Nous avons brièvement relaté dans notre dernier Bulletin les vives attaques auxquelles l'armée anglaise et ses chefs avaient été en butte à propos du traitement infligé aux Derviches blessés pendant et après la bataille d'Omdurman. Tout en affirmant que les principes de la Convention de Genève devaient être strictement observés, même dans la lutte contre un état barbare non signataire de cet acte diplomatique, nous avons cependant, après avoir pris nos informations à bonne source, plaidé dans ce cas les circonstances atténuantes.

Le 2 janvier dernier, la reine de Grèce réunissait dans son palais quatre-vingts jeunes filles et infirmières qui avaient servi, pendant la guerre récente, dans les hôpitaux de la Croix-Rouge; elle voulait leur distribuer elle-même les médailles commémoratives qui doivent leur être un témoignage de la reconnaissance du pays, en même temps qu'une récompense des services rendus. Cette médaille en argent sera portée en guise de décoration; elle est retenue par un ruban de soie rouge, sur lequel figure une croix.

Nous avons reçu un fort important travail de statistique sanitaire militaire, de M. le Dr Augusto Zeri, directeur du bureau statistique à la direction du service sanitaire au ministère de la marine italienne. Cet ouvrage intitulé: Revue sanitaire des flottes et des troupes des principales nations d'Europe, nous semble destiné à attirer l'attention très spéciale des autorités sanitaires militaires, bien au-delà des frontières de l'Italie. On sait toute l'importance qu'a prise, ces dernières années, la statistique sanitaire, et les progrès énormes qu'elle a permis de réaliser dans plus d'un domaine de la santé militaire, ne fût-ce qu'en signalant les effets et en permettant, de ce fait, de remonter aux causes.

Les événements de la guerre turco-japonaise ont provoqué l'éclosion d'une nombreuse littérature, dont nous avons donné plusieurs aperçus à nos lecteurs.

Nous venons de recevoir un nouvel ouvrage, consacré à l'examen des questions de droit international que cette guerre a soulevées. Tandis que M. Ariga, dont l'ouvrage sur le même sujet a fait de notre part l'objet d'une analyse assez étendue, était, en qualité de conseiller jurisconsulte, attaché aux troupes sur terre, M. Takahashi, auteur de l'ouvrage que nous signalons et professeur à l'Université de Tokio, était adjoint comme conseiller légal à l'amiral en chef de la flotte japonaise. Il se trouvait en conséquence dans une excellente situation pour étudier les cas litigieux et les conflits de droit international qui pouvaient se produire. Son livre, écrit en anglais, est un exposé très clair de ces différents cas, dont la simple énumération dépasserait de beaucoup à elle seule le cadre de notre Bulletin, mais dont l'examen, fait par un esprit juridique et impartial, est certainement de nature à intéresser les spécialistes en la matière. Nous nous bornerons à en signaler deux qui touchent de pres la Croix-Rouge.

Le Dr Daae, dont les impressions sur la guerre gréco-turque ont fait l'objet d'un article dans notre dernier Bulletin, vient de publier une édition française de son opuscule; il nous en adresse obligeamment un exemplaire, en l'accompagnant d'une circulaire destinée aux membres de la conférence de désarmement qui, comme on sait, va se réunir à La Haye.

La Croix-Rouge russe a publié un compte rendu des secours organisés par elle lors de la famine occasionnée dernièrement par l'absence de récoltes. Elle appela d'abord à son aide, pour recueillir des dons, toutes les institutions locales qui se montraient sympathiques au but poursuivi. L'organisation des secours fut confiée aux succursales de la Croix-Rouge, qui établirent des dépôts et des institutions alimentaires là ou la nécessité de l'assistance paraissait devoir se prolonger. La Société prit des mesures aussi pour faire face à toute épidémie qui pourrait éclater parmi les affamés.

La conférence dite de désarmement, dont le tsar a pris l'initiative mais dont le sort est encore incertain au moment où nous livrons ces lignes à l'impression, mérite d'attirer l'attention de la Croix-Rouge, car, au nombre des points qui, aux termes de la circulaire du comte Mouraview, du 11 janvier 1899 (n. s.), doivent faire partie de son programme, il en est qui concernent la Convention de Genève. Ce sont les nos 5 et 6 ainsi conçus:

« 50 Adaptation aux guerres maritimes des stipulations de la Convention de Genève de 1864, sur la base des articles additionnels de 1868.

Cette belle publication, ornée des portraits de l'empereur et de l'impératrice régnants, ainsi que de ceux des empereurs Alexandre II et Alexandre III, et de quelques membres de la famille impériale de Russie, contient, en outre, de nombreuses vignettes, des vues du Caucase et des reproductions de quelques œuvres d'art faisant partie d'une collection nouvellement installée dans un des palais impériaux de Saint-Pétersbourg, et portant le nom de « Musée de l'empereur Alexandre III ».

Le premier objet à l'ordre du jour de la séance du Comité central suisse du 3 février dernier était le projet d'entente entre la Croix-Rouge et la Société d'utilité publique de Dames. Cet accord s'est conclu sur les bases suivantes: la Société de Dames adhère à la Société centrale suisse de la Croix-Rouge, tout en conservant son organisation indépendante. Elle s'engage, en temps de paix, à travailler dans l'intérêt de la Croix-Rouge, nolamment en formant un personnel sanitaire, en fondant une association de garde-malades volontaires des deux sexes, enfin en soutenant l'organe de la Croix-Rouge. En temps de guerre, elle met son personnel et son matériel à la disposition du Comité central. Les relations entre les deux Sociétés s'établiront par communication a la Croix-Rouge des publications de la Société de Dames, par invitation à l'assemblée générale de cette dernière et aux examens finaux des cours subventionnés par la Croix-Rouge. Enfin chacune des deux Sociétés possède une représentation dans le Comité de l'autre, et la Société de Dames a le droit d'envoyer deux membres sur mille à l'assemblée des Délégués de la Croix-Rouge.

Le nouveau rouage, qui, comme on sait, sert d'organe central, non seulement à la Croix-Rouge suisse, mais aussi à l'Association samaritaine et à la Société sanitaire militaire, a commencé à fonctionner en mai 1898, et son premier rapport rend compte de son activité pour la période de huit mois, s'étendant du 1er mai au 31 décembre 1898.

Le 22 janvier est mort à Bâle le professeur Auguste Socin, membre, pendant de longues années, du Comité central de la Croix-Rouge suisse. Né à Vevey en 1837 d'une vieille famille originaire de Bâle, et porteur d'un nom justement respecté, il se lança de bonne heure dans les études médicales, vers lesquelles il se sentait irrésistiblement attiré, se spécialisant bientôt dans la chirurgie, pour laquelle il avait des aptitudes remarquables. Il fut appelé dès 1862 à professer cette branche à l'Université, et acquit vite une légitime notoriété. En même temps praticien distingué et opérateur d'une sûreté de main magistrale, il vit rapidement sa réputation grandir, se répandre à l'étranger, et les fonctions les plus brillantes lui être offertes; mais il les refusa toujours pour rester dans la ville de ses pères. D'un grand cœur, il a toujours fait preuve d'une inépuisable bonté; aussi ses malades, pour le soulagement et le réconfort desquels aucun sacrifice n'était trop grand, le chérissaientils à bon droit. C'est à cette bonté, alliée à une haute valeur morale, à une générosité de caractère et un désintéressement à toute épreuve qu'il dut la popularité, la confiance et l'affection générales dont il était entouré.

Conformément à ses statuts, la Société wurtembergeoise doit publier tous les deux ans un compte rendu de son activité. Le dernier rapport ayant paru en 1895, c'est en 1897 que le suivant devait voir le jour; s'il vient seulement de paraître en 1898, c'est que le Comité attendait la solution d'importantes questions pendantes pour pouvoir en donner un aperçu à ses lecteurs.