Dès que la paix de Kainardja eut rouvert la mer Noire au commerce européen, le souvenir des anciens établissements génois de Crimée retrouva une actualité : les auteurs de projets, pour donner des lettres de noblesse à la nouvelle route, ne manquaient pas de la représenter comme une voie d'accès vers la Perse, sinon vers l'Inde par l'intermédiaire du golfe Persique ; accès plus commode que les routes caravanières partant des Échelles du Levant, plus sûr que la mer Rouge et plus court que la route du Cap. Dès 1776, l'anglais Eton, l'un des directeurs de la Compagnie de commerce russe à Constantinople, proposait à des négociants londoniens de faire venir les soies de Perse par la voie d'Astrakhan, du Volga et du Don ; en 1779, il demandait à Catherine II d'accorder aux Anglais le libre transit par cette route.