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Qu'est-ce que le travail ?

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

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Si tout ce qui touche au travail appelle une étude aussi attentive, c'est qu'il mérite d'être considéré comme un trait spécifique de l'espèce humaine. L'homme est un animal social, zoon politikon, qui, aujourd'hui encore, à travers la variété des complexes écologiques, à travers les diversités de rythme dans la marche du progrès technique, d'évolution dans la structure et le niveau économique des sociétés, est essentiellement occupé de travail. Le travail est un commun dénominateur et une condition de toute vie humaine en société. Les exemples classiques de travail animal, souvent cités, ceux de certains insectes (fourmis, termites, abeilles) ou mammifères (castors) ont été rapportés par la psychologie zoologique à des comportements instinctifs, dans un environnement de stimulations déterminées. Dès qu'il y a adaptation à une situation imprévue et, par exemple, fabrication d'outils, on se rapproche, comme l'ont montré les célèbres expériences de Kôhler (1928) sur des singes supérieurs à Ténériffe, des conditions et exigences intellectuelles du travail humain.

Type
Chronique des Sciences Sociales
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1960

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References

1. Les thèmes de cet article seront repris dans l'Introduction au Traité de Sociologie du Travail qui, sous la direction de Georges Friedmann et Pierre Navilue, paraît r a aux Editions Armand Colin à la fin de cette année. Il importe de souligner qu'au cours de ces pages les activités de travail seront considérées dans le cadre des sociétés que les ethnologues appellent « modernes » (industrialisées ou en voie d'industrialisation) en les distinguant des sociétés « traditionnelles » ou coutumières qu'ils étudient presque exclusivement : le travail y est le plus souvent pénétré par la cérémonie, le rite et, outre sa fonction économique, détient le rôle de préserver la force du groupe et d'y maintenir l'ordre.

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1. Le Capital, éd. citée, t. I, p. 183.

2. Max Scheler, « Arbeit und Ethik », Zeitschrift fur Philosophie und philosophische Kritik (1899).

3. L'enquête internationale (1956-1958) entreprise par I'Unesco et le Conseil International des Sciences Sociales sur les facteurs socio-culturels affectant la productivité, malgré les difficultés inhérentes à une recherche comparative trop limitée, a néanmoins mis en lumière l'incidence des variables socio-culturelles sur le niveau de productivité des travailleurs. Le profil différentiel de la combinaison de trois facteurs (production, productivité, motivation productiviste) fournirait, semble-t-il, dans chaque système socio-culturel, un discriminant valable. D'après les premières indications présentées par le rapport de synthèse, l'attitude à l'égard du travail dans une économie donnée dépend de la coïncidence ou de l'écartement des courbes d'évolution de ces trois facteurs.

1. Cf. dans l'enquête sur les facteurs socio-culturels affectant la productivité, déjà mentionnée, le rapport concernant la Corse (1958).

2. D'après les dispositions, adoptées par le Soviet Suprême en février 1959, les futurs étudiants sont, sauf quelques catégories exceptionnelles, soumis à l'obligation de stages dans la production, d'une durée de plusieurs années. Parmi les raisons complexes qui ont suscité ces mesures, celle de lutter contre la répugnance à l'égard des travaux manuels, très répandue parmi les jeunes soviétiques, n'est pas la moindre. Cf. Georges Friedmann, « Pompage et Brassage (La formation professionnelle en U.R.S.S.) », Arguments, n° 10, nov. 1958.

3. Par exemple : « Le travail, c'est la vérité de l'idéalisme et du matérialisme, c'est l'homme au principe de la matière et c'est la conscience émergeant du vide vers la plénitude de la joie » ( Vuïllemin, J., L'Etre et le Travail, P.U.F., Paris, 1949, p. 16 Google Scholar).

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2. La série des points de vue que nous indiquons ici n'est pas exhaustive. D'autres pourraient être mentionnés, d'autres encore apparaîtront au fur et à mesure du progrès des sciences humaines.

1. Whyte, W. F., Money and Motivation, an Analysis of Incentives in Industry, Harper, New York, 1955.Google Scholar Cf. également Viteles, M. S., Motivation and Morale in Industry, New York, 1953, pp. 181 Google Scholar et suiv. et, pour une présentation générale de la question, D. C. Milleh et W. H. Form, Industrial Sociology, 1951, chap. IX, « The Informai organization of labor ».

1. H. Baktoli, op. cit., p. 16.

2. Il est clair maintenant que les conditions de travail, vues sous chacun des angles que nous avons successivement adoptés (technique, physiologique, psychologique, social, économique) influent à travers le rendement sur la productivité du travailleur. D'où, pour le sociologue, la complexité particulière de cette notion soumise à des variables appartenant à des ordres de réalité très different.

1. La marchandise peut être considérée, dans ses rapports avec le travailleur, comme une valeur d'usage produite pour d'autres.

2. Cf. Attitudes des ouvriers de la sidérurgie à l'égard des changements techniques, Rapport présenté par J. Dofny, C. Durand, J. D. Reynaud, A. Touraine, Institut des Sciences Sociales de l'Université de Paris, ronéo, pp. 287-238.

1. Nous n'avons pas encore eu connaissance (1959) d'enquêtes sociologiques directement consacrées à ce phénomène. Cf. « Le double emploi », Tribune de Genève, 3 juillet 1957, et l'article d'Harvey Swados qui contient d'intéressantes observations surle « double emploi » chez les ouvriers des usines de caoutchouc d'Akron (Ohio) : « Less work, less leisure » in E. Larrabee et R. Meyersohn (éd.), Mass Leisure, Chicago, Free Press, 1958.

1. Journées de la Santé Mentale, Paris, 27-28 novembre 1955, rapport du groupe de travail pour l'hygiène industrielle, présenté par Claude Veil, L'Hygiène Mentale, 1, 1956, pp. 61 et ss.

2. P. Sivadon, articles cités, auxquels nous ajoutons : « L'adaptation au travail en fonction des niveaux de maturation de la personnalité », Le Travail Humain, juillet-décembre 1954. — J. Tizard et N. O'Connor, « The occupational adaptation of high grade mental défectives », Lancet, sept. 1952.

3. Mayo, E., The human Problems of an industrial Civilization, New York, Macmillan, 1933 Google Scholar ; The social Problems of an industrial Civilization, Boston, 1947 ; The political Problems of an industrial Civilization, Boston, 1947. — Roethlisberger, F. J., Management and Morale, Harvard University Press, Cambridge, 1941.Google Scholar Les thèmes de Mayo se trouvent repris et nuancés par Homans, G. C., The human Group, Harcourt Brace, New York, 1950 Google Scholar et Whyte, W. F., Palterns for industrial Peace, Harper, New York Google Scholar, TQ51. On trouvera sur ce sujet une discussion et une bibliographie détaillée dans C. Kerh et L. Fischer, « Plant Sociology : the Elite and the Aborigènes », in Komarovsky, M., Common Frontiers of the Social Sciences, Free Press, Glencoe, 1957.Google Scholar

1. Friedmann, G., Problèmes humains du machinisme industriel, Gallimard, Paris, nouv. édit., 1955, p. 313 Google Scholar à 323.

2. Cf. l'exposé de Dickson, W. J. in The New Industrial Relations, Cornell University, 1948 Google Scholar, et notre critique de cette « thérapeutique des tensions industrielles », in Où va le travail humain? Gallimard, Paris, 1951, 2” édit. 1954, p. 142-147 et Appendice III.

3. L. S, Hearnshaw, articles cites.

1. C. B. Frisby, Le Travail Humain, 1954, XVII, n° 1-2, pi. 1.

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