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Le commerce de la maison d'Ilîgh d'après le registre comptable de Husayn b. Hachem (Tazerwalt, 1850-1875)*

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

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L'antériorité de la formation du capital symbolique sur l'accumulation du capital matériel n'est pas une découverte récente. L'idée est déjà chez Ibn Khaldoun, ce qui lui donne beaucoup d'autorité, mais ne constitue pas en soi un argument recevable. Il dit à peu près ceci : « Le pouvoir est un des moyens de se procurer les richesses ; celui qui est dépourvu de ce prestige que donne un haut rang ne peut devenir très riche. »

Summary

Summary

By the middle of the 19th century, only a small portion of the trans-Saharan trade destined for Europe still passed through the port of Es-Saouira (Mogador). At Tazerwalt, thefamily of lligh continued to assure the protection of the annual moussem festival as well as the protection of one of the principal markets in South-Western Morocco, where products coming from Black Africa were exchanged with those from Europe.

It was the cherifs, descendants of Sidi Ahmed b. Moussa el-Semlali, who, with the exception ofsome brief interruptions, guaranteed the security of these exchanges for almost two and a half centuries.

In order to do so, they were obliged to organize a police force, procedures of protection banking practices, a penal System, etc., ail ofwhich was outside the structure of the central makhzen. For the years 1850-1875, the daily details of these operations are known to us thanks to a register of accounts containing more than one thousand documents which was kept by the scribes of Husayn b. Hachem al-llighi.

Thus, for the first time in Morocco, we are able to penetrate the mystico-religious exterior and discover the commercial and financial practices of the heirs of one of the greatest saints of the Sous.

Type
Les Formes du Social
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1980

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Footnotes

*

Nous avons simplifié la transcription de Mūsā en Moussa, Hāšem en Hachem ; Abdallah, Abd-ar-Rahman? Ali ne sont pas précédés de.

References

1. Ibn Khaildoun, Discours sur l'histoire universelle (Al-Muqaddima), Beyrouth, éd. Unesco, 1968, t. II, pp. 798-799. Le concept de capital symbolique est emprunté à Pierre Bourdieu.

2. P. Pascon, Tamesloht, Le Haouz de Marrakech, Rabat, 1977, t. I, p. 261 ss.

3. Ernest Geuner, The saints of Atlas, Londres, 1969.

4. Muhammad Ibn Askar, Dawhat an-nachir, Litho-Fès, 1309-1891, trad. A. Graui.I.E, Arch. Maroc, t. XIX, 1913, pp. 76-77 et 181-182.

5. A propos de la sadaqa « Les aumônes sont seulement pour les besogneux, les pauvres, ceux oeuvrant pour eux, ceux dont les coeurs sont ralliés dans le chemin d'Allah. » Coran, 2/274 et aussi 9/58-60.

6. Le nombre des héritiers d'Ali — 18 garçons et 12 filles — est connu grâce à l'acte de succession inséré dans le Diwan .

7. L'abondance de la correspondance avec les puissances alentour et les rappels à l'ordre du makhzen permettent de suivre les démarches et les hésitations.

8. J.-L. MIÈGE, Le Maroc et l'Europe, 1830-1894, Paris, 1960-1963, 4 vols, suivi de Documents d'histoire contemporaine et sociale marocaine, Paris, CNRS, 1969 ; voir encore : « La Libye et le commerce transsaharien ». Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, 19, 1er semestre 1975, pp. 135-168.

9. J. Caro-Baroja, « Sobre el viejo comercio sahariano », Estudios Moghrebies, Madrid, pp. 101-109.

10. E. W. Bovili., Caravans of the old Sahara. An introduction to the history of Western Sudan , Oxford, 1933 ; et The Golden trade of the Moors, Londres, 1958.

11. Ch. DE Foucaui.D, Reconnaissance au Maroc, Paris, 1888. Oskar Lenz, Timbouctou, trad. Lehautcourt, 2 tomes, Paris, 1886.

12. On se ferait cependant une fausse idée si l'on en concluait que toute l'activité commerciale de Husayn b. Hachem durant ces trente-trois années est enregistrée dans le seul K 3. Il est au contraire probable qu'un autre registre ait porté les opérations antérieures à 1270 et qu'un autre encore ait été ouvert à partir de 1290, mais je n'en ai pas à ce jour connaissance.

13. EI.-Bokhâri, Les traditions islamiques, Paris, 1977, t. II, p. 118, chap. xm. « Celui qui a des droits a le droit de parler. » On rapporte que le Prophète a dit : « Le retard de celui qui est solvable autorise (les paroles blessantes pour) son honneur, et aussi son châtiment. »

14. Sur la commandite commerciale, cf. Golziher, Le dogme et la loi de l'Islam, pp. 217-218 ; Miuot, Introduction à l'étude du droit musulman, p. 638 ss. ; Haïm Zafrani, Les Juifs au Maroc , Geuthner, 1972, p. 182, et n. 6 et 7 ; Béni Fakar, La commande (el-quirad) en droit musulman , Paris, 1910 ; Joachim Gatei.I., « Description du Sous », Bull, de la Société de Géogr., mars-avril 1971, p. 20 ; Oskar Lenz, op. cit., 1.1, p. 351 et p. 359.

15. Le mitqal est au xixe siècle une monnaie de compte et non une monnaie réelle. Il vaut 10 awaq (pi. de uqiya) . Sa valeur canonique équivaut à 29,116 g d'argent fin, mais dans l'usage courant au xixe siècle, il faut l'entendre comme valant 10 dirhams réels courants ; l'expression est exactement : « mitqal de dirham d'argent de frappe actuelle » (mitqal darahim fadda sakka atta 'rih) .

16. Daniel Eustache dit qu'elles ne circulèrent pas, car peu de monnaies d'or ont été frappées après Mohammad b. ‘Abdallah. Communication orale, 19.12.1978.

17. Léon Godard, Description et histoire du Maroc, Paris, 1860, p. 166. « Le gouvernement ne reçoit que les monnaies d'or et d'argent et il paye en monnaie de billon. C'est la source pour lui d'énormes bénéfices… »

18. Naciri, Istiqça, Arch. Maroc, t. 10, 1907, pp. 188-189.

19. L'information arrive à Ilîgh exactement 26 jours après que le dahir ait été scellé à Marrakech. K 3 373/2.7.3.1852/10.5.1268. « Le dix joumada I de l'an 1268 nous parvient l'ordre du sultan Mawlana ‘Abd-ar-Rahman, que Dieu l'assiste ! d'augmenter la valeur de sa monnaie d'une demi-mouzouna par once, et le quartier d'une once. Le rial vaut 19 onces. »

20. Ben Zidane, II, p. 341.

21. Naciri, Istiqça, Fumey, AM EX, p. 162.

22. Id., ibid., p. 172.

23. Id., ibid., pp. 188-189.

24. Ben Daoud, Ta'rikh Titwan, cité par Germain Ayache, « Aspects de la crise financière au Maroc après l'expédition espagnole de 1860 », Revue historique, t. 220, oct-déc. 1958, p. 32 et n. 2.

25. Naciri, op. cit., pp. 266-268.

26. J. Farrugia DE Candia, Monnaies algériennes du Musée du Bardo -, P. Ernest-Picard, La monnaie et le crédit en Algérie depuis 1830, Collection du Centenaire, 1830-1930, Paris, Pion, 1930, 435 p. ; M. LA voix, Catalogue des monnaies musulmanes de la Bibliothèque nationale, Paris, 1891 ; Mounir Bouchenaki, La monnaie de l'Emir Abd-Al-Kader, Sned, Alger, 1976.

27. Julio Caro Baroja, Estudios Saharianos, Madrid, p. 95. Voir aussi E. Bovill, Caravans of the old Sahara, op. cit. ; Eduardo Lucini, « La factoria de Rio de Oro », Boletin de la Soc. Geogr. de Madrid, XXXIII, 1892, pp. 85-114 ; Félix A. Mathews, « El Sus, El Uad Nun y el Sahara », Boletin de la Soc. Geogr. de Madrid, XII, 1882, pp. 513-525.

28. Tichit est en Mauritanie par 18°26 N et 9°30 W.

29. Jules Oudot, Le fermage des autruches en Algérie, Paris, 1880, p. 40.

30. Oudot, op. cit., pp. 151-152.

31. A Villa Cisneros (Dakhla) en 1886, on achète les plumes selon quatre catégories de prix : 1 250, 625, 60 et 30 pesetas, dans Julio Caro-Baroja, op. cit., p. 95, n. 2. Voir aussi Jean-Louis MIÈGE, Le Maroc et l Europe, Paris, PUF, 1961, t. II, p. 131, et t. II, pp. 88-90.

32. Sur ce sujet, voir J.-L. Miège, op. cit., t. III, pp. 91-93.

33. Beaumier, « Premier établissement des israélites à Timboktou », Bull. Soc. Géogr., II, 1870, p. 26.

34. Cf. Pierre Flamand, Diaspora en terre d'Islam, Casablanca, s.d., pp. 75-76. 35. Id., ibid., p. 55, « Les protégés juifs figurent dans les actes de succession, répartis entre les cohéritiers ainsi que les terres et les troupeaux » ; p. 56 signale un acte de vente. Charles DE Foucaui.D, Reconnaissance au Maroc, pp. 398-400.

36. Oskar Lenz, op. cit., rapporte que « Sidi Housse'in a établi une nouveauté inouïe, en permettant aux Juifs eux-mêmes de venir au grand mouggar de la zaouïa de Sidi Mouhamed Ben Mouça », t. I, p. 364. Cette indication n'est pas strictement confirmée par les descendants, qui déclarent que les juifs pouvaient ouvrir des boutiques à proximité du moussem, mais il leur était interdit de pénétrer dans l'enceinte même de la foire.

37. En 1880, la population juive est donnée par Ch. DE Foucault, op. cit., Ilîgh 70 familles, Ifrane 34, Oued Noun (Goulimine) 40, Ouizzâne Zarar ida Oultit (Wijjane) 50, Tamanart 20. En 1951 le recensement des A.I. donne : Ilîgh 54 foyers, Ifrane 36, Goulimine 16, cité par Flamand, op. cit .

38. La première expédition de Moulay ai-Hassan date de 1882.

39. Voir en particulier D. Jacques-Meunié, Le prix du sang chez les Berbères de l'Atlas, Extr. Mémoires Acad. Inscript. Belles-Lettres, t. XV, 2e partie. Imprimerie nationale, Paris, 1964, 104 p., abondante bibliographie.

40. Oskar Lenz, t. I, pp. 350-351, rapporte que ce système d'assurance date de Sidi Hicham luimême.

41. Cf. P. Pascon, Tamesloht, op. cit., t. I, pp. 263 ss.

42. T. Lewicki, « L'État nord-africain de Tahirt et ses relations avec le Soudan », Cahiers d'études africaines, 1962, 8, pp. 513-535 ; N. Levtzion, « Commerce et Islam chez les Dagomba du Nord Ghana », Annales ESC, 1968, n° 4, pp. 723-743 ; Abdallah Laroui, L'histoire du Maghreb , Maspero, 1975, t. I, p. 97.

43. Il s'agit là du portage. Avec le roulage, les conditions sont bien différentes.

44. Abdallah Laroui, op. cit., t. I, p. 133, n. 17.