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New York, du port à la ville. La construction de l'espace urbain, 1750-1820

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

Jeanne Chase*
Affiliation:
EHESS

Extract

Le développement des villes portuaires à la fin du XVIIIe siècle a retenu l'attention d'un nombre croissant de chercheurs. Dominés par des groupes de marchands dont le revenu provient principalement du commerce maritime, les ports du Nord-Est des États-Unis se développent à mesure que le commerce transatlantique augmente, notamment pour répondre à une plus forte demande européenne de céréales. A la fin du siècle, New York, Boston et Philadephie sont devenues les équivalentes occidentales de Liverpool, Cork ou Bristol, tant du point de vue de la démographie que du point de vue de leur évolution physique. Pourtant, ce trait marquant du développement urbain américain a été éclipsé par la guerre d'Indépendance et ses répercussions. Si des études récentes ont mis en lumière les aspects démographiques et économiques de la croissance urbaine, la question de la transformation matérielle des villes américaines a été presque totalement négligée.

Summary

Summary

In 1750, New York City contained2000 buildings; in 1820, 20.000. Thisfirst wave of construction was not simply a response to démographie growth nor was itaprecursor to the industrial era. Like port development throughout the Atlantic world, it reflected new uses of traditional material means and institutional devices in reaction to a spécifie économie and political climate which would change after 1820. In New York, spéculative building scarcely affected construction technique or building form, but it did change the relation of building and lot, as it altered project work, financing, and the sources of supplies. Most significantly, it led to land use conflicts the institutional solution to which resulted in thefirst clear séparation of public from private space in the city, the right of the urban corporation to order the city environment in the name of gênerai welfare, and the triumph of the functionalist over the corporate vision of the city.

Type
Études Urbaines
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1989

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References

Notes

1. Sur le développement urbain de l'Amérique du Nord, voir Nash, Gary B., « The Social Evolution of Preindustrial American Cities, 1700-1820 », Journal of Urban History, 13, 2, 1987, p. 115146.CrossRefGoogle Scholar Voir aussi Price, Jacob M., « Economie Function and the Growth of American Port Towns in the Eighteenth Century », Perspectives in American History, 8, 1974, p. 177183.Google Scholar Voir encore l'un des rares ouvrages qui fait la soudure entre les périodes coloniale et nationale : Sam Bass Warner, Jr., The Private City. Philadelphia in Three Periods of Its Growth, Philadelphie, The University of Pennsylvania Press, 1968. La période coloniale est admirablement traitée dans l'ouvrage en deux volumes de Cari Brtdenbauoh : Cities in the Wilderness. Urban Life in America, 1625-1742, New York, Capricorn Books, 1964, et Cities in Revolt. Urban Life in America, 1743-1776, New York, Oxford University Press, 1955. Citons un ouvrage qui souligne les tensions sociales de l'époque : Nash, Gary B., The Urban Crucible. Social Change, Political Consciousness, and the Origins of the American Révolution, Cambridge, Massachusetts, Harvard University Press, 1979.Google Scholar Pour une étude extrêmement détaillée et souvent citée sur la ville de New York, qui illustre le piège dans lequel on tombe si l'on sépare le développement urbain des périodes coloniale et nationale, voir Sidney J. Pomerantz, New York : An American City, 1783-1803, Port Washington, New York, Ira J. Freedman, 1965. L'auteur présuppose que les lois approuvées par la State Assembly concernant l'organisation de l'environnement urbain sont un fait nouveau. En réalité, bien que la législation coloniale de cette région ait été abrogée, les nouvelles lois de l'État sont la répétition des anciennes, souvent mot pour mot. L'une des rares études récentes traite de l'environnement matériel des villes américaines : Betsy Blackmar, « Re-walking the ‘Walking City’ : Housing and Property Relations in New York City, 1780-1840 », Radical History Review, 21, 1980. Pour une excellente perspective sur le développement transatlantique, voir P. Butel and L.M. Cuixen éds, Cities andMerchants : French and Irish Perspectives on Urban Development, 1500-1900, Dublin, Tony Moreau for Trinity Collège, 1986. La signification au sens large du développement urbain au XVII* siècle est analysée dans l'ouvrage monumental de Jean-Claude Perrot, Genèse d'une ville moderne. Caen au XVIIIe siècle, Paris, Mouton, 1975. Sur l'organisation matérielle des villes du XVIIIe siècle par une réflexion sur la pensée des Lumières, voir Manlio Brusatin, Venezia nel Settecento. Stato, Architettura, Territorio, Turin, Giulio Einaudi, 1980.

2. Sur le prix des matériaux, voir : Clark, Victor S., History of Manufactures in the United States 1607-1860, New York, McGraw-Hill Book Co., 1929, p. 616.Google Scholar Sur le contexte financier : Jeanne Chase, « Crédit à court terme et croissance d'une capitale commerciale : New York 1786-1820 », dans J. Chase éd. Géographie du capital marchand aux Amériques 1760-1860, Paris, Éditions de l'École des hautes études en sciences sociales, 1987, pp. 79-107.

3. Wilson, James Grant éd., The Mémorial History of the City of New York, 3 volumes, New York, New York History Company, 1892, v.II, p. 451.Google Scholar Nous avons obtenu des informations sur les réseaux de ports et les cargaisons dans les registres maritimes des journaux de New York suivants : New York Gazette (Weyman's), Feb. 1759-Dec. 1767, New York Mercury, Jan. 1763-Dec. 1767, The New York Gazette and Weekly Mercury, Jan. 1768-Dec. 1775 et Jan. 1776-Nov. 1783, et Commercial Advertiser, Nov. 1797-June 1820. Pour une étude détaillée de ces réseaux pendant la période nationale, voir Jeanne Chase, « War on Trade and Trade in War : Stephen Jumel and New York Maritime Commerce, 1793-1815 », Bulletin du Centre d'histoire des espaces atlantiques, 1988, pp. 111-161. On trouve une publicité typique pour une maison en bois dans N Y G W M, June 5, 1780.

4. Sur l'étalement dans le temps des projets municipaux, voir Isaac Newton Phelps Stokes éd., The Iconography of Manhattan Island, 6 volumes, New York, R. H. Dodd, 1915-1928, v.2, « Référence key to the landmark map », pp. 923-1012. Il fait la liste de toutes les rues avec la date de leur ouverture et des travaux d'amélioration, des quais, des jetées et des cales et de tous les édifices publics depuis les premières années de la ville. Voir aussi D.T. Valentcne, Manual of the Corporation of the City of New York for 1855, New York, McSepdon and Baker, 1855, p. 573- 575, et Niles Weekly Register, 18 juin 1819.

5. Stokes, op. cit., v. 3, p. 197 sur le travail volontaire. Sur les étrangers comme menace politique, voir Jeanne Chase, « L'organisation de l'espace économique dans le Nord-Est des États- Unis après la guerre d'Indépendance », AnnalesE.S.C, juillet-août 1988, p. 998. Dans le cas de New York, l'importance accordée à la confiscation des terres appartenant aux sujets britanniques après la guerre d'Indépendance a fait passer au second plan le fait que tout étranger, quelle que soit sa nationalité, doit théoriquement avoir une autorisation légale spéciale pour posséder une propriété foncière. Cette politique se poursuit au XIXe siècle. Voir Laws of New York, Washington, D.C., The Library of Congress, Records of the United States of America. A Microform Compilation, 1949, 8th session, chapter 66, section 21 (1785), 21st session, chapter 62 (1798), 25th session, chapter 59 (1802), 29th session, chapter 105 (1806). Ces lois sont le prolongement de la politique coloniale sur les biens fonciers des étrangers. Voir N Y M X G, 29 janvier 1770.

6. Budenbaugh, Citiesin Revolt, op. cit., p. 339. Gilbert A. Stetler, « The Classical Idéal. Cultural and Urban Form in Eighteenth-Century Britain and America », Journal of Urban History, 10, 1984, pp. 351-382.

7. James Gavin Lydon, « The Rôle of New York in Privateering Down to 1763 », ph. D. dissertation, Columbia University, 1956, pp. 344-351; Alexander J. Wall, « The Evacuation of New York in 1783 », reprinted from History of the State of New York, v. 3, Columbia University Press, by the New York Historical Society, 1933, for the Sesquicentennial Célébration of the Evacuation of the City of New York, pp. 3-9, 23; Chase, « War on Trade and Trade in War », op. cit.

8. Sur les recensements coloniaux, voir E. B. O'Callaghan, Documentary History of the State of New York, 4 volumes, Weed, Parsons & Co., 1849-1851, v. 1, p. 473, 474, Fédéral censuses, 1790 to 1830.

9. Sur les lettres patentes, voir Stokes, op. cit., v. 2, planches 174-180, pp. 946-948, et George Ashton Black, The History of Municipal Ownership of Land on Manhattan Island, New York, Columbia Collège Studies in History, Economies and Public Law, 1891, pp. 17-50. Sur les taxes, voir Beverly Mcanear, « Mr. Robert Livingston's Reasons Against a Land Tax », Journal of Political Economy, 82,1940, pp. 63-90, et Blackmar, op. cit., p. 138, sur les stratégies de développement.

10. American Magazine and Monthly Chronicle, décembre 1757, p. 116.

11. Cité dans Brtdenbaugh, Revolt, op. cit., p. 69.

12. Ibid.,p.67.

13. Avant 1840, il n'existe pas de recensement des bâtiments de New York en fonction de leur type. Ce tableau comporte des estimations sur le nombre des bâtiments en place et de mises en construction basées sur des rapports des journaux suivants: Gazette (Weyman's), 8 février 1762 (1755 & 1762), American Magazine, mars 1788, p. 222, (1788), CA, 25 avril 1798 (1798), 10 juin 1806 (1806), The Shamrock, août 1816 (1816), Niles Weekly Register, 27 juin 1818 (1818), et Stokes, op. cit., v. 1, p. 395 (1800), vol. 5, p. 1594 (1817), p. 1603 (1818). Pour le nombre de rues, voir note 4. Pour la population, voir note 8.

14. Gazette (Weyman's), 8 février 1762.

15. Brtdenbaugh, Revolt, op. cit., p. 16.

16. Sur les lieux de l'activité de construction, voir Stokes, op. cit., v. 2, planche 34, « A plan of the city of New York from an actual survey » ( 1754). Planche 42, « Plan of the city of New York surveyed in the years 1766 & 1767 » (The Ratzer Map, 1767). Planche 64, « A new and accurate plan of the city of New York » (1797). De la New York Historical Society, « Plan of the city of New York », by Casimir Goerck and Joseph Mangin, City Surveyors (1803); « Plan of the city of New York » by Th. Poppleton, City Surveyor (1817); « Plan of the city of New York » engraved by W. Hooker (1824). Sur les immeubles vacants, voir Longworth's American Almanach, New York Register and City Directory, Thomas Longworth, publisher, 1825-26: entrées de l'annuaire de 1789 à 1825.

17. N Y G, 7 mars 1763, N Y G & W M, 23 janvier 1773.

18. Nous avons modifié l'ordre alphabétique de l'annuaire de Longworth pour 1812 afin de grouper les personnes par profession ou métier et distribuer ces groupes en fonction de leur adresse dans la ville. Nous avons utilisé le même procédé pour les annuaires de 1786 et 1825.

19. Laws of New York, 7th session, chapter 32 (1784).

20. James Hardie, A Census of New Buildings Erecled in this City, in the Year 1824, New York, 1825, p. 12. Hardie s'intéresse à la hauteur et aux matériaux des nouveaux édifices, mais ne précise pas leur usage spécifique prévu.

21. Sur les règlements contre les incendies, voir Laws of New York: 15th George III, chapter 63 (1775); 9th session, chapter 43 (1786); Pomerantz, op. cit., p. 231 pour la loi de 1791; 19th session, chapter 55. Sur les matériaux réglementaires, voir Esther Singleton, Social New York under the Georges, 1714-1776, New York, D. Appleton & Co., 1902, p. 33. Les briques « réglementaires » sont du « type dur ». Leur prix est plus élevé que celles du « type mou » : il va de 28 à 40 shillings les 1000 pour les premières, contre 16 à 30 shillings pour les secondes.

22. La description générale des immeubles de New York est tirée de publicités immobilières parues dans les journaux cités en note 3, ainsi que dans The New York Evening Post, de 1801 à 1820. Les illustrations de Stokes, op. cit., ont aussi été utiles. Le Professeur Robert Twombly, historien de l'architecture, nous a aimablement renseignée sur les techniques de construction. Sur le changements des styles, voir Grant-Wilson, op. cit., v. 2, pp. 469, 470. Sur les boutiques, voir New York Journal, 2 août 1772.

23. Sur Wall Street, voir D.T. Valentine, Manual of the Corporation of the City of New York for 1865, New York, 1865, pp. 538-546. Sur les relevés : Pomerantz, op. cit., p. 231.

24. Assessment of the Real and Personal Property of the East Ward of the City of New York… June 24, 1791, New York Historical Society : Collections, v.44, 1911, pp. 317-385.

25. Voir note 18.

26. Stokes, op. cit., v.5, p. 1580.

27. Valentine, op. cit., 1865, pp. 573-589.

28. Stokes, op. cit., v.5, entrée datée du 12 mai 1803 sur Hudson Square ; Valentine, op. cit., 1865, p. 603.

29. Chase, op. cit., 1987, p. 89.

30. June 1, 1815.

31. Rock, Howard, Artisans of the New Republic. The Tradesmen of New York City in the Age of jefferson, New York, 1979, pp. 240, 249 et 275.Google Scholar

32. Grant Wilson, op. cit., v.2, p. 451 ; Clark, op. cit., Chapitre 5, pp. 87-122.

33. Voir note 3.

34. Stokes, op. cit., v.5, entrée du 22 mars 1803.

35. New York Post, April 24, 1815.

36. Grant Wilson, op. cit., v.3, pp. 279 et 470.

37. Voir note 18. Edward Pessen, Riches, Class and Power before the Civil War, Lexington, Mass., D.C. Heath and Company, 1973, Appendix C, pp. 320-322.

38. New York Post, December 20, 1814, et February 2, 1815.

39. Gottmann, Jean, Megalopolis. The Urbanized Northeastern Seabord of the United States, Cambridge, Mass., The M.I.T. Press, 1961, p. 138.Google Scholar

40. Cité dans Stokes, op. cit., v.5, pp. 1293 et 1345.

41. Haar, Charles M., Land-Use Planning. A Casebook on the Use, Misuse and Re-use of Urban Land, Boston, Little, Brown and Company, 1959, p. 334.Google Scholar

42. Voir note 4.

43. Cité dans Singleton, op. cit., p. 56.

44. Haar, op. cit., p. 95-146.

45. Horowitz, Morton J., The Transformation of American Law, 1780-1860, Cambridge, Mass., Harvard University Press, 1977, pp. 44, 56, 71, 103-5 et 265.Google Scholar

46. Black, op. cit., pp. 65 et 69.

47. Gazette (Weyman's) July 7, 1759.

48. Black, op. cit., pp. 65-68 ; Bridenbaugh, Revolt, op. cit., p. 236.

49. Laws of New York, 14th George III, chapter 23 (1774).

50. Laws of New York, 14th George III, chapter 50 (1774) ; 7th session, chapter 56 (1784).

51. Laws of New York, 10th session, chapter 61 ; 20th session, chapter 63 (1797).

52. Black, op. cit., p. 43 ; Stokes, v.5, entrées du 15 février 1813, 30 juin 1806 et 8 juin 1807, p. 1482.

53. Sur cette requête, voir Stokes, op. cit., v.5, p. 1454. Sur ce projet, voir Valentine, op. cit., 1865, pp. 756-765.

54. Pomerantz, op. cit., pp. 247-285.

55. Sur le caractère central de la fonction de la nouvelle vision urbaine, voir Perrot, op. cit., 1865, pp. 756-765.

56. Angela Fahy, « Résidence, workplace and patterns of change, Cork, 1787-1863 » ; J.-P. Poussou, « Le développement de Bordeaux au XVIIIe siècle », dans Butel and Cullen éds, op. cit., pp. 41-52, 75-96 ; Warner, op. cit.

57. Perrot, op. cit. ; John Latimer, Annals of Bristol in the Eighteenth Century, Bristol, 1893 ; John Corry, History of Liverpool, Liverpool, 1810.

58. Brusatin, op. cit., pp. 8-13.