Sous les dehors modestes d'une étude purement agronomique, le récent livre de M. Confino aborde sous un jour nouveau, une question toujours débattue, que l'historiographie soviétique a trop souvent tendance à résoudre en partant de schémas abstraits : la rigidité de l'agriculture russe au temps du servage.
La première partie décrit la diversité des terroirs dans l'ensemble du pays, pour mieux démontrer que l'assolement triennal, prétendûment ancestral en Russie centrale, était en fait le produit d'une évolution probablement récente. Comme dans toutes les zones pauvres en pâturages naturels, le succès en résultait d'une adaptation heureuse aux conditions climatiques : sans la jachère, il eût été impossible de nourrir un bétail particulièrement affaibli par la longue stabulation hivernale. Mais la brièveté de la saison végétative entraînait une servitude supplémentaire : le calendrier agricole très serré réduisait l'éventail des cultures à la succession monotone du seigle et de l'avoine, car le froment semé sur la sole de printemps risquait de mûrir en même temps que les céréales d'hiver (p. 79).