La Société française de secours aux blessés militaires vient de faire une perte sensible en la personne de la maréchale de Mac-Mahon, sa présidente honoraire. Ayant dès longtemps consacré entièrement sa vie aux œuvres charitables, elle avait apporté à la Société une direction nette et sûre, en qualité de présidente du Comité central des dames. Ses avis judicieux étaient toujours empreints de charité et de patriotisme. A la mort du maréchal, elle renonça à toute activité extérieure et à tout rôle en vue, continuant sans bruit à faire le bien. Elle fut alors nommée présidente honoraire.

Dans notre avant-dernier Bulletin, nous avons parlé de l'initiative qu'avait prise l'Union des femmes de France, en vertu de l'extension de la Convention de Genève aux guerres navales prononcée à La Haye, d'imaginer des bateaux-transports pour les marins blessés en mer. S'étant adressée au ministre de la marine elle reçut de lui une réponse d'adhésion et d'approbation complète. M. de Lanessan fit plus encore, il nomma une commission technique chargée de fixer les conditions du fonctionnement de cette formation sanitaire. Cette commission a présenté son rapport, après l'examen duquel M. de Lanessan écrivit à l'Union des femmes de France la lettre suivante que nous empruntons au Temps:

« Madame La Présidente,

« J'ai l'honneur de vous faire savoir que j'ai donné mon approbation aux propositions formulées par la commission chargée d'etudier l'installation éventuelle d'ambulances a bord des navires de commerce.

Après avoir présenté, dans notre 103me circulaire, nos réserves, comme nous avons cru devoir le faire en notre qualité de gardien des traditions et des bases de l'organisation de la Croix-Rouge, sur le Congrès international des œuvres d'assistance en temps de guerre, qui aura lieu à Paris du 20 au 24 août 1900, nous ne faisons aucune difficulté à publier ci-dessous l'invitation qui nous a été adressée et dans laquelle, comme on va le voir, les organisateurs se défendent eux-mêmes de toute intention d'empiétement sur les attributions nécessairement réservées aux conférences quinquennales des Sociétés nationales.

L'infirmier de la Croix-Rouge ne doit ignorer aucune innovation en fait d'articles d'improvisation sanitaire. Qu'on nous permette a cet égard de signaler les applications que propose M. le Dr Carton, médecin-major de 2me classe, du tissu imperméable pour pansements, tel qu'il se trouve dans les approvision-nements sanitaires, pour l'obtention de cuvettes à pansement de fortune. La cuvette de pansement, d'un transport difficile, peut manquer dans bien des circonstances. Avec l'aide du tissu imperméable, le képi ou le shako de l'infirmier ou du blessé peuvent remplacer ce récipient. «Il suffit, dit l'auteur, de découper une pièce carrée de ce tissu, de 25 centimètres de côté pour le képi, de 45 centimètres pour le shako; on peut même adopter de moindres dimensions en ne la poussant pas jusqu'au fond de la coiffure. Il est préférable de mettre la couche d'enduit imperméable vers l'intérieur de la cuvette ainsi formée pour éviter de la souiller, ou, lorsqu'on voudra en chauffer le contenu, éviter l'action directe de la flamme sur lui.

M. Watson-Cheyne, chirurgien-consultant au service de Lord Roberts, publie dans la British Medical Review un article dans lequel il constate, à propos des reproches que s'adressent réciproquement tous les belligérants, et qui ont été notamment faits aux Boers dans la guerre anglo-transvaalienne, de tirer sur des hôpitaux et ambulances, combien il est difficile de reconnaître, à la distance à laquelle se fait, actuellement le coup de feu, une unité hospitalière devant bénéficier de la neutralité.

Parmi les nombreux rapports qui sont parvenus en Europe sur la guerre du Transvaal, il en est qui présentent un. intérêt plus particulier au point de vue de la chirurgie et de la médecine militaires. Signalons-en, dans le nombre, quelques-uns des plus intéressants:

La Société de la Croix-Rouge allemande, a envoyé dans l'Afrique du sud une ambulance composée de 3 médecins (les Drs Matthiolius, Küttner et Hildebrandt), 4 sœurs et 4 infirmiers, avec un matériel suffisant pour soigner 100 blessés. Son principal champ d'opérations a été Jacobsdal. Il suffit de parcourir les lettres parvenues jusqu'ici au Comité central allemand de la part des chefs de cette ambulance pour se faire une idée de son excellente organisation en matériel sanitaire ainsi que du mérite de son personnel. Les autorités militaires anglaises ont payé officiellement un tribut de reconnaissance et d'admiration à cette ambulance, dont les services à Jacobsdal et dans les environs ont été des plus précieux.

Notre circulaire du 17 mars avait pour objet de vous communiquer que l'organisation de l'Agence internationale à Lourenço-Marquès restait encore dépendante de l'accueil que les Comités centraux de Londres, Blœmfontein et Prétoria réserveraient à la prière, que nous leur avions adressée, de vouloir bien y coopérer avec nous par la nomination de leurs délégués.

Les sujets suivants furent traités à la conférence des sociétés provinciales prussiennes de la Croix-Rouge, qui a eu lieu à Berlin le 27 mars dernier.

1. Fondation de comités locaux parmi les organes de l'assistance volontaire en temps de guerre, dans toutes les localités qui pourraient avoir à recueillir des blessés ou être traversées par des troupes.

Le champ d'action de la Société francfortoise s'est élargi au cours du dernier exercice en englobant de nouveaux établissements, cliniques, policliniques, dans la sphère d'activité ouverte aux sœurs de la Croix-Rouge. Le Comité a appelé à sa vice-présidence M. l'avocat von Reden et dans son sein le médecin général du XVIIIme corps d'armée, Dr Grossheim. L'entrée de ce dernier dans le comité ne peut être envisagée que comme un gage des bons rapports qui doivent exister entre le service de santé officiel et l'assistance volontaire. Au prix de certains sacrifices, le Comité a obtenu la concession nécessaire pour prendre à sa charge l'administration d'un nouvel hôpital privé. Des cours de samaritains ont été faits en 1899 devant une cinquantaine d'élèves des deux sexes. Des pourparlers ont été engagés avec la Société des samaritains en vue d'une fusion et d'une collaboration en temps de paix comme elle existait déjà en temps de guerre; ils aboutiront vraisemblablement à un accord définitif dès que la réorganisation du service de sauvetage qui est en train de s'opérer sera accomplie.

Les 15 et 16 avril a eu lieu, à Leipzig, une assemblée des délégués des colonnes sanitaires de la Croix-Rouge saxonne en vue de délibérer sur la formation d'une association nationale de ces colonnes. Trente villes saxonnes étaient représentées. La matinée du lundi de Pâques fut consacrée à un exercice reposant sur la supposition qu'une armée ennemie, venant de Borna, ayant voulu s'emparer de la gare de Leipzig, avait été repoussée avec de fortes pertes. Les colonnes sanitaires avaient reçu l'ordre d'aller relever les trente blessés restés sur le champ de bataille, de les transporter jusqu'au chemin de fer et de les accompagner ensuite dans leur trajet sur rails jusqu'au lazaret social. Cet exercice s'exécuta de tous points comme il avait été conçu à l'avance; à la gare, le sergent Linxweiler fit la démonstration de son système pour la transformation des wagons de marchandises en voitures de transport, ainsi que pour la ventilation de ces voitures, système que vient d'adopter la société de la Croix-Rouge de Leipzig; enfin un discours du président de la Société, sur l'utilité des colonnes, termina cette expérience.

Le rapport annuel du secrétariat central suisse pour 1899 vient de paraître sous la forme d'un supplément au journal suisse Das Rothe Kreuz. Ce rouage de création récente, on s'en souvient, étant l'organe central de la Croix-Rouge suisse, des Samaritains et de la Société sanitaire militaire, un rapide compte rendu de la partie de son rapport annuel ayant trait à la Croix-Rouge a sa place indiquée dans notre Bulletin.

Deux lettres datées des 10 et 11 mars de Prétoria annonçaient la bonne arrivée des trois docteurs envoyés par la Croix-Rouge suisse sur le théâtre des opérations. Après avoir subi une quarantaine assez peu sévère à Lourenço-Marquès, et avoir été frappés de l'extrême cherté de la vie, ils atteignirent Prétoria où ils rencontrèrent, comme dans plusieurs étapes de leur voyage, des Suisses qui leur facilitèrent toutes choses. D'emblée cependant ils eurent à se demander s'ils auraient jamais des blessés à soigner, d'abord parce que le Boer blessé n'aime pas les hôpitaux et rentre chez lui pour peu qu'il soit transportable, ensuite parce que le nombre des blessés est moins considérable que celui des tués. A telle enseigne, raconte le Dr de Montmollin, que l'ambulance russe est restée un mois sans rien faire à Prétoria; elle n'eut pendant ce temps que deux blessés à soigner. Les médecins sont très nombreux; ceux qui sont sur le front sont fatigués par cinq mois de campagne et demandent bien à être remplacés, mais leur tâche est difficile et pour la bien remplir il serait plus nécessaire d'avoir l'habitude de monter à cheval que la pratique de l'art médical.

Nous extrayons des Archives médicales belges la courte analyse qui suit d'un travail publié dans la Revue de Chirurgie (déc. 1899). par M. le professeur Tavel de Berne, sur une série d'expériences faites par ce distingué bactériologue dans le but d'éclaircir la question de l'infection des plaies par armes à feu:

« Un projectile stérile, en traversant des vêtements infectés, se charge de germes qui se déposent sur toute la longueur de la plaie

Les projectiles lancés par les armes à feu ne sont pas stériles; les germes pathogènes ne sont pas portés à une température suffisante pour perdre de leur influence.

Nous avons l'honneur de faire savoir à Votre Excellence que par note du 3 mai dernier le gouvernement de la république de l'Uruguay nous a fait part de l'adhésion de cet Etat à la Convention de Genève du 22 août 1864.

Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l'assurance de notre haute considération.

Article premier. — La Croix-Rouge des Dames chrétiennes, fondée en 1897, change son titre contre celui de Croix-Rouge uruguayenne, afin que cette association, établie dans la République orientale de l'Uruguay, soit en dehors de tout parti politique.

Son seul objet est de contribuer par tous les moyens possibles au secours des blessés et malades sur le champ de bataille, dans les ambulances et dans les hôpitaux de terre ou de mer.

Elle agit de concert avec l'autorité militaire.