En attendant de pouvoir recourir à l'application de l'art. 3 de la IVe. Convention de La Haye, prévoyant une indemnité à la charge du violateur du Règlement sur les coutumes et les lois de la guerre, le Gouvernement français expose aux Gouvernements des puissances neutres, la conduite des autorités allemandes à l'égard des populations des Départements français occupés par l'ennemi.

La Revue générale de Droit international public publie, dans ses nos 2–4 de 1916, une importante étude de M. R. Robin docteur en droit, sur le fonctionnement des services sanitaires officiel et volontaire, et sur l'application des Conventions de Genève et de La Haye, pendant la guerre russo-japonaise de 1904–1905. Si la période brûlante que nous traversons relègue déjà, dans un passé terni, les événements d'il y a plus de dix ans, nous nous reprocherions cependant de ne pas signaler cette intéressante documentation, qui constitue une utile contribution à l'histoire de la Croix-Rouge à travers les générations modernes.

Nous avons signalé, dans notre numéro d'avril, l'inauguration, à Londres, du monument érigé à la mémoire de Florence Nightingale, dans la crypte de St-Paul. Par une bonne fortune nous nous trouvons à même de mettre sous les yeux de nos lecteurs la reproduction de ce monument, laquelle a paru dans le journal anglais The Hospitals. Aux éditeurs de ce journal, The Scientific Press Ld, qui ont eu l'obligeance de nous le prêter, vont tous nos remerciements.

Après une longue interruption, justifiée par l'état de guerre, le congrès de chirurgie qui porte le nom de l'illustre Pirogof, s'est réuni ce printemps à Pétrograde. Quoiqu'un grand nombre de chirurgiens, retenus sur le front par leurs devoirs professionnels, aient été empêchés de prendre part aux séances du congrès, celui-ci a été néanmoins très animé.

M. le Professeur P. Bogaïevsky, dont on connaît les beaux travaux sur l'histoire de la Croix-Rouge, nous adresse de Moscou une brochure intitulée: La Croix-Rouge dans les principales époques de sa vie et de son organisation. L'auteur, après un court exposé historique de la fondation de la Croix-Rouge, examine les principes qui en ont assuré le succès et dont l'observation seule peut garantir l'avenir de l'œuvre internationale fondée à Genève. Après avoir rappelé qu'elle eut pour origine une initiative privée, il montre que c'est toujours à cette source que les Sociétés de la Croix-Rouge doivent puiser leurs forces. Il les met en garde contre un bureaucratisme et un formalisme qui, en écartant les bonnes volontés individuelles, tarirait l'afflux des énergies humanitaires.

Après deux ans de guerre, un coup d'œil rétrospectif et rapide peut utilement être jeté sur l'activité de la Croix-Rouge suisse.

La souscription nationale en faveur de la Croix-Rouge a produit plus d'un million. Comme la direction de l'armée était dans l'impossibilité de satisfaire aux demandes de sous-vêtements qu'elle recevait de la part des soldats, elle abandonna ce soin à la Croix-Rouge. L'influence des vêtements de dessous étant considérable au point de vue de l'hygiène et de la santé des troupes, la Croix-Rouge crut avec raison rester dans son rôle, puisqu'elle n'avait pas à proprement parler de blessés à soigner, en se consacrant à la tâche d'en fournir.

A côté de l'action charitable qu'elle a exercée soit directement, envers toutes les nations belligérantes, par son Agence internationale des prisonniers, soit plus spécialement envers certaines victimes de la guerre lors du passage des évacués, du rapatriement des grands blessés ou de l'internement en Suisse des malades prisonniers de l'Allemagne ou de la France, la Suisse a vu se constituer chez elle une multitude de bureaux, notamment de bureaux de secours pour telle catégorie ou telle nationalité.

Le rapport de la Croix-Rouge wurtembergeoise, qui commence, ainsi qu'il est naturel, par un chant de triomphe célébrant les armes et les victoires allemandes, déclare que cette Société est prête à faire face à toute la tâche que la guerre lui impose, même si celle-ci devait se prolonger encore.

Dès le début des hostilités elle a envoyé, soit sur le front, soit dans le service d'étapes, 601 infirmières et 1616 gardes-malades ou brancardiers.