Hostname: page-component-848d4c4894-cjp7w Total loading time: 0 Render date: 2024-07-06T04:06:34.990Z Has data issue: false hasContentIssue false

Sainteté, pouvoir et société : Tamgrout aux XVIIe et XVIIIe siècles

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

Extract

Deux mots ont fait fortune dans la littérature historique et anthropologique traitant de la société marocaine : zaouia et makhzen. D'ordinaire, le premier terme est rendu par confrérie religieuse, le second par État central. Mais cette traduction oublie les sens premiers qui réfèrent avant tout à deux espaces. Le premier est le lieu où se réunissent les partisans d'une voie mystique (tarīqa) pour la méditation, la prière et la perpétuation de la tradition instituée par le fondateur ; le second est le lieu où doivent s'accumuler les moyens majeurs de gouvernement : le trésor. Deux espaces donc interdits, où ne sont admis que des spécialistes dûment qualifiés : des hommes consacrant leur vie, dans un cas au service de Dieu, dans l'autre à celui de l'État.

Summary

Summary

This study deals with the zaouia of Tamgrout in the 17th and 18th centuries. On the basis of written sources, oral traditions and ethnographic data, the author tries to achieve an understanding of the conditions for the appearance and success of a religious brotherhood.

The nāṣriya zaouia emerged in the context of a crisis in which the question of religious and policial legitimacy was posed in a very clearcut manner. But the existence of this crisis cannot, by itself, explain the success of Tamgrout. The biography of its founder reveals a paradigm and a strategy. The paradigm emphasizes certain features such as 'ilm and initiation, and it differs from other paradigms such as, for example, mahdism and statism. The strategy exhibits a close connection with the sedentary peasantry, matrimonial alliances, and some relationships with the central government and with nomadic groups who determined the control of commercial routes.

The dissemination of this religious order and the establishment of its affiliates over a period of three generations following the founder's death clearly demonstrate the importance both of competition and negotiation with the central government.

One can, following Laroui, attribute the success of the zaouia exclusively to its complicity with the central authorities or, following Gellner, to its role in moderating segmentary conflicts. On the other hand, behind the pseudo-unity of maraboutism (which Geertz takes as his principal point of reference), one can track contradictory ideologies and strategies which correspond to the struggles between antagonistic organized groups.

Type
L'Islam et le Politique
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1980

Access options

Get access to the full version of this content by using one of the access options below. (Log in options will check for institutional or personal access. Content may require purchase if you do not have access.)

References

Notes

Le système de transcription utilisé est celui de l'Encyclopédie de l'Islam (nouvelle édition), excepté pour le ﻕ que nous transcrivons Q. Les mots et noms propres dont la transcription s'est fixée depuis longtemps en français ne sont pas transcrits selon le système indiqué (ex. : « zaouia » , « Moulay Ismail »). F. Colonna a bien voulu lire attentivement une première version de cet article ; ses remarques ont grandement contribué à la mise au point de la version définitive. Je lui en exprime ici toute ma gratitude. Je remercie très vivement L. Valensi et E. Gellner pour leurs nombreuses suggestions qui ont porté aussi bien sur la forme que sur le contenu.

1. Lévi-Provençai, E.., Les historiens des chorfa, essai sur la littérature historique au Maroc du XVe au XXe siècle, Paris, Larose, 1922 Google Scholar ; Muhammad B. T. AI.-Qàdïri. Nashr al-mathàni li-ahli alhâdi 'ashara wa at-thànï, nouvelle édition annotée par A. Tawfîq et M. Hajjï, Rabat, 1978 ; voir introduction p. 3 ss., où les deux auteurs insistent sur l'importance des récits hagiographiques et des dictionnaires biographiques pour le renouveau de l'histoire du Maroc (dorénavant Nashr) .

2. La thèse du nationalisme berbère et de la restructuration sanhajienne à travers les mouvements maraboutiques est développée par Drague, G., Esquisse d'histoire religieuse du Maroc, Paris Google Scholar, Peyronnet, 1951, p. 58 ss. et 127 ss., à la suite de Michaux-Bei.I.Aire, « Essai sur l'histoire des confréries marocaines», Hesperis, I, 1921. et «Les confréries religieuses marocaines». Archives marocaines, XVII, 1927, pp. 1-86 ; plus récemment, M. Morsy, esquisse une interprétation où se mêlent l'idée de l'ancrage du groupe au terroir ainsi que celles du localisme et du nationalisme berbère. Les Ahansala, examen du rôle historique d'une famille maraboutique , Paris-La Haye, Mouton, 1972 i même point de vue exprimé par J. Drouin dans son livre. Un cycle hagiographique dans le Moyen Atlas marocain, Paris. Publ. de la Sorbonne, 1975, p. xx et 144 ss. La thèse de l'utilisation des zaouias par le pouvoir central est notamment défendue par Montagne, R., dans Les Berbères et le makhzen dans le sud du Maroc, Paris, F. Alcan, 1930. p. 407 Google Scholar.

3. Pritchard, E. E. Evans. The Nuer, Oxford, Clarendon Press. 1940 Google Scholar; The Sanusi of Cyrenaica, Oxford, Clarendon Press, 1949.

4. Gellner, E., Saints of the Atlas, Londres, Weidenfeld & Nicolson, 1969, pp. 7478 Google Scholar, 85-87 et 126-136 ; et « Pouvoir politique et fonction religieuse dans l'Islam marocain », Annales ESC,mai-juin, 1970, pp. 699-713.

5. G. Ayache, Études d'histoire marocaine, Rabat, Smer, 1979, p. 160ss. Laroui, A., Les origines sociales et culturelles du nationalisme marocain, Paris, Maspero, 1977, pp. 143146 Google Scholar et 152-153.

6. C. Geertz, «In search of North Africa », New York review of books, 22 avril 1971. pp. 20-24 ; et Islam observed : religious development in Morocco and Indonesia, 2e édition, University of Chicago Press, 1973, pp. 34-35 et p. 47 ss. Deux autres auteurs ont poussé ce point de vue à l'extrême, sinon au fond, du moins quant à la formulation, cf. L. Rosen. « The social and conceptual framework of Arab-Berber relations in Central Morocco », E. Gellner et Micaud, C., éds, Arabs and Berbers, front tribe to nation in North Africa, Londres, Duckworth. 1973, pp. 156 158 Google Scholar ss. ; Eickerman, Dale F., Moroccan Islam, tradition and society in a pilgrimage center, Austin- Londres, Texas University Press, 1976, pp. 72 Google Scholar, 79-80 et surtout 90-91 et 106 ss.

7. A. Hammoudi, « Segmentarité, stratification sociale, pouvoir politique et sainteté », Hesperis Tamuda, vol. XVI, 1974 (en fait 1977), pp. 147-180 ; sur cette même question cf. M. Morsy, op. cit., n. 2.

8. Il existe de nombreuses biographies de M'hammad b. Nasir, cf. notamment : Muhammad AI.-Makkī Ibn NāSir, Ad-durar almurass'a fi a'yāni Dar'a, ms, BG, Rabat, voir à la lettre M.M'hammad b. Nāsir (dorénavant Durar) . Muhammad AS-SaghīR AI.’ IfrāNī, Safwat man intashar min akhiāri al-Qarni al-hādī ‘ashar., litho., Fès, 1309 h ( 1892), pp. 173-176 (dorénavant, Safwa) ; Ahmad B. KHāI.ID AN-NāSirī, Tal'at al-mushtarifi an-nasab al-jafarī, Fès, litho., I, 309 h (1892), t. I, p. 120 (dorénavant Tal'a) : M. Bodin, « La zaouia de Tamgrout », Archives berbères, vol. III, 1918, pp. 259-295 ; G. Drague, Esquisse…, p. 187 ss. ; J. Berque, Al-Yousi, pp. 40-43.

9. B. Rosenberger et H. Triki, « Famines et épidémies au Maroc aux xvic et xvnc siècles », Hesperis, vol. XIV, 1973, pp. 157 et 164 ss.

10. Sur cette période, J. Brignon, A. Amin, B. Boutaieb, G. Martinet, Rosenberger, B., Histoire du Maroc, Paris, Hatier, 1967, p. 216 ssGoogle Scholar; J. Berque. Al-Yousi, pp. 42-85 ; Rosenberger et Triki. op. cit., p. 75 ss ; A. b. KHāI.ID AN-Nāsirī, Kilàb al-istiqsâ, Casablanca, 1957, t. Vii, p. 1 3 ; Muh. b. ‘Abd-AS-SaiāM AR-RibÂTÏ, dit. AD-DU'Ayyif, Tārīkh, ms., BG, Rabat, pp. 3-4 ; sur cet auteur né en 1752, mort après 1820, Lakhdar, La littérature, pp. 285-287 (dorénavant Du'ayyif) ; M. Hajjî, Az-zāwiyyah ad-dilā iyyah wa dawruhā ad-dīnī wa al-'ilmī wa as-siyyāsī, Rabat, 1964, pp. 139-143 ; pp. 230-231 ; pour une étude détaillée de l'origine et du développement du royaume de Tazerwalt. voir Muh. AI.-MuktÂR AS-SūSī, Illîgh Qadīman wa hadîthan, Rabat. 1966.

11. Rosenberger et Triki, « Famines… », Hesperis, vol. XIV, p. 164 ss. et vol. XV, p. 35 ; sur les pestes et famines dans le Dra, cf. en particulier Durar, p. 15 et 55 et pp. 146-147 ; Du'avyif, p. 33 etlstiqsâ, t. 7, pp. 107-108.

12. Sur Abū Mahallï, voir J. Berque, Al-Yousi, p. 63 ; Sources inédites, Angleterre, lre série, t. 2, pp. 465-470, 471-472, France, lre série, t. 3, introd. p. xxxix : Abū Mahallï frappe la monnaie dans le Ktaoua, cf. H. LA voix. Catalogue des monnaies marocaines de la Bibliothèque nationale , 1891, p. xxii, p. 492 ; AS-SūSī, lllīgh, pp. 59 et 80 ; AI.-Yousi, al-muhàdarat, éd. par M. Hajjï, Rabat, Dar al-kitàb, 1976, p. 106. Sur les Nāsirīyïne et le jihàd, cf. infra, p. 633 et n. 61.

13. Cf. biographies citées n. 8, les biographies dans Safwa, Durar et Tal'a .

14. Adafāl ad-Dar'î, né vers 1523, mort en 1614 ; ‘Ali b. Muhammad al Magrûti (de Tamgrout) est mort vers 1594 ; biographies de ces personnages dans Durar, et surtout Ifrànï, Safwa, pp. 21 et 75. Sur ‘Abd-Allâh b. Mubârak al-Aqqāwī mort en 1607, ibid., pp. 131-132 ; Ifrànï, op. cit . , fournit une liste de trois maîtres ; ‘Ali b. Yūsuf ad-Darī, Muh. b. Sa'id al-Murrâkushi et Abû-Bakr as-Suktānī déjà très célèbre et que b. Nâsir rencontre en Orient.

15. AI.-Manūnī, « Hadàrat wādī Dar'a min khilāli an-nusùsi wa al-'āthār » Da'wat al-haqq , numéro double 2 et 3, Rabat, 1973, p. 8 ss. Sur les cadis et muhtassib du Dra, IBN AI.-QāDī, Durrat al hijâl fi asma'i ar-rijāl, Le Caire, 1970, pp. 166-171 et 242 ss.

16. Zouber, M. A., Ahmad Baba de Tombouctou (1556-1627), sa vie et son oeuvre, Paris, Maisonneuve et Larose, 1977. p. 33 Google Scholar.

17. J. Berque, Al- Yousi, pp. 13 et 40 ss ; l'installation définitive de b. Nāsir à Tamgrout aurait eu lieu entre 1643 et 1645 ; en effet son cheikh lui confie la zaouia après sa mort (1642-1643): mais b. Nâsir doit d'abord se réfugier dans la zaouia de son père pendant quelque temps avant de revenir, après avoir vaincu la résistance des Ansariyine, cf. biographie du cheikh Ahmad b. Brahim, dans Durar, pp. 11-14.

18. Ahmad b. Khâiid An-NàsirÏ, auteur de Vfstiqsâ, a consacré aux fondateurs de la lignée un ouvrage en deux volumes intitulé, Taiat al-mushtarlfi an-nasab al-jafarî, bibliographie à Fès à la fin du xixe siècle (dorénavant Tal'a) .

19. Tal'a, t. I, pp. 30. 46-47 et 55.

20. Durar, pp. 302-307 ; l'auteur de ce manuscrit est mort après 1739, cf. LÉVI-ProvenÇAI., Chorfa, pp. 315-316 et Lakhdar, La littérature, p. 206. D'après une mention qui figure à la fin du ms. (p. 506), celui-ci aurait été achevé à Tamgrout en 1739 (début Muharram 1 152 H).

21. Tal'a, t. I, p. 12 ; sur le rattachement aux Maaqil, voir également G. Drague, Esquisse , p. 187 et'n. 5.

22. Ibn KhaiDoun, Histoire des Berbères, trad. de ST.Ane, Paris, Geuthner, t. I, p. 132; G. MarÇAis. Les Arabes en Berbérie du XIe au XIVe siècle, Constantine-Paris, Braham et Larose, 1913. p. 549.

23. J. L. L'Africain, Description de l'Afrique, trad. ÉHauiard, Paris. Adrien-Maisonneuve, 1956. t. I, p. 27, « Ruche et Selim » sont les deux branches des « Mastar » ; et p. 30.

24. Sur tous ces points, Durar, pp. 332-333 ; les Oulad Jallal sont une fraction des Ida Ou Blal. qui nomadisent surtout du Bas Dra et fréquentent le lac Iriki. formé par les crues du fleuve, au sudouest de la palmeraie de M'Hamid. Les Roha sont au service du sultan au xvmc siècle, sous Muh. b. Abdallah, Ad-Du'ayyif, p. 100.

25. Durar, p. 166.

26. Ibid., p. 333.

27. La Teissa, document scellant la protection, est rédigée sur une peau. Nous en possédons une photocopie. Ibn al-Malîh est dans la caravane protégée par le saint en 1630, comme en témoigne sa rihla, cf. Abu ‘Abd-AI.I.Àh Muh. b. Ahmad AI.-QaisÎ dit AS-SarrÂJ, dit Ibn AI.-Mai.îh. Uns as-sârï wa as-sârib, éd. annotée par M. AI.-FÀSÏ, Fès, 1968, pp. I et 27.

28. M. Morsy, op. cit., A. Hammoudi, op. cit .

29. Durar, p. 333.

30. IfrÀNÏ, Safwa, et Ibn AI.-QÀDÏ , Durrat al hijâl ; Tal'a, t. I, p. 331.

31. Ibid., Safwa et Tal'a .

32. Ibn AI.-MalīH, Uns as-sâri ; Safwa, p. 76 ; Tal'a, t. I, p. 142.

33. Safwa, pp. 75-77 ; Tal'a, t. I, p. 143 ; ce dernier ouvrage précise le motif du meurtre.

34. Safwa, p. 175, (T.D.A.) Aghlân ou Aglal n'Ibâchâ, qsar situé dans le nord du Ternata sur la rive gauche de l'oued. Résidence traditionnelle des gouverneurs alaouites, cf. sur ce point Durar , p. 168.

35. Durar, p. 314 ; Tal'a, t. I, p. 331.

36. Sïdï Abd-al-'Alï al-Ansàrï ; Safwa, p. 102 ; G. Drague, Esquisse, p. 182 et n. 2.

37. J. Berque. Al-Yousi, pp. 42-43.

38. Safwa, p. 176 ; Tal'a, t. II, p. 19 ss.

39. Tal'a, t. I. p. 153 ; sur l'attitude des Nàsirylne qui semblent accepter plus volontiers les dons que leurs maîtres et prédécesseurs, cf. biographie de Abd-Allàh b. Husayn dans Safwa , p. 70 ss. et Durar .

40. Tal'a, t. I, p. 171.

41. Durar, p. 323 (T.D.A.).

42. Ibid., pp. 146 ss. et 323-324 ; Tal'a, t. II, pp. 105-106. Voir notamment l'exemple de cette caravane organisée par le second cheikh de Tamgrout, qui part pour le Soudan défendue par un millier de fusils. Sur Ahmad b. M'hammad b. Nā sir, deuxième cheikh de la zaouia (1674-1714), dit aussi Ahmad al-Khalifa, Tal'a, t. II, p. 9 ss. ; Durar, p. 60 ss. ; ainsi que le témoignage direct de deux disciples : Ahmad B. Abdallah Ai. HashtūKī, INāRat AI.-Basā'IR, ms. de Tamgrout n° 3070 ; Abu AL-Qàsim Ahmad ai.-Bus'aydÎ, Manaqib Ahmad b. Nâsir, ms., Tamgrout, n° 3070.

43. Document qui est un Zahīr, daté de 1907 ; il est précisé que ce document ne fait que reconduire ce qui est reconnu aux chefs de Tamgrout par les prédécesseurs. Collection personnelle. On s'en tiendra ici à la vallée du Dra, la documentation fait défaut en ce qui concerne les autres régions.

44. Enquête sur les lieux en 1968 et 1974.

45. P. Pascon, Le haouz de Marrakech, Rabat, 1977, t. I, pp. 266-267.

46. Trois familles concentrent le pouvoir dans le nord du Dra : celle du Mezguiti, puissante au xixe siècle ; celle des Mazouar de Tinezouline installés depuis longtemps, peut-être avant le xixe siècle -, celle des Oulad Yahya proche du caid Larabi (xixc siècle). Sur toutes ces familles existent des archives du xixe siècle (collection personnelle, photocopies).

47. Les esclaves commandés par un « ancien » (kabir al ‘abïd), institution pas totalement disparue de nos jours à Tamgrout. Des clients sont venus de partout, semble-t-il, sous le sixième cheikh. Un groupe appelé ahl Fâs aurait été amené par Ahmad al Khâlifa lui-même, et voué aux travaux délicats comme l'ébénisterie ou la reliure ; des menuisiers sont venus de l'Atlas central, des forgerons du Todgha, etc.

48. Archives de Tamgrout, n° 3212.

49. Sur l'élevage et les produits miniers, Durar, p. 332 et 464 ; Inara, p. 31 ; AI.-Bus'Aydî, Manaqib, p. 59 ; ce dernier manuscrit vient à la suite de VInâra, dans un même volume conservé à Tamgrout.

50. Sur les épouses de M'hammad b. Nâsir, 7a/'a, t. I, pp. 328-331 ; celles de Ahmad al Khalïfa, son fils, Manaqib, p. 44.

51. Durar, pp. 63 ; 144-145 ; sur les guerres entre les fils de Moulay Ismaïl dans le Dra, Istiqsa , t. VII, pp. 90-91 ; ad-Du'ayyif, p. 90 ; l'intervention du saint a lieu en 1761-1762 ; il s'agit de faire libérer un caid des Doukkala.

52. Collection personnelle de Zahîr sultaniens, en cours d'analyse.

53. La querelle entre Ahmad et son frère aîné est rapportée par Durar, pp. 278-284 et la Tal'a , t. II, pp. 3-5.

54. Du'ayyif pp. 32-36 et 42 ; Istiqsā, t. VII, pp. 90-91 ; De La Chapelle, « Le sultan Moulay Ismaïl et les Sanhaja de l'Atlas central », Archives marocaines, Vol. XXVIII.

55. Sur les rapports avec Dila, J. Berque, Al-Yousi, p. 13, et Durar, p. 334 ; sur la revendication de l'héritage de Ahmad b. Mûsâ, grand saint de Tazerwalt dans le Sous, AL-HashtokÎ, Inâra, p. 7 ss.

56. Muh. B. Ja'far B. Idris AI.-KattāNī, Salwat al anfàs wa muhàdathat al akyàs biman uqbira mina al-'ulamai wa a-sulàhâ'i bi-Fàs, litho, Fès, 1316 h (1898).

57. Toutes les branches issues de M'hammad b. Nâsir sont décrites dans 7o/'a, t. II, p. 14 ss. ; sur Taglaout, id., t. II, p. 184 ; le fondateur de cette dernière zaouia est mort après 1778 ; c'est cette famille de Salé qui a donné Ahmad b. Khâlid, auteur de Ylstiqsâ et de la Tal'a et fonctionnaire du makhzen à la fin du xixe siècle.

58. Tal'a, p. 469.

59. Par exemple la zaouia de Sidi Sālah dans le Ktaoua (Zahir de Moulay Ismaïl, photocopie personnelle). Sur Sidi Salah, Durar, pp. 181-182.

60. Tal'a, t. II, pp. 78-80.

61.Ajwiba, p. 54.

62. Durar, p. 119.

63. Sur le prêche au nom du sultan, Durar, p. 438 ; Les ‘ajwiba, cf. Tal'a, t. I, p. 179. Les 'ajwiha ont été lithographies à Fès (la lithographie ne porte pas de date). 64. Sur toute cette série de conflits, Durar, pp. 64, 119, 142, 156-157.

65. Kitâb al-istiqsā, t. VII, pp. 79 et 90 ; M. MORSY, L'histoire de la longue captivité et des aventures de Thomas Pellow en Barbarie du Sud (traduit et annoté par M. Morsy), Nice, 1977, thèse inéd., t. II, trad. p. 111, et t. III, notes, p. 110 ss.

66. Un manuscrit écrit par le grand faqih du Todgha au début du xxe siècle évoque les rapports entre le sultan Muh. b. Abdallah et les Ait Bou Iknifen et A. Ounir. AZ-Zayànï parle des Ait Atta recrutés par le même sultan ; il est nommé gouverneur de Tafilalt avec 600 soldats. Atta et quelques centaines de ‘ahid . Sur ces deux points, AI.-Mahdi An-Nasïrï, Na't al-ghitrîs, ms. de Tamgrout, p. 65 et AZ-ZāYāNī, pp. 85-86. D'autre part, Du'ayyif, p. 102 ss., parle explicitement des Ait Ounebgui au service du sultan. Sur les khoms Ait Atta, Spiiiman, Les Ait Atta du Sahara et la pacification du Haut Dra, Rabat, F. Moncho, 1936, pp. 73-98 et D. M. Hart, « Segmentary Systems and the rôle of the ‘ five fifths ‘ in tribal Morocco », Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, n° 3, Ier semestre, 1967, p. 82 ss.

67. Trois lettres du sultan Moh. b. ‘Abdallah montrent l'intervention du makhzen dans la succession des cheikhs à la zaouia. La première est datée de 1784, c'est une lettre circulaire par laquelle le sultan ordonne aux gens du Dra de ne laisser s'installer à Tamgrout que son candidat favori et d'en empêcher tous ses rivaux. Les deux autres, datées de 1788, confirment la nomination de ce candidat et obligent son rival à une résidence forcée à Marrakech (fonds de Tamgrout, dont nous possédons des photocopies).

68. ‘Abd-AR-Rahmàn B. Zaydân, Ithâfa'lâm an-nâs bi-jamâli akhbàri hâdirat Maknâs, Rabat, 1929, t. III, pp. 226-227 ; c'est un in'âm, renouvelé plus tard par Moulay Abderrahmân, ibid., t. V, pp. 122-123.

69. Du'ayyif, pp. 95 et 101 ; AZ-Zayànî, At-turjuman al mu'rib-'an duwwal al-Mashriqi wa al v Maghrib, tfad. 6. Houdas, Paris, Leroux, 1886, pp. 80-84 ; Istiqsâ, t. VIII, p. 48 ss.

70. Du'ayyif, pp. 92-97 et 102 ss. ; AZ-Zayânï, pp. 85-86.

71. Istiqsā, t. VIII, p. 59 et surtout Ad-Du'ayyif, pp. 103-113 ; R. Lourido Diaz a décrit ces événements mais il a affirmé, à tort, que la zaouia a été rasée, cf., Marrueccos en la secunda mitad del siglo XVIII, vida interna, politica, social y religiosa durante el sultano de Sidi Muhammad b . Abd-Allah, Madrid, Instituto hispano-arabe de cultura, 1978, p. 275 ss. En fait l'expédition rebrousse chemin car le fils du sultan se révolte dans le Nord. Il semble que cette révolte ait eu les faveurs des Imhiouach, lignée de thaumathurges ayant eu des relations avec Tamgrout au xviii e siècle ; le fondateur de la lignée a été initié à Tamgrout par le deuxième cheikh (cf. J. Droin, op. cit.) .

72. C. Geertz, Islam observed, op. cit., pp. 14, 17, 20 et pp. 58-59.

73. AI. QāDirī, Nashr al mathānī, op. cit., cf. biographie du saint d'Ahansal, qui est précisément vénéré par des Ait Atta.

74. Bien avant cette époque, l'hagiographie était apparemment devenue une activité importante à laquelle se vouent des savants respectés à Fès et enseignant à l'université de la Qarawiyin . Al Qâdirï n'est qu'un exemple parmi d'autres, et lui-même meurt en odeur de sainteté. D'autre part. Tamgrout est la seule zaouia, aux dires des hagiographes, que le sultan Ismaïl autorise à réciter le hadith et à en faire l'exégèse à l'occasion des fêtes religieuses avec l'argument que seuls les savants de la zaouia sont à même de s'acquitter correctement de cette tâche (voir biographies des deux premiers cheikhs dans les ouvrages déjà cités).