Mon travail repose essentiellement sur une série de trentequatre registres notariaux dans lesquels sont enregistrées les opérations des banchieri juifs de Rome pour la période 1592-1684. Ces registres ont été déposés en 1935 à l'Archivio di Stato à Rome, où j'en ai assuré le minutieux dépouillement en automne dernier.

La communauté juive de Rome était une communauté pauvre, qui n'avait guère participé à l'essor économique et au mouvement d'affaires du XVIe siècle, et tirait essentiellement ses moyens d'existence d'opérations de prêt strictement réglementées, suivant les modes traditionnels ; il existait, au cours de la période, une cinquantaine de « banques » de prêt juives officiellement licenciées à cet effet.

L'originalité de Raymond de Roover est d'avoir démontré que les doctrines économiques des scolastiques ont eu, sur la pratique des affaires, une influence plus considérable qu'on ne l'admettait. Si quelques erreurs de perspective ont été commises, c'est faute d'avoir confronté suffisamment théories et réalités, et aussi parce que ces théories restent mal connues.

Malgré l'existence de gros ouvrages, tels ceux d'Endemann et de Schreiber, les histoires des doctrines économiques n'accordent pas aux scolastiques la place qui leur revient, principalement dans les pays anglo-saxons : elles commencent généralement par les mercantilistes auxquels elles concèdent une importance excessive.

En dépit de la parution, depuis une cinquantaine d'années, d'un assez grand nombre de travaux de détail et de quelques ouvrages d'ensemble consacrés à l'évolution et à la vie de l'industrie textile française, au cours du XIXe siècle, nous ne possédions pas, jusqu'à présent, sur cette branche essentielle de l'activité nationale, une œuvre scientifique de synthèse, rassemblant les connaissances acquises, les prolongeant sur bien des points par une recherche menée à travers un grand nombre de sources très diverses et nous apportant des conclusions vigoureuses et générales. Actuellement, ce désir se trouve comblé, pour toute la partie du siècle antérieure à 1870, par la remarquable thèse de CLAUDE FOHLEN, qui marque une date essentielle dans nos études.

Voici un livre exceptionnel : deux volumes, près de 200 pages sur l'histoire des trafics et des assurances, le double pour les documents inédits, un glossaire important, enfin une centaine de très belles illustrations. L'histoire des assurances vénitiennes n'a pas été très étudiée, comme si elle manquait d'importance, souligne l'auteur dès la préface : destin commun à tant d'aspects saillants des activités humaines. C'est donc une initiative excellente, réussie, et qu'il faut louer sans plus attendre ; cette publication de documents extraits des Archives d'Etat, à Venise, fête le 125e anniversaire des Assicurazioni Generali: heureux prétexte.

Au soir de sa vie, M. l'abbé ERNEST SEVRIN nous a livré enfin «l'ouvrage auquel, dit-il, j'ai pensé toute ma vie », plus qu'une biographie épiscopale et individuelle, qui commence à la Restauration et s'achève à l'avènement du Second Empire, car l'évêque de Chartres dont il s'agit (de 1824 à 1852) est fort représentatif de l'épiscopat français de son temps. Comme l'auteur l'écrit dès l'abord : « Nous n'en sommes plus à l'histoire dite édifiante », comme il s'est documenté aux sources chartraines et aux archives diocésaines, qu'il a disposé de 800 lettres environ de son personnage, l'ouvrage, par l'esprit indépendant qui l'anime, a une portée qui dépasse singul'èrement l'histoire locale.

Pour que l'esclavage se développe dans une société humaine, il suffit que ses membres puissent se procurer à peu de frais des êtres exclus de la communauté et maintenus hors du droit commun du fait de leur origine ou de leurs croyances. La valeur marchande du cheptel humain doit être en effet relativement faible, en rapport avec le rendement limité du travail servile. Comme l'esclave se reproduit mal et lentement, le problème principal est donc de recrutement.

Dans la masse des souvenirs écrits par d'anciens prisonniers, le livre de M. Jacques Perret se détache par une originalité assez grande pour qu'une analyse de cet ouvrage cherche à en apprécier les qualités et à en déterminer la valeur documentaire.

L'auteur est un écrivain. Il possède un style dru et nerveux, une langue riche qui utilise avec autant de bonheur l'expression classique et la formule truculente. Le Caporal épinglé se lit sans ennui. Les personnages ont leur relief et leur densité ; cinq cents pages nous en décrivent les gestes, les propos. D'un bout à l'autre la vie circule, les scènes se voient.

Plus de 1 000 pages ! Mais aucune d'entre elles n'est inutile, et toutes attestent la solidité de l'information et l'intelligence de l'interprétation. Dans un bel ouvrage, qui est sa thèse de doctorat, Michel Chevalier nous offre une sorte d'inventaire presque exhaustif de l'économie passée et présente d'une région pyrénéenne, tout en analysant les facteurs de sa différenciation et de son évolution. Rarement une monographie régionale avait atteint ce degré de précision dans les détails, autant fouillé dans les nuances, et revêtu aussi nettement ce caractère de diagnostic que l'enquête géographique, lorsqu'elle est correctement menée, est apte à fournir aux planificateurs et aux urbanistes.