des chemins de fer italiens a été généreusement concédée pour faciliter leur voyage. Des rapports leur ont été distribués d'avance sur presque toutes les questions du programme, en sorte qu'ils ne seront pas pris au dépourvu et pourront voter en connaissance de cause. Le Comité central italien leur prépare une cordiale réception, et ne néglige rien de ce qui peut contribuer à la réussite de la session qu'il a bien voulu se charger d'organiser. Tout cela nous donne l'espoir que la conférence de Rome sera féconde en heureux résultats, et nous la saluons de loin, avec la ferme confiance qu'elle ne trompera pas notre attente.

L'Italie, longtemps en retard au point de vue de l'organisation du transport des blessés par chemins de fer, a prouvé, dans ces dernières années, qu'elle comprenait l'importance capitale de cet élément du service de santé en campagne.

Après diverses missions à l'étranger (Bellina, Cortese, etc.) où les systèmes les plus variés firent l'objet d'études approfondies, après de nombreux travaux, tels que ceux de Baroffio, Tosi, Gottardi, Di Fede, Randone, un règlement spécial sur la matière fut élaboré par le ministère de la guerre Bertole-Viale, et enfin agréé par S. M. le roi Humbert, en date du 24 novembre 1889.

Nous avons reçu plusieurs brochures traitant la question des Ecoles de Samaritains, leur création et leur fonctionnement dans le royaume d'Italie. L'auteur de ces diverses publications, le docteur Carlo Calliano, est directeur de la première école italienne populaire de secours d'urgence, instituée par le sous-comité régional de la Croix-Rouge à Turin.

D'après des renseignements parvenus au journal allemand le Kriegerheil, la Société japonaise de la Croix-Rouge compte actuelment environ 25,000 membres. Elle possède, gràce à la générosité de S. M. l'impératrice, un vaste hôpital récemment construit. Ce bàtiment, composé de deux étages ayant treize fenêtres de front, porte sur sa façade l'emblème de la Croix-Rouge. Derrière ce bàtiment, et reliés avec lui, se trouvent de longs pavillons à un seul étage, construits en forme de baraques; on en compte onze. L'inspecteur de cet hôpital est M. le Dr Hashimoto, conseiller de la cour et médecin général d'état-major à la suite de l'armée japonaise.

Nos lecteurs ont été déjà informés de l'organisation d'une ambulance de la Croix-Rouge portugaise, qui accompagnait l'expédition envoyée par le gouvernement royal dans le territoire de Manica (Mozambique), par suite du récent conflit diplomatique existant entre le Portugal et la Grande Bretagne.

Des nouvelles nous arrivent maintenant de Lisbonne à ce sujet, et nous nous empressons de les publier.

Une innovation assez intéressante vient d'être réalisée par la Société portugaise de la Croix-Rouge. Elle a obtenu de son gouvernement le bénéfice du port gratuit pour toute sa correspondance.

Voici la traduction de la loi par laquelle ce privilège lui a été accordé:

«Dom Luis, par la grâce de Dieu, roi de Portugal et des Algarves, etc:

«Faisons savoir à tous nos sujets que les Cortès générales ont décrété la Loi suivante que Nous sanctionnons:

«Art. 1. — Les lettres et les imprimés expédiés par la Société portugaise de la Croix-Rouge, se rapportant exclusivement aux sujets qui concernent le but spécial dont elle s'occupe, sont exemtés du paiement du port.

Une circonstance fortuite nous a révélé l'existence d'un récit qui nous a semblé de nature à intéresser nos lecteurs et que nous reproduisons ici. Il se rattache à deux des questions dont la Croix-Rouge s'est occupée et peut, à ce titre, prendre place dans son dossier. On y voit, en effet, un mode de transport improvisé, et un moyen pour la population locale de concourir à l'assistance des blessés après une bataille.

Cette section de la Société suisse fait tous ses efforts pour manifester et développer sa vitalité. Elle à malheureusement, comme plusieurs autres, à lutter contre l'indifférence du public, qui ne se laisse pas facilement entraîner par la propagande, cependant très active, que le Comité a faite. La section de Bâle se compose de 28 sociétés, qui ont payé 465 francs de cotisations, et de 1,033 particuliers, qui ont versé 3,807 fr. 25. Le nombre des membres a subi une légère diminution.

En Suisse, plus peut-être que dans d'autres pays, l'œuvre de la Croix-Rouge a trouvé dans les associations samaritaines de précieux auxiliaires. Ces associations, qui obtiennent des résultats immédiats et dont l'utilité est évidente, même en temps de paix, ont rencontré dans le public un accueil très sympathique; aussi ont-elles pris assez rapidement un développement considérable dans les principaux centres de population. La Croix-Rouge a bénéficié et bénéficiera encore dans une large mesure de ce succès, car, dans plusieurs cantons suisses, c'est la même association qui s'occupe à la fois des secours à donner aux victimes d'accidents et aux victimes de la guerre. Il ne peut résulter de cette fusion de deux œuvres sœurs que des résultats heureux, quand ce ne serait que de fournir, en temps de paix, un aliment à l'activité, parfois languissante, des sociétés de la Croix-Rouge et de préparer, pour le service de la Croix-Rouge, des auxiliaires expérimentés.