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Au lendemain de la première guerre mondiale : Transformations sociales de la Chine

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

Jean Chesneaux*
Affiliation:
Paris, C. N. R. S.

Extract

Les lettrés, che, placés au sommet de la hiérarchie sociale en même temps que toute la classe des grands propriétaires fonciers, parmi lesquels ils se recrutaient en fait malgré l'apparente démocratie des examens d'État — nong, les paysans, kong, les artisans, chang enfin, tout en bas de l'échelle des valeurs sociales et politiques, les «perfides marchands» : telle était l'immuable classification des couches de l'ancienne société chinoise, arrêtée par les lettrés eux-mêmes, maîtres de la Chine depuis des siècles.

Cette classification représentait parfaitement l'équilibre des forces économiques politiques de l'ancienne Chine : prépondérance générale de l'agriculture dans la production, souci des landlords de maintenir leur contrôle sur l'ensemble de l'appareil de l'état et de la société ; volonté de ces mêmes lettrés de couper court à toute tentative d'accumulation primitive des capitaux, de la part des négociants aisés.

Type
Études
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1954

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References

page 298 note 1. et 2. Investissements dans les banques chinoises :

page 298 note 3. Fang-Fou-An, Chinese Labour, Changhaï, 1931, p. 11.

page 298 note 4. Cf. Tse-Toung, Mao, La Nouvelle démocratie, Paris, 1951, p. 14 Google Scholar : « Tandis que les nations impérialistes d'Europe et d'Amérique étaient aux prises, elles avaient momentanément relâché leur étreinte sur la Chine,… le nombre des entreprises de tissage passa de 22 en 1913 à 44 en 1922 ; il y avait 107 minoteries en 1916 tandis que 60 nouvelles fabriques de soierie s'étaient fondées Parallèlement on note la création de 108 banques chinoises. »

page 298 note 5. Efimov, Olcherki po novoi i noveichei istorii Kitaia, Moscou, 1951.

page 299 note 1. Lévy, Marion-J. et Kuo-Heng, Shih, The Rise of the Ckinese Modem Business Class New York, 1949.Google Scholar

page 299 note 2. Mao Tse-Toung, ouvr. cité, p. 14.

page 300 note 1. Rodes, , La Chine nouvelle, Paris, 1910.Google Scholar

page 301 note 1. «La bourgeoisie chinoise est une classe qui possède une idiosyncrasie dualiste. D'une part, comme elle est opprimée par l'impérialisme et asservie par les éléments féodaux subsistant, elle s'oppose donc à l'impérialisme et aux éléments semi-féodaux. A ce point de vue elle fait partie des forces révolutionnaires … D'autre part, comme elle est faible tant du point de vue politique que du point de vue économique, et comme elle n'a pas complètement rompu ses liens économiques avec l'impérialisme et les éléments semi-féodaux, elle manque de courage dans sa participation à la révolution » (Mao Tse-Toung, ouvr. cité, p. 28).

page 301 note 2. Mao Tse-Toung, ouvr. cité, p. 55.

page 301 note 3. En 1920, C. C. Nieh, président de la Chambre de Commerce de Changhaï, est le petit-fils de Tseng Kou-fan, mandarin vainqueur des Taiping.

page 301 note 4. La concentration foncière s'accélère près de Canton et de Changhaï à cette époque.

page 302 note 1. La persistance de ces liens entre la gentry et la nouvelle bourgeoisie a été bien marquée par le sociologue américain Lang, O. (La Famille et la société en Chine, Paris, 1950, p. 102 Google Scholar) : « Contrairement à ce qui se passe en Occident, le capital industriel et financier de la Chine dérive notablement du revenu des propriétaires et des fonctionnaires. En Chine, les fils des hauts fonctionnaires sont devenus des industriels, les fils de banquiers ont été envoyés à l'étranger, tout en restant des propriétaires terriens. »

page 302 note 2. Organisation par les riches marchands de Canton de la milice anti-ouvrière des « Tigres de papier » sous la direction de Tchen Li Pak, avec l'aide des Occidentaux qui saisissent cette occasion de créer des difficultés à Sun Yat-sen.

page 303 note 1. Ouvr. cité. — Efimov signale comme principaux groupes ouvriers : 600 000 travailleurs du bâtiment, 500 000 dockers, 120 000 mineurs, 20 000 métallurgistes, 160 000 ouvriers textiles, 130 000 travailleurs de la voierie, 100 000 cheminots.

page 303 note 2. Cette commission d'enquête fut formée en 1923 par le Conseil municipal de la Concession internationale de Changhaï, sur demande d'un certain nombre d'associations féminines occidentales. Voici le récit d'un de ses membres, Mrs MacGillivray, femme d'un industriel de la ville : « Après avoir quitté les usines, l'impression générale qui me resta fut celle de l'inexprimable horreur du travail des enfants tel que nous l'avons contemplé. Je suis absolument certaine qu'il y avait très peu d'enfants de 12 ans dans aucune des usines visitées par nous. La majorité avait à peu près 10 ans, et un bon nombre moins encore. Les enfants m'ont frappée par leur développement physique bien inférieur à la moyenne. J'ai apporté à ce point une attention particulière, et je ne crois pas avoir vu dix enfants vaillants et paraissant en bonne santé. Certains avaient les jambes malades, d'autres des pustules, d'autres la tête couverte de boutons. Ils semblaient de pauvres petites choses fatiguées, et beaucoup d'entre eux avaient peur de me parler, certains s'enfuyaient même. Il était difficile d'obtenir d'eux un sourire. C'était surtout le cas dans les filatures de soie. Leur nourriture était juste posée sur le sol sous les bassines d'eau bouillante, sans même être couverte, dans de simples corbeilles ou de vieilles boîtes. Plusieurs bébés dormaient aussi à même le sol, et de très jeunes enfants tournaient autour, ainsi que la volaille à certains endroits. Dans les deux premières filatures visitées, il n'existait aucun siège. » (Extrait des minutes de la Commission, inédit.)

page 303 note 3. Tels le colonel L'Estrange Malone (New China, Londres, 1925), les auteurs des nombreux articles de la Revue Internationale du Travail, etc.

page 303 note 4. Ainsi l'usage du phosphore blanc, interdit depuis longtemps en Europe à cause des maladies osseuses qu'il entraîne, était encore fréquent en Chine en 1925 dans les usines d'allumettes lors de la visite du colonel L'Estrange Malone.

page 303 note 5. D'après une enquête du B. I. T. (Revue Internationale du Travail, 1923).

page 303 note 6. Die Grundlagen der chinesischen Arbeiterbewegung, dans Archiv für die Geschichte der Sozialismus, 1930. Sur la base 100 en 1913, l'indice du salaire réel des ouvriers qualifiés serait passé de 145 en 1901 à 88 en 1923, celui des ouvriers non qualifiés de 177 en 1901 à 100 en 1923.

page 304 note 1. Cf. Leang-Li, Tang, Inner History of the Chinese Révolution, Changhaï, 1935 Google Scholar. D'après le contrat pao fan, l'entrepreneur paye 30 ou 40 dollars à la famille de l'ouvrière engagée, subvient à son entretien, et garde son salaire. Son profit est d'environ 70 dollars par an (la moitié du salaire). Dans le contrat tai fan, l'ouvrière garde son salaire, mais paye à l'entrepreneur une redevance qui l'oblige à s'endetter auprès de lui et à aliéner en fait son indépendance. Les mineurs, cheminots, dockers, sont de même entre les mains de tchong jen (intermédiaires).

page 304 note 2. « Il y a une affinité naturelle entre le prolétariat chinois et la paysannerie, parce que la majorité des ouvriers sont des paysans ruinés, et ainsi le prolétariat conclut facilement une alliance révolutionnaire avec la paysannerie » (Mao Tse-Toung, ouvr. cité, p. 33).

page 304 note 3. Mao Tse-Toung, ouvr. cité, p. 14.

page 305 note 1. « Dans l'état colonial et semi-colonial où se trouve la Chine, il n'y a pas de base économique pour des « réformes sociales » comparables à celles de l'Europe occidentale » (Mao, ouvr. cité, p. 33).

page 305 note 2. Cité par Kotenev, Shanghaï : Its Municipality and the Chinese.

page 305 note 3. Kotenev (ouvr. cité, p. 10) considère que, pour la période 1919-1924, 70 p. 100 des grèves étaient dues à des causes directement économiques (salaires, prix du riz, etc.), 18 p. 100 à des causes professionnelles (vie syndicale, contremaîtres, etc.), 12 p. 100 à des causes politiques.

page 306 note 1. Cf. Wales, Nym, The Chinese Labor Movement, New York, 1945.Google Scholar

page 306 note 2. Liste publiée par le Chinese Economie Bulletin, 11 mars 1922. Cette liste présente une grande incertitude dans la terminologie, elle-même révélatrice de la forme encore incertaine que revêtent les organisations ouvrières. A côté des syndicats proprement dits [kong houei, kong lien ho houei), on trouve de simples clubs (yeou yi houei, lien yi houei), ou des associations à forme plus vague (kong houei).

page 306 note 3. Cf. Chiao-Mou, Hou, Trente années du parti communiste chinois, Pékin, 1952 Google Scholar.

page 306 note 4. Cf. les collections du North China Herald, hebdomadaire inspiré par la Chambre de Commerce britannique de Changhaï.

page 307 note 1. 29 avril 1922.

page 307 note 2. Cf. Burgess, The Guilds of Peking, New York, 1928 (monographie fondée sur une enquête personnelle très poussée).

page 308 note 1. Norlh China Herald, 29 avril 1922.

page 308 note 2. Cf. Chinese Economie Bulletin, 4 juillet 1925.

page 308 note 3. Cf. plus haut. — Cf. aussi les données très complètes de Kotenev, ouvr. cité, p. 11. Cet ancien secrétaire du Conseil municipal de la Concession internationale considère qu'à Changhaï ce prix est passé de 7.48 $ le picul en 1919 à 12.22 $ en 1924, en moyenne.

page 309 note 1. Dieu de la richesse, dans la mythologie chinoise.

page 309 note 2. « Diables d'outre-mer. »

page 309 note 3. Mao Tse-Toung, Siuen-tsi («Œuvres choisies»), Pékin, 1951, t. I, texte 1 Tchongkouo che-houei ko kiai-ki ti fen-si (” La répartition en classes de la société chinoise »), 1926, p. 5.

page 309 note 4. Ibid., p. 5.

page 310 note 1. Cf. Wen-Han, Kiang, The Chinese Student Movement, New York, 1948 Google Scholar. — Cf. aussi les nombreux documents traduits par le R. P. Wieger dans les dix volumes de sa Chine nouvelle.

page 310 note 2. Ce thème des conflits de générations revient inlassablement dans les romans chinois des années 1920-1930.

page 310 note 3. Le « Mouvement du 4 mai » est lancé par des jeunes, les étudiants. Fait entièrement nouveau dans la vie politique chinoise.

page 310 note 4. Si la condition de l'immense majorité des femmes chinoises reste une servitude de fait, l'étudiante, l'ouvrière ont déjà échappé à leur ancienne condition.

page 310 note 5. Cette différenciation par quartiers est très nette dans une ville comme Changhaï (cf. Lieu, D. K., Changhaï Growth and Industrialisation, Changhaï, 1931 Google Scholar), où apparaissent un quartier des affaires, un quartier de résidence riche, des faubourgs ouvriers, à côté de la ville chinoise artisanale et marchande traditionnelle. Les villes de l'intérieur, sauf Hankéou, évoluent au contraire beaucoup moins.

page 310 note 6. La présente étude permet de souligner le caractère souvent artificiel de la notion de « société urbaine ». Le prolétariat s'étend à la fois, par exemple, sur la ville et la campagne (mines, rail, etc.). Et on a pu noter également l'influence des crises agraires sur le comportement politique d'une bourgeoisie « urbaine » dont les liens avec les landlords sont restés étroits.