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Cultures complémentaires et nourritures de substitution au Maroc (XVe-XVIIIe siècle)

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

Bernard Rosenberger*
Affiliation:
Université de Paris VIII

Extract

A la fin du XVIIe siècle, Al Yūsī, dans ses , évoque un conteur qui, sur la place publique, à sa façon, campe la diversité régionale et sociale du Maroc. Le Fassi, dit-il, si on lui demande ce qu'il préfère manger dira : des pigeons à la sauce, le Marrakchi... du pain de blé et de la viande de mouton, le 'arubī... — paysan arabophone — du barkūksh — sorte de couscous — avec du lait et du beurre frais, le berbère... de la bouillie de millet ou de sorgho, 'asīda 'anilī, et enfin le Dr'āwi réclamera la datte bu faqqūs de Tagmadert avec de la soupe, harīra. Pour la plus grande joie de son auditoire, il le fait dire à chacun dans son parler. Notre lettré veut-il simplement typer des personnages, ou est-il désireux d'illustrer la sagesse de l'ordre voulu par Dieu lorsqu'il ajoute qu'il serait vain.

Summary

Summary

This article studies the habits of alimentary consumption, the practices of cultivation and conservation and the innovation by which Moroccan peasants of XVth through XVIIIth centuries confronted the problem posed by the irregular nature of their harvests ans their unequal distribution.

Type
L'Orientalisme Aujourd'Hui
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1980

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References

Notes

1. Hasan Ai. Yu̅si, Al muha ̅dara ̅t, M. Hajji éd., Rabat, 1976. p. 82.

2. E. G. Gobert, « Usages et rites alimentaires des Tunisiens ». Archives de l'Institut Pasteur de Tunis, XXIX, sept.-oct, 1955 ; Gast, M., L'alimentation des populations de l'Ahaggar, Paris, 1968 Google Scholar ; Yker, L.. L'alimentation au cap Awkas, thèse, Paris, 1977 Google Scholar ; J. Mathieu, « Étude des conditions de vie dans une palmeraie du Moyen Ghéris et contrôle de la nutrition de ses habitants », Bulletin de l'Institut d'hygiène du Maroc, I, 2, 1939, pp. 23-84.

3. E. Ashtor, « Alimentation et société dans l'Orient médiéval », Annales ESC, n° 5, sept.-oct. 1968, pp. 1 017-1 052 ; Vailensi, L., Fellahs tunisiens. L'économie rurale et la vie des campagnes aux XVIIIe et XIXe siècles, Paris, 1977 CrossRefGoogle Scholar, chap. 4 et 5.

4. B. Rosenberger et H. Triki, « Famines et épidémies au Maroc aux xvie et xvnc siècles », Hesperis-Tamuda, Xiv, 1973, pp. 109-175 et XV, 1974, pp. 5-103.

5. La population du Maroc au xvie siècle a été surestimée par différents auteurs. Cf. B. Rosenberger et H. Triki, 1974, pp. 68-72. La production céréalière des « Arabes », c'est-à-dire des gens vivant sous la tente, est attestée par de nombreux documents.

6. Jean-Léon I'Africain, Description de l'Afrique, trad. ÉPauiard, 1956, p. 303 ; L. DE Marmoi., L'Afrique de…, traduction de N. Perrot, 1667. t. 2. p. 298 et p. 300.

7. L. DE Marmoi., 1667, t. 2, p. 250 ; Jean-Léon, 1956. pp. 274, 275. 276, 285, 286 et 288.

8. Ibid., p. 208.

9. Ibid., p. 280.

10. Ibid., pp. 208 et 195 ; G. Mouette, Histoire des conquestes de Mouley Archy, 1683, Sources inédites de l'histoire du Maroc, 2e série. France, t. 2, 1924. pp. 83-84.

11. Ibn AI. ‘Awwâm, Le livre de l'agriculture (Kitab al Fellaha), trad. J.-J. CLÉMent-Mullet, t. I, 1864, chap. 16, pp. 638-639 ; étude très documentée de L. Boilens, « La conservation des grains en Andalousie médiévale d'après les traités d'agronomie hispano-arabes », communication au séminaire de l'ARF, Sénanque, 1977.

12. Sources inédites de l'histoire du Maroc, 1ro partie, Portugal, t. 1. 1934, p. 444, n. 1 (cité plus loin Sihm)i Jean-Léon, 1956, pp. 163, 291 et 299 donne d'autres exemples de ce type d'association.

13. Un chameau porte 250 à 300 kg ; un mulet ou un cheval qui transporte le grain à Fez « d'habitude un roggio et demi… en trois sacs, l'un sur l'autre », Jean-Léon, 1956, p. 196 ; sur le rôle possible de la voie d'eau, p. 545.

14. Ai. IdrisÏ, Description de l'Afrique et de l'Espagne, traduction Dozy et DE Goeje, 1866, p. 83. Ce commerce s'est poursuivi jusqu'aux xvc et xvic siècles malgré la Reconquista : témoignages abondants dans les documents portugais et espagnols. On voit des vestiges de silos par exemple à Kouz : B. Rosenberger, « Notes sur Kouz, un ancien port à l'embouchure de l'oued Tensift », Hesperis-Tamuda, t. VIIF, 1967, pp. 23-66. Les “Abda venaient y entreposer leurs grains (Sources inédites, Portugal, t. I, p. 672).

15. Jean-Léon, 1956, p. 122 ; E. DouttÉ, Merrakech, 1905, p. 184.

16. Jean-Léon, 1956, p. 207.

17. Ibid., p. 202.

18. Ibid., p. 238 : « Le roi de Fez a en vérité un grand royaume. Mais il n'a qu'un petit revenu. De plus la moitié de ce revenu consiste en grain, en bétail, en huile, en beurre. »; p. 105, description d'un de ces greniers à Marrakech, à comparer avec HöST, Nachrichten von Marokko und Fes, 1781, planche 6, p. 76 ; J. DelaroziÈRE, « Habs Zebbala à Fès Djedid, étude sur un héri ». 4eCongrès de la Fédération des sociétés savantes de l'Afrique du Nord (Rabat. 18-20avr. 1938). 1930, t. 2. pp. 619-626.

19. Jean-Léon, 1956. p. 204.

20. Ibid., p. 228.

21. Ibid., p. 192: «Moyennant deux baiocchi par roggio». Le Tourneau, Fès avant le Protectorat, 1949, p. 327. distingue les terrahiya, meuniers marchands, et les tahhaïniyn qui travaillent à la commande.

22. E. Fagnan, Extraits inédits relatifs au Maghreb, 1924. p. 455.

23. R. Montagne, « Un magasin collectif de l'Anti-Atlas, l'agadir des Ikounka », Hesperis, IX, 1929, pp. 145-266 : Dj. Jacques-Meunié, Greniers citadelles au Maroc (Pihem, t. LU), 1951.

24. La charte du grenier d'Ajarif qui a servi de modèle daterait du xvc siècle, mais elle n'est peut-être que la codification d'usages antérieurs.

25. B. Rosenberger et H. Triki. 1974, pp. 102-103.

26. Ibid., pp. 16-23 et 1973. pp. 1 19-146. Pour cette famine, cf. B. Rodriguez, Anais de Arzila , D. Lopes éd., 1915, chap. i.xxv.

27. Ai. Qàdiri, Nachr alMathani, trad. Graui.I.E et Maillard, t. 2, Archives marocaines, xxiv. 1917, p. 137 ; Ihyà wa al Inti'ash, cité par B. Rosenberger et H. Triki, 1974, p. 19.

28. Coran, II, 168, V, 5, VI, 1 19 et 146. XVI, 116-117.

29. E. G. Gobert, « Les références historiques des nourritures tunisiennes », Cahiers de Tunisie, XII, 1950, p. 510; Maurizio, Histoire de l'alimentation végétale depuis la Préhistoire jusqu'à nos jours, 1932, p. 290. Dans le traité d'iBN AL ‘Awwa̅ m on fait du pain avec toutes les céréales, les légumineuses et même des graines sauvages et des noyaux, t. 2, p. 359. Ai. ‘OmarÎ, Masa̅lik e! Absa̅r fi mama̅lik el amsa̅r, l'Afrique moins l'Égypte, trad. Gaudefroy-Demombynes, 1927, p. 174, dit de façon caractéristique : « L'Empire marocain renferme toutes sortes de grains : blé, orge, fèves, pois chiches, lentilles, mil, suit, etc. »

30. E. G. Gobert, 1950, pp. 513-514. Ai. MaqqarÏ, Nqfh al TJb, 1949, t. 3. p. 137 (trad. F. Provenzai.I, El Boston ou jardin des biographies des saints et savants de Tlemcen, 1910, pp. 174- 175) cite le cas d'un Maghrébin tombé malade à Damas à qui le médecin rend la santé en lui faisant manger un plat de couscous, sa nourriture habituelle.

31. Ibn Battutâ, Voyages, éd. et trad. Defremery et Sanguinetti, 1859, t. 4, p. 394 : entre Walata et Mali on trouve du founi (fonio) « avec lequel on prépare le couscoussou ainsi qu'une sorte de bouillie épaisse ».

32. E. Laoust, Mots et choses berbères, 1920. p. 268 : le sorgho, illan ou Uni se dit en soninké illé .

33. H. Pères, « Quel est le plus ancien texte arabe ou berbère faisant mention de « couscous ? », Bull, des études arabes, III, 1943, pp. 140-141. Cf aussi L. Valensi. 1977, p. 242 sur la rareté des références et leur caractère tardif. R. Arié, L'Espagne musulmane au temps des Nasrides (1232- 1492), 1973. p. 378 et n. 10.

34. Communication de J. Boube.

35. Jean-LêON, 1956, pp. 208-209 ; G. Mouette, Relation de la captivité du Sr Mouette dans les royaumes de Fez et de Maroc, 1683, pp. 41-43 ; Z. Guineaudeau. Fès vu par sa cuisine, s.d., p. 59 ss ; L. Valensi. 1977, pp. 239-240.

36. A. Cour, art. « Kuskusù », Encyclopédie de l'Islam, lre édition, t. 2. p. 1 227 ; E. Laoust. 1920, p. 78. Souvent appelé ta'âm, c'est-à-dire la nourriture par excellence — au Maroc, dans le Nord et les Doukkala, en Tunisie. Dans le même sens ‘aï'sh, au Sahara.

37. J. Jouin, « Valeur symbolique des aliments et rites alimentaires à Rabat », Hesperis, XLIV. 1957, pp. 299-327.

38. E. G. Gobert, 1950, p. 513 et J. Jouin, 1957, p. 316.

39. B. Rodriguez, 1915, p. 96.

40. DamiÀO DE Gois, Les Portugais au Maroc de 1495 à 1521, trad. R. Ricard, 1937, p. 75.

41. Jean-Léon, 1956, p. 208 ; L. DE Marmoi., t. II, pp. 193 et 194.

42. M. Rodinson, « Recherches sur des documents arabes relatifs à la cuisine », Revue des études islamiques, 1949, p. 156 ; H. PèRes, 1943, p. 140.

43. Sihm,2e série, France, t. 5, pp. 46-47.

44. LE Tourneau. 1949, p. 327.

45. Jean-Léon, 1956, pp. 192 et 194.

46. G. Mouette, 1683, pp. 23 et 26.

47. Jean-Léon, 1956, pp. 208, 195 et 212 (pain qui ressemble aux lasagnes), pp. 191 et 21 1 (beignets). On mange plus souvent le matin les sfanj, gros beignets consistants : Guineaudeau, p. 158.

48. L. DE Marmoi., 1667, t. 2, p. 245 (Arhon et Béni Zequer), p. 252 (Vêlez de Gomère), p. 267 (Tagaza). Cf., Jean-Léon, pp. 273-293, passim .

49. L. DE Marmoi., p. 4 ; cf. Jean-Léon, 1956, pp. 72, 78, 81, 84.

50. Jean-Léon, 1956, p. 72 ; L. DE Marmoi., 1667. t. 2, p. 4.

51. « On ne vous connaît dans le Maghreb que par les immenses plats de acîda que vous offrez à vos hôtes » ironise Muhammad ibn al Sharif cité par Ai. IfrÂNI” : Nozhet-elhùdi, histoire de la dynastie saadienne au Maroc1511-1670par Mohammed Esseghir… Eloufrani, trad. frse par O. Houdas, 1889, p. 468.

52. Aï. Bâdisï. Al Maqsad, vie des saints du Rif, trad. G. S. Collin, 1926, Archives marocaines, XXVI, p. 51. Appelée zommita dans le Maroc du Nord de nos jours. Ce mets très simple, rapporté selon la tradition au calife ‘Umar, passe pour avoir la baraka .

53. Jean-Léon, 1956, p. 72. Cf. ibid., p. 152.

54. L. DE Marmoi., 1667, t. 2, p. 5.

55. Jean-Léon, 1956, p. 111.

56. J. G. Jackson, An account of the empire of Morocco, etc. 1809. p. 15 : « Oats they make no use of. », dans Une description du Maroc sous le règne de Moulay Ahmed el-Mansour (1596), éd. et trad. H. DE Castries, 1909, p. 16, cevada est faussement traduit par avoine, p. 89. R. Fréjus, passant près de l'oued Msoun et allant vers Taza. fin avril 1666, prétend qu'on « commençoit à couper quelques avoines », assertion surprenante ! Sihm,2e série, France, t. 1, p. 150. Cf. G. S. Colin et H. P. Renaud, 1934, n° 338, p. 147.

57. J. Dresch, Documents sur les genres de vie de montagne dans le massif central du Grand Atlas, 1941, carte 2 et p. 15 ; Atlas du Maroc, carte 39 a : Cultures céréalières, 1968, notice, pp. 18- 19 ; E. Laoust, Cours de berbère marocain, 1921, p. 103 : G. S. Colin et H. P. Renaud, 1934, n° 314, p. 139 Calas) : l'engrain est appelé aux confins du Rif et du Gharb shkalia qui ressemble au latin secale, seigle, ce qui explique peut-être qu'on trouve signalé en plaine le centeno dans Une description, pp. 16, 20, 25, texte et pp. 39, 93, 97, trad. ; R. PortèRes, « Les appellations des céréales en Afrique ». Journal d'agric. tropicale et de bot. appliquée, 5, 1958, p. 349 affirme que isenti, tisentit ne peuvent que provenir de centeio des Portugais et que c'est à l'époque portugaise du Maroc que le seigle a été introduit. Sur cette opinion hasardeuse, mêmes réserves qu'à propos du maïs, voir plus bas.

58. Une description, pp. 36, 50, texte et pp. 107. 113 trad. ; L. DE Marmol. 1667, t. 2, p. 202 ; J. G. Jackson, 1809, p. 21 : AL Omarï, 1927, p. 174, remarque la rareté du riz, peu cultivé car les gens « n'ont ni goût ni plaisir à en manger », ce qui est bien différent de l'Orient.

59. M. Sorre, « Les céréales alimentaires du groupe des sorghos et des millets », Annales de géographie, 1942, pp. 81-99. fait état de ces difficultés d'identification et des difficultés des spécialistes ; G. S. Colin et H. P. Renaud, 1934, n° 96. p. 44 (gawars) bon résumé des questions ; R. PortèRes. 1958, pp. 454-486 et 732-761 et ibid., 1959, pp. 68-84, 84-105, 290-305 et 305-309 n'aide guère à y voir beaucoup plus clair.

60. Atlas du Maroc, carte 39 a, notice p. 19 ; J. LE Coz, Le Rharb, fellahs et colons, 1964, t. 1, p. 325 ; J. Dresch, 1941, carte 2 et p. 15 ; J. Berque, Structures sociales du Haut Atlas, 1955, p. 130 ; Id., L'intérieur du Maghreb, 1978, pp. 307-309. Il y a peu, on voyait des champs de millet ou de sorgho dans la vallée des Ayt bu Gemmez (Haut Atlas).

61. G. S. Colin et H. P. Renaud, 1934, n° 96, p. 44 ; J. LE Coz, 1964. t. 1, p. 325 ; J. Leite DE Vasconcellos, Etnografia portuguesa, 1936, t. 2, p. 82.

62. J. W. Blake, Europeans in West Africa, 1942, t. 1, p. 149 (trad. de G. B. Ramusio, Navigazioni e viaggi, Venise. 1550) : description de l'île de Santiago du Cap Vert ; Une description , p. 72. texte, p. 137 trad.

63. Pour Ibn AL Awwâm, le millet dura, se sème en mai et le panic, dukhn, en mars, op. cit . , t. 2, pp. 75 et 78.

64. B. Rosenberger et H. Triki, 1974, p. 100.

65. Sihm, Ir c série, Portugal, t. 3, 1948, p. 547 : « Se os milhos naofforao ouvera muita ffome neste reino. »

66. P. Ordonez DE Ceballos, Historia y viaje del mundo, 1616. pp. 286-287, cité par R. Ricard, « Textes espagnols sur la Berbérie », Études hispano-africaines, 1956, p. 15.

67. M. Sorre, 1942, p. 88 ; Ibn Khai.Doun, Prolégomènes, t. 1, p. 179, attribue la supériorité physique et intellectuelle des Masmuda à la consommation de dura . Son contemporain IBN Khatib prétend que c'est « la meilleure espèce de graines farineuses comestibles » (trad. Allouche, « La vie économique et sociale à Grenade », Mélanges d'histoire et d'archéologie de l'Occident musulman , t. 2, 1957, p. 7) ; M. Gast et J. Adrian, Mils et sorghos en Ahaggar, 1956, étude scientifique de leur valeur alimentaire, p. 16 anecdote targuie sur la supériorité du sorgho par rapport au blé.

68. J. LE Coz. 1964, t. 1, p. 325 ; M. Gast, 1968, pp. 72-77.

69. B. Rosenberger et H. Triki, 1974, p. 21 : « L'orge et le millet (bishna) sont des plantes de la même famille (jins) » .

70. Au début du xvic siècle la culture du « millet » est signalée dans les montagnes près de Taza, dans le Rif, notamment chez les « Béni Mansor » et les « Béni Giusep » ; dans les Haha, s'il ne pousse « que peu de froment, l'orge, le mil, le millet y viennent en quantité » et près de là, dans le « Demensera » (Haut Atlas occidental), « les terrains sont excellents pour l'orge et le mil » (Jeanléon, 1956, pp. 71, 85. 279-280, 306). On le trouve entre Arzila et Al Ksar al Kablr, et dans la montagne des « Bani Gorfat » de grands champs de millet sont cultivés par irrigation (B. Rodriguez. 1915. t. I, pp. 96, 106). Il est très abondant dans le Sud : en dehors de l'Atlas où le signale aussi Diego de Torrès, on le trouve dans le Haha, le Sous, les Gzoula, les Haskoura et les Doukkala, vers Amizmiz, au sud-ouest de Marrakech, et vers Animay (aujourd'hui Sidi Rahal), à l'est de cette ville. On le cultive par irrigation dans l'Atlas, par exemple vers Jamà'a Jadïda (Gemaa ledid), capitale de Mawlay Idrïs al Hintàtï. Marmol précise enfin à propos du Tenzera (le « Demensera » de Jean-Léon) « le pais abonde en orge et en millet qui est comme de l'alcandie » (espagnol alcandiu. millet à chandelles) (L. DE Marmol. 1667. t. 2. pp. 26, 44, 48-49 et 75). La description anonyme portugaise de 1596 parle de milho en plaine, dans la Chaouïa et les Doukkala. en montagne dans le Haut Atlas et de paniso au Gourara qui était alors sous l'autorité sa'adienne (Une description, pp. 16, 20, 25 et 72).

71. Jean-Léon. 1956, pp. 280. 306.

72. Selon Ibn AI. ‘Awwa̅ m, on peut y arriver en procédant comme il indique t. 2. pp. 76, 79-80.

73. G. S. Comn, 1926, p. 90. une bouillie (dashish) de sorgho (banij) -, Ai. Yu̅ si̅ , 1976, p. 82 (supra) ; E. Laoust, 1920, p. 78, n. 3 -. le couscous de sorgho est appelé aferfar . De nos jours encore à Marrakech on goûte fort une soupe grise et épaisse de farine d'illun, réputée reconstituante.

74. J.-J. HéMardinquer. « Les débuts du maïs en Méditerranée (premier aperçu) », Mélanges en l'honneur de F. Braudel, 1973, pp. 227-234.

75. J. Berque, « Antiquités Seksawa », Hesperis, XL, 1953, p. 405.

76. B. Rosenberger et H. Triki, 1973, p. 150, n. 124.

77. E. Alvarez Lopez, « Las plantas de America en la botanica europea del siglo XVI », Revista de Indias, 1945, pp. 231, 234.

78. C. FrançA, « Os portugueses do seculo XVIe a historia natural do Brasil », Revista de historia, XV, 1926, p. 50.

79. J. Berque, 1953, p. 405 : « Il est vraisemblable que le mais a succédé sur la sole de printemps au millet que signalent avec constance Léon, Torres. Marmol alors que l'anonyme portugais, en fin de siècle, ne parle plus que de maïs. » L'auteur reconnaît cependant en note que « la traduction de ces termes de botanique laisse place à l'incertitude », et dans L'intérieur du Maghreb, p. 310. il semble moins affirmatif sur l'époque où cette plante révolutionnaire aurait conquis la montagne.

80. Atlas du Maroc, carte 39 a, notice pp. 20-21 ; J. LE Coz. 1964, t. I, p. 325 ; J. Dresch. 1941, p. 15.

81. J. G. Jackson, 1809, p. 15 (District ofFas and province of Benihasen) et pp. 20-21 (Draha and Tqfilalet) .

82. J. Berque, « Un glossaire notarial arabo-chleuh du Deren », Revue africaine, 1950, p. 374 ; id., 1978, p. 310.

83. E. Lévi-Provençal, Documents inédits d'histoire almohade, 1928, pp. 141-142, expédition dans le Sous en 1140-1141 : butin et destruction de la récole de a̅mazzi̅gu̅r, p. 224, en 1131 destruction de la récolte de a̅sanga̅r dans le Sous également.

84. Communications de L. Gailand, L. Mezzine ; J. Berque, 1978, p. 309. Cf. amzwar (mezouar) : celui qui est le premier. Cette appellation évoquerait-elle sa place importante dans l'alimentation ?.

85. J. Berque, 1950, p. 374 et 1978, p. 308.

86. Même impression en Tunisie où le maïs n'est pas signalé avant le xvmc siècle. L. Valensi. 1977, p. 208 et n. 174.

87. Dozy, Supplément aux dictionnaires arabes, t. I, p. 486, A. Les citadins devaient parfois recourir à cette nourriture archaïque et populaire.

88. Ibn AI. ‘Awwa̅ m, 1864, t. I, p. 81 ; L. Bolens, Les méthodes culturales au Moyen Age d'après les traités d'agronomie andalous . traditions et techniques, 1974, p. 129 ; J. Couleau, La paysannerie marocaine, 1968, p. 233 : les paysans appellent bernisha le sol qui a porté des légumineuses et en connaissent la fertilité.

89. Fouilles personnelles (1964) inédites.

90. Jean-Léon, 1956, pp. 72, 197, 283 où il ajoute: «Ce qu'ils considèrent comme des aliments de choix. » Est-ce pitié ou mépris ?

91. Ibid., pp. 212-213; J. Jouin, 1957, p. 321 s s : à Rabat la ki̅zu̅na est un mélange de légumineuses (une part de fèves, une de pois chiches et deux de lentilles) avec sept légumes frais, à Fez la bisàra est une purée de fèves à l'huile avec lentilles, pois chiches, fruits secs.

92. Une description, p. 20 (gràos, cicheros); J. G. Jackson, 1809, p. 15 (caravances cf. castillan garbanzos) .

93. E. Laoust, 1920, p. 269 : tinifin en berbère ; julba̅n en arabe semble aussi pouvoir désigner d'autres graines, par exemple le lupin (basila . IBN AI. ‘Awwa̅ M, 1864, t. 1, p. 97 ; ibid., p. 89, hammis ; sic : pour hamus) est rendu par pois ; tinifin s'appliquerait aussi à la gesse. J. Berque, Î950, p. 379.

94. J. Berque, 1950, pp. 381-382 ; IBN AI. ‘Awwàm, 1864, p. 96, dit qu'on ne doit pas manger la vesce seule « parce que c'est un aliment nuisible ».

95. G. S. Coun et H. P. Renaud, 1934, n° 16, p. 11.

96. E. Laoust. 1920, p. 269.

97. G. Vajda, Un recueil de textes historiques judéo-marocains, 1951, pp. 10-11. Faute de connaître le rapport ùqiya-fals à cette date, on ne peut comparer les prix du blé et des légumineuses, ce qui eut été intéressant.

98. M. Rodinson, 1949, p. 153.

99. J. Couleau, 1968, pp. 155-156 ; mêmes constatations en Tunisie : E. G. Gobert, 1950, pp. 502-503 et L. Valensi, 1977, pp. 245-246.

100. B. Rodriguez, 1915, t. 1, pp. 327-329. Notre homme raconte bonnement comment il a acheté une jeune femme et une petite fille pour 60 testons. Et après avoir topé, le maître de la khaïma lui fit l'honnêteté de l'inviter à manger un morceau, mais c'était du chameau rôti et il n'osa pas en goûter.

101. Jean-Léon, 1956, p. 172 ; G. S. Coun et H. P. Renaud, 1934. n° 87, p. 40.

102. G. Maurer, « Les paysans du Haut Rif central », Revue de géographie du Maroc, 14. 1968, p. 57.

103. R. Ricard, « Le Maroc à la fin du XVIe siècle d'après la ‘Jornada de Africa ‘ de J. de Mendoça », Hesperis, XLIV, 1957, p. 187 et note.

104. B. Rosenberger et H. Triki, 1974, p. 36 ; en berbère abadar est le fruit du genévrier (comm. L. Mezzine) ; à signaler une pratique identique dans l'Aurès : M. Gaudry, La femme chaouïa de l'Aurès, 1929, p. 144.

105. B. Rosenberger et H. Triki, 1973, p. 155 ; Ifrànï, Nozhet, trad., p. 263.

106. G. Maurer, 1968, p. 57.

107. E. Laoust, 1920, pp. 107, 483 et 513 ; H. P. Renaud, « La peste de 1813 d'après des documents inédits », Hesperis, III, 1923, p. 24 ; G. S. Coiin et H. P. Renaud, 1934. n° 237. p. 106.

108. Communication de A. Hammoudi.

109. Ibn AI. ‘AwwÀM, 1864, t. 2, p. 353.

110. Indications dans J. Berque, 1950, p. 382, repris dans id., 1978, pp. 313 et 315; G. S. Coun et H. P. Renaud, 1934, n° 70, p. 32, n° 213, p. 95 ; Ibn AI. ‘Awwa̅m. 1864, t. 2, p. 354 ; M. Gast, 1968. chap. 5, pp. 195-261.

111. Dans la région de Rabat, au printemps, la mauve est abondamment consommée. E. G. Gobert. 1950. pp. 502-503 et 531. On peut noter aussi la consommation de pousses de luzerne : J. Mathieu, 1939, p. 31 ; S. Quennoun, La montagne berbère. Les Ait Oumalou et le pays Zai'an, 1929. p. 273 ; observée par C. LefÉBure chez les Aït Atta.

112. G. Mouette, 1924, p. 178.

113. B. Rodriguez, 1915, t. 1, p. 370 ; R. Ricard, 1957, p. 199 et n. 71 : l'espagnol tagarnina désigne un chardon ou l'artichaut sauvage, appelé en arabe dialectal garnina vers Marrakech et kannariya vers Tanger. Cf. G. S. Coiin et H. P. Renaud, 1934, n° 213, p. 95 : aujourd'hui kharshqf c'est le cardon, l'espèce cultivée ou non dont on mange les côtes ; on appelle qoq (boule ou pelote) le capitule.

114. fhiya̅, p. 135. L'auteur précise que, dans ces conditions, le jeûne de ramadan a été suivi scrupuleusement.

115. Jean-Léon, 1956, p. 137, n. 358. Leftat est un plat de viande et de pâte. Ibid., p. 423.

116. Ibid., p. 423. 117. Ibn Khaldoun, Prolégomènes, t. L, p. 179.

118. J. Berque. 1950, p. 372 et 1978, p. 314. Même impression à la lecture de Jean-Léon.

119. G. MouëTte, 1924, p. 178.

120. D. DE Torres, Relation de l'origine et succez des Chérifs… mis en français par Monseigneur Charles de Valois, duc d'Angouléme, 1636, p. 56. Leur autorité, toutefois, ne s'étendait à ce moment qu'au Sous et aux Haha et atteignait à peine Marrakech (B. Rosenberger et H. Triki, 1973, p. 139).

121. Ch. De La Vëronne, Vie de Moulay Isma ‘ϊl roi de Fès et de Maroc d'après Joseph de Léon (1708-1728), 1974. pp. 129-130.

122. Ibn ‘Askar, Dawhat an na̅shir bi mahàsin man ka̅na bil Maghrib min masha̅yikh al qarn al 'àshir . Lith., Fez, 1309, trad. Graui.I.E, Archives marocaines.t. XIX, 1913, pp. 135. 168, 185.

123. E. Gellner, « Pouvoir politique et fonction religieuse dans l'Islam marocain », Annales Esc,1970, n°3, pp. 699-713.

124. Une description p. 108.

125. E. Ashtor, 1968, p. 1029.

126. R. AriÉ, 1973, pp. 377-378.

127. G. Mouëtte, 1924, pp. 162-163 ; on remarque la même sobriété chez les beys de Tunis : L. Valensi, 1977, pp. 246-247.

128. Sihm,2e série, France, t. I, p. 155.

129. ld., t. 2. 1924, p. 323.